culture et histoire - Page 1223
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Passé Présent n°85 - Jules Bonnot, ennemi public N°1
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ZOOM - La petite histoire des animaux à l'échafaud
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Dominique Venner, Le blanc soleil des vaincus
Le livre était devenu introuvable. Il avait été publié en 1975. Via Romana le réédite donc en 2015, ce qui est fort heureux. Le bouquin vaut en effet le détour !
La Guerre de Sécession (que les Américains appellent très sobrement « Civil War ») a toujours occupé une place de choix au sein de nos mouvances. Le Sud mythifié est en effet l'incarnation de nombres de nos rêves. L'esprit de fronde et d'indépendance, le mépris de l'argent et des affaires, les femmes vénérées et courtisées, les planteurs galants à égalité avec les plus humbles fermiers. Le roi coton. La douceur de vivre. Le soleil.
La préface d'Alain de Benoist est une excellente introduction au livre. Ce dernier révèle sa maîtrise du sujet et apporte des éléments forts pertinents.
Cet ouvrage est, on peut le dire, polymorphe. Il s'agit avant tout d'un essai historique. Néanmoins Venner sait, à travers sa plume, rendre les faits et les personnages étonnamment palpables. Le style est concis, net, mais malgré tout très vivant. Des documents en annexe viennent apporter du relief au sujet.
Le tableau est exhaustif. Venner traite non seulement des opérations militaires stricto sensu, et avec brio (on reconnaît la patte de l'ancien militaire et du spécialiste des armes), mais il explore aussi les racines profondes de cette guerre, ses causes secrètes et enfouies (ici, c'est l'historien qui parle).
Les amateurs de géographie et d'histoire politique y trouveront très largement leur compte. Moi-même, qui ai beaucoup lu sur ce conflit, plus particulièrement dans le domaine purement militaire, ai été littéralement bluffé par la maîtrise de Venner. Les opérations, les hommes, les équipements, les communications, les récits de combats, les progrès techniques, etc. Tout y passe, de manière sobre et claire. C'est un sans fautes.
Le récit est partial, on ne peut le nier, et c'est à travers le prisme de Venner que nous découvrons l'époque et les hommes. On reconnaît ici une œuvre très personnelle. L'auteur a de toute évidence mis beaucoup de cœur et de travail à l'ouvrage. Le rédacteur met en scène avec brio les efforts désespérés de ce « petit peuple » du Sud luttant pour ses libertés et sa souveraineté.
Il y a beaucoup à dire sur ce conflit. C'est une guerre profondément américaine de par ses causes et ses conséquences. S'intéresser à la « Civil War » c'est plonger au cœur de l'Amérique, de ses origines jusqu'à aujourd'hui. Avec la Crimée (1853-1856), la guerre de 1870, la guerre russo-japonaise (1904-1905) et la guerre des Boers (1899-1902), la « Civil War » laisse entrevoir les futurs horreurs de la guerre industrielle. La guerre de Sécession est, d'un point de vue militaire, l'annonce de la Grande Guerre.
Jacques Thomas / C.N.C.
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/
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L’unité normande (Franck Buleux)
Franck Buleux, chargé de cours dans l’enseignement supérieur, est passionné par l’histoire de la Normandie.
Le territoire normand a été, globalement, fixé en 911. Certains territoires, situés à l’ouest, ont fait l’objet de rattachement, notamment en 933, mais nul ne remet en cause cette réalité : la province normande est la seule réalité territoriale française qui existe, comme représentation historique, depuis plus d’un millénaire. L’élément fondateur retenu est le traité formé entre le roi de France Charles III le Simple et le chef Viking Rollon.
L’ethnos normand semble fondé essentiellement sur la formation ducale de la Normandie, elle-même fixée au traité fondateur de Saint-Clair-sur-Epte en 911, événement historique issu d’une invasion de guerriers scandinaves, les Vikings, désignés traditionnellement comme des Northmen (hommes du Nord).
Mais la départementalisation née de la Révolution française et la mise en place de circonscriptions régionales sous la IVème République, maintenues par la réforme régionale décentralisatrice instituée sous la Vème République, ont morcelé la Normandie en cinq départements et deux régions.
Cet essai montre que l’unité historique, fondatrice de l’entité et de l’identité normande, ne peut se placer dans une perspective dynamique que dans sa permanence, qui ne peut s’exprimer hors d’une volonté politique. Franck Buleux essaie de tracer un continuum entre la mémoire, illustrant l’héritage de l’histoire, et le devenir, symbolisant la volonté politique d’une communauté humaine vivant ensemble.
Le patriotisme culturel normand, mélange de mythe viking et de l’exaltation de « la race normande », a conduit à une représentation métapolitique de l’identité normande. La naissance d’un mouvement régionaliste normand a suivi et l’auteur en examine toute l’évolution au sein de la vie politique normande.
L’unité normande, Franck Buleux, éditions L’Harmattan, 255 pages, 26,50 euros
A commander en ligne sur le site de l’éditeur
http://www.medias-presse.info/lunite-normande-franck-buleux/47564
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DRDA : Il était une fois les Tuileries
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Robert Ménard donne une leçon aux professeurs d'histoire
29 professeurs d'histoire ont écrit une lettre à Robert Ménard, publiée dans Le Midi Libre le 15 janvier. Le maire de Béziers répond:
"Ainsi donc, ces enseignants du lycée Jean-Moulin m'accusent "d'instrumentaliser" et de "retricoter" l'Histoire dans un but "polémique". Sans qu'ils s'en rendent compte sans doute, ils révèlent ainsi la nature profonde de leur structure intellectuelle : le refus du débat, le refus de la confrontation des idées. Ils y ajoutent le procès en légitimité, propre à la pensée de gauche, qui exclut l'Autre à partir du moment où celui-ci ose penser l'Histoire différemment, ose envisager son enseignement autrement qu'il est pratiqué depuis mai 68. Quand ces enseignants écrivent, "nous sommes attachés à la rigueur de la démarche historique", on a envie de rire tant leur courrier témoigne presque à chaque ligne du contraire. Un courrier que l'on peut résumer en quelques points.
Premier point : la guerre d'Algérie. Ces enseignants me reprochent d'avoir débaptisé la rue du 19 mars 1962. Pour eux, c'est "rouvrir les plaies" et "réhabiliter l'OAS". On croirait lire un tract du Parti communiste ! Or, d'un point de vue historique, de quoi s'agit-il ? Peut-on dire que la guerre d'Algérie a pris fin avec la signature des accords d'Évian du 19 mars 1962 ? Oui, affirment ces enseignants. Oui, affirment les anciens porteurs de valises. Non, disait François Mitterrand. Non, pensent les milliers de familles dont les membres ont péri après le 19 mars. Il peut donc y avoir débat. Ce n'est pas une question de querelles de "mémoire". Ce débat, ces enseignants l'esquivent. Ils ne sont pas "attachés à la rigueur de la démarche historique", ils font de la politique.
Deuxième point : il m'est reproché un tweet dans lequel j'invitais à lire un numéro du Figaro Histoire "Quand les barbares envahissaient l'Empire romain". Selon ces enseignants, il s'agirait d'une allusion implicite aux migrants. En quelque sorte, on m'accuse d'une arrière-pensée. Procédé stalinien s'il en est ! Or, il s'agissait simplement d'attirer l'attention sur un numéro du Figaro Histoire. Mais peut-être est-il interdit de citer Le Figaro ?On est loin de "la rigueur de la démarche historique". Et plus près de la politique.
Troisième point : si j'en crois ces professeurs, je ne devrais plus évoquer les combattants de 14-18 dans mes discours. Il m'est reproché de m'être interrogé ainsi à leur sujet : que diraient-ils "en voyant certaines rues de nos communes où le Français doit baisser la tête ?" Au nom de quelle "démarche historique" ces enseignants prétendent m'interdire de faire un rapprochement entre 1914 et 2016 ? Oui, les Poilus biterrois de 14-18 qui sont morts pour la France, pour qu'elle ne soit pas allemande, que penseraient-ils de notre Béziers de 2016 ? Poser cette question n'est ni ridicule ni déplacé car elle s'adresse, au fond, non pas aux Poilus, mais à nous, à nos consciences. À quoi bon se gargariser de la gloire de nos ancêtres, si nous acceptons ce qu'ils ont refusé au prix de leur vie ? Ces enseignants de Jean Moulin peuvent ne pas être d'accord. Mais la querelle qu'ils me font n'est pas historique ou scientifique, elle est politique.
Quatrième point : il m'est reproché implicitement d'avoir installé une crèche en mairie. Pour ces professeurs, c'est mal car cela "ne s'inscrit pas dans la tradition laïque garante de cohésion sociale et protectrice des libertés". Quel laïus pour dire : nous ne sommes pas d'accord. Soit ! Mais la justice a tranché. La crèche dans la mairie ne viole pas la laïcité. Le christianisme est un élément culturel constituant de l'identité française. Il est possible que cela chagrine ces professeurs, il est possible qu'ils préfèrent n'en souffler mot dans leur enseignement sinon pour le minorer. Cependant, quand ils écrivent qu'ils sont attachés à leurs obligations de "réserve et de neutralité", ils se moquent du monde. Envoyer à la presse une lettre ouverte au maire de la ville et la signer explicitement en tant qu'enseignants du lycée Jean-Moulin, qu'est-ce sinon entrer dans le débat public, sinon faire de la politique, et donc violer le devoir de "réserve et de neutralité" dont ils se réclament ?
Cinquième point : Jean Moulin. Deux choses à ce sujet. D'abord, Jean Moulin, comme le général de Gaulle, a combattu avec des hommes venant de tous les horizons. Le secrétaire de Jean Moulin venait de l'Action française. Autour de De Gaulle, on retrouvait des gens venus de la droite la plus dure, qui feraient passer Marine Le Pen pour une centriste. Pour eux, seules comptaient la libération de la France, sa souveraineté. Jean Moulin n'était pas le "visage de la France républicaine", comme l'écrivent les enseignants, il était le visage de la France. Il n'est pas mort pour un concept politique, il est mort pour une réalité charnelle, pour un peuple. En 1940, les nationalistes français ont répondu présents en masse à Londres alors qu'une partie de la gauche a voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Alors à qui appartient Jean Moulin ? D'abord et avant tout à l'histoire de France. Il est le symbole d'un Français qui meurt pour que son pays ne soit pas occupé par une armée étrangère. À qui ne peut pas appartenir Jean Moulin ? À ceux qui vendent notre pays, à ceux qui le pillent. Comme à ceux qui trouvent des excuses aux pillards et aux vendus. L'autre point important sur Jean Moulin est plus factuel. La Ville va créer un musée historique qui lui sera entièrement consacré. Alors que son appartement natal était dans un état déplorable, il va être restauré. Et quel est le premier mouvement de ces enseignants de Jean Moulin ? Se réjouir ? Non ! C'est de faire un procès moral, un procès historique, un procès politique à la mairie ! Pour conclure, je crois que ces enseignants de Jean-Moulin auraient mieux fait de ne pas signer ce texte, rédigé par un ou deux d'entre eux. Je pense qu'ils n'ont pas mesuré son caractère politique. Pour ma part, je forme le vœu qu'ils transmettent à leurs élèves l'amour de la France, une France qui n'a commencé ni en 1968, ni en 1789.Qu'ils forment des citoyens, des citoyens fiers de leur pays, fiers de leur identité."
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Sol Invictus et le monothéisme solaire
Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com
Racines
Dans la tradition égyptienne ancienne, le dieu le plus important du panthéon était le Soleil, qui était honoré sous différents noms selon les cités, mais qui portait dans toute l’Egypte le nom de Rê. En tant qu’Atoum-Rê, il apparaissait comme le dieu créateur du monde et sous les traits d’Amon-Rê comme un dieu souverain. Rê était également appelé Horus (Heru), sous la forme d’Horus l’ancien comme sous celle du fils d’Osiris et d’Isis. Le dieu Horus, son avatar sur la terre, aurait même guidé le peuple égyptien, à l’époque où ses ancêtres venaient d’Afrique du nord, sur cette nouvelle terre noire (Kemet) qui finit par porter son nom.
C’est la barque de Rê qui garantissait chaque jour l’ordre cosmique contre les forces de destruction et de chaos incarnées par le serpent Apep (« Apophis »). A sa proue, le dieu orageux Set combattait le dit serpent, avant que la tradition populaire tardive ne finisse par le confondre avec lui et n’en fasse plus que le meurtrier d’Osiris.
L’importance du culte solaire fut telle que le roi Amenhotep IV, plus connu sous celui d’Akhenaton, en fit son culte unique et fut le premier à créer un monothéisme solaire lié à sa personne, honorant le disque solaire divinisé (Aton). Les seuls prêtres et intercesseurs d’Aton vis-à-vis des hommes étaient le pharaon lui-même et son épouse Nefertiti. Son culte s’effondra à sa mort et les prêtres d’Amon veillèrent à ce que son nom disparaisse des inscriptions.
Mais en revanche dans la tradition indo-européenne, dont Grecs et Romains (notamment) seront les héritiers, le dieu du soleil est un dieu parmi d’autres et jamais le premier. Aux temps de l’indo-européanité indivise, ce dieu se nommait *Sawelyos et monté sur un char tiré par des chevaux blancs, il tournait autour de l’astre portant son nom. Le dieu suprême était son père *Dyeus, le dieu du ciel et de la lumière. Parmi les fils de *Dyeus qu’on nommait les *Deywôs (les « dieux »), trois étaient liés au feu, en conformité avec le schéma dumézilien des trois fonctions et sa version cosmique analysée par Haudry. Il y avait en effet le feu céleste (Soleil), le feu du ciel intermédiaire (Foudre) et le feu terrestre (Feu). De tous les fils de *Dyeus, le plus important était celui de l’orage et de la guerre (*Maworts), qui parfois devint le dieu suprême chez certains peuples indo-européens (chez les Celtes avec Taranis, chez les Slaves avec Perun, chez les Indiens avec Indra). Le dieu du soleil était davantage lié aux propriétés associées à l’astre, donc apparaissait comme un dieu de la beauté et aussi de la médecine. Ce n’était pas un dieu guerrier.
A Rome même, le dieu Sol surnommé Indiges (« Indigène ») était une divinité mineure du panthéon latin. Il était né le 25 décembre, à proximité du solstice d’hiver. Dans ce rôle solaire, il était concurrencé par le dieu de l’impulsion solaire, Saturne, dont le nom est à rapprocher du dieu indien Savitar, avant d’être abusivement associé au Cronos grec.
En Grèce enfin, selon un processus complexe, les divinités du soleil, de la lune et de l’aurore se sont multipliées. L’Aurore était donc à la fois Eôs, l’Aurore personnifiée, mais aussi Athéna dans son rôle de déesse de l’intelligence guerrière et Aphrodite dans celui de déesse de l’amour. Et en ce qui concerne le Soleil, il était à la fois Hêlios, le fils d’Hypérion (qui n’était autre que lui-même), et Apollon, le dieu de la lumière, des arts et de la médecine. Cette confusion entre ces deux dieux fut constamment maintenue durant toute l’antiquité.
Evolution.
IIIème siècle après J.C. L’empire romain est en crise. A l’est, les Sassanides, une Perse en pleine renaissance qui rêve de reconstituer l’empire de Darius. Au nord, les peuples européens « barbares » poussés à l’arrière par des vagues asiatiques et qui rêvent d’une place au soleil italique et/ou balkanique.
Le principat, qui respectait encore les apparences de la république, tout en ayant tous les traits d’un despotisme éclairé, a explosé. Place au dominat. Victoire de la conception orientale du pouvoir sur la vision démocratique indo-européenne des temps anciens. L’empereur n’est plus un héros en devenir (divus) mais un dieu incarné (deus). Il est le médiateur de la puissance céleste et des hommes, à la fois roi de fait et grand pontife. Le polythéisme romain était pleinement compatible avec une conception républicaine du monde, comme l’a montré Louis Ménard. Empereur unique, dieu unique.
Si le christianisme comme religion du pouvoir d’un seul était encore trop marginal pour devenir la religion de l’empereur, un monothéisme universaliste s’imposait naturellement dans les têtes. Quoi de plus logique que de représenter l’Un Incréé de Plotin par le dieu du soleil, un dieu présent dans l’ensemble du bassin méditerranéen et donc apte à unir sous sa bannière des peuples si différents. Mondialisme avant la lettre. Cosmopolitisme d’Alexandre. Revanche des Graeculi sur les vrais Romani, d’Antoine sur Octavien.
C’est ainsi que naquit un monothéisme solaire autour du nom de Sol Invictus, le « Soleil Invaincu » et/ou le « Soleil invincible ». Le dieu syrien El Gabal, les dieux solaires égyptiens et l’iranien Mithra, enfin le pâle Sol Indiges, le froid Belenos et Apollon en un seul. Le monothéisme solaire d’Elagabale, mort pour avoir eu raison trop tôt, de Sévère Alexandre, qui ouvrit même son panthéon à Jésus, puis d’Aurélien, s’imposa. Certes Sol n’était pas l’unique « deus invictus ». Jupiter et Mars furent aussi qualifiés de tels, et il est vrai que de tous les dieux romains, Mars était le seul légitime en tant que déité de la guerre à pouvoir porter ce nom.En réalité, « Sol Invictus » fut l’innovation qui facilita considérablement au final la victoire du christianisme. Constantin, qui était un dévot de ce dieu, accepta de considérer Jésus Christ, que des auteurs chrétiens habiles désignèrent comme un « soleil de justice » (sol iustitiae) comme une autre expression de ce même dieu. Le monothéisme « païen » et solaire de Constantin, épuré de tout polythéisme, comme sous Akhenaton, et le monothéisme chrétien fusionnèrent donc naturellement. Le jour du soleil fut dédié à Jésus, tout comme celui-ci désormais fut natif du 25 décembre. Jésus se vit représenté sous les traits d’un nouvel Apollon, aux cheveux blonds, à la fois Dieu incarné et homme sacrifié pour le salut de tous.
Au lieu de s’appuyer sur le polythéisme de leurs ancêtres, les empereurs romains, qui étaient tous des despotes orientaux, à l’instar d’un Dioclétien qui exigeait qu’on s’agenouille devant lui, à l’instar d’un shah iranien, voulurent faire du christianisme contre le christianisme. Dioclétien élabora une théologie complexe autour de Jupiter et d’Hercule. Le héros à la massue devint une sorte de Christ païen, de médiateur, qui s’était sacrifié sur le mont Oeta après avoir vaincu les monstres qui terrifiaient l’humanité et avait ainsi accédé à l’immortalité.
Et l’empereur Julien lui-même se fit un dévot du Soleil Invincible, sans se rendre compte un instant qu’il faisait alors le plus beau compliment au monothéisme oriental qu’il pensait combattre. Il osa dans ses écrits attribuer la naissance de Rome non au dieu Mars mais à Hélios apparu dans un rôle fonctionnel guerrier. Le monothéisme solaire a pourtant permis au christianisme de s’imposer, à partir du moment où l’empereur a compris que l’antique polythéisme était un obstacle moral à l’autocratie. Constantin alla simplement plus loin qu’Aurélien dans sa volonté d’unir religieusement l’empire. Jesus Invictus devint le dieu de l’empire romain.
Le monothéisme autour de Sol Invictus, loin d’être la manifestation d’une résistance païenne, était au contraire la preuve de la victoire des valeurs orientales sur une Rome ayant trop négligé son héritage indo-européen en raison d’un universalisme suicidaire. Cela nous rappelle étrangement la situation de l’Europe contemporaine.Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
Note: Mithra à l’origine n’est pas un dieu solaire. C’était la fonction de l’ange « adorable » zoroastrien Hvar (Khorsid en moyen-perse). Il incarnait au contraire le dieu des contrats, de la parole donnée et de la vérité, à l’instar du Mitra indien. Par la suite, il récupéra des fonctions guerrières aux dépens d’Indra désormais satanisé (mais réapparu sous les traits de l’ange de la victoire, Verethragna). Enfin il finit par incarner le Soleil en tant qu’astre de justice. Le Mithras « irano-romain », évolution syncrétique ultérieure, conserva les traits solaires du Mithra iranien tardif. Il fut également associé au tétrascèle solaire (qualifiée de roue de Mithra, Garduneh-e Mehr, ou de roue du Soleil, Garduneh-e Khorsid) qui fut repris dans l’imagerie christique avant d’être utilisé deux millénaires plus tard par un régime totalitaire. -
La fabrication du consentement
Le piratage d'un sujet aux fins d'obtenir son consentement peut aussi s'appuyer sur une régression mentale provoquée. Cette technique suppose, dans un premier temps, de ne s'adresser qu'aux émotions et à l'affectivité. Noam Chomsky et Edward Herman ont rendu célèbre l'expression de fabrication du consentement(ou encore fabrique de l'opinion), mais c'est Edward Bernays (1891-1955) qui l'a inventée. Neveu de Freud, grand lecteur de Gustave Le Bon et de sa Psychologie des foules, l'homme incarne à lui tout seul les transferts de compétence entre marketing et politique, et l'effacement de la limite entre les deux. C'est sous son impulsion que la politique a commencé de prendre comme modèle l'analyse desfeed-back des comportements de consommation, dans les grandes surfaces, les banques, les assurances, les services personnalisés, ainsi que la mise en oeuvre de solutions qui en optimisent la gestion : analyse de marché, segmentation du public, définition d'un coeur de cible, création artificielle de nouveaux besoins, etc. Fondateur de la propagande moderne, qu'il prit soin de rebaptiser "conseil en relations publiques" pour en améliorer l'image, Bernays a non seulement inventé diverses techniques publicitaires, mais il a encore orchestré des campagnes de déstabilisation de gouvernements latino-américains pour la CIA.Ce qui distingue les régimes démocratiques des dictatures n'est alors plus qu'une simple question de méthode, plus subtile en démocratie car parvenant à façonner l'opinion du peuple sans même qu'il ne s'en rende compte. Comme Bernays le dit lui-même dans son ouvrage princeps de 1928, intitulé Propaganda, "la manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays (...) Les techniques servant à enrégimenter l'opinion ont été inventées puis développées au fur et à mesure que la civilisation gagnait en complexité et que la nécessité du gouvernement invisible devenait de plus en plus évidente. (...) Et si, selon la formule consacrée, tel candidat à la présidentielle a été 'désigné' pour répondre à 'une immense attente populaire', nul n'ignore qu'en réalité son nom a été choisi par une dizaine de messieurs réunis en petit comité."Comment faire accomplir quelque chose à quelqu'un en lui donnant le sentiment que c'est lui qui a choisi librement de le faire ? Comment réussir à ce que la transgression de l'intégrité mentale des masses populaires reste inaperçue ? Comment faire en sorte que le pilotage des masses présente toutes les apparences de la démocratie et du respect de la souveraineté populaire ? Bref, comment violer quelqu'un sans qu'il ne s'en aperçoive ? Telles sont les questions de hacking social que se posent les élites dirigeantes. La journaliste au PointSylvie Pierre-Brossolette déclarait le 16 janvier 2008 sur France Info à propos de l'Union européenne : "Est-ce qu'il ne faut pas violer des fois les peuples un tout petit peu pour leur bien ? On le fait pour d'autres questions. La peine de mort, on l'a votée dans le dos des gens, ils n'en voulaient pas. L'Europe, c'est un peu pareil." Quelques mois plus tard, dans l'émission Bibliothèque Médicis du 27 novembre 2008, Alain Minc tenait des propos semblables sur la chaîne de télévision Public Sénat. Ces appels répétés au "viol des peuples", Serge Tchakhotine en décrivait les formes dès 1939 dans son célèbre ouvrage, Le viol des foules par la propagande politique. Le viol est toujours celui de l'intelligence critique et rationnelle, au bénéfice des émotions et des affects primaires. Tchakhotine distinguait quatre impulsions primaires sur lesquelles surfe la manipulation : l'agressivité, l'intérêt matériel immédiat, l'attirance sexuelle au sens large, la recherche de la sécurité et de la norme. La manipulation la plus efficace sera celle qui instrumentalisera au mieux ces impulsions primaires en en promettant la satisfaction la plus pleine et rapide. Ces quatre impulsions peuvent se ramener en définitive à deux affects primordiaux : le sexe et la peur. L'utilisation adroite de ces deux affects, le jeu alternatif sur la carotte et le bâton, la séduction et l'angoisse, permet de mener un groupe par le bout du nez, de piloter son changement avec son consentement, donc de lui rendre imperceptible le viol de sa propre souveraineté mentale et politique.Le jeu sur ces deux affects peut, à son tour, se résumer à une seule motion psychique, de type fantasmatique et régressif. En effet, les techniques d'influence pour rendre désirable quelque chose, pour rendre "sexy et glamour" n'importe quoi, sont celles de la communication publicitaire ; or, toutes les mises en scène de communication, de marketing et de séduction publicitaire ne sont que les déclinaisons à l'infini d'une seule et même notion mentale originelle, qu'en termes psychanalytiques on appellerait la "structure élémentaire du fantasme", à savoir le désir de fusion de soi et d'autrui dans une unité indistincte abolissant la contradiction, ou en d'autres termes, le fantasme de retour dans le ventre maternel. Également dénommé "sentiment océanique", il s'agit du fantasme primordial de régression préoedipienne sur lequel s'étayent tous les autres fantasmes qu'une vie humaine peut connaître. Le champ fantasmatique étant un puissant moteur de l'action, qui parvient le mieux à flatter les tendances régressives de l'humain en lui promettant le retour dans l'utérus, emporte généralement l'adhésion du groupe. La culture de l'involution vers des stades archaïques du psychisme, avec en perspective le retour à l'état fœtal, se présente ainsi comme le fil conducteur de toute l'ingénierie psycho-politique mondialisée.
Gouverner par le chaos -
La nationalité en éternel débat
Déchoir des Français de naissance de leur nationalité : telle est la mesure la plus controversée du projet de révision de la Constitution présenté par le gouvernement.
Article publié dans L’Action Française 2000
Tandis que l’exécutif socialiste est accusé d’empiéter sur les plates-bandes du Front national, l’opposition peine à faire entendre sa voix. Ainsi Nathalie Kosciusko-Morizet s’essaie-t-elle à défendre « la cohésion nationale » : « la France se divise sur la déchéance de nationalité », regrette-t-elle sur son blog. 85 % de nos compatriotes seraient pourtant favorables à la révision de la Constitution proposée par le gouvernement, selon un sondage Opinionway pour Le Figaro... Aussi cette question agite-t-elle surtout le pays légal ! L’enjeu apparaît d’autant plus symbolique que bien des dispositions permettent d’ores et déjà de déchoir un Français de sa nationalité.
Nationalité mal acquise
Hervé Mariton, quant à lui, appelle à débattre non pas de la déchéance, mais des conditions d’attribution de la nationalité. Selon lui, « le principe directeur doit être le droit du sang, naturellement enrichi par la vie » – autrement dit, par « la naturalisation ». « Aussi horribles que soient les actes commis par les enfants de France, je souhaite une nationalité qui soit irréfragable, irréversible », a-t-il expliqué au micro de France Inter. « Je souhaite que cette nationalité ne soit pas supposée mal acquise, qu’elle ne soit pas fragile pour les uns, moins fragile pour d’autres », a-t-il poursuivi.
Implicitement, le député de la Drôme semble récuser toute conception contractualiste de la nation. Une conception que nourrit, à certains égards, le projet de loi présenté par le gouvernement. Cela n’a pas échappé à Manuel Valls : accusé de trahir la gauche, le Premier ministre prétend au contraire la servir en défendant une « conception historique ouverte de la nation française, fondée sur l’adhésion à l’idéal républicain et sur la volonté commune de vivre-ensemble ». À l’inverse, s’exprimant sur Facebook, il a rejeté l’idée de « fonder la nationalité [...] sur ce qui par nature ne peut jamais être révoqué ». [....]
La suite sur le Journal d’un eurosceptique désabusé
http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-nationalite-en-eternel-debat
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Jean Claude Michéa Le socialisme des origines ; gauche,dro