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culture et histoire - Page 1118
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La Pierre De Rosette, Le Trésor Le Plus Précieux De L'Humanité [Documentaire Histoire]
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Chronique de livre : Alexandre Mendel "La France Djihadiste"
Alexandre Mendel, La France Djihadiste
(Editions RING, 2016)
Impossible d'échapper à l'actualité, ou plus exactement à la réalité, en ce qui fut la période estivale de 2016. Après l'attentat du 14 juillet, il n'y eut quasiment pas un seul jour en Europe sans une attaque ou un attentat... L'Allemagne et la France commençaient à payer lourdement le prix d'une immigration-invasion de masse qui, en plus de nous remplacer, apporte avec elle l'islamisation de notre continent (des rayons halals dans les supermarchés aux terroristes islamiques en passant par le « fameux » burkini). Tout ceci n'est cependant qu'un début, et ce n'est pasLa France Djihadiste d'Alexandre Mendel qui nous contredira…
Alexandre Mendel est journaliste, sa plume, il l'a notamment exercée dans Valeurs Actuelles. Sa spécialité est le travail de terrain, ce qu'on a coutume d'appeler le journalisme d'investigation. Etant donné le sujet abordé ici c'est un réel plus, bien que l’entreprise soit risquée. Ce dernier s'est d'abord intéressé aux départs pour la Syrie et son vivier français, la ville de Lunel dans l’Hérault. Sans doute, ses attaches régionales et familiales y sont pour quelque chose.... Au fur et à mesure de ses recherches se dessine un portrait sans concessions, mais réaliste, d'une France que certains ne veulent tout simplement pas voir (ou n'en soupçonnent qu'à peine l'existence).
Alors, quelle est telle cette France djihadiste ? A première vue, et sans minimiser la dangerosité des célèbres « déséquilibrés », elle ne se compose pas de moudjahidines féroces, n’en déplaise aux « néo-croisés ». En effet, il ne faut pas regarder du côté du prophète – dans tout ce qu’il a de belliqueux – mais plutôt du côté de la CAF et du CCAS du coin. Cas-sociaux, petits trafiquants ré-islamisés et paumés constituent le gros des départs pour la Syrie. Leur point commun ? Etre, pour la grande majorité, des enfants d’immigrés. Profils de déracinés nourris à l’occidentalisme plus qu’avec les versets du Coran, ces joyeux drilles rendent désormais la monnaie de leur pièce à tous ces bisounours droit-de-l’hommiste qui les ont traités en victimes pendant tant d’années… Ce n’est donc pas tant le coran qui est à l’origine des nombreuses conversions à l’islam radical -et aux départs pour la Syrie- mais plutôt le monde moderne. Déracinement identitaire, manque de verticalité et crise du sens ont fait beaucoup de mal. Sur ce dernier sujet, ce sont souvent des imams autoproclamés ou des organismes politico-religieux comme les Frères Musulmans qui l’exploitent, voire parfois des services de renseignements…
La France Djihadiste mérite d’être lu et médité. C’est une enquête très bien ficelée qui, au final, dresse un bilan plutôt inquiétant du rapport entre la France et l’islam radical. Car ce n’est pas tellement le message des prêches ou même les attentats qui, en soi, sont préoccupants ; c'est avant tout l’ampleur du phénomène, le nombre de candidats au Djihad, de terroristes, de loups solitaires etc. Mais est-ce si surprenant quand on sait que les gouvernements successifs ont laissé s’installer des enclaves ethnico-religieuses, ces fameuses No go-zones, si bien que l’on peut dorénavant parler d’un maillage territorial conséquent ? Et puis qu’en est-il de tous les musulmans qui ne se reconnaissent ni dans l’islam radical, ni dans les « valeurs de la République » ? Où étaient-ils lors des manifestations pour Charlie Hebdo ? Sont-ils descendus dans la rue après le 13 novembre ? Poser la question c’est déjà y répondre et, dans la perspective d’une « guerre civile » ethnico-religieuse, un tel silence est pesant. Mais dans un pays (de) soumis, est-ce si surprenant ?
Donatien / C.N.C.
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/
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Un nouveau film de Cheyenne-Marie Carron : LA MORSURE DES DIEUX
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Untergunther, réparateurs clandestins du patrimoine
C'était il y a 10 ans : un groupe clandestin, Untergunther, achevait les réparations, secrètes, de l'horloge du Panthéon de Paris, menées pendant un an. Depuis, discrètement, en usant des souterrains parisiens pour se déplacer, ils continuent de restaurer le patrimoine de la capitale.“On va devoir accéder au site tous les jours… et à toute heure. L’atelier sur place sera permanent. Donc il va falloir le rendre invisible”, avait prévenu Lanso, un des membres d’Untergunther, un groupe clandestin de restauration du patrimoine. En 2005 et pendant un an, ces spécialistes de l'infiltration ont investi les coulisses du Panthéon, installant leurs quartiers au sommet du bâtiment, sous les meurtrières de la galerie circulaire située à la base du dôme. Leur objectif ? Réparer l'horloge Wagner du XIXe siècle, sabotée au cours des années 1960 par un employé à l'évidence lassé de devoir remonter régulièrement le mécanisme, et laissée depuis à l'abandon. Il leur faudra un an de travaux. Après quoi, pour s'assurer que l'horloge sera entretenue, ils préviennent l'administrateur du Panthéon. Celui-ci tombe des nues : qui sont ces gens qui ont pu se balader pendant près d'un an, à n'importe quel moment du jour et de la nuit, dans ce prestigieux monument, sans que personne ne les remarque ? A la stupéfaction cède vite un certain intérêt, qui ne sera pas partagé par l'administration du Centre des Monuments Nationaux (CMN), peu enthousiaste à l'idée qu'une telle affaire s'ébruite et mette en avant des lacunes en matière de sécurité : entre octobre 2006 et mai 2007, le CMN dépose plusieurs plaintes contre le groupe Untergunther."En France l’espace public est public, par définition, la seule chose qu’on peut transgresser en entrant dans un site public c’est le règlement interne, un arrêté éventuellement, municipal, préfectoral ou ministériel, raconte Lazar Kunstmann, porte parole du groupe Untergunther. C’est à peu près du même niveau de criminalité qu’un stationnement sur une place de livraison." Le parquet classe d'ailleurs l'affaire sans suite, non sans un rappel à l'ordre.Urban eXperimentation (UX)Le groupe Untergunther, un temps sous le feu des projecteurs, est depuis retourné dans l'ombre des souterrains parisiens. Conformément à ses principes, "si une affaire est connue par d'autres sources que la leur, il devient parfaitement inutile de s'en cacher". Aussi le groupe, par l'intermédiaire de son porte-parole, Lazar Kunstmann (un pseudonyme), répond aux questions des médias sur les projets qui ont fini par fuiter. Déjà, en 2004, la police avait découvert, dans les anciennes carrières sous le Palais de Chaillot, une salle de projection clandestine. Lorsque les forces de l'ordre étaient revenues sur les lieux trois jours plus tard, tout le matériel avait été déménagé et une affichette laissée avec pour seule inscription "Ne cherchez pas". L'affaire, une fois ébruitée dans les médias, avait fasciné la presse française comme étrangère, contribuant pour beaucoup à la légende d'un monde souterrain parallèle.Cette installation (ainsi que sa disparition) était le fait de "La Mexicaine de Perforation", un groupe clandestin qui s'occupait d'organiser des événements artistiques. Untergunther, La Mexicaine de Perforation ou encore House Mouse (un groupe exclusivement féminin spécialisé dans l'infiltration de bâtiments publics et la neutralisation des systèmes de surveillance) sont quelques sections parmi d'autres qui forment le "Urban eXperiment" (UX), un agrégat de groupes, tous clandestins, qui opère dans les lieux publics "sous-utilisés" et qui s'affranchit de toute notion d’autorisation, considérée comme "fatale aux démarches novatrices et créatives".Protéger les "délaissés urbains"Contrairement à ce que beaucoup ont avancé, les Untergunther ne restent pas discrets par goût du secret ou de la clandestinité. "Jouer sur la visibilité c'est un élément de la faisabilité des projets dans le cadre de l'Urban eXperiment", précise ainsi le porte-parole du groupe. Sans ce paramètre, selon eux, leurs projets, leurs actions, ne pourraient pas se faire, en raison de la résistance et des conflits générés par "ce qui peut représenter l’autorité à un moment donné ou un autre". L'objectif n'est pas tant de transgresser des règles que de rester indépendant.Parmi ces groupes apparus dans les années 80 et qui utilisent le réseau souterrain parisien pour se déplacer, la section Untergunther s'est donnée pour mission de conserver la partie non-visible du patrimoine, c'est-à-dire une partie qui ne soit "ni accessible, ni apparente au public, et le plus souvent, pas plus à l’administration qui en a la charge. Le patrimoine oublié en un mot… délaissé… presque perdu", précise ainsi Lazar Kunstmann dans l'ouvrage collectif La Culture en clandestins. L'UX (Hazan, 2009). Pour prendre soin de ces zones qu'ils appellent "les délaissés urbains", les membres du groupe ont décidé de faire l'impasse sur ce que n'importe quelle association traditionnelle envisagerait : les demandes de subventions, et plus encore les demandes d'autorisation. Pour eux, seuls sont nécessaires la compétence technique, les moyens (temporels et financiers), et la volonté d'agir. Le logo d'Untergunther : les deux chiens font référence à leur système anti-intrusion, qui consiste en des aboiements pré-enregistrés pour faire fuir quiconque s'approcherait de leur "planque"."Il y a un patrimoine qui fait l’objet de peu d’efforts de conservation, c’est ce qu’on peut appeler le patrimoine commun, dont l’intérêt technique, artistique ou patrimonial n’est pas perçu, forcément, par un œil non averti, n’est pas perçu du plus grand nombre, regrette Lazar Kunstmann. C’est le cas par exemple de l’horlogerie d’édifice, qui ne déplace par les foules. Alors qu’un patrimoine exceptionnel, un édifice prestigieux, un tableau, une sculpture remarquable fait elle l’objet d’une grande attention du public et donc des autorités qui sont censées la gérer, la conserver. Le problème c’est que le patrimoine qui fait l’objet du plus grand effort est celui qui, par définition, est le moins représentatif de l’époque qui l’a vu naître."Paradoxalement, ces parties oubliées du patrimoine condamnées par leur non-visibilité, sont sauvées par cette même invisibilité une fois qu'elles ont été réparées. "La visibilité d’un site ou d’un objet l’expose à quantité de risques, comme le vandalisme ou même la simple dégradation par l’usure d’un site parce qu’il est fréquenté. Un site qui est complètement invisible, subit relativement peu de dégradations liées à la fréquentation", précise Lazar Kunstmann.L'Horloge du PanthéonPar contraste, la discrétion des groupes de l'UX a tôt fait de braquer sur eux les projecteurs, dès lors que leurs projets cessent d'être invisibles. Et si ces affaires ont tant intéressé la presse, c'est que le mode opératoire employé est pour le moins inhabituel. Il fascine, même, tant il semble emprunter aux codes du film de genre, à l'image d'un braquage de banque méticuleusement organisé, avec ceci de différent que l'intention est inverse : donner au public et réparer des dégâts, plutôt que de détruire et de subtiliser.Quand on demande à Lazar Kunstmann si l'infiltration du Panthéon pour restaurer son horloge a présenté certaines difficultés, il rétorque d'ailleurs, comme s'il s'agissait d'une évidence, que c'est "un projet comme un autre". De fait, accéder au prestigieux monument est, pour les membres de l'UX, presque un pré-requis :"Du plus lointain souvenir que puissent avoir les gens qui ont fondé le groupe, c’est le premier site à être utilisé clandestinement. L’utilisation de l’espace public est un postulat. L’infiltration, le fait d’accéder à ces sites, est un postulat. Le Panthéon est quelque part le site qui a déclenché la prise de conscience qu’il y a un espace public sous-utilisé et digne d’intérêt".Aussi, quand un des membres de l'UX, Jean-Baptiste Viot, lui-même horloger de profession, réalise à l'occasion d'une représentation théâtrale donnée par la Mexicaine de Perforation au Panthéon même, que l'horloge Wagner du XIXe siècle est constellée de rouille, proche d'une dégradation irréversible, il propose à ses camarades de la restaurer. Le projet, comme nombre des projets d'Untergunther, durera un an.Les membres d'UX ont beau être habitués à l'infiltration au Panthéon, une opération aussi longue nécessite un quartier général : ils installent donc leur atelier de restauration à la base du dôme. Fabriqué sur place, leur salon est entièrement dissimulable, y compris de larges fauteuils, dans des caisses frappées du sigle UGWK (un sigle repéré sur une porte du Panthéon et que le groupe s'approprie : cela donne Unter Gunther Winter Kneipe, pour "Bistrot d'Hiver d'Untergunther"). Ils ferment la pièce improvisée à l'aide de lourdes tentures pour maintenir une température décente et acheminent une véritable bibliothèque traitant de l'horlogerie mécanique et de l'histoire du Panthéon, afin de dresser l'autopsie de l'horloge Wagner visiblement sabotée. L'été, lorsque la chaleur est de retour, les huit membres du groupe travaillant sur ce projet vont jusqu'à installer sur la terrasse un petit potager.Dans le Panthéon, le membres de l'UX sont tous équipés, par précaution, d'un "faux badge, avec la photo de son propriétaire, une puce électronique, un hologramme représentant le monument et un code-barres tout à fait inutile mais qui faisait la meilleure impression - en réalité ce type de badge n’existant pas au CMN, il ne s’agit pas d’un faux, un faux nécessitant qu’il existe un 'vrai', relate Lazar Kunstmann dans "La Culture en clandestins. L'UX". Très rares étaient les agents de police qui posaient des questions. Au mieux cela ressemblait à" : - Vous travaillez la nuit ? - … - On peut voir vos badges ? - Faites. - Ok, merci !Au fil des saisons, les Untergunther démontent l'horloge, nettoient les pièces avec les traitements adaptés, remplacent les câbles et poulies et refont la pièce abîmée, à l'aide de laiton conforme à l'ancien modèle. Au total, Jean-Baptiste Viot et son équipe dépensent 4000 € pour remettre en marche, avec succès, l'horloge.Une fois leur projet achevé, la question se pose de son entretien. La particularité d'une horloge est que, paradoxalement, elle s’abîme moins vite lorsqu'elle est utilisée plutôt que laissée à l'abandon. Le groupe Untergunther se décide donc à révéler son existence à l'administrateur du Panthéon : Bernard Jeannot. Dans le livre "La Culture en clandestins. L'UX", Lazar Kunstmann fait le récit de cet entretien surréaliste et de la stupéfaction qui a saisi l'administrateur et ses collègues lors de la révélation de l'existence du groupe. Si le premier s'est montré fort intéressé, le CMN a préféré donner aux événements la suite qu'on leur connait : une série de plaintes devant la justice. Les quatre membres de l'Untergunther cités à comparaître, sûrs de leur bon droit, s'étaient d'ailleurs présentés à leur procès sans avocat. Depuis, l'histoire est peu à peu tombée dans l'oubli : les membres de l'UX sont, par nature, discrets, et le CMN préfère oublier toute l'affaire.Ces réparateurs clandestins n'ont d'ailleurs plus fait parler d'eux dans les médias. La salle de cinéma souterraine et la restauration de l'horloge du Panthéon restent leurs seuls faits d'armes de l'UX connus du grand public, et les Untergunther ont continué leur travail de fourmi, dissimulés, au rythme d'un chantier tous les un ou deux ans. Quant à l'horloge, elle ne fonctionne toujours pas : à la demande du nouvel administrateur, la roue d'échappement recréée par Jean-Baptiste Viot a été retirée.
Sourcehttp://www.oragesdacier.info/2016/09/untergunther-reparateurs-clandestins-du.html
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Histoire D'une Grande Civilisation, Les Vikings [Documentaire Histoire]
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«Les bûchers de la liberté» d’Anastasia Colosimo
S’il serait fou de croire que la liberté d’expression peut être totale, il n’est pas moins insensé de penser que la judiciarisation à la fois pressante et erratique de la parole qui est en cours n’implique pas à une analyse une police du langage d’un tout nouveau genre ou, plutôt, de milices et patrouilles du propos impie. »
La question de la liberté d’expression – et en l’occurrence la mise en évidence de la constante réduction en peau de chagrin de cette liberté fondamentale – est l’un des sujets favoris de Polémia, et de nombreux commentaires et recensions ont été consacrés à ce thème depuis plusieurs années. Parmi les nombreux ouvrages qui ont abordé ce sujet, celui d’Anastasia Colosimo, Les bûchers de la liberté, mérite que l’on s’y arrête quelque peu.
En effet, loin de se borner à une analyse de la législation et de la jurisprudence françaises, ou à une approche pamphlétaire permettant de tirer à boulets rouges sur ceux qui nous gouvernent, qu’ils soient politiciens, juges ou journalistes, cet essai possède une ambition beaucoup plus vaste. Tous les points de vue de l’auteur ne susciteront pas l’adhésion, mais aucun ne laissera indifférent.
Le blasphème, ou comment s’en débarrasser
A la base de son raisonnement l’auteur affirme que les démocraties sont par nature fragiles, car elles peinent à se définir au Mal radical, c’est-à-dire à désigner l’ennemi et à le combattre. S’y ajoute une volonté naïve de transcender les contradictions de la mondialisation, qui trouve sa plus éloquente illustration dans l’éphémère « esprit du 11 janvier », communiant dans le slogan « Je suis Charlie ». Jusque-là, rien qui ne rejoigne nos propres manières de voir.
La thèse centrale du livre est que nous ne parvenons pas à éradiquer du débat la notion de blasphème. Cette actualité du blasphème concerne désormais toute la planète pour devenir culminante dans le monde sunnite, le Pakistan ayant joué un rôle moteur dans cette montée en puissance. Nous en arrivons au point que certains mouvements se réclament de valeurs universelles pour justifier le meurtre au nom de l’identité. Au demeurant, la catharsis révolutionnaire des fondamentalistes dévots dépasse celle des totalitarismes athées, puisque le jugement de Dieu annule l’histoire…
Anastasia Colosimo établit un parallèle intéressant entre l’inflation du blasphème et la substitution de l’affrontement nord-sud à celui qui précédait entre « le monde libre » chrétien et le monde communiste athée. Cette tendance est évidemment facilitée par l’implosion des utopies socialistes et « l’explosion des certitudes religieuses ».
Cette dernière est avant tout l’apanage de l’oumma : tous les pays musulmans sans exception ont une législation contre le blasphème et un arsenal juridique ou une répression de fait pour la faire appliquer. Mais cela ne signifie pas pour autant que le monde occidental est a contrario parfaitement à l’aise avec la notion de blasphème. A travers la description précise de la situation qui prévaut dans différentes catégories de pays européens, une conclusion s’impose : les législations qui tentent de traiter les offenses aux religions et aux croyants au nom de la tolérance et du pluralisme ne parviennent pratiquement jamais à opérer une discrimination satisfaisante entre libertés de conscience, de croyance et d’expression. Et, cerise sur le gâteau, la CEDH considère que la liberté d’expression ne constitue pas un principe en soi absolu et total, mais peut faire l’objet de restrictions et de sanctions.
Au final, « la condamnation unanime, par l’opinion européenne, de la fatwa intolérable contre Salman Rushdie, de la fatwa inconcevable contre Charb, des fatwas insupportables et sans nombre prohibant le blasphème au sein des régimes liberticides, se heurte inlassablement au fait que la question du blasphème continue de hanter les rédactions des médias européens, les parlements des gouvernements européens et les tribunaux des juridictions européennes, et ce, jusque dans le sanctuaire de la conception libérale des libertés qu’aime la Cour européenne des droits de l’homme ». On ne saurait mieux dire…
A travers une exégèse approfondie des principales étapes de la jurisprudence de la CEDH, Anastasia Colosimo montre clairement le relativisme des raisonnements juridiques de la Cour, qui a conduit à retenir une acception toujours plus restrictive des conditions d’exercice de la liberté d’expression. Elle met en particulier en évidence la prévalence d’une notion de « blasphème objectif », qui se révèle être une véritable impasse de la pensée, en opérant un glissement progressif de l’identification de la victime du blasphème : d’abord la Divinité elle-même, puis la communauté dont la Divinité a été offensée, enfin la communauté elle-même divinisée des « croyants humiliés ».
Un tel glissement peut trouver grâce auprès des chrétiens, qui sont légitimement choqués par toutes les manifestations, qu’elles soient médiatiques, publicitaires, « artistiques » ou autres, qui sont perçues comme de véritables insultes à Dieu et la communauté des croyants. L’auteur rappelle, avec des détails souvent très crus, un certain nombre de ces accès de « christianophobie » aiguë, où Charlie n’a d’ailleurs pas été le dernier à s’illustrer, dans des termes en comparaison desquels les caricatures de Mahomet font figure d’images pieuses.
Sur ce point, notre auteur fera grincer quelques dents, car elle consacre quelques développements aux actions menées par l’AGRIF, et montre qu’en se plaçant sur le terrain de l’antiracisme d’une part, et en invoquant la notion de blasphème à l’égard de la communauté catholique d’autre part, elle donne raison aux groupes de pression musulmans qui amalgament islamophobie et racisme. Or, chacun est à même de constater que les musulmans sont beaucoup plus offensifs dans leur stratégie, et que la majorité des Français, inquiète des nuisances bien visibles de la montée de l’islam et de l’immigration, ne juge pas prioritaire de sanctionner quelques caricaturistes ou quelques metteurs en scène de journaux qu’ils ne lisent pas et de spectacles qu’ils n’iront jamais voir.
La question n’est pas de minimiser l’importance et la gravité des démonstrations de « christianophobie », mais de reconnaître que la démarche de l’AGRIF ou de Civitas apporte de l’eau au moulin des islamistes, puisqu’elle s’organise autour d’un noyau identique : l’acte blasphématoire. Ce faisant, elle fait aussi le jeu de tous les « meneurs d’opinion » qui veulent nous faire croire que les Français sont ces êtres phobiques qui rejettent les étrangers, les musulmans, les homosexuels, et de manière générale tout ce qui n’est pas dans la perspective de la doxa du « vivre-ensemble ».
La loi Pleven, axe du Mal
Le lecteur s’arrêtera tout particulièrement sur le chapitre de l’ouvrage intitulé « Une passion française ». L’auteur survole l’évolution du traitement du blasphème dans le droit et la politique français depuis le début du Moyen Age jusqu’à nos jours. Elle constate que l’apogée de la consécration du pluralisme coïncide avec la loi du 29 juillet 1881, « après deux siècles d’affrontements idéologiques d’une violence inouïe ». La loi de 1881 sur la presse est un exemple de texte fondateur dont la robustesse résistera, sous réserve de quelques encoches relativement secondaires, jusqu’au début des années 1970, époque où réapparaissent des questions qui, sans être d’ordre strictement confessionnel, « présentent un caractère de sacralité » (en tête desquelles figurent, on l’a compris, les « discriminations raciales » et la « Shoah »).
C’est en 1972 que la loi Pleven, dont les dispositions principales vont être précisément codifiées dans la loi de 1881, va marquer « une rupture fondamentale dans l’appréhension des limites de la liberté d’expression » (p.159), en instituant un délit de provocation à la discrimination à raison de « l’appartenance ou de la non-appartenance » à une religion. En outre, dans la loi Pleven, la discrimination ne vise plus seulement les personnes, mais aussi les « groupes de personnes ». C’est dans ces brèches que vont s’engouffrer, dans un premier temps, les associations qui ont pour objectif de lutter contre la christianophobie, et désormais, avec beaucoup plus de pugnacité et d’efficacité, les mouvements fondamentalistes islamiques.
Anastasia Colosimo a entièrement raison de considérer que la loi Pleven est la source même de la confusion qui règne dans les textes et dans la jurisprudence depuis plus de 40 ans : c’est elle qui a ouvert la voie à des débats byzantins et à des amalgames ésotériques entre croyance et croyants ; c’est elle qui a permis la floraison des lois « mémorielles » ; c’est à elle que l’on doit la judiciarisation croissante de l’expression des opinions dissidentes et la surenchère législative qui s’organise autour de la notion de « groupe de personnes ».
« En [invitant] les communautés à s’armer les unes contre les autres afin de faire prévaloir leurs droits… la loi Pleven représente une erreur impardonnable car, en autorisant les associations à porter plainte au nom d’un groupe d’une communauté, elle a consacré le règne de l’amalgame. […] Tel est bien le piège communautaire dans lequel [elle] enferme les individus en rouvrant la possibilité de punir le blasphème dès lors que certains peuvent se porter partie civile au nom de tous. […] tels sont les torts fondamentaux de la loi Pleven. Mais ce ne sont pas les seuls. En introduisant par là de nouvelles limites à la liberté d’expression, elle a rendu possible la remise en cause de la loi sur la presse de 1881 ayant pour principe la libre circulation de toute opinion, y compris la plus dangereuse. » (p.200-202).
« Constituer un délit de parole contre un « groupe » relève d’un arbitrage si complexe qu’en mettant ne serait-ce qu’un pied dans la porte, on court à l’effondrement de l’entier édifice », nous dit encore Mme Colosimo (p.219). Force est de constater que l’édifice est déjà largement en ruines. La seule issue satisfaisante serait en l’occurrence de faire table rase et de repartir sur de nouvelles bases.
L’exemple idéal nous vient – une fois n’est pas coutume – des Etats-Unis qui, avec leur Premier Amendement à la Constitution bien « gardienné » par la Cour suprême, ont tout pour plaire. Mais pour rester dans le contexte français, un retour aux fondamentaux de la loi de 1881 (sanction de la diffamation ou de l’injure faite aux personnes) serait déjà un pas énorme dans le bon sens. En mai 2014, dans un commentaire de l’ouvrage de Jean Bricmont, La République des censeurs (*), j’avais plaidé pour une liberté d’expression « une et indivisible ». Les mises en garde contenues dans Les bûchers de la liberté m’incitent à ne pas changer d’un iota mes conclusions de l’époque.
Dans sa conclusion, l’auteur se demande qui en France aurait le courage d’abroger la loi Pleven et les lois mémorielles. Sa conviction personnelle semble être que le piège s’est refermé et favorise « la guerre de tous contre tous au nom d’un utopique vivre-ensemble ». Faisons en sorte que cette prédiction pessimiste, en dépit de tous les signes d’alerte, ne se réalise pas. Nous sommes effectivement en situation de guerre, mais il s’agit jusqu’ici de la guerre menée par les élites contre le peuple et par les minorités agissantes contre la majorité anesthésiée par les drogues du complexe politico-économico-médiatique. L’objectif est d’inverser le rapport de forces. Comme le dit périodiquement Michel Geoffroy : « Et si on donnait la parole aux Français ? (**) »
Bernard Mazin, 10/9/2016
Anastasia Colosimo, Les bûchers de là liberté, Editions Stock, janvier 2016, 232 pages.
Notes :
(*) «La République des censeurs » de Jean Bricmont(**) : Et si on donnait la parole aux Français ?
http://www.polemia.com/les-buchers-de-la-liberte-danastasia-colosimo/