L'iniquité du budget « 4F »
Un projet « 4F » : « Faible avec les Forts et surtout Fort avec les Faibles ». Sur ce dernier point, nos gouvernants s'acharnent sur les personnes modestes : blocage des prestations, déremboursements, augmentation des tickets modérateurs et autres mesures annoncées dans le projet de budget de la Sécurité sociale. Un traitement spécifique est réservé aux retraités : comme à son habitude, le gouvernement s'en prend au cœur de son électorat. Il est vrai que les retraités, qui manifestent peu, sans casser ni piller, n'inquiètent pas un Président soucieux avant tout de ménager la jeunesse des banlieues. Les seniors subiront donc la quadruple peine : blocage des pensions, des tranches de l'impôt sur le revenu, quasi-suppression de la déduction forfaitaire de 10 % sur les revenus. Sans oublier la cerise sur le gâteau : les restrictions sur la prise en charge des ALD (affections de longue durée), qui concernent à 84 % les soins des seniors. Haro sur les personnes âgées qui auraient l'outrecuidance de soigner convenablement leur hypertension ou leur diabète : n'oublions pas qu'aux yeux de Bercy, un bon retraité est un retraité mort !
Un budget laxiste
Que les belles âmes se rassurent : nonobstant la prétendue austérité budgétaire, les pompes aspirantes de l'immigration restent bien huilées. Reportons-nous aux pages 240 à 243 du document budgétaire : on y trouve les crédits alloués à certains programmes (rédigés en petits caractères, comme dans les clauses toxiques des contrats). La politique de la ville voit ses crédits maintenus à l'euro près : 651 millions d’euros. Idem pour le programme « Intégration et accès à la nationalité française », préservé à 368 millions d'euros. Mieux encore : le programme « Solidarité envers les pays en développement » bondit de 1,129 milliard d'euros, en 2025, à 1,541 milliard d'euros, en 2026, soit une augmentation de 36 % ! Le retraité de la Corrèze devra donc se serrer la ceinture pour financer le vol vers Roissy du jeune migrant du Zambèze et lui dérouler le tapis rouge. Question subsidiaire : les députés Les Républicains vont-ils vraiment voter ce budget ?
Vers le mur de la dette... et en klaxonnant
La France doit d'abord rétablir ses comptes publics avant de pouvoir se désendetter. À cet égard, le projet de loi de finances pour 2026 manque de courage : il prévoit un déficit budgétaire de 144 milliards d'euros, contre 161 milliards en 2025. C'est encore beaucoup trop, d'autant que M. Lecornu semble prêt à aller jusqu'à 150 milliards d'euros de déficit, au fil des amendements. Nous restons très éloignés de la norme européenne des 3 % qui exigerait actuellement, en plus des mesures annoncées, 45 milliards d'euros d'économies budgétaires ou de nouvelles recettes fiscales !
Pire encore : analysons l'origine du déficit prévisionnel de 144 milliards d'euros. Il inclut d'abord les intérêts de notre dette publique, soit 74 milliards d'euros, qui s'envolent en raison de la hausse des taux d'intérêt désormais exigés pour détenir de la dette française. Reste alors le solde, appelé déficit primaire ou structurel, c'est-à-dire le déficit hors intérêts de la dette : 70 milliards d'euros, que la France devrait impérativement ramener à zéro avant de pouvoir réduire son endettement. Le Cercle national des économistes avance, quant à lui, un chiffre de 90 milliards d'euros. Nous en sommes très loin et notre dette publique devrait continuer à croître l'an prochain, passant de 113 % à 118 % de notre PIB. Rappelons que, lorsqu'il intervient dans un pays en faillite, le FMI exige avant tout l'élimination de tout déficit budgétaire primaire. Pour être clair : concernant la réduction de notre déficit, le projet Lecornu 2026 s'annonce encore moins courageux que le budget Bayrou 2025.
Sommes-nous pour autant à la veille de frapper à la porte du FMI ? Pas encore. Mais, en l'absence d'un changement de paradigme, la France commence sérieusement à irriter ses partenaires de la zone euro. Certains banquiers centraux envisageraient même que notre pays frondeur sorte de la zone euro, quitte à rester dans le Marché commun : un scénario qui rappelle le programme « Marine 2017 ».
Pr Jean-Richard Sulzer