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Taxe carbone sur les engrais agricoles : dernière trouvaille punitive écolo-bruxelloise

Capture écran BFMTV
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Notre ministre de l’Agriculture se serait bien passé de ce nouvel épisode. Après les abattages de troupeaux pour cause de dermatose nodulaire et le spectre de l’entrée en vigueur de l’accord du Mercosur, voici que surgit la taxe carbone sur les engrais.

Nouvelle grenade écolo-bruxelloise

Alors que barrages et actions d’éclat se multipliaient partout en France, et même jusqu’à Bruxelles, Annie Gennevard a provoqué, le 19 décembre, une visite chez un céréalier de Gambais (Yvelines) pour rappeler « la perspective de la mise en place, au 1er janvier 2026, d'une taxe carbone qui s'appelle MACF - mécanisme d'ajustement carbone aux frontières ». Prenant les devants d’un accès de colère attendu, le ministre a fait d’emblée passer le message : cette taxe « plonge ce monde de production céréalière dans une immense inquiétude parce qu'elle va renchérir les coûts de production qui sont déjà bien supérieurs aux cours mondiaux du blé et des céréales ». Alors qu’arrive la grenade écolo-bruxelloise, l’opération déminage d’urgence commence, sur l’air de « nous sommes déjà au travail pour tenter d’éviter le pire ». S’adressant à Fabien Rey, son hôte du moment, elle confie : « J'avais besoin, aussi, d'échanger avec vous pour vous dire tout ce que nous faisons pour pouvoir éviter l'application de cette taxe qui va, qui pourrait, si nous ne parvenions pas à la neutraliser, vous mettre dans d'immenses difficultés à un moment où vous n'avez pas besoin de ça, puisque les cours mondiaux sont faibles. »

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Patatras ! Alors que se profilait le (bien mince) espoir de voir Noël faire fondre les barrages et mettre en sourdine une Marseillaise entonnée un genou à terre, voici que la décarbonite aiguë bruxelloise remet une pièce dans la machine à purin… Les barrages avaient déjà offert au gouvernement le spectacle angoissant des rivaux de la Coordination rurale (CR) et de la Confédération paysanne (CP) tonnant, main dans la main, contre les « serial killers » de troupeaux bovins. Las, c’est la FNSEA qui entre désormais dans la danse pour contester la taxe carbone, et pour les mêmes raisons qui l’avait jusqu’ici incitée à se montrer très compréhensive sur la signature du Mercosur : des raisons principalement céréalières, lesquelles constituent le fonds de commerce de ses principaux représentants. Or, si le Mercosur n’est pas une mauvaise nouvelle pour un grand céréalier en quête d’expansion à l’export, il en va tout autrement de la taxe MACF. « Selon les estimations issues des travaux de la DGEC, la taxe MACF pourrait atteindre 144 euros par tonne d'urée importée », alertait déjà la FNSEA, dans un communiqué publié le 30 octobre, sur son compte X, craignant « un choc économique majeur, qui frapperait ainsi de plein fouet les trésoreries agricoles déjà au bord de la rupture ».

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Or, « cela fait déjà trois ans que les cours du blé ne couvrent plus les coûts de production », rappelle la centrale syndicale, qui constate qu’au lieu d'aider « les producteurs a respirer, en mobilisant le fonds de gestion de crise, l'Europe décide de les taxer encore plus en instaurant cette nouvelle taxe qui est une bombe à retardement économique ».

Cette poussière sous le tapis, qui resurgit…

Bon, tout cela semble un peu surjoué, de part et d’autre d’ailleurs. Les larmes ministérielles, touchantes de compassion, tout comme la colère soudaine de la FNSEA, s’appuyant sur un dossier bien documenté, tentent tout de même de faire oublier que l’affaire n’est pas nouvelle et, d’ailleurs, connue de tous. Certains internautes s’empressent aujourd’hui de rafraîchir la mémoire du ministre, dont les collègues eurodéputés LR ont été les soutiens et même les artisans de ladite taxe carbone, et cela, dès 2022, avant de la faire figurer au programme de la liste LR aux élections européennes de 2024. Quant à Annie Gennevard, sa connaissance du dossier est à l’évidence bien plus profonde que ne le laisse transparaître son intervention du 19 décembre. Rappelons qu’elle a été nommée ministre de l’Agriculture par Michel Barnier le 21 septembre 2024. Poste auquel elle a été successivement reconduite depuis dans le gouvernement Bayrou, le 23 décembre 2024, et dans les gouvernements Lecornu 1 (le 5 octobre 2025) et Lecornu 2 (le 12 octobre 2025). Le 13 décembre 2024, le Centre d’études et de prospective de son propre ministère produisait une note d’analyse détaillée sur la question, intitulée « Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne : enjeux et perspectives pour le secteur agricole - Analyse n° 207 ». Déjà bien conscient des répercussions négatives de la taxe sur l’activité des agriculteurs concernés, le ministère échafaudait même trois scénarios possibles dont on comprend vite, à la lecture, que l’objectif était de faire passer la taxe en limitant les dégâts politico-syndicaux autant que faire se peut.

Cernée par l’écologisme politique, à Bruxelles, mais aussi à Paris, où Monique Barbut a pris le relais d’Agnès Pannier-Runacher pour monter la garde, Annie Gennevard tente comme elle peut de faire illusion, de retarder les échéances. Mais jusqu’à quand le pourra-t-elle ?

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