culture et histoire - Page 1140
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Henri Christian Giraud: De Gaulle, Staline et les communistes
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Guérilla, de Laurent Obertone, le roman du « jour où tout s’embrasa »
Guérilla, de Laurent Obertone, sous-titré « Le jour où tout s’embrasa », sera l’un des événements de la rentrée littéraire. Annoncé pour le 22 septembre aux éditions Ring, ce nouvel ouvrage de l’auteur deLa France Orange mécanique ou d’Utoya n’est cette fois pas une enquête mais un roman, dont le sujet est la guerre civile en France. Voici la présentation qu’en fait l’éditeur.
« Dans une France proche et obscure, une descente de police dans une cité sensible tourne au drame : un policier pris dans un guet-apens perd son sang-froid et tire aveuglément. La cité s’embrase et tout le pays vacille. De villes en villes, le feu connecte les fils d’une bombe à retardement. Forces de l’ordre, voyous, terroristes, responsables, journalistes, mouvements citoyens, tous sont submergés par le raz de marée du chaos.
« Rapidement, réseaux électriques et hydrauliques tombés, faute d’approvisionnements, de moyens de communication, de transports, de secours et d’ordre, le chaos gagne la campagne, la société vole en éclats et les villes sont la proie de violences, de pillages et de gigantesques incendies. Des terroristes, dépassés par les troubles, déclenchent des actions d’envergure simultanées. Privés de tout, livrés à eux-mêmes, les citoyens s’apprêtent à faire face au carnage. »
Un roman qui va encore alimenter les débats sur cette guerre civile, réelle ou fantasmée, qui menacerait la France.
http://fr.novopress.info/202649/guerilla-de-laurent-obertone-roman-jour-sembrasa/
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Amouretti, fédéraliste, provençal et meilleur ami de jeunesse de Charles Maurras
Repris des éphémérides de Lafautearousseau au 18 juillet. Actuelisé le 22.07
Frédéric Amouretti est né le 18 juillet 1863 à Toulon, et mort le 29 août 1903, tout juste âgé de 40 ans... Qui était-il ?
S’il est vrai que la pensée régionaliste trouva son véritable maître en Charles Maurras, de nombreux auteurs en bâtirent les premières fondations : des plus connus comme Frédéric Mistral à de plus méconnus comme Frédéric Amouretti, ces auteurs ont, apporté les premières pierres essentielles à l’édification de la véritable pensée régionaliste.
Parti à Paris pour décrocher sa licence ès lettre Amouretti rencontra à Paris Frédéric Mistral et fut reçu félibre en 1882. Revenu en Provence, il entama une carrière de journaliste et de publiciste. Dès 1890, à peine âgé de 27 ans, il lança son premier journal avec son ami Bérenger, Le réveil du Provençal : Organe des revendications autonomistes de la Provence.
Prônant le fédéralisme et luttant résolument contre le jacobinisme républicain, Amouretti écrira, près de 30 ans avant l’Idée de Décentralisation de Maurras :
« En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...».
Pour Amouretti, au contraire, et pour les « fédéralistes », il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon « sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...», ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête « uno assemblado soubeirano, a Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, a Marsiho o a-z-Ais ». Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…
L'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistesdu 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme « lou paire e lou redatour de la declaracioun », les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin. Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait :
« Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile ».
Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération :
« Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue. »
Rappelons encore que dans les années 1890, en leur tout jeune âge, Frédéric Amouretti est le meilleur ami de Charles Maurras. Ils se rencontrent, notamment à Martigues, et Maurras, dans sa longue et belle préface, lui dédie son premier livre, Le Chemin de Paradis. Les passionnés d'études maurrasiennes, écouteront ici, Hilaire de Crémiers en parler en fin connaisseur de l'ouvre et de la pensée de Charles Maurras. [35 minutes] LFAR
http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2016/07/22/frederic-amouretti-5829106.html
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Histoire • Il y a 70 ans le général Mihailović, héros de la résistance monarchiste serbe, était fusillé
Il y a exactement 70 ans, le 17 juillet 1946, le général Draža Mihailović, héros de la résistance monarchiste serbe au nazisme et au communisme, était fusillé sur ordre de Tito. Son biographe français, Jean-Christophe Buisson, appelle les Français à honorer dignement la mémoire du « De Gaulle serbe ». Une tribune dont l'esprit nous est proche, parue dans Figarovox le 17.07.
Tandis que certains nostalgiques de la dictature robespierriste réclament des rues de Paris au nom de l'artisan de la Grande Terreur révolutionnaire, la France pèche toujours par l'absence de la moindre statuette, la moindre venelle, le moindre édifice au nom du général Mihailović. Cette indifférence relève d'une grande injustice dont l'écrivain français Michel Déon s'émouvait déjà il y a 70 ans, le jour même de l'exécution à Belgrade du résistant antinazi et anticommuniste serbe, le 17 juillet 1946 : « On peut penser ce qu'on veut de celui qui fut le premier des maquisards, mais l'ignoble est précisément que personne n'en pense rien. (…) Le monde s'en fout. Eh bien, moi je me fous de ce monde ».
Drôle de monde, en effet, qui hier comme aujourd'hui, prête si peu d'attention à l'homme ayant constitué le premier en Europe occupée une guérilla antiallemande d'envergure tandis que la France vivait à l'heure de Pétain ou de la Wehrmacht, que l'Angleterre se protégeait comme elle le pouvait du Blitz, que l'Amérique attendait le moment opportun pour entrer dans le conflit et que l'URSS se refusait encore à revenir sur son alliance signée avec Hitler en août 1939. Drôle de monde que celui qui refuse d'honorer la mémoire de cet officier serbe qui, à la fin du mois d'avril 1941, à un paysan des bords de la Drina lui demandant s'il savait quelque chose à propos de la capitulation de l'armée yougoslave répondit, sublime : « Capitulation ? Je ne connais pas ce mot. Je sers dans l'armée yougoslave depuis de nombreuses années, mais je n'ai jamais entendu ce mot ».
Paroles magnifiques immédiatement suivies d'actes. Avec quelques dizaines d'hommes, Draža Mihailović, alors colonel, rejoint le 9 mai 1941, la montagne de Ravna Gora, au sud de la Serbie, et proclame la naissance de l'Armée yougoslave dans la Patrie qui, désormais, au nom du roi Pierre II, exilé à Londres, mènera la vie dure aux Allemands, aux Italiens et aux collaborateurs locaux. Faut-il le préciser: à cette date, le Parti communiste yougoslave et son chef, Josip Broz, dit Tito, se gardent bien de manifester la moindre velléité de résistance à l'occupant, pacte germano-soviétique oblige. Dans le journal communiste yougoslave, Le Prolétaire on peut lire qu'il n'est pas question de se battre au profit « des banquiers français et des lords anglais ». En échange, aucun membre du squelettique PCY n'est arrêté ni pourchassé par les autorités nazies. Et quand est sue l'apparition d'un mouvement de résistance monarchiste, on appelle « le peuple à résister hardiment à ces bandes qui s'organisent pour verser le sang et empêcher les ouvriers et les paysans de former, quand sonnera l'heure, le pouvoir des soviets ouvriers et paysans en s'appuyant sur la grande et fraternelle Union soviétique ».
Pendant ce temps, Mihailović et ses fidèles tchetniks lancent leurs premières attaques contre les troupes allemandes. Elles seront décisives dans l'issue de la Seconde Guerre mondiale pour deux raisons principales. Avant de partir à l'assaut de l'URSS, Hitler veut à tout prix nettoyer le flanc sud-est de son empire. Il envoie plusieurs divisions en Yougoslavie. Elles mettront cinq semaines à chasser les résistants monarchistes de Serbie, qui se réfugient momentanément en Bosnie. Ce temps perdu se révélera fatal : déclenchée le 22 juin 1941, l'opération Barbarossa a pris du retard et les Panzer ne parviendront aux portes de Moscou qu'en décembre. Trop tard : le général Hiver est déjà arrivé. De même, les nombreuses opérations de sabotage des routes et des lignes ferroviaires reliant le centre de l'Europe et Salonique empêcheront les troupes de Rommel de recevoir à temps suffisamment de renforts et de matériel pour faire face aux contre-offensives en Afrique en 1942.
Ces faits d'armes glorieux furent salués en leur temps par le général de Gaulle. En novembre 1942, le chef de la France libre déclare que « la résistance yougoslave et l'action du général Mihailovic sont pour le peuple français un réconfort ». En février 1943, il cite à l'ordre de la France combattante l'autre homme qui a dit « non », ce Mihailović qu'il qualifie de « héros légendaire, symbole du patriotisme le plus pur et des vertus militaires yougoslaves les plus grandes ». A ces déclarations, on pourrait ajouter celles d'Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères britanniques ou du président américain Franklin Delano Roosevelt : elles sont à peine moins élogieuses. Du moins jusqu'à la fin de l'année 1943. En novembre de cette année-là, à Téhéran, Churchill signe avec Tito un pacte moral diabolique : abusé par un réseau d'espions communistes ayant infiltré les services de renseignements britanniques, gonflé d'un cynisme teinté de naïveté qui lui fait espérer que son nouvel ami, quoique communiste, accordera un peu de place à Albion dans la Yougoslavie d'après-guerre, le Premier ministre britannique choisit, au nom de ce honteux partage de l'Europe qui sera avalisé à Yalta en 1945, d'abandonner Mihailović au profit du chef des Partisans. Le « chouan des Balkans », le « Robin des Bois serbe » est devenu un paria, accusé de collaborer - c'est un comble! -, avec les Allemands ou les Italiens. Quand Tito entrera dans Belgrade libérée par les chars de l'Armée rouge, un an plus tard, l'Occident, trop occupé à en finir avec les Allemands sur le front occidental, se désintéressera du sort de ce petit pays d'Europe du sud-est qui avait pourtant le premier levé l'étendard de la résistance antinazie. Et encore plus du général Mihailović.
Retourné dans ses chères forêts, le général serbe tint tête aux services policiers et militaires communistes durant un an et demi. Capturé en mars 1946, sans doute après avoir été trahi, il fut condamné à mort au terme d'une parodie de procès au cours duquel aucun Occidental ne fut autorisé à témoigner : de nombreux pilotes d'avion américains sauvés par les tchetniks des griffes allemandes après avoir été abattus dans le ciel yougoslave l'avaient pourtant réclamé. Le 17 juillet 1946, il est fusillé par un peloton d'exécution sur l'île d'Ada Cigalija, qui émerge de la Save, en plein Belgrade. Son corps est jeté dans une fosse et recouvert de chaux. On ignore toujours à quel endroit exactement - les autorités craignaient qu'une sépulture de Mihailović ne devienne l'objet de pèlerinage.
Aujourd'hui, la Serbie a fait en partie la paix avec cette histoire-là. Après un demi-siècle d'une chape de plomb historiographique à la gloire de Tito, la figure du « De Gaulle serbe » a été officiellement réhabilitée : à la fois par les autorités politiques, les historiens locaux et la Cour de Justice de Serbie. On envisage de bâtir à son nom un pont sur la rivière longeant la capitale serbe. Au regard de ce que la Résistance européenne (donc française) lui doit, comme de ce que pensait « l'homme du 18 juin » de lui, honorer la mémoire de Draža Mihailović en France paraît plus que la réparation d'une injustice morale et historique : un geste nécessaire. •
Directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine, spécialiste des Balkans, Jean-Christophe Buisson est l'auteur notamment de Mihailović et Histoire de Belgrade (éd. Tempus).
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Dans le nouveau numéro de Terre et peuple magazine : un entretien entre Pierre Vial et Roland Hélie
Pierre Vial : Roland, nous nous connaissons depuis longtemps et nous travaillons ensemble d’une façon qui me paraît exemplaire car basée sur la confiance et une communauté de pensée. Tu diriges, entre autres activités, la revue Synthèse nationale, dont le titre est tout un programme puisqu’elle accueille divers rédacteurs qui, au-delà de leur profil spécifique, ont en commun leur attachement viscéral à ce que Saint-Loup appelait « les patries charnelles ». Peux-tu nous en dire plus ?
La revue Synthèse nationale a été créée en 2006. Cela fait donc dix ans que nous nous battons pour que les différents courants nationalistes et identitaires marchent dans le même sens. Au début, ce n'était pas évident. Surtout lorsque l'on se souvient des divisions "historiques" qui existaient entre les uns et les autres. Et pourtant, lors de nos nombreux colloques et réunions, nous avons invité la plupart des organisations a se retrouver sur les mêmes tribunes et, petit à petit, les querelles du passé se sont estompées. Il en a été de même dans les colonnes de la revue. Nous ne demandons pas aux nationalistes et aux identitaires de s'unir, ni même de se rassembler, nous les invitons seulement à coordonner leurs actions. Ce qui serait déjà pas mal.
Vu la situation dramatique dans laquelle la France et l'Europe sont plongées, pour notre camp l'heure ne doit plus être celle de la discorde mais bel et bien celle de l'offensive. "Pour une offensive nationaliste et identitaire" sera d'ailleurs le thème de notre Xe journée annuelle qui doit se tenir à Rungis, près de Paris, le dimanche 2 octobre prochain.
Je profite de l'occasion que tu me donnes, Mon Cher Pierre, pour remercier l'association Terre et peuple, qui dès le début a compris le sens de notre démarche, pour l'aide efficace qu'elle nous a toujours apportée.
PV : Quand je parle de Front des Patriotes, je souhaite inciter tous ceux pour qui la patrie, la « terre des pères », est la meilleure des causes, à regrouper, autant que faire se peut, leurs efforts, leurs énergies, leurs espérances. Qu’en penses-tu ?
C'est exactement le sens de notre démarche. Jamais nos idées ont été aussi "dans le vent". Depuis des décennies les nationalistes répètent inlassablement que la politique menée par les partis du Système devait mener immanquablement à la catastrophe. Pendant longtemps, nous n'avons pas été entendus. Et aujourd'hui, alors que la situation dégénère à grande vitesse, nos compatriotes se rendent compte de la véracité de nos dires. Nous ne pouvons que nous en réjouir.
Cela étant dit, la poussée de nos idées est beaucoup plus due à la radicalisation d'une partie de plus en plus importante des Français qu'à une quelconque dédiabolisation. Ce n'est donc pas le moment de flancher. Plus que jamais un Front des patriotes tel que tu le préconises est nécessaire. Un Front ne signifie pas une fusion mais une unité d'action.
PV : Quelles sont, selon toi, dans le monde où nous sommes, les principales urgences ?
Le choix est simple. D'un côté nous avons le mondialisme qui consiste à vouloir détruire toutes les identités, nationales, civilisationnelles et même sexuelles (comme on l'a vu avec la théorie du genre) afin de transformer le monde en un vaste marché aux dimensions planétaires dans lequel l'homme ne serait plus qu'un consommateur servile juste bon à enrichir les multinationales apatrides. De l'autre, nous avons les peuples qui veulent garder leurs libertés et leurs identités.
Bien sûr, l'immigration et l'islamisation qui en découle peuvent apparaitre comme le principal danger qui menace notre civilisation. Mais il ne faut pas oublier que celles-ci ne sont que la résultante du brassage de populations orchestré par les mondialistes. Il ne suffit pas de s'attaquer au effet, il faut détruire les causes. Or, si l'on veut arrêter le grand remplacement auquel nous assistons, il faut abattre le Système qui le suscite. Le combat contre le mondialisme est, à mon avis, la priorité absolue.
PV : Comment vois-tu l’avenir ?
Si nous continuons le combat, c'est que nous sommes animés par l'optimisme. Nous devons en permanence éloigner de nous le désespoir qui est, en substance, le pire de nos ennemis...
Je ne prendrai qu'un seul exemple : cette année, 2016, marque le soixantième anniversaire de l'insurrection patriotique de Budapest en 1956 contre le régime communiste qui accablait alors la Hongrie. Cette insurrection héroïque fut impitoyablement écrasée par les soviétiques en quelques semaines. Croyez-vous que les nationalistes hongrois, alors que leur mouvement était en pleine débâcle et que leur pays subissait une répression épouvantable, s'imaginaient un seul instant que, soixante ans plus tard, la Hongrie serait à l'avant garde du combat pour la résurgence européenne ? Certainement pas. Et pourtant, c'est ce qui arrive aujourd'hui.
Dominique Venner nous a enseigné que l'inattendu était une constante en politique et Charles Maurras que le désespoir était la pire des sottises. Voilà une belle synthèse...
PV : Merci Roland. Il est clair que nous allons continuer le combat côte à côte.
Le n°68 de Terre et peuple magazine
Pour le commander cliquez ici Solstice d'été, 52 pages, 8 €
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Isabelle Collin - Propositions en faveur de la liberté scolaire
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Perles de Culture n°83 - J.P. Maugendre revient du Puy du Fou avec divers ouvrages d'histoire
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Zoom - Caridad : Le Mont Saint-Michel, un site touristique et…spirituel
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Pas d'écoles libres dans un État laïc !
Rivarol a tiré fort le signal d'alarme dans son numéro du 16 juin 2016 : la liberté de l'enseignement est en grand danger. Dame Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation que l'on dit nationale, s'en prend désormais aux écoles hors-contrat et à l'enseignement à domicile, ces deux derniers refuges de la liberté de parents qui entendent transmettre à leurs enfants ce qu'ils ont eux-mêmes reçu de meilleur.
L'heure est grave : devant l'audace de ces Robespierre au petit pied, de droite comme de gauche, il importe de brandir, à temps et à contretemps, quelques vérités, dont le première est que l'Etat enseignant est une monstruosité. Ce qui est naturel, c'est l'ouverture d'écoles par l'initiative privée. L'État, lui, par nature, n'a qu'un droit de regard, comme sur tout corps intermédiaire (questions d'hygiène, de sécurité, de bonnes mœurs...) et un droit de suppléance car là où l'initiative privée fait défaut, au nom d'un autre principe de droit naturel, celui de subsidiarité, il peut et doit créer des écoles, mais, alors, même ces dernières, confiées à des maîtres capables de se mettre au service des familles, ne devraient jamais être considérées par l'État comme un « service public » qu'il puisse utiliser à des fins idéologiques.
Il y a différents moyens de faire respecter ces principes. Il en est un qui fit, au cours de la dernière guerre scolaire - celle de temps de François Mitterrand -, l'objet de très sérieuses études parmi les défenseurs de l'école libre. Nous ne l'évoquons que pour mémoire car, pour nous, bien entendu, il faut avant tout en finir avec la laïcité de l'État, mais tant que nous devons supporter cette chape de plomb, il est bon de connaître quelques moyens de la secouer. Ce moyen s'appelle le bon scolaire, certains disent allocation scolaire ou coupon scolaire.
Le bon scolaire
Il s'agit d'une allocation versée par l'État, non plus aux établissements, mais à tous les chefs de famille ayant des enfants d'âge scolaire, à charge pour eux de la reverser à l'école de leur choix, confessionnelle ou pas, privée ou publique, ou de s'entendre avec d'autres familles pour organiser l'instruction à domicile. Simple mesure de justice : l'argent de tous les Français redistribué de manière à aider les familles à accomplir leur mission !
Utopie ? Sûrement pas ! Cette mesure pourrait contenter presque tout le monde :
les familles d'abord, qui deviendraient responsables de la marche des écoles choisies et pourraient en garantir le caractère propre.
les chefs d'établissement ensuite, qui, n'étant plus des "mendiants" vis-à-vis de l'État, seraient libres de donner à leur école une atmosphère particulière, autour d'un corps professoral bien soudé, à l'abri de toute ingérence technocratique Les enseignants mettraient un point d'honneur à servir les parents qui leur feraient confiance, et l'influence des syndicats de gauche, comme celle des grands-prêtres de la laïcité, serait largement réduite. Le bon scolaire libérerait donc même l'école publique !
- Enfin l'État laïc lui-même, qui pourrait aider tous les parents sans distinction de religion et serait libéré des considérations philosophiques qui le font hésiter à financer une école pour ne pas avoir l'air de subventionner un culte. Autre avantage : le bon scolaire disloquerait ce grand niais de ministère de l'Éducation nationale qui, dans sa forme actuelle, est un mammouth, lourd et coûteux, telle une machine de guerre au service des groupes de pression tous plus sectaires les uns que les autres.
Ainsi s'opérerait la nécessaire séparation de l'école et de l'État qui devrait aller de pair avec la séparation de l'Église et de l'État, puisqu'on voit mal au nom de quoi un État qui rejette toute religion, donc tout critère de vérité, peut se permettre de former des esprits...
Un moindre mal
Cela dit, le bon scolaire ne nous débarrasserait pas, à lui seul, de la laïcité de l'État qui reste le mal absolu, mais il y contribuerait. C'est pourquoi ce système était préconisé par le pape Pie XI dans l'encyclique Divini Illius Magistri du 31 décembre 1929. Depuis lors, il reçut des appuis inattendus : Guy Mollet (1905-1975), président du Conseil et maintes fois ministre, y était favorable, de même que Philippe Malaud (1925-2007), président du Centre national des Indépendants et Paysans, et une foule d'élus locaux, maires, conseillers généraux, conseillers régionaux, anciens ministres, qui lancèrent en 1983 un appel en faveur de l'allocation scolaire, système « moins coûteux pour la collectivité nationale, satisfaisant pour les enseignants, conforme à la justice pour les familles, assez souple pour favoriser l'adaptation des enseignements aux besoins professionnels et culturels de plus en plus diversifiés ».
Il n'y avait presque plus que les représentants officiels de l'Enseignement "catholique" pour ignorer cette proposition de bon sens. Il faut se souvenir que nous étions au temps où le président de la Commission "épiscopale" du monde scolaire, Jean Honoré (1920-2013), "évêque" de Tours, voulait vivre en parfaite intelligence avec la gauche car elle lui semblait être l'avenir : « Si le pouvoir venait à succomber à une crise dont l'origine serait imputable d'abord à la défense de l'enseignement privé, ce serait pour l'avenir un risque considérable », car le gouvernement de gauche qui serait tombé « portait les espoirs des couches populaires du pays ! » On ne sait pas s'il faut en rire ou en pleurer !...
La liberté absolue ?
Toujours est-il que rares étaient les défenseurs de l'école dite libre de 1984 à avoir une idée précise sur la liberté de renseignement. Tous s'entendaient pour la définir comme un droit de l’homme, « absolu, inaliénable, imprescriptible »,
mais l'abondance même des adjectifs ronflants et définitifs rendaient cette définition trop jolie pour être honnête.
Car, tout de même, marcher dans les manifestations en chantant à tue-tête sur une musique du compositeur italien franc-maçon Giuseppe Verdi, un hymne à la liberté, « seule vérité », abstraite et révolutionnaire, c'était assurément se tromper de partition, ou reconnaître que la seule école libre, c'était l'école laïque, libre de toute soumission à une vérité transcendante. Si la liberté de l'enseignement appartient à tout le monde sans la moindre distinction, on risque d'assister à des situations ubuesques :
- ou bien n'importe qui, au nom de n'importe quelle "foi", se donnera le droit d'ouvrir une école, et l'on aura des écoles marxistes, libertaires, voire subversives ou se réclamant des morales les plus douteuses, sans compter le risque, bien réel aujourd'hui, de voir des écoles coraniques devenir djihadistes... - ou bien, au nom du pluralisme qui met tout sur le même plan, on admet que le "public" et le "privé" sont également estimables, et alors, tel l'Enseignement "catholique" aujourd'hui, on est prêt à tout arrangement avec le "public" sans se rendre compte que celui-ci est au service d'une idéologie liberticide et anti-naturelle. On risque ainsi de vaciller longtemps entre l'hypertrophie et l'atrophie d'une liberté.
Être libre d’aller au Vrai, au Beau, au Bien
Or il ne suffit pas à une école d'être libre pour bien accomplir sa mission car il faut d'abord bien savoir qu'être libre, pour s'en tenir à la sage définition de Montesquieu, c'est pouvoir faire ce que l'on doit faire et n'être pas contraint de faire ce que l'on ne doit pas faire. Voilà une définition de la liberté, certes limitée, mais considérablement enrichie ; la liberté est liée aux devoirs de l'homme, à l'accomplissement de ses finalités spirituelles et temporelles. Elle est la faculté d'aller volontairement au Vrai, au Beau, au Bien et de n'être pas contraint d'aller à leurs contraires.
Il faudrait que l'Enseignement officiel puisse adopter cette conception de la liberté et l'enseigner aux élèves, si l’on ne veut pas voir un jour les collégiens français forcés, comme ceux de tel collège de Rhénanie-Nord-Westphalie, à des simulations de pratiques sexuelles, y compris la sodomie, sous prétexte de lutte contre l'"homophobie" et de découverte des différentes « sexualités possibles »... La théorie du genre dans toute son horreur !
Mais comment l'État sans Dieu peut-il nous protéger contre de telles aberrations , alors qu'il est toujours prêt à interdire d'enseigner à des maîtres se réclamant de références supérieures ? Entre l'anarchie et le totalitarisme, le point d'équilibre sera toujours instable, tant que l'on est sous le régime de la laïcité...
L'on retrouve ici le grand drame du libéralisme que d'aucuns s'obstinent à présenter comme la seule doctrine à opposer au socialisme. Le libéralisme fait de la liberté le principe absolu, fondamental, par rapport auquel, disait Maurras, tout doit s'organiser en fait et se juger en droit. Il s'ensuit que toutes les idées librement et sincèrement exprimées, même les plus audacieuses, se valent - ce qui ne peut qu'engendrer l'anarchie intellectuelle et bientôt morale, sociale et politique ; en fin de compte c'est la liberté qui en fait les frais ! Peu à peu s'insinue un étouffant conformisme de l'anticonformisme, et quiconque n'est pas libre penseur, c'est-à-dire pense selon Dieu plus que selon le monde moderne, est exclu de l'intelligentsia officielle. Du libéralisme au terrorisme intellectuel, donc au totalitarisme socialiste, la distance est courte ! La preuve en est que la plupart des écoles "catholiques" ont utilisé les moyens de vivre accordés par la loi Debré de 1959 bien plus pour s'aligner sur les écoles de l'État sans Dieu que pour affirmer et renforcer leur caractère catholique ; donc elles y ont perdu leurs raisons de vivre.
« Nous voulons Dieu dans nos écoles »
Alors, qu'en conclure, sinon que le libéralisme et sa traduction politique : la laïcité de l'État, ne garantissent aucunement les libertés, puisque se trouve toujours entravé l'exercice de celles-ci dans le sens du Vrai, du Beau et du Bien.
Faudrait-il croire que la République en France a besoin, pour vivre, d'arracher les esprits à Dieu ? Il est en tout cas prouvé par plus de cent ans d'Histoire que la place accordée par ce régime à un enseignement libre - c'est-à-dire libre d'être pleinement catholique - a toujours été et sera toujours aléatoire. La république a toujours fait la guerre à ceux qui enseignent que tout pouvoir vient de Dieu et qu'il existe un ordre naturel voulu par Dieu devant lequel la volonté humaine, fût-ce celle d'une majorité, doit s'incliner. Le pouvoir républicain n'aime pas que l’on dise aux enfants que la France est essentiellement catholique et qu'elle n'est pas née en 1789. La république n'aime pas non plus que l’on chante : Nous voulons Dieu dans nos écoles... Et cette guerre scolaire ne semble pas près de prendre fin avec Manuel Valls et dame Vallaud-Belkacem, ni avec ceux qui les suivront dans les ministères, fussent-ils de la droite invertébrée dont on connaît déjà la couardise...
Le pouvoir sans Dieu, donc sans foi ni loi, empêtré dans ses partis pris idéologiques, se sait trop faible pour empêcher l'islamisme de gagner du terrain parmi les enfants immigrés, et c'est pourquoi, par un pervers parallélisme, il veut s'en prendre aux écoles hors contrat, surtout celles qui sont ouvertement catholiques ! Comment ne pas mesurer l'urgence de rétablir en France un pouvoir libre de se déterminer en fonction du seul bien commun qu'est l'héritage national et catholique ? Un tel pouvoir ne saurait sortir des urnes, et cela suffit à nous faire détester la démocratie.
Michel Fromentoux. Rivarol du 7 juillet 2016
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La loi Debré : une dépendance obsolète ?
La loi Debré de 1959 est aujourd’hui le symbole de l’intégration pacifiée et routinière de l’enseignement privé dans le système public. Elle introduit une étroite dépendance que les directeurs supportent de moins en moins bien depuis la réforme des collèges.
En 1959, la loi Debré est adoptée au terme d'une vive polémique. Dix millions de Français ont même pétitionné contre cette loi. Mais pour le nouveau pouvoir gaulliste - on est encore dans une phase de mise en place de la Ve République -, il s'agit de prendre en compte l'explosion démographique et de mettre fin à une question scolaire, qui avait empoisonné la IVe République. En outre, une majorité de Français apparaissait alors comme étant de plus en plus favorables au financement de l'enseignement catholique. La loi Debré apparaît donc à un tournant qui n'a pu être que favorable à la prise en compte de l'école catholique. Quant au Général de Gaulle, ancien élève des jésuites et catholique pratiquant, il veut mettre fin à une querelle qui a divisé la France pendant 150 ans. Au regard de tous ces éléments, un substantiel rapprochement de l'enseignement privé au système de l'Éducation nationale va avoir lieu.
Un dispositif de rapprochement
La loi Debré constitue un pas supplémentaire dans le rapprochement de l'enseignement privé vis-à-vis du système public. Mais à la différence de la loi Falloux qui prévoyait une aide des collectivités locales, le soutien est conditionné à un certain rapprochement à l'égard de l'enseignement public. On est cette fois-ci dans une perspective d'intégration. Ainsi, le dispositif- aujourd'hui intégré dans le Code de l'éducation - prévoit un système de contrats entre l'État et les établissements qui le souhaitent. L'expression « sous contrat » est une conséquence sémantique de ce dispositif. En échange d'une aide de l'État, les programmes doivent être identiques à ceux de l'enseignement public. Les enfants, quels qu'ils soient, doivent être acceptés. Quant au personnel enseignant, il est rémunéré par l'État selon les mêmes grilles indiciaires. Cependant, ce ne sont pas des fonctionnaires de l'Éducation nationale. Les maîtres, comme on le disait encore à l'époque, relèvent du droit privé. Ainsi, pour la retraite, les enseignants dépendent du régime général et de caisses de retraites complémentaires. En raison de cotisations plus fortes, la rémunération est donc plus faible. Les retraites sont également moins élevées. C'est déjà le début d'une certaine normalisation, qui ne peut que se traduire par une pédagogie moins originale, alignée sur celle que l'on retrouve dans les autres établissements publics. La logique du moule uniformisateur et indifférenciateur semble prévaloir. Écoles privées et écoles publiques, cela devient l'Enseignement, avec un grand "e"...
On peut se demander qu'est-ce qui peut distinguer une école privée d'une école publique. Certes, les programmes sont les mêmes. On doit cependant noter un meilleur souci d'efficacité. Le privé est moins rattrapé par les crises de la société (violence, absentéisme...). Le suivi des élèves est meilleur et pour les parents - de gauche comme de droite - l'enseignement privé, même sous contrat, reste une garantie qui ne s'est toujours pas démentie. On ne peut que s'en réjouir. C'est normal, dira-t-on, car dans le privé, on fait plus attention aux sous et les parents attendent - forcément - un retour sur investissement... Les enseignant du privé vont même considérer leurs collègues du public, comme des... privilégiés !
La crise est dans l'Église
En réalité, si la loi Debré a conduit à une certaine normalisation, il serait injuste de lui imputer exclusivement cette situation. Un autre aspect a joué : la crise de l'Église, qui apparaît dans les années 1960, dont la concomitance avec la loi Debré, explique la configuration actuelle de l'enseignement catholique. L'enseignement catholique connaît une véritable crise d'identité, à tel point que l'on s'interroge sur ce qui différencie une école publique d'une école privée. Pourtant, en 1959, lors de la négociation de la loi Debré, la commission épiscopale de l'enseignement avait été ferme sur le caractère spécifique des écoles catholiques en refusant la laïcisation de l'enseignement et de l'éducation. À l'époque, pas question de lâcher sur la foi ! La volonté de « s'ouvrir » au monde, mais aussi l'affaiblissement des congrégations enseignantes ont abouti à une véritable sécularisation de l'enseignement catholique. Le personnel recruté l'est pour des raisons strictement éducatives, indépendamment d'autres considérations. Les dérives sont même fortes dans certaines écoles privées. Ainsi, en Seine-Saint-Denis , on a vu tel prof de CM2 donner un cours d'informatique en arabe aux élèves... On imagine le scandale si cela avait eu lieu dans le public ! La transmission de la foi est parfois à peine concevable de la part des écoles catholiques... La dimension religieuse et spirituelle est souvent absente, parfois volontairement passée sous silence. Les évêques, souvent interpellés, demeurent silencieux sur certaines dérives. Pourtant, l'école catholique reste un instrument disponible dans l’évangélisation et la conservation de la foi. Il suffit de vouloir s’en servir.
François Hoffman monde&vie 1er juillet 2016