Dati, victime collatérale du braquage du Louvre
Le Figaro détaille les raisons qui ont conduit au refus d'adouber Dati. Le refus de l'aile gauche des macronistes, représentée par le haut-commissaire au Plan, Clément Beaune, de s'allier à la droite. Et l'élection de Barnier, à l'automne, pour laquelle Rachida Dati a négocié avec LR et Barnier sans inclure Renaissance dans l’équation. Mais il faut en ajouter deux autres qui expliquent ce lâchage. La stratégie d'Édouard Philippe de rupture (tardive) avec le macronisme alors que Dati a pensé opportun de poursuivre sa collaboration. Mais Dati est aussi une victime collatérale du braquage du Louvre : elle fait partie du club de ces irresponsables de la culture qui pensent que tout a bien fonctionné. Elle pense que l'affaire sera vite oubliée. Or, l'événement est devenu un véritable traumatisme national qui laissera des traces chez bien des Parisiens. Macroniste opportuniste, ministre de la Culture sans véritable projet de droite, élue LR félone : les nuages s'amoncellent pour celle qui a aussi des soucis judiciaires. Dans l’affaire dite « Renault-Nissan », la candidate sera jugée, en septembre 2026, pour « corruption ». Le risque pour ses ambitions politiques : une condamnation à une peine d’inéligibilité, six mois seulement après l’élection municipale.
L'alliance LR-Renaissance pour les municipales déjà caduque à Paris ?
Nul doute que la fragilisation de la candidature Dati va ouvrir des espaces. Pour le moment, la candidate, ministre LR dissident dans son propre parti, a réagi en dénonçant les fauteurs de division, dans un entretien au Parisien, mercredi 23 octobre : « Alors que l’alternance est à portée de main, ceux qui seraient tentés par la division devront l’assumer devant les Parisiens. » La candidature Bournazel contre Dati est un accroc majeur à la ligne de l'union de la droite et du centre. Et l'intervention de Larcher dans ce sens, dimanche dernier, analysée par Georges Michel pouvait s'inscrire dans cette opération de sauvetage du soldat Dati. Peine perdue : le lâchage Dati par ses amis macronistes est acté. Et un sondage publié par Le Parisien montre qu'elle a déjà perdu son statut de leader : elle est désormais devancée par le candidat socialiste Emmanuel Grégoire (22 % contre 21 %, Bounazel se hissant à 14 %).
Cette division LR-Macronie va-t-elle redonner de l'air à une gauche pourtant affaiblie et elle-même divisée ? Elle peut aussi - et c'est ce que traduisent les 14 % de Bournazel - donner de l'espace à la droite nationale. Jadis inexistante à Paris, elle y fait patiemment son trou avec les très bons scores de Zemmour dans l'Ouest parisien et les 15 % de Marine Le Pen au second tour en 2022. Du jamais-vu dans ces terres de la gauche et du centre depuis trente ans. Avec des candidats médiatiques et dynamiques comme Thierry Mariani et Sarah Knafo, face à une gauche discréditée, un Emmanuel Grégoire et un Bournazel plus falots que jamais et une Dati devenue repoussoir pour les électeurs de droite, la droite nationale pourrait créer la surprise dans certains arrondissements. Surtout, cette (nouvelle) implosion de l'alliance sauve-qui-peut LR-Macronie dans la capitale, qui devait pourtant servir de modèle, aura des répercussions dans d'autres villes. Beaucoup d'élus de droite ne vont plus se sentir tenus par les choix d'un Larcher ou d'un Wauquiez. Ils ont voulu éviter un retour aux urnes : celles de mars 2026 pourraient leur réserver quelques surprises.