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culture et histoire - Page 1137

  • La démocratie

    Pour Maurras, comme pour Platon dans La République, la démocratie c’est le mal, la démocratie c’est la mort.

    Le gouvernement du nombre est soit le masque de l’oligarchie, quand le nombre se donne à l’Or et à ses représentants, comme dans les démocraties bourgeoises et parlementaires, soit celui de la tyrannie, du césarisme, quand le nombre se donne à un homme fort, à un parvenu charismatique.

    Maurras n’est donc pas démocrate. Mais il est démophile. C’est par amour du peuple, comme il l’affirme avec force dans Libéralisme et libertés, démocratie et peuple, qu’il lui propose de renoncer à l’illusion de se gouverner lui-même, non seulement pour être mieux gouverné mais encore pour reconquérir les libertés et les prérogatives que l’État démocratique lui a impunément volées à lui, homme concret, membre de communautés naturelles ou d’intérêt, au nom de la prétendue volonté générale que cet État omnipotent prétend seul incarner. [....]

    Stéphane BLANCHONNET

    Article paru sur a-rebours.fr et dans L’AF2000

    La suite sur A Rebours

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-democratie

  • Europe : de la guerre récurrente à la paix permanente ?

    De la géographie politique à la géographie  »nationiste »*

    L’Europe subit depuis 2500 ans un cycle permanent de création-destruction d’empires. Et de destruction d’elle même. Le premier et un des plus étendus et puissants fut l’empire celtique qui eut son âge d’or vers – 500 mais ne fut pas suffisamment coordonné pour résister à l’empire romain naissant en réaction à la menace gallique, au premier siècle avant J-C. L’effondrement de l’Empire romain six cents ans plus tard générera la  »nuit du haut Moyen Age ». Cette nuit durera elle aussi 5 ou 600 ans.

    I – Puis il y eut une re-création des nations européennes. Et enfin des États nations ; mais aussi, à nouveau, des Empires.

    Trois de ces Empires, vaincus en 1918, disparurent alors: L’Empire allemand, l’Empire austro- hongrois, et l’empire ottoman. Seul survécut, pour 70 ans encore, l’immense empire russe, ni vainqueur ni vaincu, mais maintenu en ses frontières tsaristes par les nouveaux maîtres communistes du Kremlin.

    La deuxième guerre mondiale inévitable -comme l’avait pronostiquée le génial et prescient Bainville- ne fut pas évitée. Une démente tentative de Reich, une esquisse loufoque d’empire italien, un sanglant empire nippon et des dizaines millions de morts plus tard, une paix tout aussi branlante que celle de 1918 fut mise en place.

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  • Où va l’histoire (de l’homme) ? La réponse de Rémi Brague

    Il n’y a qu’une chose qui ne soit pas très pertinente dans le livre d’entretiens du professeur Rémi Brague avec Giulio Brotti, c’est le titre. Il ne s’agit pas de savoir « où va l’histoire ».

    Car l’histoire n’est pas un véhicule, c’est le réseau même des routes possibles. C’est la carte. Il s’agit de savoir, non où va l’histoire, mais où va l’homme.


    ou-va-lhistoire.jpgIl s’agit de savoir où nous allons, juchés sur le véhicule que nous avons nous-mêmes construit, et sur lequel nous avons décidé de nous arrimer, et qui est la modernité : une modernité « tardive », comme disait Friedrich Schiller, mais qui tarde en tout cas à se terminer. Elle se retourne sur elle-même pour mieux reprendre de l’élan, et ne cesse de détruire ses propres fondements : la croyance en l’homme, au progrès, en l’universalisme. La modernité, tardive ou hyper, est une machine en apparence folle. Mais est-elle si folle ? Elle a sa logique. Elle est en fait autophage.

    Dans les lignes qui suivent, nous serons moins dans la digestion, c’est-à-dire la paraphrase, que dans l’inclusion, c’est à dire le commentaire – que Rémi Brague qualifie comme « le modèle européen de l’appropriation culturelle ».

    L’entretien avec Rémi Brague porte sur l’esprit de notre temps. Il déroule la question : pouvons-nous continuer l’homme si nous ne croyons plus en l’homme ? En d’autres termes, si nous ne savons plus quelle est la place que nous avons à tenir sur terre, si nous ne croyons plus à notre part de responsabilité, si notre présence au monde ne relève plus que du ludique, à quoi bon poursuivre l’homme ? On objectera que, justement, les hommes sont de plus en plus nombreux. Mais l’humanité est par là même de plus en plus fragile, et de plus en plus menacée de perdre son humanité. Il y a de plus en plus d’hommes ? Mais ne seront-ils pas de moins en moins humains ?

    On peut appeler cela « oubli de l’être ». Il ne s’agit pas d’un énième « c’était mieux avant » ou de quelque chose comme « l’oubli de son parapluie », comme dit plaisamment R. Brague. Il s’agit de l’oubli de ce que l’être peut manifester. De ce qu’il peut dévoiler. D’abord lui-même. La question est : qu’est-ce que nous avons oublié ? Et nous pouvons déjà avancer quelques éléments de réponse. Que l’historicité de l’homme n’est pas seulement le « tout passe ». Qu’il y a des permanences, celles que les religions et les philosophies explorent, chacune à sa façon.

    Pour comprendre la place de l’homme dans le monde, il faut tenter de comprendre le sens de l’histoire humaine. Le Sens de l’histoire est le titre d’un livre de Nicolas Berdiaev. Cela ne veut pas dire que l’histoire n’a qu’une direction mais cela signifie qu’elle n’est pas absurde, insensée. Il nous arrive ce qui nous ressemble. Comprendre le sens de l’histoire nécessite de comprendre l’histoire de la pensée. Rémi Brague souligne que nous avons longtemps sous-estimé intellectuellement le Moyen Age. Nous sommes passés des Antiques aux Renaissants, directement. Or, comprendre la pensée nécessite de comprendre le moment central du Moyen Age. Au moins dix siècles. Car, comme le remarquait Etienne Gilson, la Renaissance est tout entière dans la continuité du Moyen Age. C’est « le Moyen Age sans Dieu », disait encore Gilson. Ce qui, à la manière de Hegel, doit, du reste, être compris non comme un manque mais comme l’intégration d’une négativité.

    Justement, sans Dieu, comment fonder la morale ? « Que dois-je faire ? » s’interroge Rémi Brague à la suite de Kant. L’idée du « bien faisable », idée d’Aristote, suffit pour cela. Mais comment hisser les hommes au niveau nécessaire pour que l’humanité ait un sens ? En d’autres termes, la morale n’est pas qu’une question de pratique. Il est besoin de ce que Kant appelait une raison pure pratique. Sa forme moderne pourrait sans doute être définie comme une esthétique de la morale, telle qu’on la trouva chez Nietzsche, ou encore, très récemment, avec Dominique Venner. Pour cela, c’est l’idée platonicienne du Bien (difficile ici d’éviter la majuscule) qui est nécessaire. Cette idée du Bien rejoint celle du Vrai, du Beau et celle de l’Un : c’est la convertibilité des transcendances, expliquée par Philippe Le Chancelier et d’autres théologiens du Moyen Age. C’est leur équivalence, qui n’est pas leur identité mais est leur correspondance (l’analogie avec les correspondances de métro serait ici à la fois triviale et parfaitement adaptée). Le Bien, le Beau, le Vrai sont différentes formes d’une même hypostase, telle est l’idée néo-platonicienne que l’on trouve chez Flavius Saloustios, un des « intellectuels d’Etat » de Julien l’Apostat, le rénovateur du paganisme. N’ayant précisément pas eu lieu durablement, la restauration du paganisme laisse dissociés le beau, le vrai, le bien (ou encore le bon). D’où un malaise dans l’homme.

    * * *

    On rencontre parfois l’idée que la genèse de la modernité vient, avec Copernic, de la fin de la position centrale de l’homme. Ce n’est pourtant pas la même chose que la fin du géocentrisme et la fin de l’anthropocentrisme. Mais Brague soutient qu’il n’y a pas eu de fin de l’anthropocentrisme car il n’y avait pas d’anthropocentrisme. L’homme antique ne se voyait pas dans une position centrale, mais au sein d’un système du vivant. Voilà la thèse de Brague.

    Est-ce si sûr ? « Mais que l’homme soit un animal politique à un plus haut degré qu’une abeille quelconque ou tout autre animal vivant à l’état grégaire, cela est évident. La nature en effet, selon nous, ne fait rien en vain, et l’homme, de tous les animaux, possède la parole. Or tandis que la voix sert à indiquer la joie et la peine, et appartient pour ce motif aux autres animaux également (car leur nature va jusqu’à éprouver les sensations de plaisir et de douleur, et à se les signifier les uns aux autres), le discours sert à exprimer l’utile et le nuisible et, par suite aussi, le juste et l’injuste. Car c’est le caractère propre de l’homme par rapport aux autres animaux d’être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l’injuste, et des autres notions morales, et c’est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité » (Politiques I, 2).

    A partir d’Aristote, n’y a-t-il pas anthropocentrisme même si l’homme n’est pas en surplomb, même s’il ne lui est pas demandé d’agir « comme maître et possesseur de la nature », comme régisseur du vivant, mais bien plutôt de le ménager, d’en prendre soin ? (le christianisme de François d’Assise ne sera d’ailleurs pas loin de cette vision). L’anthropocentrisme n’est pas la dévoration du monde par l’homme, tant que la modernité ne se déchaîne pas. Tant qu’elle reste « modérément moderne ».

    Le contraire de l’anthropocentrisme, c’est l’homme dans le flux du vivant. Nous sommes d’ailleurs revenus à cela avec Michel Foucault et la fin de la sacralisation de l’homme et de sa centralité. Le paradoxe est que nous sommes dans une société du contrat au moment où notre sociologie et le structuralisme tardif nous expliquent que le sujet n’en est pas vraiment un et que, somme toute, l’homme n’existe pas mais est « agi » par des forces et structures qui le dépassent.

    Dès lors, nous quittons la modernité classique pour autre chose. Ce que met à mal la culture postmoderne (ne faudrait-il pas plutôt parler d’idéologie, terme nullement dépréciateur du reste ?) c’est, nous dit Rémi Brague, trois choses : l’historicité, la subjectivité de l’homme, la vérité.

    Nous avons aboli le monde vrai et la distinction entre vrai et faux, nous avons aboli le sujet et nous avons aboli le propre de l’homme qui est d’être un être historique. En d’autres termes, « l’homme est mort » – et pas seulement « Dieu est mort » (ce que Nietzsche constatait avec déploration, craignant que nous ne soyons pas à la hauteur du défi). Dieu est mort et l’homme est mort. Et l’un est peut-être la conséquence de l’autre, suggère Rémi Brague. La sociobiologie a pris la place de l’histoire, la sociologie a pris la place du sujet (« les sciences humaines naturalisent l’histoire », explique Brague), la sophistique postmoderne a pris la place de la vérité, ou tout du moins de sa recherche. Les Anciens (on est Anciens jusqu’à la Révolution française, hantée elle-même par l’Antiquité) voulaient améliorer l’homme. Nous voulons maintenant le changer. Nous oscillons entre le rêve transhumaniste, qui n’est autre qu’un posthumanisme, et une postmodernité liquide qui relève d’un pur vitalisme dont l’une des formes fut, disons-le sans tomber dans le point Godwin ou reductio ad hitlerum, le national-socialisme (*).

    Face à ce double risque de liquéfaction ou de fuite en avant transhumaniste, Rémi Brague rappelle le besoin de fondements qu’il nomme métaphysiques mais qui ne viennent pas forcément « après » la physique, dans la mesure où ils donnent sens à l’horizon même du monde physique. Rémi Brague appelle cela des « ancres dans le ciel » (titre d’un de ses précédents ouvrages). L’image est belle. Elle contient par là-même une vérité. Elle va au-delà de la révélation chrétienne, qui peut sans doute en être une des formes. Mais certainement pas la seule. Heidegger parlait de « marcher à l’étoile ». Une autre façon d’avoir une ancre dans le ciel.

    Pierre Le Vigan, 4/07/2016

    Rémi Brague, Où va l’histoire ? Entretiens avec Giulio Brotti, éditions Salvator, 184 pages.

    (*) Comme le montre très bien la confrontation des textes de Werner Best, doctrinaire nazi du droit, et de Carl Schmitt, in Carl Schmitt, Guerre discriminatoire et logique des grands espaces, éditions Krisis, 2011, préface de Danilo Zolo, notes et commentaires de Günter Maschke, traduction de François Poncet. On y voit que Best critique Schmitt au nom d’un vitalisme que Schmitt refuse d’adopter. Dont acte.

    http://www.polemia.com/ou-va-lhistoire-de-lhomme-la-reponse-de-remi-brague/

  • Guérilla, de Laurent Obertone, le roman du « jour où tout s’embrasa »

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    Guérilla, de Laurent Obertone, sous-titré « Le jour où tout s’embrasa », sera l’un des événements de la rentrée littéraire. Annoncé pour le 22 septembre aux éditions Ring, ce nouvel ouvrage de l’auteur deLa France Orange mécanique ou d’Utoya n’est cette fois pas une enquête mais un roman, dont le sujet est la guerre civile en France. Voici la présentation qu’en fait l’éditeur.

    Guerilla-Obertone-500x786.jpg« Dans une France proche et obscure, une descente de police dans une cité sensible tourne au drame : un policier pris dans un guet-apens perd son sang-froid et tire aveuglément. La cité s’embrase et tout le pays vacille. De villes en villes, le feu connecte les fils d’une bombe à retardement. Forces de l’ordre, voyous, terroristes, responsables, journalistes, mouvements citoyens, tous sont submergés par le raz de marée du chaos.

    « Rapidement, réseaux électriques et hydrauliques tombés, faute d’approvisionnements, de moyens de communication, de transports, de secours et d’ordre, le chaos gagne la campagne, la société vole en éclats et les villes sont la proie de violences, de pillages et de gigantesques incendies. Des terroristes, dépassés par les troubles, déclenchent des actions d’envergure simultanées. Privés de tout, livrés à eux-mêmes, les citoyens s’apprêtent à faire face au carnage. »

    Un roman qui va encore alimenter les débats sur cette guerre civile, réelle ou fantasmée, qui menacerait la France.

    http://fr.novopress.info/202649/guerilla-de-laurent-obertone-roman-jour-sembrasa/

  • Amouretti, fédéraliste, provençal et meilleur ami de jeunesse de Charles Maurras

    Repris des éphémérides de Lafautearousseau au 18 juillet. Actuelisé le 22.07 

    Frédéric Amouretti est né le 18 juillet 1863 à Toulon, et mort le 29 août 1903, tout juste âgé de 40 ans...  Qui était-il ?

    S’il est vrai que la pensée régionaliste trouva son véritable maître en Charles Maurras, de nombreux auteurs en bâtirent les premières fondations : des plus connus comme Frédéric Mistral à de plus méconnus comme Frédéric Amouretti, ces auteurs ont, apporté les premières pierres essentielles à l’édification de la véritable pensée régionaliste.

    Parti à Paris pour décrocher sa licence ès lettre Amouretti rencontra à Paris Frédéric Mistral et fut reçu félibre en 1882. Revenu en Provence, il entama une carrière de journaliste et de publiciste. Dès 1890, à peine âgé de 27 ans, il lança son premier journal avec son ami Bérenger, Le réveil du Provençal : Organe des revendications autonomistes de la Provence.

    Prônant le fédéralisme et luttant résolument contre le jacobinisme républicain, Amouretti écrira, près de 30 ans avant l’Idée de Décentralisation de Maurras : 

    « En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...». 

    Pour Amouretti, au contraire, et pour les « fédéralistes », il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon « sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...», ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête « uno assemblado soubeirano, a Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, a Marsiho o a-z-Ais ». Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…

    L'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistesdu 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme « lou paire e lou redatour de la declaracioun », les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin. Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait : 

    « Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile ».  

    Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération :  

    « Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue. » 

    Rappelons encore que dans les années 1890, en leur tout jeune âge, Frédéric Amouretti est le meilleur ami de Charles Maurras. Ils se rencontrent, notamment à Martigues, et Maurras, dans sa longue et belle préface, lui dédie son premier livre, Le Chemin de Paradis. Les passionnés d'études maurrasiennes, écouteront ici, Hilaire de Crémiers en parler en fin connaisseur de l'ouvre et de la pensée de Charles Maurras. [35 minutes] LFAR

     

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2016/07/22/frederic-amouretti-5829106.html

  • Histoire • Il y a 70 ans le général Mihailović, héros de la résistance monarchiste serbe, était fusillé

    Il y a exactement 70 ans, le 17 juillet 1946, le général Draža Mihailović, héros de la résistance monarchiste serbe au nazisme et au communisme, était fusillé sur ordre de Tito. Son biographe français, Jean-Christophe Buisson, appelle les Français à honorer dignement la mémoire du « De Gaulle serbe ». Une tribune dont l'esprit nous est proche, parue dans Figarovox le 17.07.

     Tandis que certains nostalgiques de la dictature robespierriste réclament des rues de Paris au nom de l'artisan de la Grande Terreur révolutionnaire, la France pèche toujours par l'absence de la moindre statuette, la moindre venelle, le moindre édifice au nom du général Mihailović. Cette indifférence relève d'une grande injustice dont l'écrivain français Michel Déon s'émouvait déjà il y a 70 ans, le jour même de l'exécution à Belgrade du résistant antinazi et anticommuniste serbe, le 17 juillet 1946 : « On peut penser ce qu'on veut de celui qui fut le premier des maquisards, mais l'ignoble est précisément que personne n'en pense rien. (…) Le monde s'en fout. Eh bien, moi je me fous de ce monde ».

    Drôle de monde, en effet, qui hier comme aujourd'hui, prête si peu d'attention à l'homme ayant constitué le premier en Europe occupée une guérilla antiallemande d'envergure tandis que la France vivait à l'heure de Pétain ou de la Wehrmacht, que l'Angleterre se protégeait comme elle le pouvait du Blitz, que l'Amérique attendait le moment opportun pour entrer dans le conflit et que l'URSS se refusait encore à revenir sur son alliance signée avec Hitler en août 1939. Drôle de monde que celui qui refuse d'honorer la mémoire de cet officier serbe qui, à la fin du mois d'avril 1941, à un paysan des bords de la Drina lui demandant s'il savait quelque chose à propos de la capitulation de l'armée yougoslave répondit, sublime : « Capitulation ? Je ne connais pas ce mot. Je sers dans l'armée yougoslave depuis de nombreuses années, mais je n'ai jamais entendu ce mot ».

    Paroles magnifiques immédiatement suivies d'actes. Avec quelques dizaines d'hommes, Draža Mihailović, alors colonel, rejoint le 9 mai 1941, la montagne de Ravna Gora, au sud de la Serbie, et proclame la naissance de l'Armée yougoslave dans la Patrie qui, désormais, au nom du roi Pierre II, exilé à Londres, mènera la vie dure aux Allemands, aux Italiens et aux collaborateurs locaux. Faut-il le préciser: à cette date, le Parti communiste yougoslave et son chef, Josip Broz, dit Tito, se gardent bien de manifester la moindre velléité de résistance à l'occupant, pacte germano-soviétique oblige. Dans le journal communiste yougoslave, Le Prolétaire on peut lire qu'il n'est pas question de se battre au profit « des banquiers français et des lords anglais ». En échange, aucun membre du squelettique PCY n'est arrêté ni pourchassé par les autorités nazies. Et quand est sue l'apparition d'un mouvement de résistance monarchiste, on appelle « le peuple à résister hardiment à ces bandes qui s'organisent pour verser le sang et empêcher les ouvriers et les paysans de former, quand sonnera l'heure, le pouvoir des soviets ouvriers et paysans en s'appuyant sur la grande et fraternelle Union soviétique ».

    Pendant ce temps, Mihailović et ses fidèles tchetniks lancent leurs premières attaques contre les troupes allemandes. Elles seront décisives dans l'issue de la Seconde Guerre mondiale pour deux raisons principales. Avant de partir à l'assaut de l'URSS, Hitler veut à tout prix nettoyer le flanc sud-est de son empire. Il envoie plusieurs divisions en Yougoslavie. Elles mettront cinq semaines à chasser les résistants monarchistes de Serbie, qui se réfugient momentanément en Bosnie. Ce temps perdu se révélera fatal : déclenchée le 22 juin 1941, l'opération Barbarossa a pris du retard et les Panzer ne parviendront aux portes de Moscou qu'en décembre. Trop tard : le général Hiver est déjà arrivé. De même, les nombreuses opérations de sabotage des routes et des lignes ferroviaires reliant le centre de l'Europe et Salonique empêcheront les troupes de Rommel de recevoir à temps suffisamment de renforts et de matériel pour faire face aux contre-offensives en Afrique en 1942.

    Ces faits d'armes glorieux furent salués en leur temps par le général de Gaulle. En novembre 1942, le chef de la France libre déclare que « la résistance yougoslave et l'action du général Mihailovic sont pour le peuple français un réconfort ». En février 1943, il cite à l'ordre de la France combattante l'autre homme qui a dit « non », ce Mihailović qu'il qualifie de « héros légendaire, symbole du patriotisme le plus pur et des vertus militaires yougoslaves les plus grandes ». A ces déclarations, on pourrait ajouter celles d'Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères britanniques ou du président américain Franklin Delano Roosevelt : elles sont à peine moins élogieuses. Du moins jusqu'à la fin de l'année 1943. En novembre de cette année-là, à Téhéran, Churchill signe avec Tito un pacte moral diabolique : abusé par un réseau d'espions communistes ayant infiltré les services de renseignements britanniques, gonflé d'un cynisme teinté de naïveté qui lui fait espérer que son nouvel ami, quoique communiste, accordera un peu de place à Albion dans la Yougoslavie d'après-guerre, le Premier ministre britannique choisit, au nom de ce honteux partage de l'Europe qui sera avalisé à Yalta en 1945, d'abandonner Mihailović au profit du chef des Partisans. Le « chouan des Balkans », le « Robin des Bois serbe » est devenu un paria, accusé de collaborer - c'est un comble! -, avec les Allemands ou les Italiens. Quand Tito entrera dans Belgrade libérée par les chars de l'Armée rouge, un an plus tard, l'Occident, trop occupé à en finir avec les Allemands sur le front occidental, se désintéressera du sort de ce petit pays d'Europe du sud-est qui avait pourtant le premier levé l'étendard de la résistance antinazie. Et encore plus du général Mihailović.

    Retourné dans ses chères forêts, le général serbe tint tête aux services policiers et militaires communistes durant un an et demi. Capturé en mars 1946, sans doute après avoir été trahi, il fut condamné à mort au terme d'une parodie de procès au cours duquel aucun Occidental ne fut autorisé à témoigner : de nombreux pilotes d'avion américains sauvés par les tchetniks des griffes allemandes après avoir été abattus dans le ciel yougoslave l'avaient pourtant réclamé. Le 17 juillet 1946, il est fusillé par un peloton d'exécution sur l'île d'Ada Cigalija, qui émerge de la Save, en plein Belgrade. Son corps est jeté dans une fosse et recouvert de chaux. On ignore toujours à quel endroit exactement - les autorités craignaient qu'une sépulture de Mihailović ne devienne l'objet de pèlerinage.

    Aujourd'hui, la Serbie a fait en partie la paix avec cette histoire-là. Après un demi-siècle d'une chape de plomb historiographique à la gloire de Tito, la figure du « De Gaulle serbe » a été officiellement réhabilitée : à la fois par les autorités politiques, les historiens locaux et la Cour de Justice de Serbie. On envisage de bâtir à son nom un pont sur la rivière longeant la capitale serbe. Au regard de ce que la Résistance européenne (donc française) lui doit, comme de ce que pensait « l'homme du 18 juin » de lui, honorer la mémoire de Draža Mihailović en France paraît plus que la réparation d'une injustice morale et historique : un geste nécessaire.  

    Jean-Christophe Buisson 

    Directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine, spécialiste des Balkans, Jean-Christophe Buisson est l'auteur notamment de Mihailović et Histoire de Belgrade (éd. Tempus).   

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2016/07/22/il-y-a-70-ans-le-17-juillet-1946-le-general-mihailovi%C4%87-heros-5829087.html

  • Dans le nouveau numéro de Terre et peuple magazine : un entretien entre Pierre Vial et Roland Hélie

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    Pierre Vial : Roland, nous nous connaissons depuis longtemps et nous travaillons ensemble d’une façon qui me paraît exemplaire car basée sur la confiance et une communauté de pensée. Tu diriges, entre autres activités, la revue Synthèse nationale, dont le titre est tout un programme puisqu’elle accueille divers rédacteurs qui, au-delà de leur profil spécifique, ont en commun leur attachement viscéral à ce que Saint-Loup appelait « les patries charnelles ». Peux-tu nous en dire plus ?

    322495870.jpgLa revue Synthèse nationale a été créée en 2006. Cela fait donc dix ans que nous nous battons pour que les différents courants nationalistes et identitaires marchent dans le même sens. Au début, ce n'était pas évident. Surtout lorsque l'on se souvient des divisions "historiques" qui existaient entre les uns et les autres. Et pourtant, lors de nos nombreux colloques et réunions, nous avons invité la plupart des organisations a se retrouver sur les mêmes tribunes et, petit à petit, les querelles du passé se sont estompées. Il en a été de même dans les colonnes de la revue. Nous ne demandons pas aux nationalistes et aux identitaires de s'unir, ni même de se rassembler, nous les invitons seulement à coordonner leurs actions. Ce qui serait déjà pas mal.

    Vu la situation dramatique dans laquelle la France et l'Europe sont plongées, pour notre camp l'heure ne doit plus être celle de la discorde mais bel et bien celle de l'offensive. "Pour une offensive nationaliste et identitaire" sera d'ailleurs le thème de notre Xe journée annuelle qui doit se tenir à Rungis, près de Paris, le dimanche 2 octobre prochain.

    Je profite de l'occasion que tu me donnes, Mon Cher Pierre, pour remercier l'association Terre et peuple, qui dès le début a compris le sens de notre démarche, pour l'aide efficace qu'elle nous a toujours apportée.

    PV : Quand je parle de Front des Patriotes, je souhaite inciter tous ceux pour qui la patrie, la « terre des pères », est la meilleure des causes, à regrouper, autant que faire se peut, leurs efforts, leurs énergies, leurs espérances. Qu’en penses-tu ?

    C'est exactement le sens de notre démarche. Jamais nos idées ont été aussi "dans le vent". Depuis des décennies les nationalistes répètent inlassablement que la politique menée par les partis du Système devait mener immanquablement à la catastrophe. Pendant longtemps, nous n'avons pas été entendus. Et aujourd'hui, alors que la situation dégénère à grande vitesse, nos compatriotes se rendent compte de la véracité de nos dires. Nous ne pouvons que nous en réjouir.

    Cela étant dit, la poussée de nos idées est beaucoup plus due à la radicalisation d'une partie de plus en plus importante des Français qu'à une quelconque dédiabolisation. Ce n'est donc pas le moment de flancher. Plus que jamais un Front des patriotes tel que tu le préconises est nécessaire. Un Front ne signifie pas une fusion mais une unité d'action.

    PV : Quelles sont, selon toi, dans le monde où nous sommes, les principales urgences ?

    Le choix est simple. D'un côté nous avons le mondialisme qui consiste à vouloir détruire toutes les identités, nationales, civilisationnelles et même sexuelles (comme on l'a vu avec la théorie du genre) afin de transformer le monde en un vaste marché aux dimensions planétaires dans lequel l'homme ne serait plus qu'un consommateur servile juste bon à enrichir les multinationales apatrides. De l'autre, nous avons les peuples qui veulent garder leurs libertés et leurs identités.

    Bien sûr, l'immigration et l'islamisation qui en découle peuvent apparaitre comme le principal danger qui menace notre civilisation. Mais il ne faut pas oublier que celles-ci ne sont que la résultante du brassage de populations orchestré par les mondialistes. Il ne suffit pas de s'attaquer au effet, il faut détruire les causes. Or, si l'on veut arrêter le grand remplacement auquel nous assistons, il faut abattre le Système qui le suscite. Le combat contre le mondialisme est, à mon avis, la priorité absolue.

    PV : Comment vois-tu l’avenir ?

    Si nous continuons le combat, c'est que nous sommes animés par l'optimisme. Nous devons en permanence éloigner de nous le désespoir qui est, en substance, le pire de nos ennemis...

    Je ne prendrai qu'un seul exemple : cette année, 2016, marque le soixantième anniversaire de l'insurrection patriotique de Budapest en 1956 contre le régime communiste qui accablait alors la Hongrie. Cette insurrection héroïque fut impitoyablement écrasée par les soviétiques en quelques semaines. Croyez-vous que les nationalistes hongrois, alors que leur mouvement était en pleine débâcle et que leur pays subissait une répression épouvantable, s'imaginaient un seul instant que, soixante ans plus tard, la Hongrie serait à l'avant garde du combat pour la résurgence européenne ? Certainement pas. Et pourtant, c'est ce qui arrive aujourd'hui.

    Dominique Venner nous a enseigné que l'inattendu était une constante en politique et Charles Maurras que le désespoir était la pire des sottises. Voilà une belle synthèse...

    PV : Merci Roland. Il est clair que nous allons continuer le combat côte à côte.  

    Le n°68 de Terre et peuple magazine

    Pour le commander cliquez ici Solstice d'été, 52 pages, 8 €

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2016/07/19/dans-le-nouveau-numero-de-terre-et-peuple-magazine-un-entret-5827834.html

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