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  • Rendez-vous de Béziers – Me Guillaume Jeanson : « Il est urgent, sans tabou, de nommer les choses ! »

    Guillaume Jeanson, avocat au barreau de Paris, porte-parole de l’Institut pour la justice, sera présent au Rendez-vous de Béziers. Il interviendra lors de la table ronde sécurité/justice et entend bien porter des mesures concrètes.

  • Survivre à tous les coups

    Crise financière, migrations de masse et destruction de l’environnement écologique. Pour Piero San Giorgio, le monde tel qu’on le connaît s’effondrera dans moins de dix ans. Ce survivaliste se prépare au pire.
    Cet homme est ce que l’on appelle un survivaliste. En Suisse, ils seraient plus d’un millier à se tenir prêts aux scénarios catastrophiques. L’illustré avait rencontré ce Genevois il y a trois ans, dans son chalet caché dans les montagnes. Cette «base autonome durable», comme il l’appelle, abrite de la nourriture, des armes et un accès à l’eau: de quoi abriter dix adultes pour une durée d’un an en cas de crise.
    Inutile de chercher l’image d’un extravagant confiné dans son bunker. Loin des clichés des films de Hollywood, c’est en famille que Piero San Giorgio a commencé à se préparer à l’échéance du krach il y a dix ans. Aujourd’hui, cet ancien directeur marketing est devenu l’un des gourous du survivalisme en Europe. Depuis, il a vendu plus de 100 000 exemplaires de ses trois livres, donne des conférences en Europe et en Afrique et propose des cours et conseils de survie et d’auto­défense.
    Il y a trois ans, vous disiez que le monde tel qu’on le connaît allait s’effondrer «dans une dizaine d’années». En êtes-vous toujours sûr?
    Oui, je le vois de plus en plus. Je pense que l’on va vers une crise économique provoquée par une convergence de différents chaos, comme la raréfaction des ressources, la destruction des environnements écologiques, les migrations de masse et un modèle économique occidental basé sur la finance. Dans cinq ou six ans, nous connaîtrons la fin de ce monde. Mais il ne faut pas s’attendre à une prophétie. Cela sera relativement progressif et n’arrivera pas à une date précise.
    Comment voyez-vous cette crise? Allons-nous tous nous entre-tuer?
    Bien sûr, en Suisse, nous sommes privilégiés. Mais les crises sont à nos portes, elles envahissent déjà les pays d’Europe comme l’Italie et la Grèce. Nous connaîtrons une pénurie des ressources énergétiques comme le pétrole; puis la chute du système financier détruira l’épargne des gens, ce qui provoquera un désastre social. Dans les climats difficiles, les gens ont souvent recours à la violence. Je n’espère pas que l’on ira jusqu’à s’entretuer. C’est la raison pour laquelle je vais au contact des gens. Plus les gens sont préparés, moins ils paniqueront et mieux ils réagiront à ce genre de changements. En cas de chaos, ce ne sera pas chacun pour soi, mais on formera des communautés avec notre famille, puis nos amis. Je récolterai des patates, tu t’occuperas du poulet et il fabriquera des chaussures. Il y aura clairement un retour vers quelque chose de plus naturel.
    Vous possédez tout de même une collection d’armes impressionnante.
    Oui. Mais il est tout à fait normal d’avoir son arme de service à la maison, en Suisse. C’est inscrit dans notre tradition. Si l’économie s’effondre, les forces de l’ordre disparaîtront et ne pourront plus défendre les citoyens. Mes propres armes me serviront de protection en cas d’attaque ou d’invasion.
    Que proposez-vous dans vos cours de survie dans la nature?
    En une demi-journée, je leur apprends quelques concepts de base pour se préparer. Il y a deux mois, nous nous sommes rendus dans la forêt, où j’ai donné des techniques de défense à des femmes. Ces cours sont gratuits et s’adressent à tout le monde. J’essaie aussi de montrer qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un arsenal pour se défendre. Il y a énormément d’outils que l’on peut avoir dans son jardin ou sa maison en cas d’attaque.
    D’où vous vient cette peur du chaos?
    Cette crainte m’est apparue lors de la deuxième guerre d’Irak en 2003 et des mensonges américains à l’époque. Si un gouvernement était capable de nous mentir sur des guerres, il devait y avoir quelque chose derrière. Cette chose, c’est le pétrole, qui est en déclin. Puis mes voyages en Afrique et en Asie dans le cadre de mon ancien travail m’ont fait prendre conscience de la destruction de l’environnement, des problèmes de pauvreté et de nutrition massifs. J’ai eu une prise de conscience progressive. En 2005, j’ai ressenti le besoin de me préparer. Il ne s’agit pas de craindre le changement, mais simplement de l’anticiper.
    Comment avez-vous commencé vos préparations?
    Au début, elles étaient sans queue ni tête. J’ai acheté une trousse de secours pour la maison, ensuite un chargeur solaire, quelques boîtes de conserve à mettre à la cave. Puis je me suis dit qu’il fallait que je sois plus organisé. En écrivant mon premier livre en 2011, j’ai dû raisonner et structurer mes préparations.
    Comment votre entourage a-t-il vécu vos débuts dans le survivalisme?
    Ils m’ont pris pour un original au début. Je leur faisais part de mes impressions sur ce qui se passait dans le monde. Puis un jour, on m’a dit: «Tu m’avais prédit qu’il y aurait cette guerre en Ukraine, et elle est arrivée.» Petit à petit, mes proches ont changé leur perception. Certains me disent que j’avais raison, ils ont vendu leur maison, se sont acheté une ferme à la montagne et se préparent. Les gens font leur chemin. Ils se rendent compte que ce mode de vie, qu’ils pensaient plus difficile, leur apporte en fait plus de bonheur, car ils sont réunis en famille, vivent dans la nature, fabriquent leur propre nourriture.
    Comment inculquez-vous vos valeurs à vos quatre enfants?
    Ils sont encore petits, donc je le fais de manière subtile. Je veux qu’ils aient une vie d’enfant normale, sans qu’ils angoissent par rapport au futur. Je les responsabilise petit à petit. Les grands font du kung-fu, ils apprennent à connaître la nature dans la montagne et à économiser l’eau.
    Cette préparation a-t-elle resserré vos liens familiaux?
    J’ai redécouvert les liens sociaux, car je passe plus de temps en famille et avec mes amis proches. Au final, c’est ce qui rend les gens heureux. L’être humain, c’est de la survie et de l’amour.
    Comment cela se passera pour vous et votre famille le jour où la catastrophe arrivera?
    Nous nous rendrons progressivement dans la «base autonome durable», si les choses continuent à aller mal de manière lente. Mais il n’y a pas forcément de scénario selon lequel nous partirons dans la minute. C’est un plan qui me semble peu probable.
    Et pour ceux qui ne sont pas préparés?
    Quand la crise arrivera, il y aura beaucoup de gens démunis. La plupart des gens feront comme ils pourront. Certains déprimeront, d’autres feront du troc et trouveront des ressources là où ils ne l’auraient pas imaginé. Ils seront paniqués et réagiront moins rationnellement que ceux qui se préparent. Après, la question n’est pas de survivre à tout prix tout le temps. Il y a des scénarios contre lesquels on ne peut rien.
    Pourquoi écrire ces livres et faire des conférences?
    Je poursuis deux objectifs. D’un côté, si tous mes voisins se préparent autour de moi, ils vont moins me poser de problèmes le jour d’une crise. De l’autre, je me considère comme citoyen responsable et veux le bien de mes concitoyens. Ma manière d’aider les gens, c’est de leur faire prendre conscience qu’on a des problèmes. Mais après, c’est à eux de faire le boulot. J’essaie de donner des techniques et des méthodes, je ne suis pas un prophète.
    Quelles sont ces méthodes?
    La première étape est de réaliser que l’on est en train d’aller vers un effondrement. Ensuite, il faut faire en fonction de la place que l’on a. Si l’on n’a pas de cave, il y a de la place dans les armoires ou sous le lit. Mais ne serait-ce qu’avoir une semaine de nourriture et d’eau, c’est déjà énorme et cela nous donne le temps de voir venir la crise. Il faut aussi des batteries, lampes de poche, couvertures. Il faut réfléchir à son autonomie, pas seulement au stock. On peut faire pousser des tomates sur son balcon, même en ville. Mais je vous avoue qu’en stockant un an pour dix personnes, je vois les choses un peu en grand. Mais c’est ma façon de faire, je suis un peu exubérant
    Sentez-vous que les Suisses s’intéressent de plus en plus au survivalisme?
    Oui, c’est clair. Quelques milliers se disent survivalistes dans notre pays, et ce ne sont pas des farfelus. Mais les gens qui se préparent instinctivement, sans le savoir, cela se compte par dizaines de milliers. Vous savez, il y a vingt ans, 100% des Suisses auraient été qualifiés de survivalistes, car ils stockaient dans leur abri antiatomique. Aujourd’hui, le chef de l’armée suisse nous dit de nous préparer et de faire des réserves d’eau, notamment. Quand on y pense, c’est totalement normal. Simplement, on l’oublie dans nos soucis quotidiens.
    source

  • L’Être des nations et l’Avoir des marchands par Lionel RONDOUIN

    Intervention de Lionel Rondouin, normalien, enseignant en classe préparatoire, lors du colloque de l’Institut Iliade « Face à l’assaut migratoire, le réveil de la conscience européenne » à Paris le 9 avril 2016.

    Chers amis,

    Je ne peux en vingt minutes que lancer des thèmes et suggérer des pistes. Excusez donc le caractère apparemment sommaire ou « graphique » de mes propos. 

    Le MIM, le Mondialisme Immigrationniste Marchand, est une idéologie à la fois politique et économique. 

    Car il y a une idéologie économique, travestie en science exacte.

    Les fondements de cette représentation du monde économique sont les mêmes que ceux de la prétendue science politique qui voudraient faire remonter la société politique à un contrat social. 

    On sait que, dans l’histoire de la philosophie politique, la notion de pacte social est théorisée par Thomas Hobbes au milieu du XVIIe siècle dans son Léviathan. L’Angleterre des années 1640 est ravagée par une guerre civile. C’est un accident de l’histoire, très similaire à ce qui se passe au même moment en France avec cette guerre civile qu’on appelle la Fronde. 

    En revanche, Hobbes y voit une réalité transcendante et permanente. L’homme est, par nature, égoïste, dirigé par ses seuls intérêts. Toute alliance entre les hommes de cet état « natif » imaginaire n’est que de circonstance. Ils ne connaissent aucun lien de solidarité. La nature humaine, c’est la guerre de tous contre tous. Pour Hobbes, l’homme n’est donc pas de naissance un animal social, le « zôon politicon » d’Aristote intégré à une société concrète, préexistante à lui, dotée d’une dimension traditionnelle, juridique, culturelle, linguistique (ce qu’on appelle aujourd’hui une identité), cette société qui constitue un ensemble de liens et qui, sous certains aspects, le détermine dans ses rapports aux autres individus et à la collectivité. Pour Hobbes donc, les hommes, lassés de cette anarchie sanglante et contre-productive, imaginèrent de passer entre eux un contrat de type commercial et de déléguer une partie de leur liberté à une entité nouvelle, l’État, maître et arbitre, qui ferait régner l’ordre nécessaire. 

    Les théories de Hobbes sont à l’origine de toutes les théories de la table rase qui, sous des formes diverses, se succèdent en Occident depuis trois cents ans. L’humanité, ses sociétés, ses générations successives sont des « tabulas rasas », des tablettes de cire sur lesquelles le temps a écrit des mots, des histoires, des conceptions du monde et des pratiques des rapports sociaux. On pourrait, en chauffant un peu la tablette, faire fondre la cire qui redeviendrait lisse, « rase » et donc vierge, et l’on pourrait donc écrire dessus, en toute liberté, de nouvelles aventures, un nouveau droit, de nouvelles sociétés, un homme nouveau. « Du passé faisons table rase », dit l’Internationale. Ces théories sont l’origine du constructivisme politique, de la théorie des constitutions et de la prétention à rompre avec une nature et des héritages, à « remettre les pendules à zéro » dans l’histoire. Cette problématique est d’actualité puisque rien dans cette logique n’empêche de voir des individus allogènes s’agréger au contrat social. 

    Dans le domaine de la théorie économique maintenant, qui ne voit la similitude entre la théorie politique de Hobbes et la théorie économique d’Adam Smith, le père et toujours pape de la « science économique » libérale ? 

    L’homme économique est réduit à sa double fonction de producteur et de consommateur, c’est un « agent économique ». Dans sa relation aux autres agents, l’homo œconomicus ne vise qu’à maximiser son utilité, c’est-à-dire son intérêt individuel en dehors de toute considération de solidarité. La relation économique est à la fois concurrentielle et contractuelle, que ce soit le contrat d’achat-vente ou le contrat de travail. La concurrence pure, parfaite et non faussée est garantie par l’État et les Codes, civil et de commerce, en sont les instruments de contrôle. 

    Les principes de ces deux idéologies sont communs : les individus sont de purs atomes, des monades leibnitziennes qui flottent quelque part dans le plasma inorganique de l’espace et du temps, des individus hors-sol, interchangeables et équivalents, sans aucune détermination culturelle ou historique. 

    Deux conceptions des sociétés s’opposent. 

    Soit les sociétés humaines sont des êtres collectifs dont la valeur est plus que la somme des parties qui les constituent. Ces sociétés sont inscrites dans un espace déterminé et dans une profondeur historique. Elles ont une culture qui peut évoluer dans le temps mais sur la base d’un héritage. Elles acceptent la nouveauté mais avec le regard critique de celui qui juge un arbre à ses fruits. Les activités culturelles, sociales, économiques, les rapports entre individus et les rapports collectifs entre groupes familiaux, sociaux et économiques sont régulés par des normes et – j’ose le dire – des interdits qui assurent le respect de la solidarité. Les sociétés, comme tous les êtres vivants, ont pour objectif de se reproduire, de transmettre. C’est le principe de pérennité et de tradition-transmission. 

    Soit à l’inverse les sociétés sont des agrégats modelables et remodelables ad libitum en fonction des situations et des intérêts du moment. Les individus maximisent leur intérêt individuel et tout peut librement être marchandisé, temps, travail, procréation. Rien ne s’oppose à ce que l’étranger participe librement à la concurrence locale sur le marché du travail si les élites économiques y trouvent un intérêt. Si le « premier capitalisme » conservait un grand nombre de valeurs patrimoniales et familiales traditionnelles, nous sommes aujourd’hui dans la phase trois du système, le capitalisme financiarisé régi par la loi du rendement immédiat et de l’économie hors-sol. Rien ne s’oppose non plus à ce que l’étranger vienne remplacer l’autochtone défaillant et stérile pour abonder les caisses de retraite, du moment que le retraité touche sa pension et puisse faire sa croisière annuelle. Le temps individuel et collectif est normé par le court-termisme. Après moi, le déluge. Enfin, dans cette société, toute « novation » est reçue comme bienvenue dans cet « hôtel de passage » qu’est la société selon Jacques Attali. 

    Tout repose donc sur la conception de l’individu. 

    Malheureusement pour nous, la dernière chose dont nos contemporains accepteront de faire leur deuil est le culte et le primat de l’individu, individu politique et social libre de toute détermination, individu libre de jouir sans entraves dans l’instantanéité du temps, « l’homo festivus » qu’a bien défini Muray. Le « vivre ensemble » de « l’homo festivus » est un mélange paradoxal de consommation matérialiste, de jouissances fugitives et de convivialité factice où des individus « font la teuf » en racontant leur « fun » sous forme de messages adressés à des inconnus autistes par des zombies autistes, tous rivés à leur écran. 

    Et c’est pourtant à cet individualisme qu’il faut renoncer pour revenir à une conception et une définition holiste et organique de la société. Notre tâche est donc rude. 

    Le débat n’est pas moral. C’est aujourd’hui une question de survie individuelle et collective.

    Nous vivons sur une confusion, qui date de l’époque où nous autres Européens avons constitué le concept d’individu, en mêlant un peu de philosophie grecque socratique et beaucoup de métaphysique chrétienne (c’est le Christ qui a inventé le rachat de l’individu par lui-même alors que le péché et la malédiction du peuple juif sont collectifs). 

    Cette illusion est de nature juridique.

    Le droit ne connaît de responsabilité qu’individuelle, alors que l’histoire connaît la responsabilité collective. Une nation (collectivité humaine, sociale, politique et culturelle) ou une génération (un tronçon temporel de la même collectivité) assument une responsabilité, et nous sommes tous – même les opposants et les dissidents – indéfiniment co-responsables des décisions et des options qui auront été prises de notre temps. 

    La sidération qui frappe nos contemporains devant les « attentats aveugles » (comme si des attentats étaient aveugles…) tient largement à une conception erronée de la responsabilité. « Je ne leur ai rien fait ». Or les terroristes ont raison. Il n’y a pas d’innocents. 

    Nous sommes responsables d’être ce que nous sommes, d’être les héritiers de notre civilisation et des décisions prises par nos prédécesseurs. Nous sommes déterminés par nos racines à être blancs, croisés, descendants des défricheurs de la Beauce et des constructeurs de Sainte-Sophie de Constantinople, paysans italiens devenus artisans français, etc… Les destins sont collectifs. 

    Cette illusion juridique individualiste – « je, en tant qu’individu, ne leur ai rien fait » – ne va pas sans paradoxe, puisqu’elle s’accompagne d’un ethno-masochisme, la haine de soi en tant qu’être collectif historique, dont les manifestations les plus visibles sont la repentance historique constante, la commémoration maladive des prétendus péchés de notre civilisation, et les lois xénophiles dans le domaine social et politique. 

    Le « vivre ensemble » qu’on nous propose repose sur le postulat de l’accueil et de la déclaration de paix. Or il ne sert à rien de dire « je t’aime » à celui qui répond « moi non plus ». « Faites l’amour, pas la guerre » est une proposition frappée d’une absurdité logique. De deux parties, une peut, toute seule, déclarer la guerre à l’autre, alors que pour faire l’amour, il faut être d’accord tous les deux. Ou alors, c’est un viol et c’est une autre histoire. 

    Quelles sont donc les voies qui nous sont ouvertes pour faire face au défi, au danger le plus grave qu’ait connu l’Europe depuis 1650 ans, c’est-à-dire depuis les dernières grandes invasions de peuplement ? 

    Que faire, donc ? 

    J’évoquerai plusieurs pistes, non exclusives les unes des autres, dans le domaine politique, éducatif, culturel, économique. 

    Les principes de ces différentes actions sont identiques : 

    • il faut répéter que nous sommes la majorité, mais agir comme si nous étions déjà une minorité. Rien n’est plus désastreux que le concept de « majorité silencieuse » qui a fait tant de mal à la droite, car la majorité a en permanence élu et laissé faire sans rien dire des élites qui l’ont trahie. Les minorités conscientes et actives mènent le monde, 

    • il faut alerter, dénoncer les contradictions du système, revendiquer et défendre la liberté d’expression, 

    • il faut éduquer, transmettre, former la génération montante, 

    • il faut mettre à profit les tendances actuelles et les initiatives qui vont dans le sens du localisme et d’une conception holiste de la société.

    Dans le domaine politique, nous avons un rôle de lanceurs d’alerte, de propagateurs d’information et de défenseurs d’internet contre le totalitarisme mou qui s’instaure. Actuellement, ce ne sont pas les sites djihadistes ou immigrationnistes que l’on ferme ou que l’on persécute, ce sont les lanceurs d’alerte qui sont persécutés par le prétendu état d’urgence. Le gouvernement français avait déjà refusé l’asile politique à Snowden, dénonciateur de l’espionnage généralisé par des intérêts étrangers. Aujourd’hui, les sites d’information sont surveillés. Le dimanche soir précédent les attentats de Bruxelles, Marion Maréchal-Le Pen s’est fait incriminer sur BFM-TV par la responsable des informations politiques du Parisien. Son crime était d’avoir twitté lors de l’arrestation de Salah Abdesselam : « Je me réjouis de cette arrestation, mais combien en reste-t-il dans la nature ? » La journaliste lui a demandé si elle n’avait pas honte de tenir des propos « anxiogènes »… Et 36 heures après, les complices d’Abdesselam encore dans la nature faisaient plus de 30 morts… Et bien, non, nous n’avons pas honte de tenir des propos anxiogènes ! Et je vous propose de réfléchir à la manière d’amplifier notre voix. 

    Dans le même domaine politique, nous devons nous attacher à expliquer et diffuser auprès du plus grand nombre, en tout temps et en tous lieux, où se situe l’escroquerie économique la plus flagrante du MIM. Non, les migrants n’assureront pas le financement de la retraite par des cotisations sociales ! Dans un contexte historique de vieillissement de la population européenne, il serait déjà hasardeux d’escompter que la solidarité trans-générationnelle fonctionne parfaitement, sans remise en cause de cette situation d’exploitation des classes jeunes par les baby-boomers qui ont refusé les contraintes de l’éducation d’une famille pour mieux profiter des plaisirs de la société de consommation. Peut-on donc penser que, quand bien même les nouveaux arrivants trouveraient leur place sur le marché du travail avec les normes de productivité que nous exigeons des salariés, ces salariés accepteraient de subvenir aux besoins de personnes avec lesquelles ils n’ont et ne se sentent aucun lien de solidarité ? Je pense que le message est rude à entendre pour nos concitoyens, mais il est nécessaire. Tant pis pour le niveau de vie des retraités, à titre individuel. C’est leur génération qui a collectivement pris les mauvaises décisions. C’est comme la dette, il faudra payer l’addition… 

    Nous devons aussi nous faire les pourfendeurs de toute forme de marchandisation du vivant. Non seulement contre la marchandisation du corps comme nous le faisons pour la GPA et ce message me semble porteur et efficace, mais aussi contre la brevetabilité du vivant sous toutes ces formes. Il y a là une synergie à trouver avec les opposants aux lobbies pharmaceutiques et aux Monsanto en tout genre, qui peut nous donner de la visibilité, en pleine cohérence avec notre vision du monde. 

    Il faut enfin dénoncer préventivement les naturalisations massives à venir. Le peuple votant et pensant mal, les élites n’ont d’autre voie que de diluer le peuple en procédant à ces naturalisations, si possible dès le prochain quinquennat en France. 

    En revanche, l’action politique ne peut pas être l’alpha et l’omega de notre action. En effet, comme l’a très bien vu Laurent Ozon par exemple, pour réussir en politique, il faut être élu et donc s’abstenir de discours excessivement traumatisants. L’inaudible – ce que l’on ne veut pas entendre – est donc indicible. À ce titre, nous savons tous ici que cela sera très dur dans l’avenir – troubles civils et sociaux, baisse générale du niveau de vie, etc… – mais on ne peut incriminer un parti politique lorsqu’il affirme détenir les moyens de contrôler la situation. Je dis cela pour les impatients et les radicaux…

    Il convient donc d’agir aussi hors de la sphère politique. 

    Un des axes prioritaires d’action est l’éducation, afin de former des élites capables d’assumer leur responsabilité à venir. 

    Le système, avec l’assentiment fataliste de nos contemporains, a fait s’effondrer l’enseignement de tous les savoirs et de toutes les méthodes qui permettent de comprendre et de juger le monde. Cette faillite profite bien entendu au projet du MIM car l’Éducation nationale (à laquelle j’inclus généralement l’enseignement confessionnel sous contrat) produit des individus hors-sol, hors-histoire, indifférenciés, interchangeables et disposés à accepter tout projet qui ferait table rase de notre identité. 

    Le niveau général est lamentable en capacité logique d’analyse et de déduction, en histoire, géographie physique et humaine, économie politique, philosophie, sociologie. Le français est lu et parlé avec un vocabulaire pauvre et approximatif, proche du niveau d’une langue étrangère moyennement maîtrisée plutôt que de celui d’une langue maternelle. Même l’apprentissage du calcul est rendu difficile du fait de la pauvreté du vocabulaire français, car les élèves ne peuvent pas comprendre les mots du problème posé. 

    Je vous propose donc de réfléchir à la création d’écoles hors contrat ou au renforcement d’écoles existantes. Ce projet supposerait la mobilisation de bonnes volontés, de compétences juridiques et de moyens financiers, mais cela me semble la suite logique de notre entrée en sécession. 

    Un autre volet de cette éducation est celui des valeurs. Nous pouvons transmettre les valeurs holistes et solidaires et former les élites qui nous seront nécessaires. 

    Une des faiblesses constitutives de la société marchande a bien été mise en lumière par François Perroux, dont je vous rappelle qu’il a été l’un des économistes français les plus brillants, professeur au Collège de France, grand mathématicien, avant d’être méprisé par l’Université de la pensée unique. Il avait en effet comme projet de constituer une économie politique globale permettant une compréhension des phénomènes économiques comme l’une des dimensions de la société, mais pas la seule et en tout cas pas autonome par rapport à ses autres dimensions. Il écrit, dès 1969 : 

    « Toute société capitaliste fonctionne régulièrement grâce à des secteurs sociaux qui ne sont ni imprégnés ni animés par l’esprit de gain et de la recherche du plus grand gain. Lorsque le haut fonctionnaire, le soldat, le magistrat, le prêtre, l’artiste, le savant sont dominés par cet esprit, la société croule, et toute forme d’économie est menacée. […] Un esprit antérieur et étranger au capitalisme soutient durant une durée variable les cadres dans lesquels l’économie capitaliste fonctionne. Mais celle-ci, par son expansion et sa réussite mêmes, dans la mesure où elle s’impose à l’estime et à la reconnaissance des masses, dans la mesure où elle y développe le goût du confort et du bien-être matériel, entame les institutions traditionnelles et les structures mentales sans lesquelles il n’est aucun ordre social. Le capitalisme use et corrompt. Il est un énorme consommateur de sève dont il ne commande pas la montée […]. » 

    Ce texte magnifique doit nous rappeler que, lorsque le MIM et le capitalisme de troisième type échoueront dans leur projet comme le parasite meurt de l’épuisement de son hôte, nous aurons plus que jamais besoin de ces élites animées de valeurs de service, ces valeurs « libérales » au sens grec du terme. C’est le rôle que nous devons assigner à nos activités communautaires et de scoutisme, qui seront une source de sève dans les périodes troublées à venir. 

    Passons maintenant à la manière dont nous pouvons nous appuyer sur des tendances existantes dans la société actuelle, sur d’autres écoles de pensée et d’action que nous avons souvent considérées comme éloignées de nos préoccupations, mais qui se sont insensiblement rapprochées de nous comme nous nous rapprochions d’elles. J’entends par là tous les mouvements qui se revendiquent de la notion de responsabilité collective. La responsabilité sociale et environnementale, la consommation responsable, la sobriété étaient des concepts plutôt universalistes. Mais la réalité des faits et l’influence de certaines personnalités comme Michéa ont amené les promoteurs de ces théories et de ces pratiques à comprendre enfin que le commerce équitable, ce n’est pas seulement pour les petits producteurs de café du Costa-Rica chers à Max Havelaar. C’est aussi pour nos frères agriculteurs et éleveurs gaulois qui se crèvent au travail, exploités par le système et la mondialisation, à 30 kilomètres du centre-ville de Paris. Commerce équitable de proximité, circuits courts, voilà qui nous convient parfaitement et où nous avons un rôle concret à jouer. J’y rajouterai une réflexion sur la manière d’organiser ou de relayer des campagnes de boycott à l’encontre d’enseignes ou de marques. 

    Dans le domaine économique, nous devons entreprendre et aider nos entrepreneurs, avec un esprit de communauté minoritaire. Financement, relations comme fournisseurs ou clients, qu’importe. Et, pour ce qui concerne l’entreprise, nous devons systématiquement nous constituer en forme juridique de sociétés de personnes, SCOP, SARL, etc., et non pas en sociétés de capitaux. Cela permet de coopter les personnes et, de surcroît, comme les associés ne relèvent pas du contrat salarial, cela nous permettra de contourner plus efficacement les contraintes xénophiles du droit du travail, qui ne feront que se renforcer. Tous les domaines sont ouverts : services dont l’éducation dont j’ai déjà parlé, mais aussi commerce, voire industrie dans une politique de relocalisation. 

    Voici, mes chers amis, les quelques pistes de réflexion et les quelques propositions que je souhaitais vous soumettre. 

    Je vous remercie de votre attention. 

    Lionel Rondouin 

    • D’abord mis en ligne sur Institut Iliade et repris par Cercle non conforme, le 18 avril 2016.

    http://www.europemaxima.com/

  • Forum de l'Europe: Intervention d'Hervé Van Laethem, président de Nation, Belgique

  • Trump : Don Juan ou Bonaparte ?

    L’establishment a été impressionné par les sondages de sortie de vote du 10 mai en Virginie de l’ouest…

    La dynamique des ralliements à Trump s’accélère et, quand ralliement il n’y a point, reste la conversation, cordiale, entre les carpes et le lapin. Tel est le bilan de la visite de Trump au Capitole, le 12 mai dernier.

    Les oies n’y donnèrent pas l’alarme, et le candidat rencontra modestement le Speaker Ryan avec quelques leaders de la Chambre, puis le patron du Sénat, Mitch O’connell, accompagné de quelques séides, et enfin, impensable, James Baker lui-même, le « néocon » illustre du clan Bush.

    Pourquoi ce réchauffement climatique? Deux scénarios semblent émerger, qui s’éclaireront lors des prochains choix de Trump en matière d’équipe gouvernementale.

    Le premier scénario prend acte du fait que Trump est un don Juan de la politique, conquérant plutôt que consommateur. Ses rencontres avec la machine de Washington seraient un moyen pour lui de négocier son fardeau, ayant patenté la méthode : sans le vote populiste à la présidentielle, le parti républicain est condamné à péricliter en parti parlementaire, car la démographie comme le système du collège électoral n’en font plus un parti présidentiel. Trump, c’est la dernière chance.

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  • Tintin en colère à la une du dernier numéro d’Eléments

    Eléments-160-Couv-254x350.jpgC’est un Tintin déterminé, brandissant une arme de poing, qui fait la une du dernier numéro d’Eléments titré : « Je suis la guerre. Oser désigner l’ennemi », référence qui n’échappera pas aux lecteurs de Carl Schmitt ou de Julien Freund et dont voici l’éditorial :

    « Voici des années, des décennies peut-être, qu’on répète que « ça ne peut plus durer », que « ça va craquer », que « nous sommes en 1788 », qu’« on danse sur un volcan ». Et pourtant, tout continue. (…) On se traîne, on grogne, on déprime, mais on vit plus que jamais sous l’horizon de la fatalité. Le désespoir n’engendre que la résignation. (…)

 Dans cette époque molle, souple, flexible, précaire, où l’on préfère les formes rondes aux formes droites, on déteste la verticalité. On aime le vocabulaire maternel : le dialogue, la compréhension, la tolérance, l’accueil, l’ouverture, quitte à se montrer féroce avec ceux qui ne communient pas dans l’idéal du magma. Terrorisme du Bien, compassionnel et lacrymal à tous les étages. Le sentimentalisme a tué le sentiment, tout comme la sensiblerie a tué la sensibilité. (…)

    « Les attentats, qui viennent çà et là troubler la torpeur ambiante, sont un révélateur remarquable. Ils ne suscitent pas le désir de prendre les armes, ils n’aiguisent pas les volontés, mais ouvrent les vannes d’un Niagara de pleurs.On allume des bougies, on récite des hymnes à l’amour, on fait des minutes de silence, on organise des « marches blanches » et autres pitreries. On ne chante pas le Dies Irae, mais Give Peace a Chance.

    « Homo festivus, quand il est pris pour cible, n’a qu’un souci : montrer comme on est injuste avec lui, alors qu’il est si gentil. Dans le monde des bobos, il y a quelques cerveaux et beaucoup de ventres. On demande des colonnes vertébrales.
On est en guerre, paraît-il. Mais pour l’immense majorité de nos concitoyens, la guerre est un gros mot, une réalité du passé. Personne ne veut la guerre. C’est pourquoi on proclame que les méchants ne nous empêcheront pas de rigoler, d’aller en discothèque et de boire un verre sur les terrasses. Ah, mais !
 On est en guerre, mais contre qui ? Il y a apparemment un ennemi, mais on s’applique à ne jamais donner son nom. Pour brouiller les pistes, on préfère montrer du doigt des abstractions. On fait la guerre au « terrorisme », au « fanatisme », à la « radicalisation », à la « haine ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Le terrorisme n’est pas un ennemi, c’est seulement un moyen auquel l’ennemi a recours. (…)

    « À « Nuit debout », on multiple les assemblées populaires sans peuple (le peuple doit se lever tôt le matin). On refait le monde dans la stratosphère, ce qui est sympathique, mais en réclamant simultanément la fin de la logique du profit et l’abolition des frontières – comme si le capitalisme, qui lui ne dort jamais, pouvait s’en laisser remontrer en matière de sans-frontiérisme ! Des mots contre les maux. (…) Mais de révolution, il n’est bien sûr plus question. (…) La grève générale de Mai 68 est plus loin que jamais, et ceux qu’on appelle encore des gauchistes ne sont plus aujourd’hui que des libéraux qui veulent seulement que le marché s’ouvre encore plus aux exigences du « désir ». Le peuple, le vrai peuple, voudrait conserver sa sociabilité propre, préserver ses manières de vivre, ses valeurs partagées. »

    Le sommaire de ce n° 160, daté de mai-juin 2016, est à consulter ici. Eléments(pour la civilisation européenne), une revue des idées à lire sans modération.

    http://fr.novopress.info/201025/tintin-colere-a-dernier-numero-delements/