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culture et histoire - Page 1178

  • Katyń 76 ans plus tard …

    Pologne, Varsovie – Chaque année, début avril, les crimes soviétiques sur les prisonniers de guerre polonais sont commémorés.

    Les premiers jours d’avril en Pologne ont une importance particulière. Durant quelques jours, les martyrs de la Seconde Guerre Mondiale sont commémorés, de même que les victimes du crash de l’avion présidentiel en 2010, emportant le président Kaczyński et de nombreux officiels. Alors que le public est généralement au courant de la « catastrophe de Smolensk » du 10 avril, du fait de sa gravité et de ses implications politiques, le martyr polonais de 1940, en particulier en Occident, est peu connu ou considéré comme peu intéressant désormais.

    En 1939, la Pologne est envahie : d’abord par l’Allemagne nazie, puis en septembre par l’Union Soviétique. Près de la moitié de la Pologne se retrouve sous occupation soviétique et de ce fait, des dizaines de milliers de personnels militaires et policiers sont tombés entre les mains de l’URSS. Avant la fin 1939, tous les prisonniers ont été transférés dans des camps se trouvant dans les actuelles Biélorussie, Russie, et Ukraine. Les principaux camps de prisonniers se trouvaient près des villes de Smolensk, Kharkiv et Tver. Le 5 mars, Joseph Staline signe l’ordre d’exécution des prisonniers polonais, qui étaient des militaires, des policiers et des prêtres catholiques. Du 3 au 5 avril, les Soviétiques ont commencé les exécutions de prisonniers dans les trois camps principaux. A certains endroits, aujourd’hui en Biélorussie et en Ukraine, les exécutions durèrent jusqu’au mois de mai. Au final, 21.857 Polonais ont été assassinés d’une balle dans la nuque.

    katyn

    La forêt de Katyń  a été un des lieux où ces massacres ont pris place, d’où la raison pour laquelle ce nom constitue aujourd’hui un symbole pour désigner les crimes soviétiques à l’égard des Polonais. C’est aussi le premier charnier d’officiers polonais découvert, en 1943, par les troupes allemandes. L’Union Soviétique affirmait alors que les officiers polonais manquant s’étaient peu après septembre échappés en Mandchourie, et que les charniers découverts n’étaient que de la propagande nazie.

    Les Polonais ont du attendre 50 ans pour que la vérité soit révélée. En 1989, le gouvernement polonais a officiellement reconnu le NKVD (police secrète soviétique) comme responsable, dédouanant les Allemands. En 1992, le gouvernement russe décide de publier des documents qui prouvent la pleine responsabilité de l’Union Soviétique. En novembre 2010, la Duma russe (parlement national) approuve une déclaration dénonçant Staline et les officiels soviétiques pour avoir personnellement ordonné le massacre. Chaque début avril, la société polonaise commémore les victimes de Katyń et des autres lieux d’exécutions et de martyr, au travers de messes, de marches, ainsi que des commémorations massives dans tout le pays, voire même avec le rassemblement international des motards, dont c’est la 15e édition cette année.

    Source: Visegradpost

    http://www.altermedia.info/france-belgique/uncategorized/katyn-76-ans-plus-tard_157749.html#more-157749

  • La grotte Chauvet établit au moins 36 000 ans de tradition culturelle en Europe

    De nouveaux travaux scientifiques menés dans la grotte Chauvet, en Ardèche, conduisent à cette certitude : les gravures figurant sur ses parois datent bien de plus de 30 000 ans.

    Anita Quiles, une scientifique de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire, en Egypte, qui a conduit ces travaux, en livre le résultat dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences. Contactée par l’AFP, elle explique : « On avait initialement ramené l’art de la grotte Chauvet à celui de celle de Lascaux car cet art est très beau et dynamique. Mais maintenant on constate 10 000 ans, voire 15 000 ans d’écart entre les datations des deux sites. On sait désormais avec certitude qu’il n’y a plus eu d’activités humaines dans la grotte Chauvet depuis environ 30 000 ans. »

    Cette datation très précise conduit Jean-Michel Geneste, directeur scientifique de la grotte Chauvet, à proclamer :

    « On peut donc affirmer aujourd’hui qu’il y a bien 36 000 ans, au moment où émerge le paléolithique supérieur avec la modernité des techniques de travail, de l’art et de la parure et autres, on a déjà un art qui est aussi évolué, abouti et déjà l’objet d’une très longue mémoire, une longue tradition culturelle en Europe occidentale. Avant cela, c’était une hypothèse, mais maintenant on a des dizaines de dates et on en a la certitude. »


    La grotte Chauvet, une caverne magique

    http://fr.novopress.info/200341/grotte-chauvet-etablit-au-moins-36-000-ans-tradition-culturelle-en-europe/

  • Le choc des non-civilisations

    Choc des civilisations vraiment ? De part et d’autre, l’entretien de cette fiction permet surtout d’oublier l’état réel de la civilisation que l’on prétend défendre, et de se lancer en toute bonne conscience dans de lyriques et exaltantes considérations identitaires. Dans ce ridicule concours des fiertés (civilisation pride ?), les divers gardiens de néant oublient l’essentiel : ils veillent sur un champ de ruines.
    Dans Respectez la joie, chronique publiée il y a déjà douze ans, Philippe Muray posait la question suivante : « Comment spéculer sur la défense d’une civilisation que nous ne faisons même pas l’effort de voir telle qu’elle est, dans toutes ses extraordinaires et souvent monstrueuses transformations ? » Face à l’ennemi islamiste, à sa haine de « l’Occident », qu’avons-nous à faire valoir pour notre défense, hormis « la liberté d’expression », « les jupes courtes », « le multipartisme », « le sexe » ou « les sandwichs au bacon » ? Pas grand-chose. Et ces éléments sont eux-mêmes illusoires : « Le seul ennui, écrit Muray, c’est que ces mots recouvrent des choses qui ont tant changé, depuis quelques décennies, qu’ils ne désignent plus rien. » Ainsi de la liberté sexuelle, brandie comme un progrès civilisationnel (ce qui en soi peut se contester), alors même qu’elle est de moins en moins effective : « On doit immédiatement reconnaître que c’est la civilisation occidentale elle-même qui a entrepris de détruire, en le criminalisant, le commerce entre les sexes ; et de faire peser sur toute entreprise séductrice ou galante le soupçon du viol ; sans d’ailleurs jamais cesser de se réclamer de la plus grande liberté. »
    L’Occident s’est tiré deux balles dans le pied
    L’Occident post-moderne a achevé l’Occident moderne, celui de la liberté individuelle et de la pensée critique. Et l’Occident moderne était né lui-même de la destruction de l’Occident traditionnel, de sa civilisation, de son histoire et du christianisme. L’Occident post-moderne est le fruit d’un double meurtre : d’abord celui de la royauté de droit divin, avec tout ce qu’elle comporte de représentations symboliques traditionnelles, avec toute la conception hiérarchique de l’ontologie qu’elle suppose. Puis, celui de l’individu. Muray, en vieux libéral qu’il est, est évidemment plus touché par ce dernier meurtre : l’individu réellement libre – c’est-à-dire : ayant les moyens intellectuels de l’être – n’est plus. Cela n’empêche pas toute l’école néo-kantienne de la Sorbonne – entre autres – de répéter à l’envi que le respect de l’individu caractérise notre civilisation, par opposition à la « barbarie » médiévale d’une part, et au « retard » des autres civilisations d’autre part, encore prisonnières d’un monde où le groupe, la Cité, importent davantage que l’individu. La réalité est pourtant plus amère, et il n’y a pas de quoi fanfaronner : notre civilisation a fini par tuer l’individu réellement libre, si durement arraché à l’Ancien Monde.
    Elle est pourtant contredite par la réalité de la société de marché que nous avons bâtie. Ainsi que le remarque Lasch, « le développement d’un marché de masse qui détruit l’intimité, décourage l’esprit critique et rend les individus dépendants de la consommation, qui est supposée satisfaire leurs besoins, anéantit les possibilités d’émancipation que la suppression des anciennes contraintes pesant sur l’imagination et l’intelligence avait laissé entrevoir ».Par un étrange paradoxe, c’est précisément en voulant émanciper l’individu que nous l’avons asservi. En effet, nous avons souscrit à la thèse progressiste selon laquelle la liberté politique et intellectuelle de l’individu suppose son arrachement à tous les déterminismes sociaux, à tous les enracinements familiaux, culturels, religieux, intellectuels. Seuls les déracinés pourraient accéder à la liberté dont l’effectivité « exigerait au préalable un programme éducatif ou un processus social (ou les deux) capable d’arracher les enfants à leur contexte familier, et d’affaiblir les liens de parenté, les traditions locales et régionales, et toutes les formes d’enracinement dans un lieu ». Cette vieille thèse, résumée ici par Christopher Lasch (Culture de masse ou culture populaire ?), est toujours d’actualité : Vincent Peillon, ex-ministre de l’Éducation nationale, a ainsi déclaré vouloir « arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel ».
    Le cas de l’islam en France
    Comment alors s’étonner des phénomènes que l’on constate dans les « quartiers difficiles », de l’illettrisme généralisé et de la violence banalisée qui s’y côtoient ? Comment s’étonner des effets du double déracinement des immigrés ? Voilà des gens que l’on a arraché à leur terre (ou qui s’en sont arrachés), qui ont abandonné leur culture, ont oublié leur langue, et qui n’ont dès lors plus rien à transmettre à leurs enfants. Ces enfants, parfaits cobayes de l’expérimentation de la liberté par le déracinement, sujets idéals de l’idéologie délirante d’un Peillon, sont les premiers post-humains. Sans racines, et bientôt, après un passage par l’école républicaine, sans savoir et sans attachement à leur nouvelle terre. Coupés de leurs origines sans qu’on leur donne la possibilité de s’enraciner dans une civilisation qui se sabote elle-même, ils incarnent au plus haut degré le néo-humain sans attaches, sans références, celui que rêvent les idéologues de la post-modernité. Ce n’est donc pas en tant qu’étrangers à la France que les déracinés de banlieue posent problème, mais en tant qu’ils sont les parfaits produits de la nouvelle France, celle qui se renie elle-même.
    Ce règne, chaotique dans ses effets, de la table rase n’est pas sans provoquer un certain malaise chez les individus les plus conscients. On a beau déraciner, la réalité demeure : l’enracinement est un besoin essentiel à l’humanité. On y revient toujours, d’une manière ou d’une autre. « Le déracinement détruit tout, sauf le besoin de racines », écrit Lasch. D’où le phénomène de réislamisation, processus de ré-enracinement parmi d’autres (car il en est d’autres), qui s’explique par la recherche d’une alternative à ce que l’on nomme le « mode de vie occidental » (en réalité le mode de vie mondialisé de la consommation soumise).
    Il est d’ailleurs amusant de constater que le plus grand grief que la koinè médiatique fait aux beurs réislamisés ou salafisés, plus grave encore que les attentats qu’ils projettent ou commettent, c’est « le rejet du mode de vie occidental ». Horreur ! Peut-on imaginer plus atroce blasphème ? « Comment peut-on être pensant ? » comme dit Muray. Faut-il donc être un odieux islamiste tueur d’enfants (juifs de préférence) pour trouver à redire à ce merveilleux monde démocratico-festif, qui n’est pourtant plus que l’ombre d’une ombre ?
    Face à la chute des anciens modèles occidentaux, les jeunes déracinés que nous avons produits cherchent à reprendre racine. Que certains se tournent vers l’Islam, comme vers un modèle qui leur semble traditionnel et producteur de sens, doit être compris comme une réaction au modernisme du déracinement culturel. Dans la mesure où toute alternative au « mode de vie occidental » est présentée comme une régression barbare, la radicalité de la réislamisation, le fait qu’elle se fasse notamment – mais pas uniquement – dans les termes du salafisme, paraît inéluctable : le néo-Occident permet qu’on le fuie, à condition que l’on se jette dans les impasses qu’il ménage à ses opposants.
    La déchéance civilisationnelle de l’islam
    Il est une autre raison à la radicalité de la réislamisation. Elle tient à la chute de l’islam comme civilisation. À l’instar de l’Occident, à sa suite et sous son influence, l’Orient en général et l’islam en particulier subissent les effets de la modernité et des bouleversements politiques, sociaux, intellectuels, théologiques qu’elle entraîne.
    Historiquement et politiquement, cela s’est fait d’abord par la pression occidentale sur le califat ottoman, qui ployait déjà sous son propre poids. N’oublions pas que le monde arabo-musulman est mis au contact de la pensée des Lumières dès 1798, avec l’expédition d’Égypte de Napoléon. À peine la France avait-elle accompli sa Révolution qu’elle tentait déjà d’en exporter les principes, appuyés par une subjuguante supériorité technique. Les Britanniques, mais aussi, dans une moindre mesure, les Français, n’eurent ensuite de cesse d’encourager l’émergence des nationalismes, insufflant chez les peuples arabes le désir de révolte contre la domination turque : ils posèrent en termes modernes, ceux des nationalismes, un problème qui ne se posait pas ainsi. Plus tard, ce fut l’islamisme dont se servirent cette fois les Américains. À ces facteurs, il faut ajouter l’apparition de la manne pétrolière, mise au service du wahhabisme (lui-même soutenu originellement par les Britanniques) et la révolution islamique iranienne. Tout concourrait à la destruction des structures politiques et sociales traditionnelles de la civilisation islamique : les interventions étrangères certes, mais également un certain essoufflement de l’Empire ottoman, qui avait manqué le train de la révolution industrielle et se trouva dépassé par les puissances occidentales.
    En l’absence de structures sociales fortes, ce fut bientôt la pensée islamique traditionnelle elle-même qui succomba. Face aux puissances occidentales, les musulmans réagirent de deux façons antagonistes, que l’excellent historien Arnold Toynbee a qualifiées de « zélotisme » et d’ « hérodianisme ». Voyant une analogie entre la réaction des musulmans à la domination occidentale, et celle des Juifs à la domination de l’Empire romain, Toynbee explique que tout bouleversement venu de l’étranger entraîne historiquement une réaction de repli sur soi, d’une part, et une réaction d’adhésion et de soumission totales aux nouveaux maîtres, d’autre part. Mais dans les deux cas, on sort de la sphère traditionnelle : ni les zélotes ni les hérodiens ne peuvent prétendre représenter la pensée islamique traditionnelle. Leurs conceptions respectives de l’islam obéissent à des circonstances historiques déterminées, et ne sont plus le résultat de la réflexion sereine d’une civilisation sûre d’elle-même.
    Les nombreuses manifestations de l’islamisme contemporain sont autant de variétés d’un islam de réaction. Couplée à la mondialisation, qui est en réalité occidentalisation – au sens post-moderne – du monde, et à ses conséquences, cette réaction a fini par produire un islam de masse, adapté aux néo-sociétés, et qu’Olivier Roy a admirablement analysé dans ses travaux. Dans L’Islam mondialisé, il montre ainsi en quoi le nouvel islam est un islam déraciné pour déracinés, et en quoi la réislamisation est « partie prenante d’un processus d’acculturation, c’est-à-dire d’effacement des cultures d’origines au profit d’une forme d’occidentalisation ».
    Dès lors, il apparaît clairement que le prétendu « choc des civilisations » procède d’une analyse incorrecte de la situation. Il n’y a pas de choc des civilisations, car il n’est plus de civilisations qui pourraient s’entrechoquer ; toutes les civilisations ont disparu au profit d’une « culture » mondialisée et uniformisée, dont les divers éléments ne se distinguent guère plus que par de légères et inoffensives différences de colorations. Ce à quoi on assiste est donc plutôt un choc des non-civilisations, un choc de déracinés.
    [Cet article est une version modifiée d’un texte paru initialement sur le blog de l’EPHES.]

  • 13 avril 1436 : prise de Paris par Arthur de Richemond. Une ancienne fête nationale oubliée !

    prise-de-paris.jpgL’armée anglaise dans Paris compte environ 3 000 hommes et est soutenue par l’université de Paris. 2000 routiers et écorcheurs la renforcent. La garnison attend également un renfort de 3 000 anglais.

    L’armée française est dispersée et seul contre presque tous le duc de Bretagne, le connétable Arthur III de Richemont, soutenu par d’anciens compagnons de la Pucelle d’Orléans tels La Hire, Jehan de Dunois, cousin natureldu Roi, Jehan de Brosse Maréchal de Sainte-Sévère et Jehan Poton de Xaintrailles conduit une armée de 5000 Bretons pour reconquérir Paris. 

    En novembre 1438, Charles VII (1403-1461) peut retrouver sa capitale, abandonnée en 1418. Richemont encercle Paris par le nord et le sud, en s’assurant le contrôle de la vallée de l’Oise, de la Champagne et de la Brie. L’Ost royal profite aussi de la révolte des Parisiens dans la capitale, des bourgeois menés par le Receveur aux Comptes Michel de Laillier. Richemont avec une petite troupe de cinq à six cents combattants réussit à se faire ouvrir la porte Saint-Jacques et pénètre dans Paris où il est accueilli en libérateur par la population enthousiaste aux cris de « vive le Roi et le duc de Bourgogne ».

    Débordés, les Anglais se réfugient dans la Bastide Saint-Antoine (Bastille). Richemont leur promet alors la vie sauve s’ils quittent Paris, ce qu’ils font le 15 avril 1436.

    Cette libération, réalisée avec peu de pertes et sans effusion de sang ni de pillage, est célébrée le 22 avril, par une grande fête religieuse, au milieu d’une foule immense. Cette fête est renouvelée pendant trois siècles, jusqu’à la révolution, comme une victoire nationale.

    Dans la foulée, Creil, Meaux et Montereau sont délivrées.

    Mais la libération de la France commence, mais il faudra 20 ans au connétable pour l’achever.

    Illustration : toile commandée par le comte d’Angiviller au nom de Louis XVI, ce tableau de Jean-Simon Berthélemy commémore l’événement : « La Reprise de Paris sur les Anglais » (1787), musée du Louvre.

    http://www.contre-info.com/le-13-avril-ancienne-fete-nationale-prise-de-paris-par-arthur-de-richemond-en-1436#more-41580

  • Le roi qui donna Alger à la France

    Le souvenir d'une dette contractée par le Directoire sert de prétexte à Charles X pour s'emparer de l'Algérie. Bravant l'hostilité de l'Angleterre, dédaignant les invectives de la presse libérale, le roi remporte la victoire qui avait échappé à Charles Quint et Louis XIV.

    Cette année-là, le sixième de son règne, Charles X, soixante-treize ans, subissait les assauts conjugués d'une presse déchaînée, d'une bourgeoisie capitaliste avide de révolution et de quelques royalistes bornés. Il n'en offrait pas moins à la France l'ultime cadeau de la monarchie traditionnelle en prenant Alger.

    Alger sous la tutelle d'un État turc

    Il importe de préciser qu'alors l'Algérie n'existait pas. S'il y avait un État, c'était un État turc – on disait la Régence d'Alger - relevant nominalement du sultan de Constantinople et dominant des populations très diverses : Berbères, les vrais autochtones ; Arabes, conquérants au VIIe siècle ; Turcs arrivés par invasion ; Juifs, qui vivaient du négoce. La puissance turque était représentée à Alger par un dey, alors nommé Hussein. Depuis trois siècles, cette cité semait la terreur en Méditerranée par ses corsaires qui s'emparaient des navires et prenaient les chrétiens en otage, ce qui rapportait beaucoup d'argent à ladite Régence. L'empereur Charles Quint avait attaqué ce repaire de gangsters en 1541, puis Louis XIV, avec ses grands capitaines Duquesne et d'Estrées, l'avaient bombardé en 1683 et 1688. Toujours sans succès. Eh bien, Charles X, lui, voulut tout seul la victoire, et il l'obtint !

    Le prétexte pour intervenir fut fourni par le dey lui-même qui s'était permis en 1827, disait-on, de donner un coup d'éventail au consul de France Pierre Deval venu lui dire que la France n'avait pas à reconnaître une dette contractée trente ans plus tôt par le Directoire pour un achat de blé négocié avec le dey par les deux juifs Busnach et Bacri. L'honneur français ayant été bafoué par le dey, un blocus d'Alger par la marine française s'imposait.

    Bravant l'hostilité et les menaces de l'Angleterre, dédaignant les invectives de la presse libérale, le roi prépara l'expédition avec son ministre le prince Jules de Polignac et avec la certitude de fonder en Afrique l'empire chrétien rêvé par saint Louis.

    Mettre fin à la barbarie en Méditerranée

    Il confia la flotte de 675 bateaux, dont 103 bâtiments de guerre et 83 pièces de siège, au vice-amiral Duperré, et l'armée de terre de 35 000 hommes au ministre de la Guerre le comte de Bourmont. Alger avait la réputation d'être imprenable, mais l'aventure méritait d'être tentée. Ne pouvai-ton pas utiliser les plans et les croquis qu'un agent secret de Napoléon avait dressés en 1808 ?

    La flotte, partie de Toulon le 25 mai 1830, arriva en vue d'Alger le 31 mai, mais des vents contraires l'obligèrent à se replier vers Palma aux Baléares. Elle revint le 10 juin et débarqua le 14 juin sur la plage de Sidi Ferruch, à quelques kilomètres d'Alger. Le dey ne disposait que d'une armée hétéroclite et mal commandée par son gendre : elle se dispersa après un combat de plusieurs heures à Staoueli. C'est alors que Bourmont décida de lancer son artillerie sur Alger : il attaqua et pilonna le 3 juillet le fort l'Empereur dominant la ville. Le 4 juillet la forteresse tomba dans un terrible explosion. Le 5, il ne restait plus au dey qu'à capituler et à proposer des négociations avant de s'enfuir douillettement pour Naples, tandis que les forces françaises entraient dans la ville. On compta du côté français 415 morts et 2 160 blessés, il y en eut beaucoup plus du côté algérien.

    En trois semaines, la France venait de mettre fin à la barbarie en Méditerranée : elle allait pouvoir reprendre sa mission civilisatrice héritée de la Rome impériale et de la chrétienté de saint Augustin. Le contraste entre l'infinie grandeur du pari sur l'avenir et la petitesse des débats de politique politicienne qui occupaient l'opinion en ce mois de juillet 1830 est saisissant. Aucun personnage officiel ne salua l'entreprise victorieuse du roi. Au contraire on redoubla de sarcasmes et de menaces à son égard, avant de le renverser trois semaines plus tard. Nous en parlerons dans notre prochain numéro.

    Destin d'un héritage

    La conquête de l'Algérie - État créé de toutes pièces par la France, il faut toujours s'en souvenir - allait être poursuivie par la monarchie de Juillet, le Second Empire et la Troisième République, mais ce joyau tomba, hélas, aux mains des républicains, jacobins incapables de comprendre la diversité humaine, et laïcistes scandalisant trop souvent par leur absence de foi des populations que l'on aurait pu rechristianiser. Cela aboutit, malgré le sursaut français de 1958, au comble du déshonneur : la forfaiture de 1962. Donc au recul de la civilisation et au reniement de l'oeuvre esquissée par Charles X. L'arrière-arrière-petit-fils du roi, le prince Sixte de Bourbon Parme, dans son livre La Dernière Conquête du roi : Alger 1830 paru en 1930, écrivait : « Ne fût-ce que pour cela, Charles X, très clairvoyant et très agissant dans la poursuite de ce haut destin, doit compter parmi nos grands rois ; en mourant, les fleurs de lys ont jeté leur dernier éclat de fleur et d'épée. »

    Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 16 au 30 septembre 2010

  • Conférence Dextra du 15 avril : La réforme pénale ou le prolongement de l'état d'urgence, par A. Deprau

    Chers amis et camarades, 
    Dextra recevra ce vendredi 15 avril, Alexis Deprau, Doctorant en droit à l'Université Paris II - Assas qui nous parlera de :
    "La réforme pénale ou le prolongement de l'état d'urgence".
    Nous vous attendons nombreux, à partir de 19 h, pour cette nouvelle conférence, 
    A vendredi !