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culture et histoire - Page 1394

  • Une mélancolie à consommer sans modération par Patrick JANSEN

    Les plus attentifs d’entre nous avaient remarqué Éric Zemmour dès ses débuts au Quotidien de Paris puis surtout à Infomatin, vers 1994. Dans ce journal hélas éphémère et qui se voulait de gauche, il était surprenant et agréable de voir un journaliste encore jeune chercher à comprendre pourquoi le Front nationalatteignait alors son apogée, au lieu de se livrer à l’obligatoire exercice de diabolisation imposé par la profession.

     

    Zemmour a fait du chemin depuis. Son entrée au Figaro, ce temple du conformisme bourgeois et de la trahison institutionnalisée du peuple français, nous laissa, bien sûr, craindre le pire. Mais dans le même temps il nous donnait des biographies sans complaisance des frères ennemis de la Droite institutionnelle, un Balladur dont le titre valérien soulignait l’immobilisme louis-philippard et surtout un, ou plutôt deux, Chirac, puisque L’Autre révélait sous forme de roman à clés tout ce qu’une narration officielle, L’Homme qui ne s’aimait pas, comportait de nécessairement lacunaire.

     

    Au fil des ans et des livres, les prises de position véhémentes d’Éric Zemmour contre la judiciarisation de notre société, certains abus journalistiques, le féminisme imbécile (pardon pour le pléonasme) ou encore le ridicule odieux du militantisme homosexuel achevaient de nous le rendre fort sympathique, d’autant que l’homme ne manquait pas de courage en donnant à Réfléchir & Agir un long entretien.

     

    Nous sommes donc sans doute assez nombreux à voir dans sa montée en puissance médiatique un signe d’espérance, à écouter sa chronique journalière sur R.T.L. à 7 h 15, à attendre avec impatience « Ça se dispute » en fin de semaine sur I-Télé ou encore, chaque samedi soir, « On n’est pas couchés », sur France 2.

     

    Mais on attendait de sa plume un ouvrage d’envergure. Avec Mélancolie française, le moins qu’on puisse dire, c’est que le pari est pleinement réussi. Rien ou presque, n’est inutile ni même superficiel dans les 250 pages de cet essai qui se veut autant une méditation sur l’histoire de France qu’une interrogation sur l’identité française et qu’une réflexion prospective angoissée sur l’avenir de notre pays.

     

    Contrairement à ce que voudraient nous faire croire les gardiens autoproclamés de telle ou telle « Mémoire », l’histoire n’est pas le lieu d’une distribution de bons points ni celui des repentances. Elle est, dans sa dimension essentiellement tragique, le lieu d’accomplissement du destin des peuples. Mélancolie française est au premier chef une déclaration d’amour au peuple français auquel Zemmour appartient.

     

    Le livre entier montre que Zemmour a fait sienne la phrase admirable de Napoléon, son personnage historique français à juste titre préféré : « J’assume tout de l’histoire de France, de Clovis au Comité de Salut Public ». Les constantes de l’histoire de France, Zemmour les analyse dans une perspective géopolitique de long terme : l’hostilité à l’Angleterre (et, pour les mêmes raisons aux États-Unis) ne repose pas sur le désir de venger Jeanne d’Arc, Napoléon ou Fachoda mais sur l’antagonisme structurel qui oppose nécessairement et pour toujours une puissance thalassocratique comme l’Angleterre aux puissances du continent. Si Zemmour cite nommément Ratzel, il a manifestement tout aussi bien lu les géopoliticiens anglo-saxons, les amiraux Mahan et Mackinder ou encore Spykman dont le cauchemar fut précisément l’unification du continent, cet « axe » Paris – Berlin – Moscou, seul salut potentiel de notre civilisation européenne, un court moment esquissé par Jacques Chirac en 2003 et que l’arrivée au pouvoir d’Angela Merkel a hélas remis à plus tard.

     

    Rien de « passéiste » donc dans l’approche de Zemmour, quel que soit son goût pour le passé. On aimerait tout citer de ses analyses, par exemple le caractère fondamentalement mortifère du capitalisme libre-échangiste (« le libre-échange, c’est la guerre (p. 76) ») ou encore la dénonciation de la religion des « Droits de l’Homme », celle qui a remplacé le christianisme pour le plus grand malheur des peuples dans un néo-colonialisme d’une abjection et d’une hypocrisie totales.

     

    Parmi les pages les plus originales, figurent celles que Zemmour consacre au Maréchal Pétain (chapitre 5, pp. 109 à 138). « Question sacrilège », avoue-t-il lui-même ! Loin d’en vouloir au Pétain de 1940, c’est à celui de 1917 que notre auteur réserve ses flèches pour avoir admis et même espéré l’arrivée de l’Amérique et de ses « boys » comme arbitre d’une guerre jusque-là européenne. En un mot, Pétain fut traître à l’Europe en 17 et non à la France en 40. Bravo ! Il fallait oser l’écrire.

     

    Je ne sais comment un jeune Français de moins de 20 ans découvrant la politique ou la métapolitique peut réagir devant un tel livre. Éric Zemmour a aujourd’hui légèrement dépassé la cinquantaine. Ceux qui appartiennent à sa classe d’âge et qui, comme lui, réfléchissent avec amour sur notre passé français et européen ne peuvent, eux, que partager l’intense mélancolie que diffuse son livre. C’est sans doute la seule critique de fond qu’on puisse lui adresser : il faut réfléchir pour agir et non pour s’attrister.

     

    Le spectacle qui nous entoure est pourtant souvent angoissant, coincés que nous sommes entre des « élites mondialisées parlant, [et] pensant en anglais et [un] lumpenprolétariat islamisé (p. 246) ». Contrairement à Éric Zemmour qui semble mettre ces menaces sur un pied d’égalité, on peut toutefois penser que la première est infiniment plus dangereuse que la seconde.

     

    Patrick Jansen

     

    • Éric Zemmour, Mélancolie française, Paris, Fayard – Denoël, 2010,  17 €.

     

    • D’abord paru dans Réfléchir & Agir, n° 35, été 2010, p. 57.

    http://www.europemaxima.com/?p=4166

  • Manuel Valls, les intellectuels et l'inculture triomphante

    Plus de trente ans après Max Gallo, Manuel Valls se plaint du silence des intellectuels. Pour Vincent Trémolet de Villers les politiques ne les lisent pas et les utilisent comme des outils de communication.
    On ne devrait jamais imiter Mitterrand. François Hollande n'est pas Tonton et Manuel Valls n'est pas Max Gallo. En 1983, l'historien, alors porte-parole du gouvernement, publiait à la fin du mois de juillet une tribune de très bonne facture dans Le Monde: «Les intellectuels, la politique et la modernité.» Il y déplorait l'abandon par la gauche de la bataille des idées et le silence des penseurs et des philosophes retirés «sur l'Aventin». Le 5 mars dernier, Manuel Valls lançait à son tour «Où sont les intellectuels? Où sont les grandes consciences de ce pays, les hommes, les femmes de culture qui doivent monter eux aussi au créneau? Où est la gauche?» C'est le même qui, pourtant, rejetait dans les rayons de l'enfer un essayiste, un romancier et un philosophe dont les œuvres cristallisent une large partie des angoisses contemporaines et qui à eux trois vendent des centaines de milliers de livres. Le Suicide français, d'Éric Zemmour, selon Manuel Valls, ne méritait pas d'être lu. La France ça n'est pas «celle de Houellebecq» a-t-il affirmé. Enfin, il s'est embrouillé dans ses fiches, sur Europe 1, en estampillant, malgré lui, Bernard-Henri Lévy comme penseur officiel du régime et en tatouant sur le bras de Michel Onfray le signe infâmant de l'extrême droite. 
    Si l'on comprend bien le premier ministre, le silence des intellectuels est révoltant quand ils sont issus de la gauche morale mais impératif quand ils ont emprunté d'autres chemins. Pour savoir qui doit parler et qui doit se taire, s'adresser à l'hôtel Matignon. Cette approche enfantine illustre la place qu'ont véritablement les intellectuels dans l'esprit du gouvernement (et disons-le de la plus grande part de la droite): des pions noirs ou blancs que des communicants, plus ou moins incultes, placent sur le damier. L'ouvrage de François Bazin,Les Ombres d'un président (Plon),détaille avec cruauté cette paresse et cette indifférence chez François Hollande.
    La littérature et la vie de l'esprit établissent pourtant des liens indestructibles entre l'homme public et la population. Plus encore que la séance du marché le samedi matin, la lecture de Balzac expose toutes les nuances de l'âme humaine et de l'ambition, celle de Proust des vanités sociales et des intermittences du cœur. Les Particules élémentaires ou Soumission offrent un tableau de la classe moyenne que les sociologues mettront dix ans à établir dans leurs rapports. Mais ceux qui nous gouvernent ou souhaiteraient le faire considèrent le livre comme un meuble. L'ornement secondaire d'une ambition accomplie. Le chef de l'État assume son ignorance et se fait prendre en photo, sourire ravi, avec L'Histoire de France pour les Nuls. Manuel Valls ne sait pas qui est Hélie de Saint Marc, Fleur Pellerin se fout de Modiano, Frédéric Lefebvre confond Zadig et Voltaire, Nicolas Sarkozy s'est longtemps demandé à quoi pouvait bien servir La Princesse de Clèves.
    Les journalistes, reconnaissons-le, ne sont pas en reste. Ils classent eux aussi les auteurs chez les blancs ou chez les noirs sans même prendre la peine d'ouvrir leur livre. Christophe Guilluy, géographe de gauche qui ne cesse d'essai en essai d'établir les causes de la dérive identitaire, est qualifié de «pousse» de la droite la plus réactionnaire. L'auteur de L'Insécurité culturelle, Laurent Bouvet, alerte la gauche sur ses impensés: il est renvoyé sur l'autre rive parce qu'il a osé évoquer la crise de l'intégration. L'œuvre d'Alain Finkielkraut, maître de l'inquiétude et de la nuance, est réduite au rang de tract pour le Front national. Leurs noms remplissent les listes noires. Contre eux, le lexique olfactif, «rance», «moisi», est exploité jusqu'à la nausée. Tous sont coupables du même crime: plutôt que de peindre une surréalité heureuse, ils livrent par fragments les peurs et les espérances de l'inconscient collectif. En un mot, ils appellent un chat, un chat. Ce que les sondeurs voient venir, à la veille des élections déparmentales, ils l'annoncent et le déplorent depuis des années. Ils ne se sont pas contentés de publier des essais et d'attendre «sur l'Aventin». Ils supportent les ricanements, les couleurs criardes des studios de télévision, les comiques pas drôles, les critiques jaloux. En vain. Certes, les politiques les reçoivent, les écoutent, les raccompagnent, leur tapotent l'épaule, mais l'idée ne leur est pas encore venue de jeter un œil sur leurs livres. Pas le temps: le rappeur Joey Starr, fondateur de l'inoubliable Nique ta mère, vient dîner à l'Élysée.

    Vincent Tremolet de Villers

    Vincent Tremolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats/opinions du Figaro et du FigaroVox

    Le Figaro :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/d_france/EukyAFVFVESsAQfdJR.shtml

  • L’Entropie dans l’Histoire (2/4)

    Frédéric Malaval, philosophe, écologiste, essayiste…

    Article II de l’Entropie dans l’Histoire : l’Ecologie au service de l’Histoire

    « Précisons que dans la Ve République, cette approche suscite des réactions hostiles, que ce soit à l’égard de la sociobiologie ou de la thermodynamique du non-équilbre ».

    Rappels d’écologie

    La vision écologiste repose sur l’intégration des différentes manifestations du vivant allant du gène à la planète-terre ; pour le moment. Les catégories intermédiaires sont le génome, l’individu, la population, la communauté, l’écosystème. Au-dessus de ces catégories, on trouve la biosphère, la géosphère, et, pour homo sapiens, dans une approche très réductrice, l’artisphère et la noosphère. Le génome est une association de gènes stables dans le temps s’exprimant à travers un individu, dont la réunion à ses semblables crée une population, qui, associée à d’autres populations, forme une communauté, qui, inscrite dans un substrat géoclimatique, devient un écosytème. Au dessus, …

    Une présentation sommaire de l’écologie ayant été déjà faite dans Polémia, nous invitons le lecteur à relire les articles publiés par le soussigné : « Regard écologique sur le surclassement social et son lien avec l’immigration », « Regard écologique sur la dette souveraine », « Ecoracialisme », « Prophétie », etc.(1)

    En résumé, le fonctionnement de tout ceci repose sur des transferts d’énergie entre différentes entités, mais pas seulement. L’énergie est associée à de la matière et à des informations, l’ensemble étant qualifé de flux néguentropiques. Le physicien Erwin Schrödinger (Nobel 1933), auteur de Qu’est-ce que la vie ? (1944), est un des savants à l’origine de cette notion. Le modèle de référence qui en est issu repose sur l’identification de toute manifestation du vivant à une structure dissipative, notion issue de la thermodynamique du non-équilibre.

    Cherchant à comprendre le moteur de tout ceci, des écologues réunis dans la catégorie des biosociologues considèrent que le gène et son conservatisme motivent toutes les manifestations supragénétiques se réalisant par une dialectique gène-milieu cherchant à réaliser l’optimum énergétique. Ce modèle est ultradominant aujourd’hui ; couplé à une conception de la vie reposant sur la sélection naturelle, non pas conçue comme la victoire du plus fort – ineptie de ses contempteurs – mais du plus adapté. Précisons cependant que dans la VeRépublique, cette approche suscite des réactions hostiles, que ce soit à l’égard de la sociobiologie ou de la thermodynamique du non-équilbre.

    Rappels de thermodynamique

    Parmi les principaux concepts issus des travaux portant sur le rôle de l’entropie dans la structuration des systèmes se sont imposées les notions de branche thermodynamique, d’état stationnaire, d’état marginal, de point de bifurcation, de structure dissipative, etc. Le siège d’un état stationnaire est une structure dissipative. C’est là que s’exercent les forces animant un système en non-équilibre thermodynamique. Pour les spécialistes, une structure dissipative se caractérise par les relations de réciprocité de Lars Onsager (Nobel 1968), où, « en thermodynamique des systèmes hors équilibre, ces relations de réciprocité relient des quantités nommées flux et forces dans le cadre de systèmes hors de l’équilibre global, mais suffisamment proches de celui-ci pour être régis par une certaine forme d’équilibre local » (Wikipedia). Les biologistes dans le sillage de Claude Bernard parlent d’homéostasie. Les thermodynamiciens parlent de situations proches de l’équilibre, bien qu’en non-équilibre thermodynamique toutefois. Il faudrait trouver de nouveaux mots, car cela crée de la confusion…

    Une structure dissipative est un système séparé de son milieu par une limite et dont elle est distinguable. Son existence est conditionnée à la dissipation de flux néguentropiques. Cette dissipation est à l’origine d’une production d’entropie conformément au second principe de la thermodynamique et à l’équation du bilan entropique. L’entropie réversible est rejetée dans le milieu. En revanche, la part irréversible reste dans le système dont elle est une des composantes. La distinguabilité du système à l’égard du milieu est due à sa complexité qui est supérieure. Une distinction est faite entre les structures biotiques et les structures abiotiques, comme un tourbillon, par exemple. Ilya Prigogine s’est souvent appuyé sur les cellules de Bénard pour illustrer sa conception d’un système dissipatif abiotique.

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  • État Islamique : L’apocalypse au nom d’Allah – 3e partie

    II. Territoire

    Le nombre de musulmans étrangers ayant émigré vers l’État islamique est estimé à plusieurs dizaines de milliers. Les recrues viennent de France, du Royaume-Uni, deBelgique, d’Allemagne, de Hollande, d’Autriche, d’Indonésie, des États-Unis et de bien d’autres pays. Beaucoup sont venus pour combattre, et beaucoup entendent y mourir.

    Par Graeme Wood

    Peter R Neumann, professeur au King’s College de Londres, m’a affirmé que les discussions en ligne jouent un rôle essentiel pour la diffusion de la propagande et pour s’assurer que les nouveaux venus savent ce qu’il faut croire.

    Le recrutement par internet a également contribué à élargir la démographie de la communauté djihadiste, en permettant à des musulmanes conservatrices -ne quittant pas leur domicile- d’entrer en contact avec des recruteurs, de se radicaliser et d’organiser leur voyage en Syrie. Grâce à ces appels vers les deux sexes, l’État islamique espère construire une société à part entière.

    Au mois de novembre, je me suis rendu en Australie pour rencontrer Musa Cerantonio, un homme âgé d’une trentaine d’années que Neumann et d’autres chercheurs avaient identifié comme une des deux plus importantes “autorités spirituelles” pour ce qui est d’inciter les étrangers à rejoindre l’État islamique.

    Il y 3 ans, il était télévangéliste au Caire sur Iqraa TV, il a quitté la chaîne lorsque celle-ci lui a reproché ses fréquents appels à établir un califat. Il prêche désormais sur Twitter et sur Facebook.

    Cerantonio – un grand gaillard avenant aux allures d’intello – m’a affirmé pâlir à la vue des vidéos de décapitation. Il déteste les scènes de violence, même si le soutien à l’État islamique exige de les endurer. (Il se prononce contre les attentats suicides, à contre-courant des autres djihadistes, au motif que Dieu interdit le suicide; il se différencie également de l’État islamique sur d’autres points).

    Les cheveux en bataille à la manière de certains fans hirsutes du Seigneur des Anneaux, son obsession pour la fin des temps islamiques apparaît coutumière. Il semble surgir tout droit d’un drame qui, vue de l’extérieur, ressemble à un roman médiéval fantastique, mais où le sang coule pour de vrai.

    En juin dernier, Cerantonio et sa femme ont essayé d’émigrer – il n’a pas voulu dire où (“il est illégal d’aller en Syrie“, dit-il prudemment) – mais ils ont été interceptés aux Philippines, puis son visa ayant expiré il a été reconduit en Australie. L’Australie a criminalisé le fait de vouloir rejoindre l’État islamique et il lui a confisqué son passeport.

    Il est coincé à Melbourne, où il est bien connu des services de police locaux. Si Cerantonio se faisait prendre à aider des individus dans leur voyage vers l’État Islamique, il serait emprisonné. Toutefois, jusque là, il est libre – un idéologue sans affiliation technique, qui s’exprime néanmoins et dont l’opinion sur les sujets doctrinaux relatifs à l’État islamique font référence auprès des autres djihadistes.

    Nous nous sommes retrouvés pour un déjeuner, à Footscray, une banlieue dense et multiculturelle de Melbourne comme le décrit le guide de voyage Lonely Planet. Cerantonio a grandi ici, dans une famille irlando-calabraise. Des rues typiques où on trouve des restaurants africains, des boutiques vietnamiennes et où de jeunes arabes vont et viennent en tenue de salafiste, la barbe étroite, la chemise longue et le pantalon sur les mollets.

    Cerantonio m’a relaté toute la joie qu’il a ressentie lorsque Baghdadi a été déclaré calife le 29 juin et la soudaine attirance que la Mésopotamie a dès lors exercé sur lui et ses amis. “J’étais dans un hôtel [aux Philippines], j’ai suivi la déclaration à la télévision, j’étais vraiment épaté, à me demander pourquoi j’étais coincé ici dans cette p**** de chambre ?“.

    Le dernier califat remonte à l’empire Ottoman qui a atteint son apogée au XVIe siècle avant de connaître un long déclin, jusque à ce que Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie ne lui porte le coup de grâce en 1924.

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  • L'islam une imposture politique...

    Entretien avec Gilles Falavigna auteur, dePhilosophie politique de l’amour, éditions L’Æncre, collection « À nouveau siècle, nouveaux enjeux »

    (Propos recueillis par Fabrice Dutilleul) 

    Vous dénoncez l’Islam comme une imposture spirituelle. Pourtant, l’Islam apparait également porteur de vos propositions. Quelle est la différence fondamentale ?

    Fondamentalement, l’altérité n’existe pas en Islam. L’identité, ce qui est identique, ne se forge pas sur le plus grand dénominateur commun. Contrairement à ce qu’affirmait Albert Jacquard, ce n’est pas l’appartenance à l’humanité qui nous rend Homme. C’est la conscience de l’humanité qui nous rend Homme. Et l’identité se forge sur le plus petit commun dénominateur avec l’Autre, le plus profond. Le caractère universaliste de l’Islam y est contraire. Ensuite, l’Islam n’offre aucune élévation car le Musulman n’a rien à apporter à l’Islam. Il y a, au contraire, réduction pour l’individu. Le paradis n’est pas une récompense dans le continuum existentiel. Il est la manifestation d’un état supérieur. Enfin, l’Islam est une doctrine politique dont la spiritualité n’est pas le déterminant. C’est, au contraire, la doctrine politique qui est déterminante de la spiritualité de l’Islam. L’attitude politique se doit d’être théologique. C’est l’analyse que faisait Carl Schmitt du Léviathan de Hobbes. La spiritualité est une démarche individuelle qui construit la relation. Ce n’est pas la relation qui doit construire l’individu. Aimer, cela s’apprend. Vivre, cela s’apprend. Comment offrir le meilleur de nous-même, ce qu’est l’Amour, sans le cultiver?

    Qu’apporte ce livre de nouveau dans le paysage politique ?

    La philosophie politique de l’Amour décrit un mode opératoire. La spiritualité est une démarche individuelle. Elle opère le dépassement de soi. Elle développe en synergie le collectif. Avec l’Amour, nous offrons à l’Autre le meilleur de nous-mêmes. Avec l’Amour, nous vivons dans la Vérité. Celle-ci n’est pas vagabonde. La famille est créée. La Vérité avance en phalange, une troupe qui se déplace en bloc. La Vérité est liée à ses sœurs, à la Droiture, à la Loyauté, à la Bravoure. Le sacré est dans le collectif. Le paysage politique actuel est gestionnaire de la lâcheté. Ce livre veut décrire les moyens de revenir à ce qui fait la grandeur d’une société. D’abord, se connaître soi-même. Nous connaissons nos limites et nous pouvons les dépasser, en poser de nouvelles. C’est ce qu’offre l’identité, paradigme premier. l’Amour est le déterminant de l’appartenance, paradigme deuxième. La famille est une œuvre à bâtir, paradigme troisième de l’Amour en politique. Construire un monde authentique doit être l’objectif de toute idéologie politique et non de gérer la compromission pour un petit confort immédiat. Et c’est donner sa place naturelle au Sacré.

    Pensez-vous que vos propositions dépassent l’Utopie?

    L’irrationnel guide nos choix les plus fondamentaux. Si tel n’était pas le cas, l’Homme ne serait jamais sorti des cavernes. L’Utopie n’est le domaine que de ceux qui s’accrochent au rationnel. Ce sont les gens « normaux » qui voient la vie en rose confirment les psychiatres. Amartya Sen, prix Nobel d’économie, a pu démontrer que la politique est le déterminant de l’Économie. La philosophie se doit, de même, d’être le déterminant de la politique. L’Amour ouvre à la Vérité et la vérité ne peut être une utopie. Karl Marx différenciait le socialisme utopique du socialisme scientifique. Il n’y avait pas la foi, celle avec laquelle tout devient possible. Ce n’est, ensuite, qu’une question d’adhésion, adhésion à une liberté qui n’est plus une simple zone de tolérance. Qualifier d’utopie ce dont nous ne savons rien revient à profaner le sacré. Celui qui n’a pas vraiment la foi gère un espoir et refuse la vérité dure. Les vœux ne sont qu’un espoir. La vérité est dans l’acte. Elle ne dépend que de nous.

    Philosophie politique de l’amour, Gilles Falavigna, éditions L’Æncre, collection « À nouveau siècle, nouveaux enjeux », dirigée par Philippe Randa, 310 pages, 27 euros.

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  • Défense de la culture de la vie : mais où va la Droite ?

    L'article évoqué hier, intitulé "Protection de la vie : vers une explosion à droite ?" concernant l'UMP, mérite d'être mis en corrélation avec celui ci concernant le FN : "Pourquoi le FN pourrait perdre une partie de l’électorat catholique en 2017" :

    "Sur la loi sur la fin de vie, le gouvernement a su habilement manœuvrer, agissant assez rapidement et ne parlant pas d’euthanasie. A part Alliance Vita, le collectif Soulager mais pas tuer et deux ou trois députés UMP, on n’a eu ni débat ni opposition. Les amendements dit euthanasiques, ayant été rejetés, il a été facile à la majorité socialiste de faire passer la loi Claeys/Leonetti dans la plus grande facilité.

    Le FN en a été totalement absent non seulement lors des deux votes mais aussi dans le débat. Il faut dire que cela tombe en pleine campagne électorale pour les départementales et que Marion Maréchale-Le Pen est sans doute trop occupée dans le Vaucluse, en pleine guerre avec Jacques Bompard. Ce n’est pas tout de dénoncer les absences des autres, encore faut-il être présent à moins qu’on ne juge que le dossier ne soit pas important. Certes le FN n’a que deux députés mais il a une certaine force de frappe médiatique que n’a pas un Jacques Bompard, par exemple.Résultat l’opposition est venue de députés UMP comme Jean-Frédéric Poisson ou Xavier Breton qui ont voté contre tout comme Hervé Mariton, Nicolas Dhuicq ou bien un certain Gérald Darmarnin, ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy lors de sa campagne pour la présidence de l’UMP. En tout, 25 députés UMP ont voté contre et 25 se sont abstenus. Les 144 autres présents ont voté pour. Ils n’auraient pas pu faire pencher la balance mais ils auraient, cependant, été plus nombreux à se prononcer contre si une véritable campagne avait été menée. Or sur ce sujet, ils ne se sentent pas du tout débordés par leur droite, bien au contraire !

    On savait déjà que cette droite bourgeoise et catholique, qui a formé en majorité les rangs de la Manif Pour Tous, n’était pas très encline à voter FN. D’ailleurs, pendant longtemps, les élus FN se sont plaints d’avoir été ostracisés et cachés au détriment de l’UMP. Cela a bien été le cas surtout à l’époque Frigide Barjot et un changement s’est opéré à l’arrivée de Ludovine de la Rochère (...)

    Occupé depuis longtemps à sa conquête du pouvoir, le FN n’accorde plus la même importance aux questions sociétales, qui lui ont permis d’attirer un certain électorat catholique conservateur quand le parti était diabolisé. Se voulant défenseur de l’héritage chrétien tout en étant une barrière à l’islamisme plus qu’à l’islamisation, le parti prône une laïcité la plus stricte qu’il soit mais il n’est pas le seul parti à être en porte-à-faux sur ces questions de laïcité républicaine (...) L’électorat catholique est bien sûr loin d’être important au moment des élections mais il apporte toutefois des voix non négligeables. Marine Le Pen pourrait en avoir besoin pour 2017 !"

    Philippe Carhon