Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1219

  • Dédicace à Paris : Emmanuel Albach sur les volontaires français dans la guerre du Liban

    livre que l’on peut aussi commander en ligne ici.

    dedicace-albach

  • D'UN SIÈCLE À L'AUTRE, LES SOCIALISTES TOUJOURS VENDUS À L'ENNEMI

           Il y a des choses formidables chez Péguy. Surtout à partir de 1905, quand, conscient de la menace allemande et de l'approche de la guerre, il opère un virage, se détache des socialistes et se rapproche des nationalistes (Notre patrie étant le premier jalon de ce second Péguy).
               Je reparcours aujourd'hui L'Argent suite, qui est paru il y a exactement un siècle, le 27 avril 1913 (dans les Cahiers de la quinzaine, XIV, 9). Une partie du pamphlet est consacrée à invectiver les socialistes, et en particulier ces deux fameuses figures que sont Jean Jaurès et Lucien Herr, que nombreux aujourd'hui à gauche regardent comme des totèmes, des sources d'inspiration, des autorités morales incontestables. Parmi d'autres griefs, Péguy leur reproche non seulement d'être aveugles face à l'impérialisme allemand, mais  aussi de mentir pour occulter cette réalité, et plus encore : d'être carrément des traîtres. Ainsi : « Alors comment se fait-il qu'on nous parle toujours des autres [victimes de l'impérialisme] et qu'on ne nous parle jamais de ceux qui demeurent nos frères [= les Alsaciens-Mosellans]. / Pour Jaurès l'explication est extrêmement simple. Il est pangermaniste. (Il faudrait l'en féliciter, s'il était né sujet allemand.) Il est un agent du parti allemand. Il travaille pour la plus grande Allemagne. » (Pléiade tome III, 1992, p. 932).
          Mais je suis surtout tombé sur un paragraphe fascinant par sa contemporanéité. Péguy égrène les belles notions qui ont été détournées, trahies, infectées par la coterie Herr-Lavisse-Jaurès. Il y a le dreyfusisme, le socialisme, l'État, le laïcisme, la République, la force révolutionnaire et l'internationalisme.

    « L'internationalisme enfin qui était un système d’égalité politique et sociale et de temporelle justice et de mutuelle liberté entre les peuples est devenu entre leurs mains une sorte de vague cosmopolitisme bourgeois vicieux et d'autre part et très particulièrement et très proprement un pangermanisme, un total asservissement à la politique allemande, au capitalisme allemand, à l'impérialisme allemand, au militarisme allemand, au colonialisme allemand. » (p. 945).

          Déjà sous cette forme, la phrase est troublante par son actualité, vu comme le nouveau gouvernement socialiste multiplie les signes d'allégeance à l'Allemagne et s'incline totalement devant la conception allemande de l'Europe, François Hollande n'ayant d'ailleurs rien eu de plus pressé à faire, le jour même de son investiture (!), que de prendre un avion pour Berlin afin d'aller soumettre ses lettres de créance à la chancelière. Cependant, un siècle après 1913, la puissance mondiale dominante n'est plus l'Allemagne, mais les États-Unis d'Amérique. La phrase mérite donc d'être transposée :
        L'internationalisme est devenu entre leurs mains une sorte de vague cosmopolitisme bourgeois vicieux et d'autre part et très particulièrement et très proprement un panaméricanisme, un total asservissement à la politique états-unienne, au capitalisme états-unien, à l'impérialisme états-unien, au militarisme états-unien, au colonialisme états-unien.
              Saisissant, non ? Alors que se multiplient les signes qui annoncent que le quinquennat de Hollande sera aussi atlantiste que celui de son prédécesseur, voire plus encore, on ne peut manquer de s'interroger sur la continuité qu'affichent les socialistes dans leur mentalité de colonisés intellectuels, économiques et géopolitiques. Le « cosmopolitisme bourgeois vicieux » semble désigner Dominique Strauss-Kahn ou Jack Lang, mais c'est anecdotique. Bien plus importante est l'idée que les socialistes, parce qu'ils se veulent progressistes et modernes, s'aplatissent toujours devant le système de pensée dominant et la grande puissance qui l'incarne, qui le promeut, qui l'étend. Les socialistes de 1913 se comportaient objectivement en agents d'influence de l'Allemagne, au nom d'un chimérique idéal pacifiste et internationaliste. Les socialistes de 2013, au nom d'un idéal presque identique, se comportent objectivement en agents d'influence des États-Unis, du capitalisme états-unien, de la culture états-unienne. 
              Et cependant Péguy exagérait. Autant il avait raison de souligner les illusions de Jaurès et des siens quant au pacifisme et à l'antimilitarisme du S.P.D. (à peine un an plus tard, les socialistes allemands devaient donner raison à Charles Andler et Péguy en ne faisant rien pour empêcher la guerre et en votant sans sourciller les crédits militaires), – autant il faut bien reconnaître que les socialistes français, il y a un siècle, firent de même : ainsi René Viviani, Alexandre Millerand, Albert Thomas, loin de manquer à l'Union sacrée, se distinguèrent-ils dans leurs fonctions ministérielles pendant la Grande Guerre. Or, peut-on aujourd'hui imaginer les Hollande, les Ayrault, les Valls, les Fabius, les Kouchner, les Moscovici, les Vallaud-Belkacem s'engager dans une guerre contre l'Allemagne ? ou une guerre contre les États-Unis ?!!  Contre les islamistes du Mali, contre la Syrie d'Assad, contre n'importe quel dictateur qui met du sable dans les rouages du nouvel ordre mondial, contre la Russie, oui, on l'imagine très bien. Mais contre les États-Unis, pas une seconde. Et je ne parle même pas d'une guerre militaire, mais simplement d'un bras-de-fer diplomatique, d'une tension assumée, d'une résistance proclamée, comme de Gaulle en donna l'exemple dans les années 60, ou plus près de nous le Venezuela de Chavez et l'Iran d'Ahmadinejad. Lutter pied-à-pied contre la World Company, fût-ce sur le terrain économique et le terrain culturel ? Pensez donc !... Dailleurs plusieurs de nos bons socialistes, à commencer par Hollande, ont participé au programme « Young Leaders » de la French-American Foundation. C'est dire si ce sont des agents états-uniens à bien meilleur titre que Jaurès ne fut un agent allemand...

     
  • Livre : Ordre Nouveau : Alain Renault

    Fondé en novembre 1969, il constitue pendant son existence la principale formation nationaliste de la période.
    Erreur

    Lors de son 2e Congrès des 10 & 11 juin 1972 et dans la perspective des élections législatives, il adopte une stratégie qui donne naissance au Front National dont Jean-Marie Le Pen deviendra le président.

    Son histoire revêt donc une importance plus grande que les affrontements avec les gauchistes qui ont assuré sa renommée médiatique. Le Mouvement Ordre Nouveau est dissous, en même temps que la Ligue Communiste, par décret du Conseil des ministres du 28 juin 1973.

    Son histoire, ses idées, son programme, ont fait l’objet des deux ouvrages publiés successivement par le Mouvement, en juin 1972 et en juin 1973 dont l’intérêt suscite cette réédition.

    Alain Renault : Adhérent d’Ordre Nouveau de janvier 1970 à la dissolution. Secrétaire de section, puis membre du Comité Exécutif « délégué à la Province » à partir de juin 1971, membre du Conseil National, puis du Secrétariat Permanent. Rejoint le Front National en 1974, membre du Comité Central, puis du Bureau Politique, Secrétaire général adjoint, puis Secrétaire général jusqu’en 1980. Adjoint de François Duprat aux Cahiers Européens de 1974 à 1978. Rédacteur à Militant et à Défense de l’Occident de 1978 à 1982. Collaborateur de la revue Synthèse nationale. A collaboré au National, Item, Écrits de Paris, Rivarol, Minute, Le Crapouillot, Le Guide de l’Opposition…
    Co-auteur des Fascismes Américains et de l’Album Le Pen.

    Acheter le livre ici
  • Retour sur la Guerre froide

    L'ouverture partielle des archives soviétiques, la déclassification d'archives occidentales apportent un nouvel éclairage sur l'histoire secrète des relations Est-Ouest. Un transfuge francophile, un agent soviétique en exil et un journaliste enquêtant sur la CIA nous révèlent un passé effarant.

    La détermination d'un seul homme a-t-elle suffi à ébranler l'URSS au point d'en provoquer l'écroulement ? La question se pose s'agissant de Vladimir Vetrov, lieutenant-colonel du KGB, fusillé à Moscou le 23 janvier 1985 pour haute trahison. Un quart de siècle après, l'homme et le rôle qu'il tint demeurent également mal connus, même si l'on commence à prendre la mesure de leur importance. Un film récent, L'Affaire Farewell, a popularisé le personnage et donné envie d'en savoir davantage sur lui. Il le mérite.

    L'homme qui mit l'URSS à genoux

    Pour mieux comprendre, une seule source fiable : le livre qu'un journaliste russe, Sergueï Kostine, lui consacra en 1996, aujourd'hui repris en collaboration avec le Français Éric Raynaud sous un nouveau titre, Adieu Farewell, qui tente de reconstituer les faits et leur déroulement de la manière la plus exacte possible, sinon toujours la plus crédible.

    Automne 1980 : depuis quelques mois, la tension monte entre l'Est et l'Ouest au point de faire craindre un conflit. Un succès de la Gauche à la prochaine présidentielle française amènerait les communistes au gouvernement, hypothèse qui plonge les Américains dans l'inquiétude. C'est dans ce contexte qu'advient un événement improbable mais déterminant lorsque la DST est, depuis Moscou, approchée par le colonel Vetrov. Le personnage ne lui est pas inconnu. Identifié pour ses activités d'espionnage technologique sous couverture diplomatique, Vetrov était en poste à Paris dans les années soixante.

    À l'époque, ce francophile qui avait pris goût au capitalisme avait failli se laisser retourner mais le patriotisme, l'angoisse pour les parents laissés là-bas l'avaient emporté. Depuis, la DST n'avait plus de nouvelles. Pendant un an, Vetrov, prenant des risques considérables va, chaque semaine, livrer les secrets de l'espionnage technologique du KGB, sur lequel repose l'essentiel de l'économie soviétique et, surtout, la capacité de l'URSS à rester dans la course aux armements. Leur exploitation suffira à mettre le régime communiste dans une situation intenable. Chacun connaît la suite.

    Le défaut du plan, et Vetrov, excellent professionnel, le connaît, c'est qu'exploiter les renseignements équivaut à condamner la source. Tôt ou tard, ses collègues comprendront qui est Farewell. Pourtant, Vetrov refuse tout : l'argent, les papiers français pour son fils et lui, l'exfiltration qu'il sait irréalisable, la DST ne pouvant l'aider si loin de ses bases. Pourquoi joue-t-il ainsi sa vie ? Amour de la France, haine du régime communiste, désir d'offrir à son fils et à son pays la liberté, besoin de se venger du KGB qui n'a pas su reconnaître ses talents exceptionnels ? Nul ne le saura jamais.

    Le fait est que cet agent brillant relégué au fond d'un bureau va détruire le système, et mettre l'URSS à genoux. Il en mourra, évidemment, au terme de péripéties qui contribuent à brouiller un peu plus son image. Ce n'est pas sa correspondance avec sa famille durant son emprisonnement qui aidera à comprendre, Vetrov la savait lue ; ni les interrogatoires de son procès. Quant à sa "confession", rédigée avant son exécution, elle disait si nettement ce qu'il pensait du modèle socialiste que le KGB renonça à la rendre publique...

    Le KGB n'était pas invincible

    La tentative d'analyse psychologique est d'ailleurs la partie la plus faible d'un livre qui se lit comme le plus haletant des romans d'espionnage. Traître ou héros, pauvre type vindicatif qui noyait ses échecs dans l'alcool ou génie méconnu de la guerre secrète, le colonel Vetrov, entre ombre et lumière, prend une dimension singulière. Le fait est que nous lui devons beaucoup.

    À son traitant français qui lui demandait pourquoi il faisait cela, Vetrov dit un jour : « Parce qu'ils sont dangereux, et ils sont dangereux parce qu'ils sont c... ! ». Opinion autorisée que ne réfute pas un autre ancien du KGB, le colonel Vassili Mitrokhine. À l'époque où Vetrov livrait à la France de quoi faire sauter l'URSS, Mitrokhine s'employait à une besogne moins urgente mais qui lui aurait coûté tout aussi cher s'il s'était fait prendre : responsable des archives de l'espionnage soviétique, et conscient que l'on faisait disparaître les dossiers les plus sensibles, il entreprit, en effet, de recopier systématiquement les documents qui, de 1917 aux années quatre-vingt, apportaient la preuve des crimes et des manipulations du régime.

    En 1991, époque moins dangereuse, Mitrokhine, contre l'asile politique, livra cette énorme documentation aux Britanniques, permettant d'éclairer certains pans obscurs de l'histoire contemporaine mais aussi de faire arrêter de très nombreux collaborateurs du Renseignement soviétique. Il y eut quelques scandales retentissants quand il s'agissait d'hommes politiques ou de célébrités. Même s'il ne faut pas exclure que "les archives Mitrokhine" publiées sous un titre accrocheur, Le KGB contre l'Ouest, comportent un certain nombre de faux destinés à désinformer ou intoxiquer l'opinion internationale, elles restent, dix ans après leur divulgation, un document indispensable pour mieux comprendre, de l'intérieur, ce que furent l'Union soviétique, ses dirigeants, ses ambitions, et le mal qu'ils firent.

    D'abord à la Russie. En quoi une conversation entre Mitrokhine et l'un de ses camarades est révélatrice de l'écoeurement généralisé des mieux informés : « Tout cela vous donne honte d'être russe... » « Non, cela donne honte d'être soviétique. » L'on comprend mieux pourquoi les meilleurs firent en sorte de n'avoir plus honte.

    La CIA non plus

    Le travail de Vetrov comme celui de Mitrokhine démontre que le KGB, pour très efficace et dangereux qu'il fût, n'était cependant pas le monstre invincible et tout puissant que ses adversaires avaient fini par imaginer. La CIA, dont les Russes avaient une peur équivalente, ne l'était pas davantage. Tant s'en faut !

    L'incapacité du Renseignement américain à anticiper les attentats du 11 Septembre a mis en évidence les faiblesses du service, attribuées à une mauvaise reconversion de l'espionnage des USA, incapable de s'adapter au monde et aux périls de l'après-Guerre froide. Une enquête du journaliste Tim Weiner, Des cendres en héritage, l'histoire de la CIA, oblige à reconsidérer la question et démontre que les faiblesses découvertes en 2001 existaient depuis le début ; en soixante ans, l'essentiel du travail de l'agence fut de dissimuler aux présidents américains, au Congrès et à l'opinion son manque d'efficacité, ses erreurs cataclysmiques et le prix à payer pour tout cela.

    Créée, non sans peine car elle entrait en contradiction avec les principes fondamentaux de la déclaration d'indépendance, en 1947 afin de lutter contre l'URSS, la CIA se fixa pour but de détruire le communisme, obtint pour y parvenir des sommes colossales dont elle ne justifiait pas l'utilisation, et ne prit jamais les mesures nécessaires pour arriver à ses fins. Parfaitement ignorante des réalités du monde extérieur, ne jurant que par l'action, le plus souvent improvisée, sans agent capable de pratiquer une langue étrangère, l'agence déstabilisa des puissances amies et provoqua des désastres sur tous les fronts, qu'elle camoufla supérieurement en réussites.

    La survie du monde libre confiée à des "clowns"

    Le lecteur reste accablé en songeant que la survie du monde libre reposait en partie sur ceux que Nixon qualifiait aimablement de "clowns" ... Des clowns dangereux, cependant, à l'instar de leurs confrères du KGB. Il faut n'avoir pas lu Weiner pour se demander pourquoi Vetrov s'adressa aux Français plutôt qu'aux Américains. Découvrir cet angoissant envers de l'histoire contemporaine est indispensable. Sans toutefois perdre de vue que l'auteur, très américain, ne comprend pas toujours les situations qu'il décrit. Cela explique pourquoi il est porté à excuser les coups tordus de l'agence lorsqu'ils visaient des monarchies, des pouvoirs nationalistes ou catholiques. En cela, l'analyse de l'assassinat du président vietnamien Ngo Din Diem est très révélatrice. Une réalité à ne jamais perdre de vue s'agissant des États-Unis.

    Anne Bernet L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 18 février au 3 mars 2010

    3 Sergueï Kostine et Éric Raynaud : Adieu Farewell ; Robert Laffont, 425 p., 22 euros.

    3 Christopher Andrew et Vassili Mitrokhine : Le KGB contre l'Ouest ; Fayard, 980 p., 30 euros.

    3 Tim Weiner : Des cendres en héritage, l'histoire de la CIA ; Fallois, 540 p., 23 euros.

  • L’Heure la plus sombre n°21 – Émission du 25 janvier 2016 – Invité : Alain Escada