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culture et histoire - Page 1502

  • Saint Louis un modèle pour notre temps

    Charles Beigbeder honore saint Louis que nous avons fêté hier :

    "Il y a 744 ans, le 25 août 1270, mourait le roi Louis IX, dit « Saint Louis », des conséquences d’une épidémie de dysenterie contractée à Tunis au cours de la VIIIème croisade.

    Descendant direct d’Hugues Capet, arrière-petit-fils d’Aliénor d’Aquitaine, petit fils du roi Philippe Auguste, fils de Blanche de Castille, Saint Louis, né quelques mois avant la bataille de Bouvines en 1214, reste la figure la plus emblématique du roi justicier, arbitre reconnu et respecté des conflits internationaux,roi réformateur qui modernisa la monarchie capétienne et roi bâtisseur qui embellit notre pays d’un nouveau patrimoine religieux et culturel. À titre privé, Saint Louis, époux attentif et aimant, père de 11 enfants, reste un modèle de vertu et unefigure de sainteté qui impressionna ses contemporains jusqu’en Orient et força l’admiration de ses adversaires.

    Roi justicier, Saint Louis l’est d’abord dans son royaume : il renouvelle la « quarantaine-le-roi » instituée par Philippe Auguste, trêve obligatoire d’au moins 40 jours après un différend privé, au cours de laquelle le recours aux armes est strictement interdit sous peine de crime de lèse-majesté, afin d’endiguer la vengeance privée et de faciliter le recours aux voies judiciaires. Dans le même esprit, il interdit les ordalies, (qui consistaient à soumettre de manière superstitieuse l’accusé à une épreuve physique pour décider de son sort) et supprime le duel judiciairedans le domaine royal, au profit des preuves testimoniales. Couronnant le tout, il institue la « supplicatio », droit d’appel au roi de tout jugement local.

    Artisan de paix, il s’efforce de limiter les conflits avec ses contemporains et consolide les acquisitions territoriales de la dynastie capétienne. [...]

    Roi réformateur, saint Louis promulgue en 1254 une grande ordonnance administrative qui modernise le royaume et lutte contre l’arbitraire des officiers royaux : abolition des mesures édictées par eux en violation des coutumes locales, interdiction pour les officiers royaux d’accepter tout cadeau pour eux-mêmes ou leur famille, afin d’éviter toute forme de corruption, impossibilité d’infliger une amende sans jugement, instauration du principe de présomption d’innocence. Se souciant des injustices pesant sur la condition féminine, Saint Louis s’efforce de préserver leurs héritages et leurs dots en interdisant qu’une femme puisse être punie pour les fautes de son mari.

    Roi bâtisseur, enfin, Saint Louis fonde l’abbaye de Royaumontqu’il attribue aux Cisterciens, participe à l’érection des grandes cathédrales gothiques, fait édifier la Sainte Chapelle, véritable écrin de verre enfermant les reliques de la couronne d’épines, fonde avec Robert de Sorbon, son confesseur et ami, le Collège de la Sorbonne, institue pour les Aveugles l’hospice des Quinze-Vingts, restaure l’Hôtel Dieu de Paris, ou encore fortifie la ville d’Aigues-Mortes, point de départ des deux croisades qu’il mena au cours de son long règne de 44 ans.

    C’est d’ailleurs Saint Louis, qui, le premier, accorde la protection de la France aux peuples chrétiens d’Orient, bien avant les Capitulations signées en 1536 par François Ier avec la Sublime Porte. [...]

    Comment ne pas voir dans la figure de Saint Louis un modèle pour notre temps !

    Le manque de justice se fait cruellement sentir, alors que des pans entiers de notre territoire deviennent des zones de non-droit où les caïds font régner la terreur, et que des magistrats laxistes relâchent les délinquants récidivistes traqués par la police, alors que la Garde des Sceaux fait adopter un projet de loi contribuant à vider les prisons.

    La recherche de la paix en Europe devrait conduire la France à jouer un rôle d’arbitre en Ukraine, au lieu de se contenter d’infliger des sanctions économiques à la Russie. Comment ne pas comprendre qu’il est illusoire et dangereux de vouloir cantonner l’Ukraine dans le giron européen alors que le pays reste tiraillé entre l’Ouest soumis à l’influence occidentale, et l’Est, proche de la Russie, qui n’acceptera jamais un satellite de l’OTAN ou de l’UE à ses frontières.

    De même, la « réformation du royaume » est une nécessité vitale dans un pays soumis à des corporatismes plus dangereux que les féodalités médiévales, et victime d’un chômage endémique, d’une taxation asphyxiante, et d’une dépense publique toujours plus dispendieuse.

    Enfin, face à ce qui s’apparente de plus en plus à un génocide des Chrétiens d’Orient mené par l’Etat islamique d’Irak et du Levant, comment ne pas s’inspirer de Saint Louis pour que, fidèle à notre tradition de protection des minorités chrétiennes d’Orient, nous demandions à l’ONU une intervention militaire placée sous l’égide du chapitre VII de la charte des Nations unies et conduite par une coalition où figureraient, aux côtés des Occidentaux, les pays de la Ligue arabe acceptant de s’impliquer dans une opération de la sorte. Ce serait notre manière contemporaine d’être fidèle à l’héritage de saint Louis !

    Michel Janva

  • L’influence de la presse régionale, à travers une simple anecdote.

    La lecture du quotidien Ouest-France est un rituel auquel je ne déroge pas lorsque je suis à Rennes : j’ai souvenir que, depuis le plus jeune âge, ce journal était sur la table du petit déjeuner et qu’il inaugurait, d’une certaine manière, la journée, d’abord par les aventures de Lariflette (personnage disparu des colonnes du quotidien, tout comme Hagar Dunor, dont je ne certifie pas l’orthographe…), puis, à l’adolescence, par la rubrique politique locale, d’ailleurs fort fournie à l’époque, si j’en crois mes souvenirs. Régulièrement, d’ailleurs, paraissaient des communiqués des mouvements ou cercles royalistes, en particulier lors des événements estudiantins ou lycéens, et cela nous donnait un peu plus de visibilité et de crédibilité encore, alors que de nombreux murs de Rennes affichaient (bien malgré eux…) un royalisme de bon aloi…

     

    Mardi matin, justement, alors que je dégustais un petit café au prix moins douloureux qu’en région parisienne, une information apparemment anodine a attiré mon regard : il s’agissait du refus par la société GDF-Suez d’un chèque en breton rédigée par une Lanestérienne nonagénaire, pourtant correspondant à la somme demandée. Le fournisseur d’énergie a d’ailleurs aggravé son cas en menaçant, lors d’un deuxième courrier, d’interrompre le service à cette cliente, bretonnante depuis sa naissance… Bien sûr, cette vieille dame, soutenue par des militants de la cause bretonne, n’a rien cédé, étant dans son bon droit : « Cliente du Crédit mutuel de Bretagne, qui propose des chéquiers en breton depuis 1982, Luce Loyant assure qu’elle rédige « tous [ses] chèques dans cette langue. Je n’ai jamais eu de problèmes ». Elle a fait part de son « incompréhension » à GDF-Suez. Car d’après le code monétaire et financier, la langue utilisée pour remplir un chèque doit être celle pré-imprimée sur le titre lui-même. Soit, en l’espèce, le breton. »

    Lecture du quotidien du matin...

    Une fois la presse alertée et l’article paru dans Ouest-France, dans son édition de mardi, il semble que les choses se soient vite débloquées et la société a reconnu son erreur, acceptant et débitant enfin le chèque de la cliente… Cela aurait-il été si rapide si le principal quotidien régional n’avait évoqué cette affaire ? Personnellement, j’en doute ! L’influence de ce journal et de son groupe de presse n’est pas négligeable (c’est le moins que l’on puisse dire), surtout au plan local et régional (et pas seulement pour la Bretagne), ici pour le meilleur, parfois pour le pire (surtout quand il s’agit de la question européenne, Ouest-France se voulant l’héritière de la très européiste démocratie-chrétienne), et montre que la presse écrite reste encore, en particulier dans les régions et leurs différents échelons, un vecteur important de la politique qu’il serait hasardeux de négliger même si, effectivement, elle ne joue peut-être plus le rôle de jadis quand elle était la première source d’informations, et pas seulement locales, pour les lecteurs du petit déjeuner ou du bistrot… Elle représente aussi, en tout cas, une information de proximité qui répond aux attentes de nombreuses personnes, pas forcément pour l’information elle-même ou les opinions du journal, mais pour cette proximité qui rassure et qui met en valeur les gens « locaux » eux-mêmes, toujours soucieux de voir si, quelque part, ils ne seraient pas les « héros du jour », y compris pour des événements qui peuvent paraître bien anodins au regard de la « grande actualité »… Un pays réel et local bien loin des atermoiements et des centres d’intérêt du pays légal parisien ou parisianiste ! [...]

    La suite sur le blog de Jean-Philippe Chauvin

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?L-influence-de-la-presse-regionale

  • L’influence de la presse régionale, à travers une simple anecdote.

    La lecture du quotidien Ouest-France est un rituel auquel je ne déroge pas lorsque je suis à Rennes : j’ai souvenir que, depuis le plus jeune âge, ce journal était sur la table du petit déjeuner et qu’il inaugurait, d’une certaine manière, la journée, d’abord par les aventures de Lariflette (personnage disparu des colonnes du quotidien, tout comme Hagar Dunor, dont je ne certifie pas l’orthographe…), puis, à l’adolescence, par la rubrique politique locale, d’ailleurs fort fournie à l’époque, si j’en crois mes souvenirs. Régulièrement, d’ailleurs, paraissaient des communiqués des mouvements ou cercles royalistes, en particulier lors des événements estudiantins ou lycéens, et cela nous donnait un peu plus de visibilité et de crédibilité encore, alors que de nombreux murs de Rennes affichaient (bien malgré eux…) un royalisme de bon aloi… 

    Mardi matin, justement, alors que je dégustais un petit café au prix moins douloureux qu’en région parisienne, une information apparemment anodine a attiré mon regard : il s’agissait du refus par la société GDF-Suez d’un chèque en breton rédigée par une Lanestérienne nonagénaire, pourtant correspondant à la somme demandée. Le fournisseur d’énergie a d’ailleurs aggravé son cas en menaçant, lors d’un deuxième courrier, d’interrompre le service à cette cliente, bretonnante depuis sa naissance… Bien sûr, cette vieille dame, soutenue par des militants de la cause bretonne, n’a rien cédé, étant dans son bon droit : « Cliente du Crédit mutuel de Bretagne, qui propose des chéquiers en breton depuis 1982, Luce Loyant assure qu’elle rédige « tous [ses] chèques dans cette langue. Je n’ai jamais eu de problèmes ». Elle a fait part de son « incompréhension » à GDF-Suez. Car d’après le code monétaire et financier, la langue utilisée pour remplir un chèque doit être celle pré-imprimée sur le titre lui-même. Soit, en l’espèce, le breton. »

    Lecture du quotidien du matin...

    Une fois la presse alertée et l’article paru dans Ouest-France, dans son édition de mardi, il semble que les choses se soient vite débloquées et la société a reconnu son erreur, acceptant et débitant enfin le chèque de la cliente… Cela aurait-il été si rapide si le principal quotidien régional n’avait évoqué cette affaire ? Personnellement, j’en doute ! L’influence de ce journal et de son groupe de presse n’est pas négligeable (c’est le moins que l’on puisse dire), surtout au plan local et régional (et pas seulement pour la Bretagne), ici pour le meilleur, parfois pour le pire (surtout quand il s’agit de la question européenne, Ouest-France se voulant l’héritière de la très européiste démocratie-chrétienne), et montre que la presse écrite reste encore, en particulier dans les régions et leurs différents échelons, un vecteur important de la politique qu’il serait hasardeux de négliger même si, effectivement, elle ne joue peut-être plus le rôle de jadis quand elle était la première source d’informations, et pas seulement locales, pour les lecteurs du petit déjeuner ou du bistrot… Elle représente aussi, en tout cas, une information de proximité qui répond aux attentes de nombreuses personnes, pas forcément pour l’information elle-même ou les opinions du journal, mais pour cette proximité qui rassure et qui met en valeur les gens « locaux » eux-mêmes, toujours soucieux de voir si, quelque part, ils ne seraient pas les « héros du jour », y compris pour des événements qui peuvent paraître bien anodins au regard de la « grande actualité »… Un pays réel et local bien loin des atermoiements et des centres d’intérêt du pays légal parisien ou parisianiste ! [...]

    La suite sur le blog de Jean-Philippe Chauvin

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?L-influence-de-la-presse-regionale

  • C’était un 23 août : la prise de Rome par Alaric

    Le 24 août 410, Alaric, roi des Wisigoths, fâché que l’empereur Honorius n’eût pas versé le tribut demandé, s’empare de Rome.
    Pendant trois jours, ses troupes vont piller et massacrer à qui mieux mieux.
    Alaric lui-même enlève une princesse promise à un grand destin, 
    Galla Placidia !

    Certes, depuis de nombreuses années, la Ville éternelle était délaissée par l’empereur d’Occident au profit de Ravenne et n’était plus que l’ombre d’elle-même. L’événement n’en revêt pas moins une grande importance symbolique aux yeux des intellectuels de l’époque, tel saint Augustin.
    Celui-ci écrit
     La Cité de Dieu, un plaidoyer pour répondre aux philosophes païens qui accusent les chrétiens d’être à l’origine du drame (Alaric lui-même est un chrétien de la mouvance arienne) et surtout rappeler que les réalisations terrestres sont peu de chose au regard des promesses du Ciel. Il ne manque pas de prendre la défense des femmes violées par les Barbares et que la morale païenne contraint au suicide.

    Dans les provinces périphériques de l’empire, beaucoup de ses contemporains et Augustin lui-même ne sont pas loin de penser que le sac de Rome est le châtiment de tous les forfaits commis par les légions romaines au cours des siècles passés…

    Source

    http://www.contre-info.com/il-y-a-1600-ans-la-prise-de-rome-par-alaric#more-6498

  • 22 août 1914 : mort au front d’Ernest Psichari,

    à l’âge de 31 ans. Ce jeune écrivain était le petit fils d’Ernest Renan.

    Il rejetta tôt les idées exprimées par le milieu de la bourgeoisie intellectuelle dreyfusarde de sa jeunesse.
    Au pacifisme succéda la ferveur nationale, au culte du moi celui de la communauté enracinée, au rationalisme la ferveur des sentiments.
    Même s’il n’a pas laissé une œuvre très importante, Psichari est, par sa personnalité, ses préoccupations, ses aspirations morales et son engagement, emblématique d’une jeunesse exaltée dont fit aussi partie Charles Péguy par exemple.

    Engagé dans l’artillerie à l’âge de vingt ans, il servit d’abord au Congo, puis en Mauritanie, ce qui lui inspira des récits de voyages (Terres de soleil et de sommeil, 1908). Ayant choisi l’armée par idéal, il y éprouva la satisfaction d’appartenir à un corps dépositaire d’une longue tradition. Il se mit également à soutenir les idées de Charles Maurras et de l’Action française.

    En 1913, il publia L’Appel des armes, contre l’humanitarisme pacifiste et le déclin moral qui lui sembla en être la conséquence, au profit d’un idéal de dévouement et de grandeur.

    Cette attitude s’exprima avec encore plus de force dans son second livre, publié à titre posthume, Le voyage du centurion (1916). Il s’agit de la transposition (à peine masquée) de son expérience et de son évolution spirituelle. Longtemps à la recherche de certitudes intellectuelles, le jeune homme se tourna vers la foi catholique et la méditation. De simple croyant, il devint pratiquant en 1912, puis décida d’entrer dans l’ordre des dominicains.

    La guerre, qui éclata peu après, l’empêcha de concrétiser son vœu. Sous-lieutenant au 2e régiment d’artillerie coloniale, il fut tué à Rossignol en Belgique le 22 août 1914. Les monarchistes de l’Action française tels Henri Massis et Paul Bourget, mais aussi Maurice Barrès ont vu en Psichari un héros national et ont entretenu sa mémoire par diverses publications.

    Une stèle puis un monument-autel ont été érigés à la mémoire de Psichari à Rossignol, à l’initiative du poète Thomas Braun et de Henri Massis.

    Quelques-uns de ses livres sont commandables ici.

    http://www.contre-info.com/22-aout-1914-mort-au-front-dernest-psichari#more-14227

  • La laïcité : un instrument de combat contre toute religion qui n’est pas d’Islam

    Communiqué de Gilbert Collard, Député du Gard :

    "Un laïc, c’est étymologiquement [...] un membre du peuple chrétien qui n’appartient pas au clergé. Drôle de voir les bouffeurs de curé revêtir un mot qui leur va comme une mitre. [...] Aujourd’hui, en même temps que la laïcité est attaquée de toute part, ce mot prend un sens différent, partisan, comme s’il y avait la bonne et la mauvaise laïcité. L’idée de neutralité, chère aux pères fondateurs, n’existe plus. La laïcité n’est plus neutre. Elle n’est même plus historique. Elle veut déraciner les racines judéo-chrétiennes de la France : Jeanne d’Arc, le souvenir que chez nous « La Patrie est née du cœur d’une femme, de sa tendresse et de ses larmes, du sang qu’elle a donné pour nous… », que  Clovis a reçu le baptême en l’an 500, que de Gaulle déclarait : « Pour moi, la France est un pays chrétien » ; nos églises, vieilles pierres des prières de nos pères, s’effondrent dans l’indifférence. Au nom de la laïcité, on interdit ou on tolère, on condamne ou on encense, empêchant l’émergence d’une laïcité apaisée, aboutissant à une laïcité à géométrie variable. Elle est un instrument de combat socialiste contre toute religion qui n’est pas d’Islam, pourquoi ? Alors que chacun a le droit de vivre sa foi, chacun dans le respect, pourquoi ? Une juridiction à Colmar rétablit le délit de blasphème en condamnant Christine Tasin à 3000 euros d’amende parce qu’elle a dit : « l’Islam est une saloperie » ! Voltaire et son « écrasons l’infâme », adressé au christianisme, 3000  louis d’amende ! Condamnera-t-on demain l’outrancière comme elle, qui affirmera : « le christianisme, le judaïsme est une saloperie ! », ce que ne se privent pas, du reste, de beugler des  manifestants pro-palestiniens. Ménard, qui n’a rien d’un maire pénard, organise le 15 août 2014, une messe dans les arènes de Béziers ; scandale ! Soutane ! Satan ! L’inconsumable, Alexis Corbière des ânes trempe sa plume dans son bénitier pour fulminer : « Mépris évident de la laïcité, la féria de Béziers est née en 1968 à l’initiative d’un élu SFIO, laïque reconnu qui n’aurait pas toléré cela. La fausse laïcité version Le Pen et Ménard n’est que le masque d’un racisme institutionnel. » Vous remarquerez, au passage, que le Corbière des Ânes distribue des baptêmes de « laïque reconnu » ! Un nouveau label. Ainsi organiser une messe en faveur des chrétiens d’Orient persécutés par le fanatisme religieux est un acte « de racisme institutionnel » ! Ce même 15 août 2014, comme chaque année, une messe est organisée à Metz, jour de la fête de l’Assomption de la Vierge Marie ; des élus y assistent ! Cette messe commémore un événement tragique de l’occupation.Des militants d’une association « les profanes »,  inconnue jusqu’alors, en profitent pour distribuer des « kits laïcs » avec des bouchons d’oreilles pour dénoncer la présence, profanatrice de la laïcité, des élus… Toute la presse en parle ! Que ne peut –on distribuer des kits anti-connerie pour nous boucher les oreilles. Pourquoi tous ces chantres de la laïcité ne s’indignent-ils pas quand la mairesse de Paris dépense aux frais du contribuable, peut – être laïque, 70 000 euros pour fêter le ramadan, que je respecte ? Pourquoi n’exigent-ils pas qu’on honore dans les mêmes conditions le Vendredi saint où la fête de Kippour? Pourquoi acceptent-ils que Hollande souhaite un bon ramadan ? Pourquoi tolèrent-ils que le premier ministre participe au repas de rupture du jeune ? Pourquoi supportent-ils le communautarisme qui tétanise l’école ? Pourquoi ont-ils admis, sans rien moufter, qu’au sein du conseil du culte musulman existe une commission chargée « de proposer des orientations sur l’enseignement du fait islamique destinées aux établissements scolaires » ?

    Ils ont des bouchons d’oreilles sélectifs ou ils sont bouchés à l’émeri ?

    À quand une laïcité sans discrimination, sans arrière- pensées électoralistes, qui place chacun sur un pied d’égalité devant les divers modes d’emploi de l’accès  à son Dieu !"

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2014/08/la-la%C3%AFcit%C3%A9-un-instrument-de-combat-contre-toute-religion-qui-nest-pas-dislam.html

  • Sur les Identitaires, la Tradition et la révolution globale

    Je considère que les Identitaires sont des alliés quand ils refusent la modernité, l’oligarchie globale et le capitalisme libéral mortifère pour les cultures ethniques et les traditions.

    L’ordre politique moderne est essentiellement global et est purement basé sur l’identité individuelle. C’est le pire ordre possible et il doit être totalement détruit.

    Quand les Identitaires militent pour une réaffirmation de la Tradition et des anciennes cultures des peuples européens, ils ont raison. Mais quand ils attaquent les immigrés, les musulmans ou les nationalistes des autres pays (sur la base de conflits historiques), quand ils défendent les États-Unis, l’atlantisme, le libéralisme ou la modernité, quand ils considèrent la race blanche (qui est celle qui a produit la modernité) comme la race supérieure et affirment que les autres races sont inférieures, je suis en total désaccord avec eux.

    Plus que cela, je ne peux défendre les Blancs contre les non-Blancs pour la seule raison que je suis un Blanc et un Indo-Européen moi-même. Je reconnais la différence des autres groupes ethniques comme une chose naturelle et je refuse toute hiérarchie entre les peuples parce qu’il n’existe pas, et qu’il ne peut pas exister, de mesure universelle pour comparer les sociétés ethniques et les systèmes de valeur.

    Je suis fier d’être Russe, exactement comme les Américains, les Africains, les Arabes ou les Chinois sont fiers d’être tels qu’ils sont. C’est notre droit et notre dignité d’affirmer notre identité. Non pas les uns contre les autres, mais les uns à côté des autres, sans ressentiment envers les autres ni remords envers soi-même.

    Je ne peux pas défendre la nation, parce que la nation est un concept bourgeois imaginé par la modernité afin de détruire les sociétés traditionnelles (Empire) et les religions pour les remplacer par de pseudo-communautés artificielles basées sur l’identité individuelle. Actuellement, la nation est en voie d’être détruite par les mêmes forces qui l’ont créée dans la première période de la modernité. Les nations ont remplies leur rôle de destructeur des identités organiques et spirituelles, et maintenant les capitalistes détruisent leurs propres instruments pour rendre possible la globalisation.

    Nous devons attaquer le capitalisme comme un ennemi absolu, responsable tant de la création de la nation comme simulacre de la société traditionnelle que de sa destruction actuelle. La raison de la catastrophe actuelle a ses racines dans les bases idéologiques et philosophiques du monde moderne. Et la modernité qui était blanche et nationale à son origine est devenue globale sur sa fin. C’est pourquoi les Identitaires doivent choisir leur camp réel : la Tradition (ce qui inclue leur propre Tradition indo-européenne) ou la modernité ? L’atlantisme, le libéralisme, l’individualisme sont les formes du mal absolu pour identité indo-européenne, elles sont incompatibles avec elle.

    Si les Identitaires aiment réellement leur identité, ils doivent devenir eurasistes et rejoindre les traditionalistes, les ennemis du capitalisme de tous les camps politiques, races, religions ou cultures. Être aujourd’hui anti-communiste, anti-musulman, anti-Oriental, pro-Yankees, atlantiste, signifie appartenir à l’autre camp, être du côté du Nouvel ordre mondial et de l’oligarchie financière. Mais c’est une attitude illogique parce que les conséquences du globalisme détruisent toutes les identités sauf celles qui sont individuelles et faire alliance avec ceux qui le soutiennent signifie trahir l’essence même de l’identité culturelle.

    Le problème avec la gauche est différent. Elle est positive dans son opposition à l’ordre capitaliste mais elle manque de dimension spirituelle. La gauche se présente habituellement comme une autre voie vers la mondialisation ce qui est la raison de son opposition aux valeurs organiques, aux traditions et à la religion.

    Ce serait donc une bonne chose que de voir apparaître des « Identitaires de gauche » qui d’un côté défendraient la justice sociale en attaquant le capitalisme, et d’un autre défendraient les traditions spirituelles en attaquant la modernité.

    L’ennemi est unique, c’est l’ordre global libéral capitalisme de l’hegemon nord-américain (qui est dirigé aussi contre la véritable identité américaine).

    Nous ne vaincrons que si nous unifions nos efforts.

    Alexandre Douguine

    http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EuplllAFkuJzqCyKYI.shtml

  • Que reste-t-il des Lumières ? (2de partie) par Pierre LE VIGAN

    II – Le déploiement des Lumières en Allemagne, en Italie et les premières critiques

    En Allemagne, Les Lumières sont l’Aufklärung, la clarté. Ce sont les Lumières dans les Allemagnes, souvent francophones, et anglophiles au nord, italophiles au sud. Johann Christoph Gottsched, grammairien, Friedrich Nicolai, éditeur et écrivain, Christian Wolff, philosophe et juriste, sont les figures des Lumières allemandes. Il s’agit d’élaborer un système global du savoir, à la manière de Leibniz mais pas forcément avec les mêmes postulats.

    L’Aufklärung en Allemagne

    En Allemagne ne se joue pas une partie à deux, comme en France, avec les philosophes et les hommes d’Église. C’est une partie à trois, avec les philosophes, l’Église protestante, l’Église catholique. Sans compter la judaïté et l’émergence des Lumières en son sein. Les Pages Provinciales, Le Plus Vieux Document du genre humain, les Éclaircissements pour le Nouveau Testament de Herder (1744 – 1803) en 1774, La Grèce de Christoph Martin Wieland (1733 – 1813), Der Vogelsang du même, le critique et philosophe Gotthold Ephraïm Lessing (1729 – 1781), ce sont aussi les Lumières allemandes. Et Kant. Tous sont partie prenante du grand mouvement européen des Lumières, mais généralement sont si loin de toute croyance au progrès qu’ils ne sont jamais loin, en même temps, des anti-Lumières.

    Christian Wolff (1679 – 1754), « le maître des Allemands » disait Hegel, conçoit la philosophie comme une sagesse pratique. Il veut renouveler le concept de « raison suffisante », déjà présent chez Leibniz. Selon C. Wolff, la civilisation chinoise (Discours sur la morale des Chinois, 1721) montre que la raison est suffisante pour guider les peuples et qu’il n’est nul besoin de la piété. C’est une opinion qui le fera expulser de Prusse par Frédéric-Guillaume Ier. Si Voltaire détestait C. Wolff, son système ne fut pas sans influence sur L’Encyclopédie, par le biais de Johann Heinrich Samuel Forney (1711 – 1797), pasteur et homme de lettres allemand, issu d’une famille de huguenots français.

    Johann-Joachim Winckelmann est l’auteur d’une des premières vraies histoires de l’art. Elle est consacrée à l’Antiquité et est fondée sur une idée de la beauté qui est à l’origine du néo-classicisme. Surtout, elle associe vitalité de l’art et climat de liberté. « Grâce à la liberté, l’esprit du peuple s’élève comme un rameau noble surgi d’un tronc sain  (dans Histoire de l’art dans l’Antiquité, 1764, préface). »

    Christoph-Martin Wieland fonda Le Mercure allemand en 1773, périodique dans lequel écrivirent Goethe et Schiller. Il créa le genre des romans de formation ou roman d’apprentissage (Bildungsroman selon le terme forgé par le philologue Johann Carl Simon Morgenstern) avec son Histoire d’Agathon (1767). Les personnages ne sont pas idéalisés, ils connaissent des échecs et apprennent de ceux-ci. Il s’agit de s’éloigner du mysticisme pour concilier sensibilité, raison et pragmatisme. En un mot : pour apprendre la vie. C’est un éloge de « l’homme policé ». L’Histoire de Tom Jones, enfant trouvé, de Henry Fielding, paru en 1749, a pu inspirer Wieland. « Il savait enfin que la vie ressemble à la navigation d’un vaisseau, où le pilote est obligé de diriger sa course selon le ciel et les vents, que des courants contraires peuvent à chaque instant le détourner de sa route, et qu’il s’agit de se diriger au milieu de mille écueils, de façon à atteindre le but désiré promptement et sans avaries (Histoire d’Agathon). » Le genre du « roman de formation » aura une grande postérité et sera illustré à la même époque par Les Souffrances du jeune Werther (1774) de Goethe.

    Lessing (1729 – 1781), ami de Friedrich Nicolai, est l’auteur de la pièce de théâtre Nathan le Sage (1779). C’est un éloge de la tolérance et de la liberté de croyance. Dans L’Éducation du genre humain (1780), Lessing critiquera encore la vanité de se croire être détenteur d’une « révélation ». Il a influencé Herder, sa non croyance au progrès et son idée de la valeur propre de chaque culture. L’important pour Lessing, c’est la raison et son bon usage.

    L‘ambition de Moses Mendelssohn (1729 – 1786), juif allemand, est de montrer que le judaïsme est le socle de la raison humaine. Il veut en ce sens réconcilier la foi et la raison (Jérusalem ou pouvoir religieux et judaïsme, 1783). « Le judaïsme ne se glorifie d’aucune révélation exclusive de vérités éternelles indispensables au bonheur; il n’est pas une religion révélée dans le sens où on a l’habitude de prendre ce terme. Une religion révélée est une chose, une législation révélée en est une autre (Jérusalem…). » Toutefois, Mendelssohn ne croit pas au progrès – ce qui l’éloigne de l’optimisme des Lumières.

    Quand, en 1784, Emmanuel Kant répond à l’enquête du Berliner Monatsschrift sur les Lumières, il a déjà publié la Critique de la raison pure. Les Lumières sont pour Kant « la sortie de l’humanité de sa minorité dont il est lui-même responsable. Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir de penser) sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable (faute) puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapere aude ! (Ose penser). Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières. (dans Qu’est-ce que les Lumières ?) ». Les Lumières sont donc sous le signe de la formule d’Horace, « Ose savoir » (ou « Ose penser »). Elles sont pour Kant une maïeutique. Elles consistent à élucider les règles qui nous guident. Mais nous ne pouvons connaître que ce dont nous pouvons faire l’expérience. Les Lumières sont donc un processus qui concerne chacun et tous, et pas seulement les élites.

    Deux ans après le débat sur la définition des Lumières éclate en Allemagne la « querelle du panthéisme ». Il s’agit de s’interroger sur l’athéisme de Spinoza (sommairement, c’est une controverse entre d’une part Jacobi, « anti-spinoziste », d’autre part Lessing, Mendelssohn et Kant). Cette querelle aboutit à une critique du rationalisme abstrait des Lumières. Pour Friedrich Heinrich Jacobi (1743 – 1819),  tout vouloir expliquer par la raison substitue une liberté abstraite aux libertés concrètes. La déclaration des droits de l’homme aboutit selon Jacobi à une abstraction qui ne voit pas l’homme réel et, au nom d’une certaine  idée de l’homme, ne fait pas grand cas des hommes – ce qui sera aussi la position de Hegel. Pour Jacobi, la Terreur révolutionnaire illustre ce processus. Comme le remarque le philosophe Pierre-Henri Tavoillot, auteur du Crépuscule des Lumières (Cerf, 1995), « sa critique [de Jacobi] est beaucoup plus radicale que la réaction religieuse habituelle. Lui ne prétend pas seulement que la raison est une menace pour la religion, mais aussi pour le réel. C’est la réalité même que la raison met en péril, alors qu’elle entend l’expliquer ! Sa critique est interne à la raison (entretien dans Le Point hors série, « La pensée des Lumières », mars – avril 2010) ».

    Cette critique de Jacobi – une critique libérale au sens de Tocqueville – prépare le romantisme allemand. Celui-ci n’est toutefois pas l’exact contraire des Lumières. Il garde l’ambition d’une universalité. Le romantisme ne renie pas la raison, il veut la réconcilier avec la sensibilité et avec la connaissance. Les romantiques veulent aller au-delà des Lumières, pas contre. Même le nationalisme, quand il apparaît (avec Fichte), se veut une quête d’universalité, l’Allemagne étant un « phare de l’humanité », comme la France avait pu l’être.

    À certains égards, Nietzsche se relie aussi, à sa façon, aux Lumières. Il le fait dans Aurore (1881), avec la critique de l’idée de causalité morale et de punition et avec l’accent mis sur la recherche nécessaire de l’autonomie. Il est encore héritier des Lumières quand il valorise l’autocritique de la raison par elle-même. Si Nietzsche est particulièrement proche d’un homme des Lumières, c’est de Voltaire et de sa critique du christianisme. Mais Nietzsche est aussi proche des Lumières par son « progressisme » paradoxal puisqu’il souhaite l’avènement d’un type humain supérieur. Il valorise aussi la connaissance mais avec lucidité. « L’instinct de la connaissance parvenu à sa limite se retourne contre lui-même pour procéder à la critique du savoir. La connaissance au service de la vie meilleure. Il faut vouloir soi-même l’illusion – c’est le tragique (dans Le crépuscule des idoles, 1888). » « La morale n’est qu’une interprétation – ou plus exactement une fausse interprétation – de certains phénomènes (dans Le crépuscule des idoles). »

    Les Lumières en Italie : l’Illuminismo

    Les Lumières italiennes sont illustrées avant tout par Cesare Beccaria (1738 – 1794). Son plaidoyer  pour un droit pénal libéré de la tutelle de la religion fait date : Des délits et des peines (1766). L’Italie est attentive au mouvement des idées et aux événements comme la Révolution américaine. Le dictionnaire d’Ephraïm Chambers (Cyclopaedia, 1728) est traduit en italien en 1748. Le « Discours préliminaire » de L’Encyclopédie française, de d’Alembert est traduit dès 1753. Pietro Verri publie des Méditations sur le bonheur (1763) qui se dégagent de l’empreinte religieuse. Dans l’Italie du Nord dominée par l’Autriche autoritaire mais moderniste de Joseph II, Empereur du Saint-Empire, les Lumières italiennes s’accompagnent d’un important mouvement de législation, de réglementation concernant le commerce, l’hygiène, la justice, les statistiques. L’Italie est aussi fortement marquée par la pensée de Giambattista Vico (1668 – 1744) même s’il n’a pas été perçu comme un penseur des Lumières. Sa théorie historique des cycles, avec l’âge des dieux, l’âge des héros, l’âge des hommes (La science nouvelle, 1725), mêle poésie, mythologie et histoire et valorise l’assomption de la raison et l’avènement de l’égalité. Giambattista Vico analyse l’histoire en philosophe, ainsi que le fait Voltaire.

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    Le rapport entre les Lumières et la religion dans les différents pays européens est un point fondamental. Il est en partie déterminé par la place de la religion dans la vie publique. Dans le catholicisme, la religion est moins qu’ailleurs une affaire privée. C’est de ce fait en réaction face à l’emprise de l’Église que les auteurs français, qu’ils soient athées ou déistes, s’opposent à l’emprise du clergé sur la diffusion des idées. Pourtant, malgré l’influence de l’Église en Italie, les Lumières italiennes sont moins antireligieuses que celles de France. Les spécificités nationales sont prédominantes.

    Aussi, peut-on parler d’un esprit européen des Lumières ? On peut le faire uniquement sous le registre d’un aspect précis : quand les Lumières substituent à la question du salut celle du bonheur sur terre. C’est la sécularisation. Progressistes, libéraux, autoritaires, pré-nationalistes, universalistes, relativistes : les penseurs des Lumières sont multiples et leurs conceptions souvent incompatibles entre eux. On ne peut faire la synthèse entre Rousseau et Voltaire. Mais un tournant s’opère, et qui est irréversible : on peut être « pour » ou « contre » les Lumières. Mais c’est désormais toujours au nom d’une certaine conception de la raison.

    Contre les Lumières

    Contre les Lumières, Charles Palissot de Montenoy s’illustra tôt, non sans essuyer les critiques de nobles hauts placés et amis du « parti des philosophes » et des critiques de la Cour. Sa pièce Les philosophes (1760) est essentiellement dirigée contre Diderot. Cet ennemi des Lumières mais qui fut pourtant proche de Voltaire accueillit avec faveur la Révolution et prononça des discours contre la religion avant de se faire verser une pension sous le Directoire et de tenter d’entrer à l’Institut.

    Élie Fréron (1718 – 1776), de son côté, fonda le journal L’année littéraire en 1754 et le dirigea jusqu’à sa mort. Il y défendit la religion et la monarchie. Il entretint une polémique, au demeurant brillante de part et d’autre, avec Voltaire. Son journal fut suspendu à plusieurs reprises par le pouvoir ami des philosophes, et fut finalement interdit par le Garde des Sceaux du roi en 1776. Fréron mourut peu de temps après.

    Edmund Burke (1729 – 1797), dans ses Réflexions sur la Révolution en France (1790) défend l’idée qu’« il n’y a pas de découvertes à faire en morale, ni beaucoup dans les grands principes de gouvernement, ni dans les idées sur la liberté ». Johann Gottfried von Herder (1744 – 1803) critique de son côté La Philosophie de l’histoire (1765) de Voltaire dans Une nouvelle philosophie de l’histoire (1774). C’est l’ethnie et la culture qui déterminent l’individu, soutient Herder. Le libéral Benjamin Constant, de son côté, est en un sens homme des Lumières. Il croît à la raison. Il critique néanmoins Rousseau et sa théorie de la volonté générale. « Toute autorité qui n’émane pas de la volonté générale est incontestablement illégitime. […] L’autorité qui émane de la volonté générale n’est pas légitime par cela seul […]. La souveraineté n’existe que d’une manière limitée et relative. Au point où commence l’indépendance de l’existence individuelle, s’arrête la juridiction de cette souveraineté. Si la société franchit cette ligne, elle se rend aussi coupable de tyrannie que le despote qui n’a pour titre que le glaive exterminateur. La légitimité de l’autorité dépend de son objet aussi bien que de sa source (dans Principes de politique applicables à tous les gouvernements représentatifs, 1815, livre II, chapitre 1). »

    Le débat est resté ouvert tout au long du XIXe siècle. En critiquant la modernité, Baudelaire n’épargne pas non plus les Lumières, non plus qu’Ernest Renan, Hyppolite Taine, Charles Maurras, Georges Sorel. Tous s’opposeront à l’individualisme des Lumières, au mythe de l’autonomie de l’individu, au dogme inconditionnel de la raison, à la croyance au progrès. Mais au vrai, beaucoup de penseurs ne peuvent être classés ni pour ni contre les Lumières. C’est le cas de Chateaubriand, homme des « Lumières sournoises » disait Charles Maurras. C’est le cas de Nietzsche, évoqué plus haut, trop voltairien pour être anti-Lumières, et appelant, dans Aurore. Réflexions sur les préjugés moraux (1881), à allumer de « nouvelles Lumières ». Des Lumières moins naïves que celles des philosophes du XVIIIe siècle mais toujours plus lucides, claires et nettes, et éloignées de tous les obscurantismes et de leurs serviteurs (les Finsterlinge, « gens des ténèbres »).

    Plus récemment, Adorno et Horkheimer (Dialectique de la raison. Fragments philosophiques, 1944) attribueront les délires criminels du XXe siècle à un certain rationalisme abstrait amenant à ne plus voir l’homme concret. Un rationalisme héritier des Lumières.

    Notre époque hypermoderne voit, paradoxalement, le retour des croyances les plus archaïques : occultisme, théories du complot, spiritualités de pacotille… « Quand il n’y a plus de symbolique de référence, on a besoin d’inculpation, au lieu de rationaliser, on retourne au religieux, au magique, c’est-à-dire à la sorcellerie, aux bûchers, aux lynchages » écrit Régis Debray (dans Le Monde des religions, mars – avril 2006). Si cela plaide contre notre modernité schizophrène, technophile et obscurantiste à la fois, cela ne plaide pas pour les Lumières telles qu’elles ont existé historiquement. Car les Lumières ne furent pas seulement la critique des crédulités, que l’on ne peut qu’approuver. La « supposition de base des Lumières » fut l’idée « selon laquelle le progrès du savoir entraîne toujours celui de la civilisation » note Rémi Brague. C’est la formule de Victor Hugo : « ouvrir une école, c’est fermer une prison. » Or la lucidité oblige à reconnaître qu’il n’y a pas d’automaticité entre progrès des connaissances et de l’éducation, et progrès des mœurs. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas souhaitable d’ouvrir des écoles et d’œuvrer à la formation des hommes par l’éducation. Cela veut dire que le tragique et la faillibilité sont inhérents à la condition de l’homme. Tocqueville avait constaté que les philosophes des Lumières « expliquaient d’une façon toute simple l’affaiblissement graduel des croyances; le zèle religieux, disaient-ils, doit s’éteindre à mesure que la liberté et les lumières augmentent. Il est fâcheux que les faits ne s’accordent point avec cette théorie ». Au contraire, la technique et la mondialisation augmentent le besoin de croyances parfois les moins rationnelles, et les plus déracinées, dissociant foi et raison, espérance et rationalité.

    L’idée de Coménius, qui était d’apprendre les uns des autres, reste un bel idéal et contient une part de vérité, mais d’une part les hommes n’ont pas attendu les Lumières pour avoir cette ambition, d’autre part, il n’est plus possible d’ignorer que le monde n’est pas seulement une école. C’est aussi un champ de bataille. Peter Sloterdijk remarque à propos de l’optimisme des Lumières : « cette conception progressiste effarante de naïveté, s’est cristallisée au XIXe siècle, et est à l’origine des idéologies destructrices du XXe qui assuraient suivre le cours inexorable de l’histoire. Nous devons refuser cette partie de l’héritage des Lumières ». De surcroît, nous ne vivons plus tout à fait dans l’ère du livre, des récits, de la typographie, et nous sommes entrés dans l’ère du numérique et des réseaux. C’est pourquoi les Lumières ne nous parlent plus comme le grand récit du progrès. Notamment parce que ce grand récit du progrès a montré qu’il pouvait lui-même exacerber les conflits, créer des mythes insensés, rendre inexpiables des guerres et plonger les hommes dans le désarroi. L’idée que la raison est toute puissante et transparente, qu’elle peut établir la compréhension et l’harmonie entre les hommes n’est plus tenable. L’idée que l’usage de la raison rend la société bonne s’est avérée absurde. À la raison unique et donc totalitaire, à la raison « occidentale », il faut opposer les raisons différenciées des peuples. Il faut bien sûr viser  à une certaine et toujours fragile universalité des compréhensions mais refuser l’universalisme des pratiques, des façons de faire, des éthiques et des esthétiques  du monde.

    Pierre Le Vigan

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