Dénonçant un discours porteur d’infractions, l’euro-député du RN Matthieu Valet a signalé la séquence au ministre de l’Intérieur, ainsi qu’à la procureur de Paris. « Ces propos sont, à mon sens, de nature diffamatoire et injurieuse à l’égard de l’ensemble de la police nationale, en laissant entendre que son action aurait une vocation discriminatoire et illégitime, écrit-il dans une lettre rendue publique, sur X. Au-delà de leur violence verbale, ces déclarations constituent une incitation à la haine et à la violence qui ne peut, à mon sens, rester sans réaction. »
L’habituelle accusation de « racisme »
Encouragée par son auditoire, la militante n’en est pas restée là et a poursuivi sa mise en cause d’une police française qu’elle juge fondamentalement raciste. « Si, demain, ça touchait une autre catégorie, les gens s’en alarmeraient beaucoup plus. (…) Lorsque c’est des gilets jaunes, lorsque c’est des Blancs, on parle de gestes politiques. Lorsque c’est dans les quartiers, on parle d’émeutes. Il faut faire en sorte de changer cette narration autour des quartiers puisqu’en fait, ils expriment ce qui est en France depuis toujours : c'est-à-dire qu'on est dans un pays raciste, qui n'assume pas son passé colonial et qui essaie d'effacer par la violence les traces de son passé. »
La mise en parallèle des gilets jaunes et des émeutes ethniques est osée. Contrairement à ce que Samia El Khalfaoui semble croire, la police n’est pas moins sévère avec les « Blancs ». On ne compte plus les articles – dont beaucoup ont été publiés par Mediapart – sur les « gilets jaunes éborgnés » et autres victimes occidentales de « violences policières ». C’est précisément lorsque les manifestants sont issus des cités que l’État tremble et demande à ses forces de l’ordre de raser les murs ou de battre en retraite. Anonymement, certains policiers confirment que leur hiérarchie leur demande d'être tout particulièrement « souples » lors de leurs échanges avec les populations des quartiers dits « populaires ».
De même, Samia El Khalfaoui s’indigne unilatéralement du nombre « record », en France, de personnes tuées ou mutilées par la police. « C’est une urgence de se saisir de ça. C’est de la dignité humaine, dont on parle ! », déclare-t-elle. Mais quid de nos forces de l’ordre agressées quotidiennement par la racaille ? Début 2025, le directeur général de la gendarmerie nationale avait révélé que 1.000 gendarmes avaient été ciblés ou agressés par arme en 2024, ce qui constituait un fait « inédit ». Pourquoi l’extrême gauche racialiste ne dénonce-t-elle jamais ces violences-là ?
La délégitimation de la police
Au-delà de sa soi-disant « violence », c’est en raison de sa simple existence que la police est aujourd’hui conspuée. « Il y a une vraie problématique, explique ainsi Samia El Khalfaoui. En France, il y a plusieurs polices : on a la police nationale, la police municipale ; depuis quelques années, on a aussi la sécurité ferroviaire qui se permet des clés d’étranglement… on a tout un appareillage de police. Et depuis les JO, on a installé également des caméras qui surveillent les mêmes ! ». Exaspérée par la présence d’agents de l’État français dans les quartiers, la militante se dit également « effarée » par les contrôles d’identité qu’ils y effectuent. À ses yeux, la loi accorderait encore trop de pouvoirs à la police, à l’image de cet article du Code de sécurité intérieure, entré en vigueur en 2017, qui élargirait outrageusement les conditions dans lesquelles les forces de l’ordre peuvent faire usage de leurs armes. « Le 9 octobre, Robert Badinter rentrait au Panthéon parce qu’il a aboli la peine de mort. Sauf que cette loi de 2017 a restitué la peine de mort puisqu’aujourd’hui, mon neveu a été abattu par la police parce qu’il refusait un contrôle ! », avance Mme El Khalfaoui.
À écouter Samia El Khalfaoui, son neveu aurait perdu la vie gratuitement, alors qu’il faisait une simple « marche arrière » en voiture. Les faits sont en réalité un peu plus complexes que cela. Comme nous l’apprend France 3, le dénommé Souheil El Khalfaoui s’est non seulement rendu coupable d’un refus d’obtempérer, mais il a aussi blessé un agent en essayant de se soustraire au contrôle de police. Ce n’est qu’ensuite qu’un autre gardien de la paix lui a tiré dessus... Par ailleurs, le procès n’ayant pas encore débuté, le policier accusé est toujours présumé innocent et nul ne devrait présenter Souheil El Khalfaoui comme une victime de « violences policières ».
Mais sa tante a peut-être raison sur un point : dans les cas de refus d'obtempérer, ce ne sont quasiment jamais des « Blancs » qui perdent la vie. Faut-il en déduire que certains respectent plus la loi que d'autres, ne s'exposant pas, ainsi, à un tir de maintien de l'ordre ?