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  • La “haine” sur internet : éviter l’aveuglement, par Ivan Rioufol

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    Emmanuel Macron veut traquer les propos “haineux” sur internet. Ce mercredi, il lance dans ce but l’Appel de Christchurch, en compagnie du premier ministre néo-zélandais, Jacinda Ardern. C’est elle qui avait eu à gérer l’émotion née de l’attentat contre la communauté musulmane de la ville. Avec d’autres femmes, elle avait fait connaître sa compassion en portant le voile. Le 15 mars, un fanatique d’extrême droite, Brenton Tarrant, d’origine australienne, avait ouvert le feu dans la mosquée Al Noor puis dans un centre islamique, tuant 51 personnes. Il avait filmé le carnage, diffusé en direct sur les réseaux sociaux. Ce mercredi, Facebook a d’ailleurs annoncé avoir décidé de restreindre l’usage de sa plateforme Live de vidéo en direct, dont s’était servi le tueur. Le terroriste était l’auteur d’un manifeste intitulé The Great Replacement, en référence au Grand Remplacement dénoncé par l’écrivain Renaud Camus, adepte pour sa part de la non-violence.

    Reste une question : l’Appel de Christchurch, qui se mobilise pour dénoncer la violence meurtrière de l’extrême droite contre des musulmans, est-il prêt à affirmer une même indignation contre les islamistes qui assassinent des juifs, des chrétiens et des mécréants ? La légitime émotion que la tuerie antimusulmane de Christchurch a générée dans l’opinion occidentale devrait être une invite à la réciprocité. A quand un Appel contre ceux qui tuent au nom du Coran ?

    L’extrême droite ne doit pas devenir l’alibi des lâchetés face à l’islam conquérant. Ce qui s’est passé en Nouvelle Zélande ne doit pas conduire à renforcer l’hémiplégie intellectuelle consistant à ne vouloir voir de danger que dans ce camp. Cet aveuglement conduit à ne pas s’inquiéter des porosités qui, notamment en France, se font jour entre l’islam révolutionnaire et les mouvements d’extrême gauche. Les premiers mots du secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, lors de l’ouverture du 52e Congrès de la centrale, lundi, ont été pour exprimer notamment sa “solidarité” avec “le peuple palestinien”.

    C’est précisément pour ne plus avaliser les dérives communautaristes de La France Insoumise que le mélanchoniste Andréa Kotarac vient de quitter son parti pour soutenir la liste de Jordan Bardella (RN). Il y a un an, de nombreuses personnalités avaient signé, dans Le Parisien, un Manifeste “contre le nouvel antisémitisme” islamique. Il serait utile que l’Appel de Christchurch s’inspire aussi de ce texte. Il demandait “que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et de incroyants soient frappés d’obsolescence par les autorités théologiques”. Ces versets sont librement accessibles sur l’internet. Ne seraient-ils pas “haineux” ?

    Ivan Rioufol

    Texte daté du 15 mai 2019 et repris du blog d’Ivan Rioufol

    https://fr.novopress.info/214578/la-haine-sur-internet-eviter-laveuglement-par-ivan-rioufol/

  • Bellamy, Glucksmann : le temps des intellectuels ?

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    Alors que la campagne des élections européennes bat son plein et que les sondages prédisent un combat final serré entre Les Républicains, La République en marche et le Rassemblement national, une évidence s’impose : cette élection aura eu le mérite de faire connaître au grand public la jeune et brillante tête de liste des Républicains, François-Xavier Bellamy. On a déjà rappelé avec raison que le choix de Laurent Wauquiez avait l’immense mérite de proposer aux suffrages des électeurs de droite un candidat qui porte véritablement leurs convictions et leurs aspirations, après trente longues années de compromissions avec une pensée sociale-démocrate si contraire aux principes gaullistes du RPR.

    Mais là n’est pas son seul mérite. En choisissant François-Xavier Bellamy, professeur agrégé de philosophie, auteur remarqué, en 2014, des Déshérités ou l’urgence de transmettre, dans lequel il retrouvait les racines philosophiques de la crise de la transmission qui asphyxie l’École, et plus récemment de Demeure, essai philosophique qui questionne la frénésie du changement qui semble s’être emparée de notre civilisation, oublieuse de tout ce qui « demeure » et nous rattache au monde, Laurent Wauquiez fit le pari de l’intelligence. À trop se cantonner à un économisme à courte vue, la droite avait, en effet, perdu à la fois ses racines intellectuelles et sa boussole, et il était bien temps qu’elle se ressaisisse en se mettant à l’écoute de tous ceux qui, dans le monde des idées, préparaient depuis des années déjà son renouveau intellectuel, préalable indispensable à son redressement électoral.

    La profondeur et la justesse de la pensée de François-Xavier Bellamy, sa verve délicate mais toujours lucide jointe à sa parfaite urbanité nous font contempler avec effarement les prétentions d’un Emmanuel Macron présenté, durant la campagne présidentielle, comme l’héritier spirituel du philosophe Paul Ricœur, avant d’endosser une « pensée complexe » que les Français ne sauraient pas apprécier à sa juste valeur… À la lecture de Révolution, le livre écrit par l’actuel locataire de l’Élysée avant son élection, dont la vacuité sidérante détonne tant au regard des ouvrages signés par le candidat des Républicains, on comprend la chance que l’immixtion de François-Xavier Bellamy dans la vie politique offre à notre pays. Espérons qu’il participe à l’émergence d’un débat proprement politique, enfin recentré sur les idées des uns et des autres, et non sur ces polémiques stériles et ces « petites phrases » qui ont fait tant de mal à la politique française. Cet espoir est peut-être fondé, à en croire le mimétisme du Parti socialiste dont la tête de liste, l’essayiste Raphaël Glucksmann, incarne sans doute mieux les idées de la gauche que les anciens éléphants de la rue de Solférino…

    Face à l’explosion des cadres politiques qui a suivi l’élection d’Emmanuel Macron, les deux anciens partis de gouvernement se tournent donc vers des figures du monde des idées, dans une concordance des temps qui nous dit sans doute quelque chose de l’époque. Nos concitoyen lassés par la communication et l’opportunisme, désireux de retrouver le sens de la politique et du bien commun, ne pourront que profiter d’une clarification de l’offre politique qui, seule, permettra la confrontation de visions divergentes mais pleinement assumées, et donnera aux Français les clés de leur destin.

    Laurent Chauvet

    https://www.bvoltaire.fr/bellamy-glucksmann-le-temps-des-intellectuels/