Cette année, cette majestueuse cérémonie a eu lieu au Puy du Fou, devant le théâtre gallo-romain. Ce partenariat avec le parc préféré des Français est, somme toute, assez naturel. C’est Nicolas de Villiers qui l’explique à Valeurs actuelles, avec des mots simples et beaux : « Le guerrier combat pour défendre son pays. […] L’artiste n’est pas un combattant. Il réconcilie. Son devoir est de guérir, d’unifier. Voilà le sens de notre œuvre et voilà pourquoi les deux institutions, assez naturellement, sont tombées dans les bras l’une de l’autre. » On ne saurait mieux dire. C’est d’ailleurs lui, le directeur du Puy du Fou, qui a proposé au général Cyrille Youchtchenko, commandant la Légion étrangère, d’organiser cette cérémonie dans un pareil cadre. Il ajoute que le Puy du Fou a décidé d’offrir, à chaque légionnaire qui obtiendra, durant son parcours militaire, la nationalité française, une entrée gratuite au Puy du Fou.
Le Puy du Fou et la Légion étrangère, chacun à leur manière, sont des institutions bien françaises. Leur célébrité et leur quête de l’excellence permanente attirent les foules. Leur amour de notre pays s’exprime soit par le sacrifice, soit par la beauté. Cérémonies millimétrées, décorum grandiose, roman national plein de souffle et de panache, soif d’aventure et goût des grandes choses : l’amitié naissante entre ces deux pans de notre pays semble rétrospectivement évidente.
Il y a un certain nombre de bonnes nouvelles, dans ce partenariat. D’abord, l’armée française, et singulièrement l’armée de terre, semble progressivement sortir d’une conception bornée du devoir de réserve. Le simple fait que l’institution militaire et la famille Villiers travaillent ensemble aurait sans doute provoqué, il y a encore quelques années, des convulsions dans les couloirs feutrés du ministère des Armées : la peur de déplaire, cette maladie de courtisans. Ensuite, pour la condition de « Monsieur Légionnaire », cette figure symbolique de l’engagé à titre étranger, c’est aussi une bonne nouvelle : ce partenariat avec le Puy du Fou est une main fraternelle tendue à celui qui veut devenir fils de France « non par le sang reçu mais par le sang versé », une façon de lui dire que cette épopée grandiose qui s’appelle la France est désormais aussi la sienne.
Et puis - même si c’est un peu mesquin - quel plaisir d’imaginer la gauche morale prise de spasmes à cette annonce ! La Légion n’a pas bonne presse, chez ces gens-là, car ce ne sont pas les étrangers qu’ils aiment, c’est le chaos qu’ils provoquent. Des étrangers qui viennent servir la France et apprendre le français, non merci ! Le Puy du Fou, on n’en parle même pas. Alors, les voir se coaliser pour donner à voir autant de grandeur morale que d’amour du pays…