Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1223

  • Les animaux sacrés et leur nom tabou chez les Indo-Européens

    Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

    Les Indo-Européens associaient généralement les grands prédateurs, qu’ils admiraient, à leur dieu de la guerre (*Maworts). Deux espèces parmi toutes étaient particulièrement honorées, à savoir l’ours (*ərktos) et le loup (*wlkwos), reconnus pour leur esprit combatif. Les guerriers sacrés du monde germanique se partageaient d’ailleurs entre les Berserkir (guerriers-ours) et les Ulfhednar (guerriers-loups).

    Ces animaux étant admirés et en même temps pour les mêmes raisons très craints, les peuples indo-européens connurent une étrange pratique, à savoir tabouiser le nom originel de l’animal, de peur que de l’appeler par son nom véritable ne l’attire. C’est notamment le cas de l’ours.

    Son nom indo-européen *ərktos a été conservé au sein de peuples qui n’étaient pas amenés à le côtoyer régulièrement. C’est ainsi que les Grecs continuèrent de l’appeler αρκτος, même si en grec moderne son nom devint féminin (αρκουδα), de même que les Latins l’appelèrent ursus et les anciens Indiens ṛksas (et aussi arménien arj, vieux-perse arša, farsi xers). Plus surprenant encore, les Basques s’approprièrent le nom indo-européen de cet animal sans doute de bonne heure en le nommant hartz.

    Le monde celte pour qui l’ours symbolisait la royauté conserva également son nom, en gaulois *artos, en gallois moderne arth, en breton arzh. Le roi Arthur était ainsi un grand roi (ardri) ours alors que Merlin l’enchanteur apparaissait dans le rôle du druide suprême (ardrui).

    Mais progressivement le nom de l’animal devint un secret. Ainsi les Ecossais l’appelèrent math « le bon » pour atténuer son légendaire courroux, et les Irlandais modernes le nomment en gaélique béar, qui n’est autre qu’un emprunt à l’anglais bear.

    Ce dernier terme est un emprunt aux langues germaniques (anglais bear, allemand Bär, suédois björn) et signifie « le brun ». Les peuples germano-scandinaves en effet craignaient davantage le loup, tout comme en général les peuples du nord, à l’exception des Celtes. En le surnommant par sa couleur, les Germains évitaient ainsi sa rencontre. Ce raisonnement fut exactement le même dans le monde slave, où l’ours devient le « mangeur de miel » (russe медведь), et dans le monde balte où il fut appelé locys en lituanien (lācis en letton), « le lècheur ».

    Alors que les Celtes ne semblaient donc pas craindre l’ours, il en fut différemment du loup, plutôt associé au monde des morts. C’est lui qu’ils choisirent de tabouiser. Si le nom gaulois originel du loup fut sans doute *volcos, très vite ce dernier terme fut remplacé par bledos, « le gris ». C’est ainsi qu’en breton le loup est bleiz (cornique bleydh, gallois blaidd, gaélique faol).

    Les autres peuples indo-européens en revanche conservèrent tous son nom traditionnel *wlkwos (grec λυκος, latin lupus, scandinave ulfr, sanscrit vṛkas, russe волк, lituanien vilkas, arménien gayl).

    Le « brun » et le « gris », associés pourtant défavorablement par exemple dans le Roman de Renart, étaient donc des animaux consacrés à la royauté et à la guerre chez les Indo-Européens. Le Mars romain, dieu des loups, rappelle que les anciennes confréries guerrières (Männerbund) aimaient se comparer à une meute. Le loup, tout comme l’ours, est également un animal-guide. C’est un loup d’acier (gelezinis vilkas) qui guida le roi lituanien Gediminas vers la colline où il devait construire Vilnius, sa future capitale. Quant au mythe de Romulus et Rémus nourris par une louve, cela rappelle l’enfant-loup de la tradition indienne (« Mowgli »).

    Songeons aussi à la déesse-ourse, divinité vierge gardienne des forêts et chasseresse, l'Artio celte mais aussi l'Ar(c)témis grecque. Les jeunes filles se déguisaient en ourses au moment du passage à l'adolescence dans la Grèce classique.

    Enfin, ce mythe selon lequel Arthur reviendrait d’Avallon ramener la paix sur la Bretagne est évidemment une comparaison avec l’ours qui hiberne dans sa grotte. C’est le thème du « retour du roi » qu’on retrouve aussi dans le monde germanique associé à l’empereur Frédéric.

    Thomas FERRIER (Le Parti des Européens/LBTF)

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • De la Fondation de Rome et de la Fonction Tripartite – Ier Partie

    Par la présente recherche nous allons tenter de découvrir le système qui engendre le mythe gémellaire et fondateur de la société traditionnelle. Tout d’abord, nous retrouvons comme dans l’univers sacré de la religion scandinave, le mythe récurrent des jumeaux. En effet, à la création du monde le dieu Odinn doit tuer le géant primitif Ymir afin de créer et d’organiser l’Univers en le démembrement et en le réorganisant[1]. Or Ymir veut dire jumeaux. Par ailleurs, dans “Germania”, Tacite révèle un dieu nomméTuisto[2] (double). Nous le retrouvons un peu plus loin sous le nom d’un autre couple de jumeaux nommés les Alcis qui, à bien des égards, pourraient se rapprocher de Castor et Pollux, les dioscures. Le mythe de jumeaux semble être apparenté à l’ossature même de la Création, dans la fondation et le développement de l’organisation de la société humaine[3]. Ce qui permet de structurer le Monde en lui donnant une forme. Il y a le potentiel, donc il n’y a plus qu’à le composer et le développer dans une architecture sacrée et le système de tripartition que nous révèle Georges Dumézil. Il s’agit en fait de qualifier et de donner une forme à un peuple dans un espace déterminé, un espace providence qui va devenir, par le jeu de la filiation Divin-Humain, une réalité patente et exploitable par la loi de la généalogique. Les Rois sont d’Essence Divine et sont la représentation du supra-pouvoir de la divinité sur Terre.

    Bref rappel. De la digne descendance d’Énée de la divine lignée de Zeus par Vénus, fils de la vestale Rhéa Sylvia[4] et de Mars, n’acquirent les célèbres Jumeaux Romulus et Rémus. Telle la légende de la naissance de Moïse, ils échappèrent à une mort certaine, cachés dans un panier d’osier porté par les eaux tumultueuses d’une rivière en crue. Une louve bienveillante les sauva et les allaita comme sa propre et légitime portée… Plus tard, recueillis, adoptés et élevés par le berger Faustilus, ils grandirent, combattirent et créèrent leur propre mythe dans le sang glorieux des vaincus. Bientôt ils voulurent bâtir une ville, mais n’étant pas d’accord sur l’emplacement idéal de la future cité, ils s’en remirent aux augures. Et afin de choisir au mieux l’espace providentiel les jumeaux portèrent chacun leur dévolu sur une colline différente. Alors que Rémus convoite le mont Aventin, Romulus porte son choix sur le Palatin. Les fondations de la ville seront délimitées lorsque les présages auront décidé et choisi la colline par un signe pouvoir reconnu de tous deux. Hélas, Rémus ne vit que six vautours[5] alors que Romulus en décompta douze[6]. Ainsi, le choix définitif se porta sur le lieu qui avait autrefois béni leurs survies à l’ombre d’un figuier. Ce fût ainsi que s’érigea sur la colline la Rome Palatine.

    Le vainqueur décida alors de délimiter l’enceinte de la ville en traçant par l’araire tiré par deux bœufs les sillons d’un fossé protecteur. Ainsi, Rome naquit un 21 avril. De ce jour glorieux l’on fêta les Parilia en l’honneur de la déesse Palès patronne agraire des bergers et des troupeaux.

    La mort fratricide de Rémus laissa un goût amer à l’inconsolable Romulus. Malgré tout, le guerrier au javelot, prit le pouvoir du futur empire naissant. Il régna, dit-on, 33 ans[7], sept mois, sept jours.

    Ce mythe fondateur nous suggère que le monde doit être mis en ordre et que celui-ci étant en perpétuelle transformation est ni stable, ni cohérent. L’ordre fait loi. Sans combat il n’y a que chaos et désordre. L’acte du Dieu ou du Héros est de combattre, de vaincre, de bâtir, d’organiser et de mettre en ordre l’espace providentiel qui lui est alloué. Il se doit de le maintenir toujours sous cette forme spirituelle du pouvoir. C’est le combat perpétuel entre deux forces contradictoires à l’instar de Zeus combattant Typhon, l’image monstrueuse du Chaos Universel. L’une est obscure et bestiale l’autre est le principe fulgurant de la lumière et des “Puissances qui gouvernent”. Voilà pourquoi il est indispensable de comprendre l’expression symbolique des mythes fondateurs.

    Ceci va nous permettre quelques interrogations sur les éléments et les symboles qui déterminent la fonction providentielle de Romulus, les rites dédiés aux divinités, mais aussi les commémorations ponctuelles qui rythment la vie sociale de la Cité naissante.

    Ainsi que nous le savons les commémorations sont des fêtes rituelles et cycliques qui ponctuent le temps et l’espace tout au long de l’année. Précisément, certaines cérémonies démontrent une complémentarité agissante comme un écho diamétralement opposé sur le calendrier, tels que les deux solstices et les deux équinoxes. D’autres fêtes particulières répondent à une réalité communautaire et un besoin vital. Les superstitions sont attachées à la Nature dans sa fonction dispensatrice. Ces bienfaits tiennent du miracle permanent d’un Ciel divinisé pour sa bienveillance, et par les augures qui accompagnent le choix de l’espace où agira la Providence. La plénitude de jouissance pastorale et agricole ne peut s’exercer que par le devoir d’un peuple soumis à trois conditions : la protection d’un chef sous l’égide d’un dieu local d’un territoire choisi et délimité. Une société croit et prospère dans la sédentarisation afin d’y enfoncer profondément et durablement ses racines biologiques, ses rites et ses mœurs.

    L’action de l’homme est l’élément clef qui, en anoblissant le sol fertile, crée le lien essentiel entre le Ciel et la Terre. Il en va ainsi de Romulus, “le guerrier à la lance”[8] qui combat, choisit l’emplacement et la cultive. À la mort de Rémus, Romulus transcendé semble posséder les fonctions tripartites : sacerdotale, guerrière et agraire. En effet, Mars était le dieu suprême de cette époque. Le chef Romulus assiste les hommes en participant à leur destiné par la suprématie guerrière, la culture de la terre et l’élevage dans un espace délimité, cela fait de lui un véritable dieu vivant hypostase d’un Mars au pouvoir illimité. A lui seul, il détermine une trinité parfaite.

    Il y a dans cette image récurrente un certain rapport avec l’enlèvement des Sabines. Elles sont le ferment de la terre nourricière, l’assurance de la pérennité du lieu par la fertilisation de la tribu. Romulus ne fera qu’entretenir plus durablement un territoire devenu réellement providentiel.

    Cette alliance forcée contraint les Sabins et les Romains à un pacte de sang qui sera le ferment de la Nation.[9] Et qui n’est pas sans rappeler le pacte d’alliance qui unit les Ases et les Vanes de la mythologie scandinave.

    Après la guerre, en accord avec le Principe Divin qui offre le pouvoir régnant à l’élu, vient le temps de la troisième fonction. Celle du bâtisseur, du laboureur, et de l’éleveur.

    Le rôle d’un Mars agricole nous permet d’envisager Romulus dans des fonctions multiples, autre que celle reconnue de la guerre, telles que les phénomènes atmosphériques, les productions et reproductions, l’élevage et les travaux champêtres en rapport avec le calendrier, et naturellement, le choix du lieu de prédilection.

    Il est important maintenant de situer et de distinguer l’environnement du monde dans lequel une communauté d’hommes et de femmes va évoluer, se multiplier, se nourrir. La société a besoin de références et celles-ci, principalement se retrouvent dans le cycle annuel des saisons et de l’évolution de la terre nourricière.

    Le rôle d’un Mars agraire est indispensable au bon fonctionnement du rythme annuel de la vie. Le temps et l’espace sont ponctués. Il y a un moment pour chaque chose. L’hiver est le complément de l’été, le froid remplace le chaud. Il y a le temps du labour, celui de la semence et celui de la récolte. L’agriculture et l’élevage déterminent les moments forts de l’année. Ceux-ci sont marqués par des fêtes votives dédiées à la nature des éléments divinisés qui entretiennent les bons rapports entre le Ciel tant divin qu’atmosphérique, et la terre nourricière anoblie. Si certaines fêtes du calendrier augurent les bons auspices des beaux jours, les autres sont pour rappeler qu’il existe en permanence son contraire ou son complémentaire. Rien n’est gratuit. Chaque chose entraîne une conséquence. Ces causes à effets sont indispensables à l’équilibre et au bon fonctionnement de la vie. II en va de même pour les phénomènes météorologiques. Si le soleil est indispensable, la lune l’est tout autant. Si le soleil réchauffe, il peut aussi dessécher et brûler la terre. Si la pluie nourrit les pâturages et les plantes, elle peut aussi les ravager par ses excès. L’avenir est toujours en suspend. C’est l’alternance qui rend la vie paisible et les sols fertiles, riches et abondants, en justes proportions du ni trop, ni trop peu. Telle est la nature maîtrisée en partie par les hommes et par les dieux.

    À l’hiver s’oppose l’été, à l’équinoxe de printemps celui de l’automne. La vie s’oppose à la mort, à la porte des hommes s’oppose celle des dieux, à la jeunesse s’oppose la vieillesse, à la victoire la défaite, au numen le fatum, etc. Dans tout cela c’est la main de l’homme qui doit compenser les excès dans la recherche permanente d’un juste équilibre des forces en présence sous les meilleurs auspices du ou des dieux et de leurs représentants royaux et princiers, dans le royaume ou la Cité.

    Il est bien de rappeler d’autres exemples propices à la bénédiction des dieux. Tout jugement vient de l’observation. Les variations des cycles plus courts viennent compléter ce tableau pastoral qui s’harmonise avec l’activité du Ciel et les répercutions sur terre.

    Ainsi, le mois lunaire passe par ses deux phases, croissance et décroissance, montante et descendante, pleine et nouvelle Lune. Deux temps marqués pour une chose en constante évolution qui détermine le rythme biologique des humains, des plantes et des animaux. Il en va de même pour le cycle maritime, des marées hautes et basses, variant avec les lunaisons sur des cycles de 28 jours[10]… Il en va naturellement de même dans la course du Soleil, de l’aube à la croissance au zénith[11] et de la décroissance du jour laissant sa place au crépuscule et à la nuit. Mais aussi lors de son long cycle l’annuel, des heures changeantes de son levé et de son couché sans oublier le déplacement cyclique sur la ligne d’horizon[12]. D’autant que si le Soleil trouve son altère ego dans la Lune, la planète Vénus, nommée aussi l’“Étoile du Berger”, est le luminaire complément de l’astre diurne, tel un Rémus assistant Romulus. D’ailleurs, Vénus est la bonne étoile des pâtres, protectrice et bienveillante. Elle est la première levée à l’Ouest du firmament. Elle étincelle de ses mille feux, car c’est le troisième astre le plus brillant du ciel après le Soleil et la Lune. Elle veille nos nuits et est toujours la dernière à s’éteindre à l’Est dans le jour naissant. Ainsi, elle va à la rencontre majestueuse d’un soleil levant.

    De fait, tout sur Terre trouve son écho, son complément ou son contraire, tel le jour et la nuit. Ce ballet céleste alterne l’activité des hommes et participe à son épanouissement. Reproduction-naissance, ovulation-menstrue, travail-repos, activité-sommeil, vie-mort, mâle-femelle, fort-faible, lumineux-sombre, feu-eau, terre-air, hiver-été, printemps-automne, soleil-pluie, chaud-froid, etc. L’alternance marque une complémentarité indispensable à l’équilibre du Monde et nous le devons au combat magistral du père des dieux et à sa victoire sur les Titans. Le devoir de l’homme est d’entretenir ce que les dieux nous ont confié. Voilà la véritable écologie !

    Mais revenons à nos Jumeaux, ou plus précisément à Romulus. Comme nous le disions plus haut, si le nombre d’années de règne varie selon les auteurs de l’époque[13], la date de la fin est précise. Elle nous rappelle que le septième jour du septième mois de l’année Rome fêtait les Caprotines.

    Rome aime remercier les bienfaits du Ciel, de la Terre, les dieux et les astres, la nature et la production. La Cité sait se protéger contre l’adversité. Par conséquent, chaque jour est fêté comme une bénédiction divine. Toute fête trouve son complément ou son contraire dans le calendrier romain[14]. Ainsi, les Caprotines trouvent leur écho six mois plus tard, le 13 janvier, sous l’appellation de Carmentalia[15]. Ces deux dates démontraient l’importance de la femme dans la Cité. C’était sa bienveillance et son intuition qui garantissaient la continuité de l’espèce dans la communauté… Ces deux fêtes avaient un étroit rapport avec le figuier. Cet arbre profondément ancré dans le sol, révèle un symbolisme vital. C’est l’abondance de fruits généreux mais aussi son aspect magique qui rappelle le mât chamanique. Il est le symbole de l’axe du monde situé entre Ciel et Terre, et donc de l’immortalité. Il est étroitement lié aux puissances actives de la vie, autant à la virilité qu’à la fertilité, tant à appareil reproducteur de l’homme que de celui de la femme. On rapprochera donc les aspects sexuels, verge et bourses, utérus et vagin mais aussi les appétits qui les accompagnent, la jouissance, la puissance, la fertilité, la gestation et la reproduction.

    Quant à l’histoire des “Caprotines”, elle révèle la victoire nocturne des nones sur une armée d’assiégeants assoupis dans leur camp retranché. L’une d’elles juchée en haut d’un figuier annoncera la victoire en portant un flambeau allumé, masqué aux yeux de l’armée défaite par une peau de chèvre[16]étendue sous son bras… Fête solaire aurorale, la victoire étant associée à l’aube naissant. Qui plus est, les Jumeaux sont nés sous le figuier du mont Palatin, et par conséquent, ils sont associés de facto à la victoire, à la lumière astrale et tout ce qui en découle… Ces complémentaires qui s’opposent sur le calendrier rythme le cycle éternel de la vie. Il en sera ainsi des festivités, tout au long de l’année, pour des causes aussi diverses que variées, afin d’harmoniser la vie.

    La fin obscure du règne de Romulus fut une tragédie vécue comme un cauchemar d’épouvante. Il s’évanouit aux yeux de tous lors d’un orage violent, chargé d’éclairs, de brouillard et d’averses, emporté dans un manteau de sombres nuages par un vent de tempête… Le premier roi de Rome disparut ainsi, mystérieusement ravit par les dieux lors d’un exceptionnel phénomène météorologique…

    Texte original de C.R. pour la Communauté National Social Radical.

    [1]Acte purement chamanique. Lire sur le sujet Mircea Eliade.

    [2]Tuisto, Tuisco ou encore Twisto. Traduit par Régis Boyer « double ».

    [3]La progression logarithmique : 1+1=2 , 1+2=3 , 2+3=5 , 3+5=8 , etc Vitruve, Léonard de Vinci…

    [4]. La très noble lignée des jumeaux remonte à Zeus-Jupiter mais aussi à Venus dont Rhéa Sylvia semble être une hypostase qui rappelle plusieurs éléments. Le nom de Rhéa est attaché à celui de la mère de Zeus, et donc au Principe Divin associé au feu du Ciel… Sa qualité de vestale, l’envoie au charge de déesse du foyer. Les Jumeaux sont les enfants de cette déesse vierge et Mars. Elle entretient le feu sacré des origines alors que Mars est à la fois dieu agraire et dieu viril des combats. L’une est un feu de paix, l’autre est un feu de guerre…

    [5]   Le vautour est associé au Dieu agricole Mars.

    [6] Ce nombre est celui de la fratrie des Arvales. 12 frères formant un corps de prêtres qui pratiquaient des sacrifices annuels en faveur Dea Dia déesse agraire du labour et protectrice des champs cultivés (arva). (fête de l’Ambarvaria le 19 avril.)

    [7]Certains auteurs parlent de 37 ans. le nombre de jours et de mois ne variant pas.

    [8] La lance est l’attribut aristocratique par excellence. Apollon, Lug, Cu’chulain, Odinn, Wodan, la lance de Longinus, mais aussi Pallas-Athéna, Minerve les Walkyries, etc. La lance est rattachée au symbole de l’axe du Monde, l’arme récurrente que l’on peut rapprocher du swastika. Le mot sabinquiris signifie lance.

    [9]   Georges Dumézil compare sous un certain aspect, le rapport des unions forcées et contre nature, après la guerre qui opposa les Ases et les Vanes de la mythologie nordique. En effet, il apparaît que la fonction nourricière, déterminée par les Vanes serait à l’égale des Sabins.

    [10]Nous verrons dans la deuxième partie de ce texte l’importance de ce discours sur ces non-révélations…

    [11]  Le midi étant un instant tout aussi particulier que le celui du solstice été dans l’idée du moment où l’astre rayonne dans sa plénitude.

    [12]   Voir, les explications du disque de Nebra, sur le déplacement du soleil à l’est et à l’ouest de 82° sur la ligne d’horizon, du nord au sud et du sud au nord, en fonction des saisons.

    [13]33 ans pour certains, 37 pour d’autres…

    [14]Tel il en sera sous le règne de Numa Pompilius, le digne successeur de Romulus.

    [15] Fête de Carmenta, nymphe prophétesse et des oracles telles les normes (carmen : chant magique). Les femmes romaines lui rendaient un culte en tant que déesse des bonnes naissances, autrement nommée Postverta. Elle aidait les femmes en couche.

    [16]Chèvre, cabri, Caprotines…

    https://nationalsocialradical.wordpress.com/2016/01/09/de-la-fondation-de-rome-et-de-la-fonction-tripartite-ier-partie/

  • De l’utilité des guerres

    Dr Bernard Plouvier

    L’histoire humaine (et animale) répond à trois grandes motivations, généralement associées : la géographie (soit des terrains estimés riches et intéressants à conquérir ou dont la possession offre un avantage stratégique défensif ou offensif), l’orgueil d’espèce, de race ou de nation (soit la jouissance issue de la domination), enfin la joie de nuire à autrui (ce que les Allemands nomment Schadenfreude et les Anglo-Saxons gloating).

    L’un des plus rudimentaires théoriciens de la polémologie (en plus d’être un écrivain ennuyeux) Carl von Clausewitz l’a écrit (in De la guerre, dont la 1ère publication date des années 1832-34) : une guerre peut être limitée dans son objectif si elle vise à obtenir un gain territorial ou un avantage commercial ; elle peut, au contraire, s’avérer illimitée dans ses moyens et sa durée si elle ambitionne l’anéantissement de l’ennemi. S’il ne fallait retenir qu’une idée (géniale) des livres de ce raseur, ce serait celle-là.

    « En régime de libéralisme, c’est le marché (économique) et non le contrat (politique) qui est le vrai régulateur de la société » a écrit Pierre Rosanvallon (in Le libéralisme économique. Histoire de l’idée de marché, Seuil, 1989). C’est une excellente définition du rapport de forces existant, d’abord en Europe et aux USA, puis un peu partout en pays industrialisés, des années 1830 à nos jours, sauf dans les régimes populistes et les ridicules expériences d’économie marxiste. La trinité dorée des financiers, des négociants et des entrepreneurs, aux intérêts souvent enchevêtrés, domine le milieu politique et celui, plus vénal encore, des media.

    Montesquieu (in De l’esprit des lois, de 1748) a écrit l’une des plus grosses sottises de l’histoire des idées : « Le commerce adoucit les mœurs et dispose à la paix ». Cette docte niaiserie fut immédiatement exploitée en Grande-Bretagne par David Hume et Adam Smith, puis développée, dans les années 1896-1914, par Jean Jaurès, qui fréquentait les salons des richissimes financiers juifs de Paris, effectivement pacifistes, du fait de leurs investissements en tous pays.

    Certes Adam Smith avait longuement disserté (in De la richesse des Nations, de 1776) sur le travail productif et l’improductif (comme la fabrication des armes), mais ce théoricien quelque peu primaire avait oublié le phénomène de redistribution : tout argent gagné, même en effectuant un « travail improductif », alimente la consommation, donc la production, la transformation des matières premières et les services (transports, assurances, commerce).

    Une guerre détruit des biens (en plus d’innombrables vies humaines, de valeur marchande diversement appréciée selon les époques), mais elle stimule extraordinairement les industries agro-alimentaires, textiles et de transformation du cuir, en plus des fabrications d’engins de transport et de destruction. Enfin, elle draine l’argent privé vers le secteur public qui le redistribue au secteur industriel et commercial, sans oublier les financiers omniprésents. C’est « l’utilité des guerres », une idée chère au Président Franklin Delano Roosevelt, durant les années 1937-1945, une idée que l’expérience des deux Guerres Mondiales a fait comprendre aux maîtres de l’économie. Enfin, la reconstruction, après déblaiement des ruines, et l’exploitation médiatique de l’héroïsme (réel et imaginaire) des vainqueurs sont d’énormes sources de profits… si bien que le cycle guerre-reconstruction & exploitation se renouvelle périodiquement.  

    Effectivement, de 1850 à nos jours – soit le triste début de XXIesiècle, où dominent l’économie globale et la mondialisation des vies politique et sous-culturelle, mâtinées de l’utilisation de l’islam dans sa forme la plus barbare -, la plupart des guerres ont eu une cause économique, soit isolée (on pense à la Guerre de l’opium sino-britannique du milieu du XIXe siècle aussi bien qu’à la Guerre du Coltan des années 2010-2012), soit associée à une ou des causes politiques (de la Civil War des USA jusqu’à la Seconde Guerre mondiale). Certaines enfin furent le résultat d’un mélange plus complexe de causes économiques, politiques et morales (ce fut le cas de la Grande Guerre, où les opinions publiques, survoltées par le chauvinisme pratiqué comme seule activité intellectuelle commune à toutes les classes sociales, voulaient en découdre pour s’évader d’une vie monotone).

    L’éthologie et l’étude de l’histoire humaine le prouvent aisément : l’homme – comme le reste du monde animal - est invariable dans ses comportements, ce qui est très logique puisque ceux-ci sont génétiquement programmés, depuis l’émergence de l’espèce et jusqu’à sa disparition ou à sa transmutation en sur-espèce. Seuls les êtres d’exception – ce qui définit la sainteté – parviennent, en toutes situations, à dominer leur programme malfaisant, opérant le choix de ce qu’ils nomment le Bien, par opposition à ce qu’ils croient être le Mal. Et depuis des milliers d’années, l’on disserte savamment sur le libre-arbitre et la transcendance… qui n’ont jamais empêché ni les crimes individuels ni les guerres.

    En outre, l’activité guerrière suppose une grande inventivité, pour surprendre et surclasser l’ennemi. À toute époque, la guerre et sa préparation furent l’occasion de grands progrès technologiques. Comme l’a écrit, au 6e siècle avant notre ère, Héraclite qui enseignait en la cité d’Éphèse : « La guerre est mère de toutes choses », y compris de l’architecture défensive, des arts et de la littérature.

    La Foi, l’Espérance et la Charité sont peut-être vertus théologales, mais « le monde tel qu’il va », comme l’écrivait Arouet-‘’Voltaire’’, n’est régi que par la puissance, qu’elle soit liée à la finance ou aux armes. Et il en sera ainsi « tant qu’il y aura des hommes ».  

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2016/02/11/de-l-utilite-des-guerres-5758497.html

  • Des munitions plein la tête par Bastien VALORGUES

    Pour l’ami Georges Feltin-Tracol, l’année 2015 fut une vraie année blanche si cette expression ne tombe pas encore sous le coup de la loi proscrivant toutes distinctions colorées… Le rédacteur en chef d’Europe Maxima ne publia aucun ouvrage. Certes, à la Rentrée 2014, il avait sorti à quelques semaines d’intervalle un essai prémonitoire sur l’extension du domaine liberticide, En liberté surveillée aux Bouquins de Synthèse nationale, et une belle introduction bibliographique sur Thierry Maulnier. Un parcours singulier (Auda Isarn). Il mit à profit 2015 pour regrouper des textes de combat, d’imparables munitions métapolitiques, dont des inédits, qui paraissent dans un nouveau recueil intitulé Éléments pour une pensée extrême, aux Éditions du Lore. Ce livre constitue le troisième volume (et dernier ?) d’une série inaugurée par Orientations rebelles(Les Éditions d’Héligoland, 2009) et poursuivie avec L’Esprit européen entre mémoires locales et volonté continentale (Les Éditions d’Héligoland, 2011).

    Sciemment provocateur, le titre étonne. Georges Feltin-Tracol l’explique en avant-propos. Laissons donc au lecteur la primeur ! Il a écrit une grosse soixantaine de contributions non pas au FAMAS, mais à la mythique Sturmgewehr. Dans son viseur, une constante, un ennemi principal : la République française qu’il vomit de tout son être. D’ailleurs, l’une des parties du livre s’appelle « La tyrannie républicaine ». « Dans l’Hexagone de François Hollande, remarque-t-il, il ne fait pas bon être opposant. Ce triste constat se vérifiait déjà au temps de l’atlantiste Nicolas Sarközy. »

    Il accuse « la République hexagonale » (l’une de ses expressions favorites) d’assassiner la France et ses peuples indigènes. Pour étayer cette terrifiante assertion, cet insatiable lecteur mentionne un curieux roman à clé écrit en 2005 par Sophie Coignard et Alexandre Wickham, Mafia chic qui décrit une classe politico-médiatique prête à tout pour s’enrichir au plus vite. Or, pour museler toutes les oppositions, le Système – auxiliaire zélé ou impeccable domestique du « bankstérisme » – suscite un véritable « désordre sécuritaire ». Ce terme oxymorique désigne le renforcement incroyable d’un État répressif, laquais d’une clique ploutocratique aux buts mondialisés. « Si la protection conjointe de la société et de l’enfance masque la sujétion totalitaire des corps et des âmes, note-t-il, l’insécurité largement répandue par les médias participe à la mise au pas des sociétés post-industrielles rendues plus fragiles par une hétérogénéité ethno-culturelle croissante. Il ne faut pas s’en étonner; c’est l’effet recherché : le “ multiculturalisme ” participe aussi à l’éradication des traditions populaires perçues comme des inerties, des freins et des résistances au Nouvel Ordre marchand planétaire. Plus le corps social sera “ multiculturel ”, plus il sera instable et mieux la coercition se révélera indispensable. Est-ce au fond si étonnant ? Pensons aux Grecs de l’Antiquité qui opposaient leurs cités homogènes, gages de démocratie, au caractère hétérogène des empires orientaux foncièrement despotiques. »

    À l’étiolement des libertés civiques et publiques déjà avancé par le philosophe suisse Éric Werner, Georges Feltin-Tracol réclame dans une logique de « citoyen-combattant » un « droit des armes » pour les Européens libres de pratiquer une légitime défense plus étendue. Il ne se prive pas de répondre aux âneries habituelles professées par des journalistes sans courage. « Les médiats n’expliquent jamais que les fréquentes tueries qui ensanglantent les États-Unis seraient survenues quand bien même la détention de n’importe quelle arme aurait été proscrite, affirme-t-il avec raison. Le problème de ce pays n’est pas le nombre d’armes en circulation, mais leur usage qui témoigne de la profonde névrose de la société. Modèle planétaire de la modernité tardive, les États-Unis pressurent ses habitants au nom d’une quête à la rentabilité effrénée au point que certains voient leur psychisme flanché. La pratique dès le plus jeune âge de jeux vidéos ultra-violents, la sortie de milliers de films parsemés de scènes sanglantes et la consommation de plus en plus répandue de drogues et de produits pharmaceutiques éclairent le passage à l’acte. Entre aussi en ligne de compte la cohabitation toujours plus difficile d’une société en voie de métissage avancé fondée sur le génocide amérindien et les vagues successives d’immigration de peuplement. Enfin, le mode de vie totalitaire doux avec sa technolâtrie, son vide existentiel, son individualisme outrancier et sa compétition féroce de tous contre tous cher au libéralisme perturbe le cerveau de millions d’individus fragiles. » 

    On retrouve cette fragilité mentale chez les « z’élus ripoublicains » qu’il attaque violemment. « Les psychiatres devraient examiner le choix des députés qui, au regard des textes votés, témoignent d’une inquiétante aliénation ou d’un manque évident de discernement. Vivant dans une bulle dorée d’où ils ne perçoivent que les faibles clameurs de la vie réelle, les soi-disant “ élus du peuple ” se prennent régulièrement pour des Zorro de pacotille. » Il serait néanmoins erroné d’imaginer que tout le recueil porte uniquement sur l’affligeante vie politique française. Si certains textes sont polémiques, d’autres sont plutôtsociologiques. Favorable au port du voile par les musulmanes en France au nom d’un ethno-différencialisme sainement réfléchi, Georges Feltin-Tracol condamne « cette aspiration à légiférer [qui] contribue à pénaliser l’ensemble de la vie quotidienne. Après l’adoption de lois indignes qui censurent les libertés d’opinion et d’expression historiques, l’interdiction de fumer dans les bars (et bientôt sur les trottoirs) et la répression implacable sur les routes envers les automobilistes, va-t-on vers l’emprisonnement des musulmanes qui enfreindraient les lois de la sacro-sainte République hexagonale ? Pourquoi ne pas interdire le port du jeans, symbole de l’américanisation du pays, des piercings au visage, fort inesthétiques, des baladeurs qui enferment tout un chacun dans son propre monde ? Faut-il enfin envisager de sanctionner le port de la barbe ou d’en réglementer la taille ? Le Régime ne cesse de brailler en faveur de la fameuse “ diversité ”, mais il en rejette les inévitables conséquences. Il rêve d’individus exotiques à l’âme occidentalisée, c’est-à-dire déracinée. Sa chimère se transforme déjà en cauchemar grâce au niqab ». Des réflexions prophétiques rédigées dès 2009… 

    Outre d’impertinentes interrogations sur la question des langues (on s’aperçoit que Georges Feltin-Tracol défendit un temps l’espéranto avant de récuser cette solution pour finalement approuver l’europo, une langue artificielle destinée aux seuls Européens conçue par le penseur identitaire, écologiste et païen Robert Dun), il ouvre des perspectives originales. Il annonce ainsi comment le Front national (ou son successeur) échouera nécessairement s’il accède au pouvoir sur un malentendu électoral. Il rend aussi hommage à quelques figures de la Grande Dissidence française et européenne : Saint-Loup, Dominique Venner, Maurice Bardèche (dont la recension de la biographie écrite par Francis Bergeron l’incitera plus tard à rédigerBardèche et l’Europe) et deux personnalités qu’il côtoya : le chancelier du GRECE, Maurice Rollet (1933 – 2014), et le président de cette école de pensée de 1987 à 1991, Jacques Marlaud (1944 – 2014). 

    Cette proximité amicale avec ces personnes confirme une vision certaine du monde autour de deux points déterminants. Le premier développe un anti-libéralisme viscéral. « On ne doit pas imputer à l’immigration la responsabilité unilatérale de la décadence démographique européenne. Elle résulte surtout du triomphe indéniable sur nos mentalités de l’idéologie libérale-libertaire. Vouloir la combattre implique un rejet complet et conséquent de toute forme de libéralisme qu’elle soit économique, sociale, individuelle, religieuse, culturelle et politique. La fin du communisme a eu l’immense mérite de mettre en lumière la malfaisance intrinsèque de la doctrine libérale. » Le second résulte d’une forte méfiance à l’égard du souverainisme, c’est une hostilité à la construction européenne au nom d’une autre Europe. « Soumise au féminisme, au multiculturalisme et à l’économisme, la présente Union européenne des traités de Maastricht, d’Amsterdam, de Nice et de Lisbonne demeure le meilleur exemple de cette société ouverte dans laquelle toutes les différences culturelles, linguistiques, sexuelles, religieuses, ethniques sont effacées pour des différenciations construites par le fric. ». En authentique « Français d’Europe (Pierre Drieu la Rochelle) », en « ultra-Européen », Georges Feltin-Tracol exige une Europe impériale, identitaire et enracinée ! « Ce n’est pas parce que la forme présente de l’Europe est néfaste à nos peuples autochtones qu’il faut rejeter toute idée européenne : l’Europe, patrie de nos nations, l’Europe de toutes nos identités, l’Europe de toutes nos racines ne doit pas se dissoudre dans la résurgence virulente des sentiments nationaux et/ou régionaux. Il faut au contraire soutenir un intégrisme albo-européen, une Europe intègre, une Europe totale, une Europe comprise comme mythe mobilisateur au sens que l’entendait Georges Sorel ! L’Europe est notre ultime vecteur de survie et de renaissance contre l’Occident mondialiste et bankstèriste. » C’est au nom de cet ambitieux idéal continental qu’il propose une révolution pour un ordre nouveau qui impliquerait entre autres la décroissance économique, l’autarcie des grands espaces et une réduction massive du temps de travail. Cette dernière suggestion surprend. Ces mesures s’inscrivent « Non dans une perspective fallacieuse de société de loisirs, mais pour un retour aux principes européens d’identités, de puissance et de spiritualités. Redonner aux Européens une intense densité intérieure, une sensibilité nouvelle au tragique et une sociabilité civique effective, très loin du chant des sirènes de la marchandise, tel est finalement le butphilosophique de l’autarcie des grands espaces. »

    Cet idéalisme activiste n’empêche pas un remarquable pragmatisme politique. Dès juillet 2012 dans un texte visionnaire, Georges Feltin-Tracol récusait presque par avance toutes ébauches d’union nationale et, en révolutionnaire d’Ordre, s’écarte des conservatismes éculés. Il déplore l’échec total de la « Manif pour Tous », modèle parfait à ne pas reproduire par son refus permanent de se confronter par la force aux organes sécuritaires du Régime. Il regrette la faiblesse intellectuelle des mouvances anti-« mariage gay » qui « prendraient une tout autre consistance si elles s’élargissaient à des préoccupations écologiques et socio-économiques et si elles adoptaient une cohérence anti-libérale résolue ». En effet, l’auteur constate que « la césure droite – gauche s’estompe au profit de nouveaux clivages qui se cristallisent autour duconflit entre les tenants de toutes les identités, les défenseurs de la cause des peuples, et les chantres de l’uniformité, de l’arasement culturel, de la mondialisation globalitaire dont le système Sarkozy est en France une variante locale ».

    Contre les idoles éphémères du Système tels l’Iranienne Sakineh, le Chinois Liu Xiaobo, Prix Nobel de la Paix 2010, les fameuses Femen (qu’il écrit plaisamment FemHaine) et le célèbre Charlie, Georges Feltin-Tracol oppose de véritables victimes de la République comme le retraité condamné René Galinier ou l’historien indépendant Vincent Reynouard. C’est un époustouflant manuel de lèse-République jubilatoires, un formidable livre d’assaut, une mèche allumée prête à embraser un prochain Printemps grand-européen des peuples en révolte !

    Bastien Valorgues

    • Georges Feltin-Tracol, Éléments pour une pensée extrême, Les Éditions du Lore, 2016, 440 p., 30 € (+ 5 € de port), à commander sur le site <http://www.ladiffusiondulore.fr>.

    http://www.europemaxima.com/

  • Comprendre les Lumières par Pierre LE VIGAN

    Les Lumières ? S’agit-il de la période ou des idées ? C’est, de manière logique, avant tout des idées qu’il s’agit avec le dernier numéro de Nouvelle École. Disons d’emblée que la grande élégance de mise en page et de présentation fait de cette revue de haut niveau une revue qui est agréable à avoir en main. Pour une revue qui eut pu s’appeler Plein soleil, quoi de plus logique que de s’attacher à comprendre les  Lumières ? Ajoutons que les caractères d’imprimerie relativement grands réjouiront les myopes et divers malvoyants. 

    Abordons le fond. Le numéro est en bonne part axé sur les rapports entre la Révolution française et les Lumières. On sait certes que la plupart des penseurs français des Lumières encore vivants ont été hostiles à la Révolution (voire guillotinés). Mais les liens d’idées ne se résument pas aux itinéraires.

    Éric Maulin étudie comment les Lumières voient se structurer la pensée libérale. La recherche du bonheur et le goût du « doux commerce » deviennent l’archétype d’une nouvelle économie, et aussi d’une nouvelle société, qui deviendra post-agricole et post-rurale, et dont toutes les valeurs changeront. Marc Muller revient sur le lien entre libéralisme philosophique et libéralisme économique, dans un article où l’influence de Jean-Claude Michéa est très présente. Alain de Benoist réactualise son étude sur Rousseau et les Lumières (en fait sa thèse est : Rousseau contre les Lumières) non sans montrer, à la suite de Pierre Manent, les limites du pari intellectuel de Rousseau (que je soulignais aussi dans L’Effacement du politique).

    Francis Moury fait connaître un texte tardif de Kant, à une époque où sa santé allait lui interdire de continuer d’écrire, texte sur La doctrine du droit, dont Moury fait une analyse lumineuse. Pierre de Meuse s’attache à la pensée de la Contre-Révolution, ce qui permet de voir les Lumières de l’autre côté du miroir, explorées par ses ennemis, regard jamais inutile. Thierry L’Aminot montre comment Max Stirner critique aussi bien le progressisme des Lumières, que celui de Rousseau (qui ne mérite peut-être pas ce qualificatif de « progressiste ») et les idéologues de la Révolution française, sans compter, ensuite, les premiers penseurs du socialisme tels Louis Blanc, Étienne Cabet et d’autres, héritiers indirects d’un certain progressisme des Lumières. 

    Cette coupe transversale revêt un caractère scientifique qui, souhaitons-le, devrait avoir quelques échos. Bien sûr, d’autres aspects auraient pu être soulignés sur un sujet aussi important et vaste. Les problématiques soulevées par Ernst Cassirer (La philosophie des Lumières) restent importantes et fécondes, notamment le rapport très ambigu des Lumières à la religion qu’elles souhaitent rénover plus que détruire. Il faut aussi souligner la césure qui intervient, dans la pensée des Lumières, entre les néo-cartésiens, fussent-ils critiques de Descartes (Malebranche, Spinoza, Leibniz) et Kant, qui introduit une rupture radicale avec la théorie de la connaissance de Descartes. Il y a non seulement deux époques des Lumières mais deux mouvements dans celles-ci, et, en un sens, le second mouvement, celui de Kant qui est aussi celui de Rousseau  – que Kant tenait en haute estime intellectuelle –, ce second mouvement contredit le premier, en détruisant l’édifice cartésien encore arcbouté sur l’argument ontologique de saint Anselme sur la preuve de l’existence de Dieu. Autant dire que le sujet n’est pas épuisé, mais que l’on aura grand profit à avoir sous le coude cette livraison de Nouvelle École.

    Pierre Le Vigan

    Nouvelle École, « Les Lumières », n° 65, 2016, 25 €; à commander sur le site <www.revue-elements.com>.

    http://www.europemaxima.com/

  • Frédéric le Play (1806 - 1882)

    Frédéric Le Play ne parvint qu'après de longues observations aux certitudes qu'il sut faire partager à tant de disciples. Maurice Maignen notait qu'il s'était longtemps attardé dans les rêveries saint-simoniennes et qu'il lui avait fallu trente ans de notations méthodiques pour découvrir les vertus du Décalogue. Cela est vrai, comme il est vrai que Frédéric Le Play, bien que lié d'étroite amitié au P. Gratry, qui avait été son condisciple à Polytechnique, ne retrouvera la pratique de la foi de sa jeunesse que tard dans la vie et sous l'influence de l'abbé Noirot. N'en faisons pas grief à ce fils d'officier de « gabelous », né dans la plus circonspecte de nos provinces, près d'Honfleur, et formé aux disciplines exigeantes des sciences exactes. Tout, dans son origine et dans sa formation, conspirait pour que le cheminement de sa pensée se fasse d'un pas assuré, mais prudent. Et l'on peut ajouter à cela les scrupules d'un esprit mit par une honnêteté intellectuelle peu courante. Aucune ambition politique chez lui ; il refusera d'être candidat aussi bien en 1848 qu'en 1871, bien que son élection fût certaine. Peut-être avança-t-il alors, pour décliner les offres qui lui étaient faites, son peu de goût pour la tribune et les Assemblées. Mais, dans une lettre à celui de ses disciples auprès duquel il s'est le plus librement épanché, Charles de Ribbe, il confie la raison qui lui fit rejeter à 32 ans une offre analogue : « J'ai refusé en 1838 d'entrer à la Chambre des députés avec l'appui de M. le Ministre du Commerce qui m'aimait beaucoup, et je motivai ce refus sur ce que, avant d'entrer dans la vie publique, je voulais voir clair en mes actions ».

    Une disposition d'esprit aussi originale et aussi respectable nous aide à comprendre la vie toute entière de Le Play ; elle nous explique en même temps la fidélité et la qualité de ses disciples. Comment ne pas s'attacher à un homme aussi exigeant pour lui-même, qui ne prend un parti qu'après s'être patiemment assuré que c'est le meilleur, et qui s'y tient ensuite avec une résolution et une opiniâtreté égales à la prudence qu'il a mise à l'adopter ? Frédéric Le Play ne revient à la pratique religieuse qu'en 1879, trois ans avant sa mort, mais, à partir de cet instant, il ne sera pas romain à moitié : en 1880, il se déclarera prêt à signer le Syllabus ! Il n'avait jamais sous-estimé d'ailleurs la hauteur morale où doit se maintenir un catholique digne de ce nom, et il écrira par exemple à Ch. de Ribbe, le 2 décembre 1866 :
    « Qu'est-ce qu'un catholique qui n'est pas dévoué au prochain ? C'est un orgueilleux qui se fonde sur la supériorité de la doctrine qu'il professe, pour se dispenser de le servir humblement. L'Evangile a classé cette sorte de gens à leur juste valeur».
    Nous insistons là-dessus pour qu'il soit bien compris que le Décalogue, dans la pensée de Frédéric Le Play, est évidemment d'abord celui qui est inscrit sur les Tables de la Loi, et qui oblige le juif, le schismatique, le protestant au même titre que le catholique romain. D'où, parmi ceux qui le suivront au début, aussi bien un James de Rothschild, un prince Demidoff, un Agénor de Gasparin qu'un Lucien Brun ou un Benoist-d'Azy. La Loi du Sinaï, si elle était observée par tous les peuples qui l'ont reçue, suffirait à assurer la paix et la prospérité à l'Ancien et au Nouveau Mondes. Elle est donc le minimum indispensable.

    Le 20 août 1789, Mirabeau-Tonneau, frère cadet du Mirabeau tonnant, proposait qu'on l'inscrivît en tête de la Constitution ; c'est assez dire qu'un déiste voltairien pouvait lui trouver des vertus appréciables. Mais, pour Le Play, le Décalogue n'est pas seulement le Code formel dicté par Iahweh à Moïse au milieu des éclairs, ce sont les Commandements de Dieu que le petit Frédéric a appris en allant au catéchisme de sa paroisse de La Rivière ; c'est la loi ancienne vivifiée et parachevée par l'Evangile et enseignée par l'Eglise du Christ : cette loi n'ordonne pas seulement de ne point nuire au prochain, elle nous enjoint de l'aimer. Mais ceci est l'aboutissement final des réflexions et des études de Le Play. L'oubli presque complet (1) où est tombé cet esprit pourtant si puissant va nous obliger à rappeler ce qu'il fut et ce qu'il fit. Né en 1806, notre jeune Normand fit non seulement de brillantes études scientifiques qui le menèrent à Polytechnique d'abord, à l'Ecole des Mines ensuite, où il fut major, mais il montra un goût aussi vif pour la culture générale. Sa préférence marquée pour Montaigne ne saurait surprendre : comment l'observateur minutieux des Ouvriers Européens n'eût-il pas eu un penchant pour le dissecteur impitoyable de l'homme que fut l'auteur des Essais ? Il n'a que vingt-trois ans quand s'offre à lui un voyage de prospection minéralogique à travers l'Allemagne du Nord et les Pays-Bas. Il va arpenter, en cette année 1829, la Rhénanie, le Hanovre, le Brunswick, la Saxe, la Prusse et la Belgique. Nous disons bien arpenter et non pas parcourir. Le Play ne fait pas un voyage d'agrément ; il n'est pas en quête de sites pittoresques et de monuments remarquables, encore qu'il sache les admirer quand il en rencontre. Il est chargé d'une enquête économique sur la métallurgie, et il lui faut voir de près des installations industrielles, des forges enfouies dans les forêts, étudier aussi la géologie. Tout cela ne se découvre pas du haut du coupé d'une diligence. Pour aller ainsi par monts et par vaux, un seul moyen, deux à la rigueur, mais Le Play préfère ses jambes à celles d'un cheval.

    Lire la suite

  • Firmin BACCONNIER (1874 - 1965)

    La figure de Firmin BACCONNIER est assez originale et assez exemplaire pour qu'on s'y arrête un instant.
    Il naît le 8 octobre 1874, au centre de ce Vivarais où le basalte le dispute au granit, et où une terre rude et pauvre exige de ses fils, pour les nourrir chichement, un travail acharné. Ses parents sont des paysans ni plus ni moins riches que la moyenne des paysans ardéchois. Il n'ont pas le moyen de pousser les études de leur petit Firmin, mais, puisque ses maîtres leur répètent que l'enfant "a bonne tête", il le laisseront aller jusqu'à quinze ans à l'école des Frères des Écoles Chrétiennes. Tout ce qu'il apprendra depuis, il le devra à ce que la lecture lui aura fait connaître, une fois terminée sa journée de travail.

    A dix-huit ans, il signe un engagement volontaire dans l'armée. Son temps achevé, il "monte" à Paris, en 1896, pour y gagner sa vie, et il devient secrétaire-dactylographe de l'éditeur Firmin-Didot.
    A quelques années de là, Firmin BACCONNIER, qui est royaliste comme le sont alors tous les Ardéchois catholiques, rencontre Charles MAURRAS dans le bureau de La Gazette de France. C'est la naissance d'une amitié qu'il considère comme le grand honneur de sa vie.

    Avec quelques amis de même origine modeste, il fonde L'Avant-Garde Royaliste dont les membres s'assignent pour tâche d'aller porter la contradiction dans les réunions socialistes  (le parti communiste n'est pas encore inventé) et de faire connaître aux milieux ouvriers la doctrine sociale de la Monarchie française.
    Charles MAURRAS a été tout de suite frappé par la façon simple et claire qu'avait ce jeune autodidacte de présenter à un auditoire populaire les idées d'un BONALD ou d'un La TOUR du PIN qu'il avait si parfaitement assimilées dans ses veillées laborieuses. Aussi lui fait-il ouvrir les colonnes de La Gazette de France pour une série d'articles qui furent ensuite réunis en brochure et publiés, dans la même année 1903, sous le titre : Manuel du Royaliste.

    Cette plaquette connut un incroyable succès et fut tirée à deux millions d'exemplaires, grâce à la publicité des nombreuses feuilles royalistes locales qui existaient alors. La TOUR du PIN lui consacra cinq articles dans le Réveil Français et ouvrit dès lors à son auteur, ainsi qu'à d'autres jeunes disciples, parmi lesquels Jean RIVAIN et Louis de MARANS, sa demeure du Faubourg Saint-Honoré.

    Ce n'était que justice, car, dans son Manuel du Royaliste, Firmin BACCONNIER s'était largement inspiré de la doctrine sociale catholique dont La TOUR du PIN avait été le solide et brillant théoricien.
    Du même coup, Firmin BACCONNIER devient le collaborateur régulier du Réveil Français. En 1906, il fonde un groupe et un journal bimensuel qu'il appelle l'un et l'autre L'Accord Social. Son but : diffuser dans les milieux populaires la doctrine de La TOUR du PIN, et les convaincre que l'institution d'un régime corporatif rénové est le seul moyen d'abolir le prolétariat. Joseph DELEST fut longtemps le rédacteur principal de L'Accord Social ; il y fit l'apprentissage d'un métier difficile, mais où il excella bientôt, celui de propagandiste monarchiste par la plume et par la parole.

    C'est au lendemain de la Grande guerre que Firmin BACCONNIER devient l'un des rédacteurs réguliers de l'Action Française.
    En vérité, Firmin BACCONNIER n'a pas de correction d'angle de tir à appliquer à son combat. La brochure qu'il a publiée en 1952, sous le titre "Ce qu'il faut savoir du corporatisme français ", et où il conclut que "l'ordre corporatif est imposé au monde du travail par la nécessité " fait echo, à un demi-siècle de distance à sa brochure de 1903, où il écrivait que le mouvement syndical était un acheminement vers un Société corporative, ayant pour objet de "procurer à ses membres la sécurité personnelle et la capacité professionnelle ".
    Pas plus que, dans le fond, n'a besoin d'être retouché le portrait physique que Charles MAURRAS traçait de lui lorsqu'il avait trente ans : "Ce jeune homme au front découvert, à la barbe d'un châtain blond, et dont les yeux indiquent l'obstination d'une volonté âpre et nette, donne tous ses loisirs à la cause de la Royauté et de la Nation ". Dans la 86ème année de son âge, Firmin BACCONNIER redresse toujours la taille, et ,si le front est un peu plus découvert, si la châtain de la barbe s'est bellement argenté, les yeux vifs brillent du même éclat volontaire, et les loisirs que les ans lui ont apportés restent au service de l'idéal qui enthousiasmait ses vingt ans : rendre aux travailleurs de France le Roi qui est leur protecteur-né !

    L'hommage d'Antoine Murat :

    Un maître

    Mercredi 20 octobre 1965, par une lumineuse matinée d’automne, Firmin Bacconnier nous a réunis une dernière fois près de lui. Nous avons accompagné, pieusement, sa dépouille mortelle au cimetière de Bougival. Nos pensées et nos prières nous groupaient tous en une assemblée recueillie.

    Nous suivions un maître : le mainteneur, le docteur et l’animateur de la doctrine corporative française.
    Bien que parvenu à un grand âge, Firmin Bacconnier avait gardé toute sa vigueur intellectuelle. Le dernier numéro des Cahiers Charles Maurras (numéro 15 – 1965) publie une belle page de lui, sans doute la dernière qu’il ait écrite. Quelle rigueur, et quelle justesse de pensée ! A la lire, qui pourrait imaginer que son auteur a passé les quatre-vingt dix ans ?

    « A Charles Maurras je dois personnellement la révélation qu’à l’origine de la déchéance de notre agriculture nationale, il y a pour une forte part la politique économique instituée en 1860 par le Second Empire, laquelle a pratiquement interdit à l’agriculture d’exercer sa fonction de pourvoyeuse de l’industrie en matières premières et ne lui a laissé que celle de productrice d’aliments. » (Charles Maurras et le drame paysan par Firmin Bacconnier).

    Comme toutes les intelligences attentives et soumises au réel, Firmin Bacconnier savait tenir sous son regard les leçons du passé, les problèmes du présent, les besoins de l’avenir. Ses ultima verba, d’une saisissante actualité, veulent faire comprendre aux hommes d’aujourd’hui que « mettre l’agriculture en position de porter au maximum toutes ses possibilités », c’est non seulement réparer une grave injustice, « mais c’est aussi bâtir sur de fortes assises rurales l’expansion industrielle. » (loc. cit.).

    Sans se lasser, jour après jour, humblement et puissamment, Firmin Bacconnier montrait et démontrait la vérité de la doctrine corporative française, celle de La Tour du Pin, celle des Rois de France, celle des Papes. Ses articles précis et nuancés, étaient, en même temps que des exemples de journalisme par leur riche clarté, l’application excellente, hic et nunc, de l’empirisme organisateur. Dans la page hebdomadaire du dimanche – la page économique et sociale – de l’Action Française (si remarquable qu’elle peut être encore lue avec profit), dans La production Française qu’il dirigeait, à L’Ouvrier Français, dans un grand nombre de revue, de périodiques ou de journaux spécialisés. Firmin Bacconnier posait les problèmes, économiques, professionnels et sociaux ; il en recherchait les solutions ; et, ce faisant, il faisait beaucoup plus que renseigner : il enseignait ses lecteurs, et il formait des disciples.

    La désastreuse politique économique de 1860 poursuivie par la Troisième République (sauf pendant l’heureuse période de Méline), modifiée mais aggravée par la Quatrième et la Cinquième ; l’emprise des trusts, et les menaces qu’ils firent peser sur la métropole et sur les colonies jusqu’à la destruction de l’empire colonial français ; es efforts de réorganisation professionnelle ; l’étude du syndicalisme ouvrier ou paysan ; en bref : l’immense champ de recherches offert par l’économie était labouré, continûment, avec patience et avec sûreté, par cet infatigable travailleur. Son analyse, sans cesse reprise, des données du présent, était  juste, parce qu’elle était désintéressée, parce qu’elle était uniquement soucieuse du bien commun et qu’elle était attentive à toutes les leçons de l’expérience.

    Sous l’égide de Firmin Bacconnier, à l’Union des Corporations françaises, rue du Havre, le Cercle La Tour du Pin donnait ses cours. Guillermin, Denis (alias Marty)… publiaient leurs essais. Lorsqu’en 1935, des professeurs de la Faculté de Droit de Paris jugèrent utile de créer l’Institut d’études corporatives et sociales, Firmin Bacconnier prêta ses jeunes collaborateurs : agrégatifs, avocats, professionnels.

    A l’Union des Corporations françaises, l’enseignement, la propagande, les réalisations et l’action marchaient de front. Bien des syndicats furent créés, conseillés et soutenus par l’U.C.F. De tant de travaux, Firmin Bacconnier était l’âme. Je pensais à l’énormité de son labeur, assumé par lui, avec une impressionnante sérénité, en regardant, près de moi, ses amis, ses disciples, et, en particulier celle qui fut, rue du Havre, puis rue de Vézelay, enfin rue Croix-des-Petits-Champs, son second pendant un grand nombre d’années : l’admirable Mlle de Paul. Que d’abnégation et de dévouement à la case commune.

    Serviteur de Dieu, de la France et de la royauté, Firmin Bacconnier, au regard plein de lumière, a été confié à cette terre pour laquelle il a tant lutté. Comme son maître, La Tour du Pin, comme son maître, Maurras, en fidélité il a terminé sa vie. Son œuvre et son enseignement demeurent.

    Antoine MURAT.

    http://www.royalismesocial.com/index.php?option=com_content&view=article&id=10&Itemid=13

  • Français, mon beau souci du 8 février 2016 : “Regards croisés sur Rebatet”

    Michel Mourlet, assisté de Catherine Distinguin, recevait Robert Berg, ancien professeur de français aux États-Unis, écrivain, Alfred Eibel, écrivain, chroniqueur littéraire, Marthe Duranson, élève de l'école de théâtre Verbe et lumière, Philippe d'Hugues, critique de cinéma, écrivain, Gilles de Beaupte, président-fondateur des Études rebatiennes et Guillaume, étudiant, sur le thème : « Regards croisés sur Rebatet ». 

    Michel Mourlet, écrivain et journaliste, administrateur de Défense de la Langue française, a enseigné à Paris I sa théorie de l’audiovisuel. Auteur d’une trentaine d’ouvrages (essais et fiction), d’une dizaine de pièces jouées sur scène ou à la radio et d’un film de docufiction sélectionné par plusieurs festivals. Prix Montherlant 1987, Prix Simone Genevois du meilleur livre de cinéma 1988. Mention spéciale du Prix Littré 2005. Dernier ouvrage paru : l’Écran éblouissant aux P.U.F. (2011).

    http://www.radiocourtoisie.fr/31063/francais-mon-beau-souci-du-8-fevrier-2016-regards-croises-sur-rebatet/