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Elle est convoquée par la Cour des comptes : qui veut la peau de Sarah Knafo ?

Capture écran CNews
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Une liberté d’expression de plus en plus corsetée. Mercredi 10 décembre, Sarah Knafo a eu la mauvaise surprise d’apprendre qu’elle était convoquée devant le comité de déontologie de la Cour des comptes, la haute juridiction financière en charge du contrôle de l’argent public. Il lui est reproché d’avoir publié un tweet dans lequel elle égratignait Rémy Rioux, actuel président de l'Agence française de développement (AFD) et successeur pressenti de Pierre Moscovici à la tête de la prestigieuse Cour. « C’est cet homme qu’Emmanuel Macron envisage de nommer à la Cour des comptes. C’est ainsi que les nations se ruinent : en confiant la clef du coffre à ceux qui l’ont vidé », écrivait l’eurodéputée, le 3 décembre dernier, accusant Rémy Rioux d’avoir « endetté [l’AFD] à hauteur de 60 milliards d’euros ».

Sarah Knafo expliquait être d’autant mieux placée pour s’exprimer sur le sujet qu’elle avait « servi un temps dans cette institution ». C’est cette précision qui a déplu, en haut lieu. « Sarah Knafo a tout à fait le droit de critiquer la Cour des comptes, mais elle ne peut pas, c’est la règle, se prévaloir de son statut de membre de l’institution pour taper sur la Cour. Si elle avait publié son tweet comme eurodéputée, il n’y aurait aucun problème », assure-t-on à la Cour des comptes. La magistrate est donc convoquée pour recevoir un rappel à la règle qui veut que sur les réseaux sociaux, les membres de l’institution « ne font pas état de leur appartenance aux juridictions financières ».

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Quelle heureuse surprise de voir un règlement observé avec autant de méticulosité ! Puisse-t-il en être de même au sein de toutes les institutions et par tous leurs agents publics… Au-delà de cette étonnante minutie, un autre aspect de cette affaire a de quoi interroger : Sarah Knafo dit avoir appris sa convocation par l’intermédiaire d’un journaliste du Parisien. Qui, au sein de la Cour des comptes, a transmis cette information à nos confrères ? « Je suis extrêmement choquée, commentait l’eurodéputée, mercredi soir, sur CNewsJe ne sais pas qui fait fuiter ce genre d’informations, mais c’est cette personne-là qui déshonore la cour des Comptes. »

Une institution sous influence socialiste

Il faut dire que beaucoup, à la Cour des comptes, ne sont pas vraiment du même bord politique que Sarah Knafo. Présidée par le socialiste Pierre Moscovici, l’institution se trouve actuellement au centre de plusieurs affaires qui jettent le discrédit sur son indépendance revendiquée. On lui reproche, entre autres, d’avoir retardé à des fins politiciennes la publication d’un rapport sur l’immigration, d’avoir également retardé la publication d’un texte accablant pour Delphine Ernotte ou encore « des décisions arbitraires et discrétionnaires » prises par Pierre Moscovici, ainsi qu’une gouvernance « très politique ».

Quant au fameux Rémy Rioux, sa réputation d’homme de gauche n’est plus à faire. Ce socialiste, ancien directeur de cabinet du même Pierre Moscovici, est connu pour ses déclarations ahurissantes faites en tant que directeur général de l'Agence française de développement. « Nous, à l’AFD, on se sent africain, en fait. On est africain. On est passionné d'Afrique, on a toujours pensé le monde à travers l'Afrique, déclarait-il publiquement, en janvier 2024. Le sujet, c'est qu'il faut plus d'investissements en Afrique. Beaucoup, beaucoup plus d'investissements en Afrique… »

Ces propos avaient déjà été dénoncés par Sarah Knafo. « Qui est Rémy Rioux, le DG de l’AFD depuis 8 ans, qui appelle les journalistes pour m’attaquer ? Il se définit comme "un haut fonctionnaire de gauche" », tweetait-elle, le 1er décembre dernier. On peut suspecter que ce franc-parler lui vaille aujourd’hui quelques inimitiés…

Une ascension qui inquiète

C’est peu dire que Sarah Knafo est l’une des révélations politiques de ces derniers mois. En moins d’un an de vie publique, la jeune femme est déjà créditée de 6,5 % des intentions de vote dans les premiers sondages portant sur l’élection présidentielle de 2027. Une performance qui, on l’imagine, ne fait pas que des heureux.

Sa connaissance pointue des dossiers et son aisance orale en ont fait la nouvelle bête noire de la gauche. Un vrai « bulldozer » des plateaux qui fait trembler aussi bien les journalistes du service public que ses adversaires politiques. La militante pro-palestinienne Rima Hassan a ainsi préféré fuir la joute qui lui était proposéeIdem pour le député d’extrême gauche Antoine Léaument qui, après avoir accepté l’idée d’un débat face à Sarah Knafo, n’a plus donné signe de vie.

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Dans le camp patriote, aussi, la compagne d’Éric Zemmour n’a pas que des amis. Les ponts sont définitivement coupés avec son ancienne alliée Marion Maréchal, accusée d’avoir trahi Reconquête lors des législatives de 2024. On se souvient, également, de la passe d'armes musclée entre Sarah Knafo et Jean-Philippe Tanguy, le second accusant la première de s’être appropriée des propositions faites initialement par le RN.

Nul doute que si la popularité de la jeune élue venait encore à augmenter, le ressentiment à son égard ne ferait, lui aussi, que s’intensifier.

Jean Kast

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