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culture et histoire - Page 1139

  • C’était un 17 juillet : mort d’Henri Poincaré, un génie français.

    Ce brillant scientifique français s’est éteint le 17 juillet 1912.
    On le considère généralement comme l’un des derniers grands savants universels, maîtrisant en particulier l’ensemble des branches des mathématiques de son époque.
    Son œuvre, qui précède en réalité les principales découvertes d’Einstein (qui le pilla), concerne principalement les mathématiques pures, la physique et l’astronomie.

    Ci-dessous vous pouvez écouter une émission de Serge de Beketch en 1991, consacrée au pillage de Poincaré par Einstein, avec un spécialiste.

    Source : T. de Chassey

    http://www.contre-info.com/henri-poincare-un-genie-francais

  • L’histoire complète de Monsanto, « La société la plus maléfique au monde »

    De toutes les méga-sociétés folles furieuses, Monsanto a largement surpassé ses rivales, remportant le titre glorieux de la « société la plus maléfique sur Terre » ! Non contente de siéger simplement sur son trône de mort au sommet d’une montagne de cadavres, elle continue de mettre au point de nouveaux moyens scientifiquement innovateurs pour nuire à la planète et à ses habitants. 
    Comme pour les vrais champions du mal, elles ne s’arrêteront pas avant…eh bien, qu’on les arrête ! Mais qu’est Monsanto et comment est-elle devenue si incroyablement maléfique ? Je pense que la meilleure manière de démarrer ce périple est de retourner vers les profonds et glauques égouts de son sinistre passé, alors munissez-vous d’un en-cas et de boissons sans OGM et allons-y. 
    1901 : La société est fondée par John Francis Queeny, membre des Chevaliers de Malte, avec derrière lui 30 ans d’expérience dans l’industrie pharmaceutique ; il épouse Olga Mendez Monsanto, dont le nom deviendra celui de la société,Monsanto Chemical Works. La société produit au début de la saccharine de synthèse, qui est vendue à Coca-Cola comme édulcorant artificiel
    Le gouvernement savait déjà que la saccharine était un poison et il lui fit un procès pour stopper sa fabrication mais le perdit en cour d’appel, ouvrant ainsi la Boîte de Pandore Monsanto qui commença à empoisonner le monde avec ce soda. Olga Mendez Monsanto, qui donna son nom à la société et son mari John Francis Queeny 
    Années 20 : Monsanto étend son activité aux produits chimiques industriels et aux médicaments, devenant le plus gros fabricant mondial d’aspirine, l’acide acétylsalicylique (toxique, bien sûr). C’est aussi l’époque où les choses commencent à se précipiter horriblement pour la planète avec l’introduction de leurs polychlorobiphéniles (les PCB). 
    « Les PCB étaient vus comme une merveille chimique par l’industrie, un liquide visqueux résistant aux fortes températures et à la dégradation et ayant des applications presque illimitées. Les PCB sont aujourd’hui considérés comme l’une des plus graves menaces chimiques pour la planète. Largement utilisés comme lubrifiants, fluides hydrauliques, huiles de coupe, revêtements imperméables et produits d’étanchéité, ce sont des carcinogènes potentiels et on les retrouve impliqués dans des maladies de la reproduction, de la croissance et du système immunitaire. Le centre mondial de fabrication des PCB était l’usine Monsanto aux abords de St Louis dans l’Illinois, qui possède le plus fort taux de morts fœtales et de naissances prématurées de l’état. »(1) 
    Bien que les PCB aient été finalement interdits après 50 ans de dégâts, ils existent toujours dans le sang et les cellules des animaux et de l’homme à travers le globe. Des documents présentés plus tard au tribunal ont montré que Monsanto était parfaitement conscient des effets meurtriers, mais l’a criminellement caché au public pour conserver le filon des PCB ! 
    Années 30 : Création de sa première semence de maïs hybride et extension de la fabrication de détergents, savons, produits de nettoyage industriels, caoutchouc synthétique et plastiques. Oh oui, tous toxiques bien sûr ! 
    Années 40 : Ils démarrent la recherche d’uranium, qui servira pour la première bombe atomique du Projet Manhattan, qui sera larguée ensuite sur Hiroshima et Nagasaki, tuant des centaines de milliers de japonais, coréens et militaires américains et en empoisonnant des millions d’autres. 

  • La lumière septentrionale de nos origines par Thierry DUROLLE

    En ces heures sombres où le révisionnisme historique des peuples albo-européens fait rage, le dernier livre en date de Jean-Paul Demoule étant un bon exemple (1), il devient nécessaire de se tourner vers notre plus longue mémoire pour nous la réapproprier et surtout la transmettre à nos enfants. Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Pourquoi sommes-nous ainsi ? Ces questions, Hans F.R. Günther, les aborde dans un synthétique ouvrage qui se focalise sur les Indo-Européens. 

    Hans F.R. Günther est l’un de ces hommes que l’histoire selon les vainqueurs a voué aux gémonies. Comme le fait remarquer Robert Steuckers, traducteur, auteur de la préface et des deux annexes du présent ouvrage, ce philologue « jouit d’une réputation détestable, celle d’être “ l’anthropologue officiel ” du Troisième Reich d’Hitler », rien que ça ! Certes Günther suscita l’intérêt de plusieurs dignitaires nationaux-socialistes par la qualité de ses livres de raciologie, surtout ceux dont le sujet était la race nordique. Mais l’homme, comme il l’écrira à la fin de sa vie (2), était tout sauf un fanatique du nazisme, lui qui voyait d’un mauvais œil ces grands mouvements de masse, sans parler de sa méfiance vis-à-vis du régime hitlérien. Günther suscita également l’intérêt de l’auteur italien Julius Evola – une présentation de ce dernier est d’ailleurs inclue dans cet ouvrage, traduit de l’italien par Philippe Baillet – qui évoquait le travail de Günther dans son livre Le Mythe du sang (3) et l’influença très certainement lors de la rédaction de l’excellentSynthèse de doctrine de la race (4). 

    Pour commencer, qu’entend Günther par « religiosité européenne » ? « Ce que je définis en tant que religiosité indo-européenne, c’est toujours cette religiosité propre aux époques de l’histoire des peuples indo-européens, où l’âme de la race nordique pouvait s’exprimer dans toute sa force ». Son « but est donc de saisir la religiosité indo-européenne dans son moment le plus dense et le plus pur. Un tel moment peut se retrouver, par exemple, dans la poésie hellénique d’Homère à Pindare et Eschyle ». L’élément indo-européen ne se borne pas uniquement à l’Europe : sa présence est attesté en Inde et en ancienne Perse. « Ainsi, la mystique des Perses devenus musulmans, nommée “ soufisme ”, constitue un retour de la religiosité indo-européenne dans le cadre d’une religion au départ étrangère et imposée de force ». René Guénon ne contredirait sans doute pas cette dernière affirmation… Mais, de toute évidence, Günther, en bon Allemand de son époque, n’a d’yeux que pour la partie nordique. C’est en quelque sorte son moyen de discriminer les éléments inférieurs, c’est-à-dire indo-européens, des éléments qui leur sont supérieurs. « Je ne considérerai pas comme indo-européenne n’importe quelle représentation religieuse découverte parmi l’un ou l’autre peuple de souche indo-européenne car ces peuple, précisément, étaient divisés en strates raciales, de telle façon que seuls les éléments dominants appartenaient principalement à l’humanité nordique. » Il ajoute que « souvent, il est question, chez un même peuple, d’une “ mythologie inférieure ” opposée à une “ mythologie supérieure ”. En règle générale, cette “ mythologie inférieure ” n’a aucune relation avec la “ mythologie supérieure ”. […] La religiosité indo-européenne doit être exclusivement recherchée dans les pratiques culturelles et les croyances des aristocraties paysannes, gérées selon le droit patriarcal, constitués de sujets de race nordique dominant une population non nordique ». Ce concept d’aristocratie paysanne sera longuement développé par l’un des lecteurs de Günther, à savoir Walther Darré du mouvement Blut und Boden, dans son livre La Race (5). Néanmoins, l’auteur n’opère pas à une analyse matérialiste et naturaliste, mais à une analyse métaphysique au sens de la Tradition Primordiale. C’est donc bel et bien la « race de l’âme » et la « race de l’esprit » – conceptualisé par Julius Evola – qui sont passées au crible. 

    Hans F.R. Günther base principalement son exposé sur l’opposition de la religiosité indo-européenne et celle des monothéismes abrahamiques, le peuple des forêts contre le peuple des déserts en quelque sorte. La crainte du divin, le rapport créateur/créatures, le pêché, la rédemption ou encore le fatalisme sont autant exemples ontologiquement étrangers à la religiosité indo-européenne. 

    On l’aura bien compris, il n’est pas ici question de race au sens strictement biologique du terme mais d’une tentative de définition de la race « intérieure » des Indo-Européens. Cette ébauche n’est sans doute pas parfaite – Günther le sait bien – mais elle a néanmoins le mérite d’aborder les choses sous un angle singulier pour l’époque. C’est aussi cette sensation de socle commun aux peuples européens qui se dégagent de l’analyse de Hans Günther et qui fit défaut à l’Allemagne hitlérienne. Depuis, beaucoup ont mis en évidence ce socle commun – d’Europe Action à l’Institut Iliade – dans le but à la fois de dépasser les nationalismes étriqués, hérités du XIXe siècle, et aussi de savoir qui nous sommes vraiment. Voilà les conditions sine qua non à un réveil des consciences endormies et à l’érection d’une véritable « Europe cuirassée », autant dans les cœurs qu’aux remparts de notre grande cité. 

    Thierry Durolle 

    Notes 

    1 : Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Aux origines du mythe de l’Occident, Le Seuil, 2014. 

    2 : Hans Günther, Mon témoignage sur Adolf Hitler, Pardès, 1990. 

    3 : Julius Evola, Le Mythe du sang, Éditions de L’Homme libre, 1999. 

    4 : Julius Evola, Synthèse de doctrine de la race, Éditions de L’Homme Libre, 2002.

    5 : Walther Darré, La Race. Nouvelle noblesse du sang et du sol, Nouvelles Éditions latines, coll. « Histoire – Étude », 1939. 

    • Hans Günther, Religiosité indo-européenne, Les Éditions du Lore, 2013, 124 p., 16,90 €.

    http://www.europemaxima.com/

  • L'histoire des deux "14 juillet".

    Puisque nous sommes à la veille du 14 juillet, il ne me semble pas inutile de republier cette note sur l’histoire des deux « 14 juillet », ceux de 1789 et 1790 : au-delà de l’histoire elle-même, il n’est pas inintéressant de se poser quelques questions sur l’instrumentalisation des événements et sur le rôle de cette dernière dans la formation d’une certaine mythologie républicaine qui, comme toute mythologie, accorde plus de poids au sens qu’on lui donne qu’à l’exacte réalité des faits et des idées…

    Le 14 juillet est devenu fête nationale au début de la IIIe République, après un débat fort animé le 8 juin 1880. Il est savoureux de lire, avec le recul, le propos du rapporteur de la proposition de loi, le dénomméAntoine Achard (député radical de la Gironde), et d’en montrer, au vu des connaissances historiques qui ne sont pas toujours en concordance avec l’idéologie, les limites et les contradictions : « Les grands, les glorieux anniversaires ne manquent pas dans notre histoire. Celui qui vous est désigné est mémorable à double titre ; il rappelle en effet la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 et la grande Fête de la Fédération célébrée le 14 juillet 1790. La prise de la Bastille qui fut le glorieux prélude, le premier acte de la Révolution a mis fin au monde ancien et, en ouvrant les portes de la rénovation sociale, a inauguré le monde nouveau, celui dont nous voyons l’aurore, celui qui s’édifie, lentement mais sûrement, le monde de la justice et de l’humanité, de l’égalité des droits et des devoirs.

    La Fête de la Fédération a fait le monde moderne. En mettant en contact sympathique des populations jusqu’alors étrangères les unes aux autres, de races, d’origines différentes, distinctes par les moeurs, par le langage, par les lois ; en les groupant dans une grande manifestation pacifique, en leur apprenant en un mot à se connaître et à s’aimer, la Fête de la Fédération a fondé, sur des bases indestructibles, l’unité de la patrie ».

    Quelques décennies après, l’historien monarchistePierre Gaxotte (1895-1982) répliquait, à sa façon, à ce discours par un texte ironique, publié dans l’été 1939, quelques jours avant le début de la Seconde guerre mondiale : « Le 14 juillet est devenu la fête de l’unité française. Devenu, ou plutôt redevenu. Historiquement et légalement en effet, notre 14 juillet ne commémore pas la délivrance des faux-monnayeurs et des satyres qui étaient emprisonnés à la Bastille, mais bien la fête de la Fédération qui eut lieu, en 1790, au Champ-de-Mars.

    (…) Quoique agrégé d’Histoire, M. Daladier avait, par prudence, recouru à la science de M. le Directeur des Archives nationales (…). Je ne m’explique pas comment, à eux deux, ils ont pu commettre, dans leur reconstitution, deux énormes oublis.

    1° La fête de la Fédération consista d’abord en une messe solennelle chantée par un évêque. Cette année, pas de messe. 2° Pour la présider, il y avait un roi, circonstance importante et nécessaire. Un roi, monsieur le président, un vrai roi à fleurs de lys, avec sa femme, son fils, sa fille et sa soeur. Puisque vous vouliez que votre fête révolutionnaire et commémorative de l’unité française fût exacte, il fallait y mettre le roi. Il fallait rétablir la monarchie. Sinon, ce n’est plus de l’histoire, c’est du roman ». Il est vrai que les deux « 14 juillet » se sont déroulés quelques années avant la République, en un temps où cette idée même apparaissait incongrue en France, et que, au grand dam de nos républicains, les deux se sont faits aux cris de « vive le roi », y compris pour mieux, dans celui de 1789, violer la loi…

    Car, malgré les accents lyriques du député Achard, le 14 juillet 1789 ne fut pas vraiment glorieux et il n’y a pas de quoi s’en vanter. Il est d’ailleurs amusant de constater que nos officiels de la République célèbrent une émeute dont ils se seraient effrayés à l’automne 2005 ou au printemps 2016... Comment, ainsi, dénoncer les désordres des banlieues et les casseurs dans la ville quand on glorifie un épisode d’une violence aveugle et, à l’origine, si peu politique ? Je viens d’acquérir un livre fort intéressant intitulé « Les secrets de la Bastille tirés de ses archives » et écrit par l’historien Frantz Funck-Brentano dans les années 30, et qui remet un peu les choses au point : après le pillage des dépôts d’armes des Invalides (28.000 fusils et 24 canons), l’émeute se déplaça vers la Bastille pour y aller chercher la poudre qui s’y trouvait, et pas vraiment pour aller libérer les prisonniers qui y étaient enfermés (au nombre de 7 : connaissez-vous beaucoup de prisons aujourd’hui qui n’accueillent que ce petit nombre de personnes ?). Funck-Brentano écrit : « Il faut bien distinguer les deux éléments dont se composa la foule qui se porta sur la Bastille. D’une part une horde de gens sans aveu, ceux que les documents contemporains ne cessent d’appeler « les brigands » et, d’autre part, les citoyens honnêtes : ils formaient certainement la minorité qui désiraient des armes pour la constitution de la garde bourgeoise. La seule cause qui poussa cette bande sur la Bastille fut le désir de se procurer des armes. (…) Il n’était pas question de liberté, ni de tyrannie, de délivrer des prisonniers, ni de protester contre l’autorité royale. La prise de la Bastille se fit aux cris de : Vive le Roi ! tout comme, depuis plusieurs mois en province, se faisaient les pillages de grains ».

    Je passe sur les différents épisodes de la journée relatés dans cet excellent petit bouquin. Mais il n’est pas inintéressant d’évoquer un élément souvent oublié dans les manuels d’Histoire (trop anecdotique, sans doute) qui montre un « autre » aspect de ce 14 juillet 1789 : « Une jolie jeune fille, Mademoiselle de Monsigny, fille du capitaine de la compagnie d’invalides de la Bastille, avait été rencontrée dans la cour des casernes. Quelques forcenés s’imaginèrent que c’était Mademoiselle de Launey (M. de Launey, ou Launay, était le gouverneur de la Bastille). Ils la traînèrent sur le bord des fossés, et, par gestes, firent comprendre à la garnison qu’ils allaient la brûler vive si la place ne se rendait. Ils avaient renversé la malheureuse enfant, évanouie, sur une paillasse, à laquelle, déjà, ils avaient mis le feu. M. de Monsigny voit le spectacle du haut des tours, il veut se précipiter vers son enfant et est tué par deux coups de feu. () Un soldat, Aubin Bonnemère, s’interposa avec courage et parvint à sauver la malheureuse enfant ».

    La Bastille se rendit sans vraiment combattre et le gouverneur, malgré les promesses, fut massacré et sa tête fichée au bout d’une pique : c’était la première à tomber, la première d’une liste fort longue…

    Ce livre donne d’autres indications intéressantes et qui rompent avec « l’histoire sainte » de la prise de la Bastille : en particulier les textes relatant l’événement dus à Saint-Just et à Marat, révolutionnaires insoupçonnables de tendresse pour l’Ancien Régime et qui offrent quelques surprises à leur lecture… Quant à la liste définitive des « vainqueurs de la Bastille », elle comptera environ 900 noms (863 selon Funck-Brentano, mais 954 selon d'autres décomptes), ce qui est fort loin des foules ou du « peuple de Paris » évoqués par les manuels d’Histoire (ou d’histoires ?)…

    Le dramaturge Victorien Sardou, dans sa pièce « Rabagas », écrit ceci, qui résume bien l’affaire : « Mais alors à quoi distingue-t-on une émeute d’une révolution ? L’émeute, c’est quand le populaire est vaincu, tous des canailles. La révolution, c’est quand il est le plus fort : tous des héros ! » : une leçon à méditer, pour l’historien comme pour le politique...

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1327:lhistoire-des-deux-q14-juilletq&catid=50:2016&Itemid=61

  • Être minoritaires en terre d’islam : entretien avec la photographe Katharine Cooper

  • [Cercle Henri Lagrange] Le souverainisme : genèse et perspectives (entretien avec Jacques Sapir)

    Entretien du Cercle Henri Lagrange avec Jacques Sapir [économiste, Directeur d’Études à l’EHESS , directeur du Centre d’Études des Modes d’Industrialisation (CEMI-EHESS) et du groupe de recherche IRSES à la FMSH, coorganisateur avec l’Institut de Prévision de l’Economie Nationale (IPEN-ASR) du séminaire Franco-Russe sur les problèmes financiers et monétaires du développement de la Russie]

  • Louis de Bonald, l’antimoderne oublié, le retour du Vicomte

    9 juillet 2016  Causeur

    Louis de Bonald ! Voici un nom qu’on n’a plus l’habitude de lire, à part dans les manuels d’histoire des idées où les auteurs lui consacrent quelques lignes, à la rubrique des contre-révolutionnaires. Le plus souvent, on associe Bonald à son contemporain Joseph de Maistre, l’autre héraut francophone de la critique des Lumières et de la Révolution. Hélas, aussi bien Maistre a la réputation d’écrire merveilleusement, aussi bien Bonald a celle d’écrire laborieusement, sans éclat ni génie. C’est pourquoi l’un continue d’être lu et figure toujours dans les librairies (Pierre Glaudes a réuni ses principaux textes dans un volume de la collection « Bouquins », en 2007), tandis que l’autre n’intéresse plus que les spécialistes et n’a quasiment pas été réédité.

    Une douloureuse réputation littéraire

    De fait, qui serait assez courageux pour se plonger aujourd’hui dans des volumes engageants comme Essai analytique sur les lois naturelles de l’ordre social(1800), Théorie du pouvoir politique et religieux (1796) ou Démonstration philosophique du principe constitutif de la société (1830), tous longs de plusieurs centaines de pages ?

    Et pourtant, ces textes austères sont la source majeure de la pensée traditionaliste du XIXe siècle. « Ce n’est pas Joseph de Maistre, ni, encore moins, Châteaubriand ou Lamennais, qui ont été les vrais inspirateurs de la pensée antidémocratique du siècle dernier, mais bien Louis de Bonald », dit Koyré dans ses Etudes d’histoire de la pensée philosophique. Taine, Comte, La Tour du Pin, Maurras, tout ce pan de la culture politique vient en ligne droite du Vicomte de Millau, dont la douloureuse réputation littéraire a fait oublier l’importance. Bien conscients de sa place majeure dans l’histoire, les savants continuent de lui consacrer des recherches, en France comme en Europe, ainsi qu’en témoigne leBonald de l’historien piémontais Giorgio Barberis. Clair, bien conçu, ce livre est peut-être la meilleure introduction disponible à la pensée de Bonald. Barberis y montre bien comment le rejet bonaldien de la Révolution, loin d’être une réaction éruptive de barbon d’Ancien Régime, est la conséquence d’un système intellectuel solide où s’articulent une métaphysique, une anthropologie, une théologie, une conception de l’histoire.

    De Bonald à Rivarol

    Evidemment, vu de 2016, la pensée politique de Bonald – un ordre instauré d’en haut, appuyé sur la religion, organiciste et antilibéral – a quelque chose d’extraterrestre. Mais justement : c’est cette distance avec nous qui lui donne son actualité, le point de vue le plus éloigné de nos façons de penser étant le meilleur pour bien les comprendre. Sur ce plan, cette belle traduction (où on ne déplore que deux ou trois fautes de syntaxe – « la théorie dont il avait fait allusion », « une conception à laquelle s’ensuit »...) n’a pas qu’une utilité historique ou documentaire, elle permet aussi de mettre en perspective des notions comme le progrès, l’individualisme, le pouvoir, la légitimité, etc. Quant au procès fait à Bonald sur son style, les nombreux extraits cités par l’auteur indiquent qu’il est peut-être abusif et que le vieux Vicomte, pour n’avoir pas la plume facile, n’en était pas moins capable parfois de bonnes formules.

    Je profite de cet article pour dire aussi un mot d’un contemporain de Bonald (à un an près), Antoine de Rivarol : Maxence Caron réédite en effet ses Œuvres complètes dans un épais volume de la collection « Bouquins » où, par souci sans doute de le rendre plus digeste et plus attrayant, il l’associe aux aphorismes de Chamfort et à ceux Vauvenargues (je dis « réédite », il faudrait dire « édite » : la plupart des tentatives précédentes d’éditer Rivarol ont apparemment comporté des lacunes). D’une certaine façon, au plan du style, Rivarol est l’anti-Bonald : ce dernier compose des traités pesants, laborieux, répétitifs, alors que Rivarol virevolte et sautille sans jamais finir un livre, disséminant ses réflexions dans des textes courts, légers, ironiques. Bonald est besogneux et grave, Rivarol, facile et drôle ; cette différence des tempéraments se retrouve au plan des idées politiques. Tous deux critiquent en effet la Révolution, mais pas de la même manière ; à l’idéologie révolutionnaire, Bonald oppose l’idéologie théocratique – système contre système ; Rivarol, lui, y oppose un rejet de l’idéologie, une méfiance à la Burke pour les délires abstraits. Chantal Delsol explique tout cela dans une préface lumineuse de 40 pages, qui justifie à elle seule l’acquisition de ce superbe volume. 

    Louis de Bonald, ordre et pouvoir entre subversion et providence, Giorgio Barberis, traduit de l’italien par André Questiaux, Desclée de Brouwer, 2016.

    L’art de l’insolence, Rivarol, Chamfort, Vauvenargues, Robert Laffont, « Bouquins », 2016.

    Bernard Quiriny

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/