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culture et histoire - Page 1508

  • Cinquante ans après, réflexions sur l’OAS par Dominique Venner

    Le temps galope plus vite que ne l’imaginait Alexandre Dumas quand il écrivait une suite aux Trois Mousquetaires. Ce n’est pas « vingt ans après », mais cinquante ans après 1962 que d’anciens acteurs ou témoins se retrouvent par historiens interposés pour évoquer leurs souvenirs et réfléchir sur ce qui fut l’un des derniers drames vécus par la France en Algérie avant qu’elle ne sorte de l’Histoire.

    Le 15 juin 2012, La Nouvelle Revue d’Histoire (NRH) mettra en vente un très riche numéro hors série (n° 4) consacré à “L’Algérie. Histoire d’une terre tragique”. Une histoire que nous revisiterons dans sa longue durée (2000 ans), depuis la conquête romaine jusqu’à la fin de la présence française. Une part notable sera consacrée à la guerre d’Algérie (1954-1962) en montrant ses origines depuis 1942 (débarquement anglo-américain, puis épisode gaulliste de 1943-1945). Il n’est pas possible, en effet, de comprendre et d’interpréter les événements récents si l’on ignore les longues plages historiques qui les ont précédés.

    En préparant ce numéro hors série de la NRH avec plusieurs de nos collaborateurs spécialisés, notamment Philippe Conrad, Bernard Lugan, Yann Le Bohec, Jean Monneret ou Péroncel-Hugoz, je réfléchissais pour ma part à ce que fut l’OAS et sa véritable signification. C’est le résultat très condensé de ces réflexions que je présente ici. Il n’engage que moi et intéressera d’abord ceux qui n’étaient pas encore nés à cette époque, mais ont parfois recueilli des souvenirs brûlants au sein de leur famille.

    Qu’est-ce que l’OAS ? Ce fut d’abord une appellation qui rappelait l’époque de la Résistance dont plusieurs de ses futurs inspirateurs avaient gardé la nostalgie : “Organisation Armée Secrète”. Une appellation fort peu politique et dépourvue de signification idéologique. Elle correspond assez bien à ce que fut cette “organisation” assez peu organisée, dont on peut retenir trois composantes et plusieurs significations.

    L’OAS fut d’abord le mouvement de résistance des Européens d’Algérie (à l’époque, on ne disait pas “pieds noirs”) après l’échec du putsch des généraux du 22 avril 1961. Ces Français se sentaient trompés et abandonnés, menacés dans leur existence. Ils pressentaient qu’ils seraient contraints de fuir leur pays sous le coup d’une épuration ethnique voulue par le FLN algérien avec la complicité de l’Etat français. Celui-ci déchaina en effet toutes ses forces contre les victimes de sa politique avant et après les “accords” d’Évian (18 mars 1962). Il brisa par la force la révolte de Bab el-Oued (quartier européen et populaire d’Alger) comme l’armée soviétique à Budapest en 1956. Il fit tirer sur la foule désarmée devant la Poste d’Alger, le 26 mars 1962 (63 morts). Il assista passivement aux enlèvements et égorgements d’Européens par le FLN et aux massacres d’Oran (5 juillet 1962). Il ne fit rien pour aider et accueillir le flot des rapatriés qui cherchèrent refuge en France à partir de juillet 1962. Il laissa massacrer les harkis en leur retirant la nationalité française, tout en interdisant à l’armée de les secourir. Dans son livre “Un Silence d’État”, s’appuyant sur les archives officielles, l’historien Jean-Jacques Jordi (Editions Soteca, 2011) a apporté la preuve que les violences de l’OAS ont été des ripostes désespérées aux violences visant les Européens, et ne peuvent en aucun cas justifier celles de l’État français ou du FLN. L’historien Jean Monneret a apporté des preuves identiques concernant les massacres d’Oran (“La tragédie dissimulée, Oran, 5 juillet 1962”, Michalon, 2012).

    En ce temps-là, il y avait en Algérie un peu plus d’un million de Français ou assimilés, présents depuis plusieurs générations. Ils n’étaient en rien responsables du sort cruel qui s’abattait sur eux. Dans leur révolte désespérée, concentrée principalement à Alger et Oran, ils trouvèrent le soutien d’un nombre important d’officiers, parmi lesquels le général Salan et le fameux lieutenant Roger Degueldre (fusillé le 6 juillet 1962), organisateur à Alger des “commandos Delta”. Cela introduit à la deuxième composante de l’OAS qui était militaire.

    Avant, pendant et après le putsch des généraux, de nombreux officiers (Godard, Gardes, Argoud) acceptèrent de tous sacrifier (carrière, confort, liberté), par sens de l’honneur et leur idée du devoir. L’histoire de la France, n’a connu aucune révolte militaire d’une telle ampleur impliquant nombre de généraux (Salan, Jouhaud, Gardy, Vannuxem, Faure) sans compter ceux du putsch (Challe et Zeller). Au total, les juridictions spéciales mises en place par de Gaulle ont prononcé contre des militaires trois condamnations à mort suivies d’exécutions, 170 condamnations à des peines criminelles et 324 condamnations à la prison pour “activités subversives”. Par ailleurs, dans la seule année 1961, 1300 officiers démissionnèrent. En tout, de 1963 à 1967, 7172 officiers choisirent de quitter l’armée. On n’avait jamais vu cela ! Cette révolte est d’autant plus surprenante qu’elle fut dirigée contre un officier célèbre (il est vrai plus politique que militaire), porté au pouvoir en mai 1958 par les siens dans le but de sauver l’Algérie française. Les généraux et officiers qui rejoignirent l’OAS en 1961 considéraient le général de Gaulle comme un traître à la promesse de Mai 58 et aux engagements solennels pris à l’égard des populations d’Algérie (notamment les Musulmans). Ils voyaient en lui un traître à l’idée qu’ils se faisaient de la France, et un traître également à l’image idéale du général rebelle de Juin 1940. Je renvoie sur ces différents points à mon essai détaillé, “De Gaulle, la grandeur et le néant” (Le Rocher, 2008).

    La troisième composante de la grande révolte fut plus idéologique. Elle a concerné principalement la France métropolitaine. L’OAS y reçut le soutien d’une fraction de la droite nationale issue parfois du gaullisme et de la Résistance (Soustelle, Bidault) et d’intellectuels brillants (Raoul Girardet, Roger Nimier, Jacques Laurent, Philippe Héduy ou Jules Monnerot). Elle mobilisa des militants idéalistes, souvent très jeunes, assez fous pour se lancer dans une aventure où jamais un esprit censé ne se serait embarqué. C’est aussi en métropole que naquit le seul projet stratégique cohérent, conçu par le lieutenant-colonel Bastien Thiry (fusillé le 11 mars 1963). Pour combattre la politique algérienne du général de Gaulle, il pensait logiquement qu’il fallait frapper à la tête. Tel fut le but de divers attentats manqués, notamment celui du Petit-Clamart, le 22 août 1962. En raison de sa date (postérieure à l’indépendance de l’Algérie), cet ultime attentat se voulait plus un geste de vengeance ou de justice qu’un acte politique.

    Résistance sans idéologie, sans buts politiques ni stratégie bien définie, sans véritable chef (le général Salan n’était qu’un chef nominal), l’OAS ne pouvait qu’échouer alors que se liguait contre elle le mouvement universel de la décolonisation, le recul historique d’une Europe culpabilisée, la lassitude ou l’hostilité de l’opinion française, la volonté implacable et méprisante du général de Gaulle devant qui les amateurs naïfs et désespérés de la révolte n’étaient pas de taille. Certainement, il fallait trouver des solutions au drame algérien, mais concernant l’abandon pur et simple adopté en catastrophe par le général de Gaulle, il n’était pas possible d’agir de façon plus désastreuse pour l’avenir, indigne et cruelle à l’encontre de nos compatriotes. Comme tant d’autres mouvements clandestins, l’OAS ne fut pas à l’abri de querelles internes qui prirent un tour tragique quand furent exécutés à Alger les deux dirigeants du “Front nationaliste”, Michel Leroy et René Villard (19 janvier 1962) qui reprochaient à l’Organisation son absence de stratégie politique. Il reste qu’en dépit de l’échec, subsiste le souvenir d’hommes de droiture et de courage que la postérité, parfois honore, comme cela fut le cas récemment pour le commandant Denoix de Saint-Marc ou pour le commandant Guillaume, dont le souvenir altier imprègne Le Crabe-Tambour, film unanimement admiré de Pierre Schoendoerffer.

    Au regard de l’histoire, cette révolte de la population européenne d’Algérie (et d’une partie de l’Armée) contre les forces d’un État trahissant sa fonction protectrice, peut être regardée comme une anticipation. Oui, une sorte d’anticipation extrême et inaboutie des “populismes” qui naîtront ultérieurement dans une Europe soumise par les oligarchies dirigeantes à de catastrophiques invasions migratoires de peuples inassimilables porteurs d’une religion politique conquérante. Inversement, au plan des idées, il faut bien voir que cette révolte n’a apporté que confusion, hormis la “critique positive” qui en fut faite.

     Dominique Venner

    Notes

    Brève bibliographie :

    1. Anonyme, Pour une critique positive, Prison de la Santé, 1962.
    2. Michèle Cointet, De Gaulle et l’Algérie française, Tempus-Perrin, 2012.
    3. Olivier Dard, Voyage au cœur de l’OAS, Perrin, 2005.
    4. Jean Ferrandi. Six cents jours avec Salan et l’OAS. Fayard, Paris 1969.
    5. Georges Fleury, Histoire secrète de l’OAS, Grasset, 2002.
    6. Bertrand Le Gendre, entretiens avec Jean-Jacques Susini, Confessions du n°2 de l’OAS, Les Arènes, 2012.
    7. Claude Micheletti, Fors l’honneur. La guérilla OAS à Oran, Curutchet, 2002.
    8. Pierre Sergent, Ma peau au bout de mes idées, La Table Ronde, 2 vol., 1967-1968.
    9. Dominique Venner, Le Cœur rebelle, Belles Lettres, 1994.

    Sourcehttp://www.dominiquevenner.fr/2012/05/cinquante-ans-apres...

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2012/05/24/cinquante-ans-apres-reflexions-sur-l-oas-par-dominique-venne.html

  • Religion : le manque de culture des journalistes

    Extraits d'un entretien intéressant de l'abbé Grosjean dans Le Monde des Religions, notamment sur le traitement médiatique accordé aux religions :

    [...] D’abord, je considère qu’il y a un manque évident de culture religieuse chez les journalistes, qui est le fruit de leur génération. Ce n’est pas parce qu’ils sont journalistes, c’est tout simplement qu’ils ont été beaucoup moins confrontés à la religion que leurs aînés. Le fait religieux revient en force dans la société, surtout à travers l’islam mais aussi le catholicisme, par le pape François très médiatisé depuis un an…

    Du coup, ces journalistes sont confrontés à la question religieuse, qu’ils le veuillent ou non, etils n’ont pas la culture nécessaire, la capacité de compréhension, les clés pour traiter le fait religieux.Il leur manque des outils qui leur permettraient d’éviter les contresens, qui aideraient à la compréhension de certains évènements et à leur lecture. Comme je dis souvent, vous ne pouvez pas être commentateur d’un match de foot sans en connaître les règles. Vous ne pouvez pas parler de l’Église sans savoir ce que sont un évêque, un diocèse ou sans être entré dans une église. Il ne s’agit pas d’avoir un journaliste qui soit croyant, il s’agit d’avoir des journalistes qui ont une culture religieuse.

    Il y a aussiune ignorance de la part des représentants des religions, car ils sont encore sur la défensive par rapport aux médias. Ils ne les connaissent pas, en réalité. L’enjeu pour moi, c’est qu’il y ait une rencontre de ces deux mondes, une révolution culturelle à l’image de ce qui a eu lieu avec l’armée. Il y a quelques années, l’armée était vraiment sur la défensive vis-à-vis des médias. Le journaliste était un problème en soi et il fallait s’en protéger. De leur côté, les journalistes connaissaient très peu ce milieu. C’est l’armée elle-même qui a fait sa révolution culturelle en comprenant qu’il fallait travailler avec et non pas contre les journalistes. Qu’une vraie collaboration devait exister. Il y a donc aujourd’hui, dans les grandes rédactions, un spécialiste des questions de la défense. Ce journaliste est capable de comprendre ce qui se passe et de suivre une opération militaire en sachant pourquoi il ne faut pas dévoiler telle ou telle information, tout en gardant son regard critique. Un lien de confiance s’est établi. 

    [...]Le regard extérieur d’un journaliste sur la religion ne sera jamais celui d’un croyant.Il sera toujours en deçà de ce que peut vivre le croyant lui-même. Mais ce qui a nourri la peur du croyant, c’est la façon dont ses convictions et sa foi ont été, parfois, traitées.Le problème n’est pas que le journaliste ne partage pas celles-ci, c’est la méconnaissance et le jugement porté sur leur foi qui conduisent parfois le journaliste à dire des énormités. Prenons l’exemple récent du lycée Gerson. Quand le journaliste du Nouvel Observateur parle des dérives sectaires du lycée Gerson et qu’il évoque les enfants juifs obligés de se confesser, c’est une erreur factuelle. Ce n’est pas possible. Un prêtre ne peut pas confesser un non-catholique. Cela jette un discrédit sur le reste de l’article.On se dit que le journaliste qui écrit une telle absurdité, sans prendre la peine de vérifier, n’est plus dans l’information mais dans l’idéologie.

    Quels ont été les traitements médiatiques qui vous ont vraiment choqué ?

    La première blessure a été le traitement accordé à Benoît XVI,le lynchage médiatique de ce pape qui était vraiment d’une douceur et d’une humilité incroyables. Les médias ont donné la vision d’un homme dur, qu’ils appelaient le« Panzer Cardinal »,d’un intégriste… Ces propos sont vraiment décalés par rapport à la réalité du personnage. On l’a traité de criminel en lui reprochant ses positions sur la contraception et le préservatif, etc.C’était d’une mauvaise foi lamentable. On ne prend même pas la peine de reprendre la phrase en intégralité… Encore une fois, on peut ne pas être d’accord avec ses prises de position. Mais que la vérité de ses propos ne soit pas respectée est blessant. [...]

    Les médias recherchent des religieux qui peuvent et veulent expliquer le message de l’Église avec un langage simple, qui ne soit pas un jargon ecclésiastique. Ils attendent aussi de la réactivité. Et c’est un peu le problème de notre institution : on aime prendre un temps de recul, de réflexion, une distance qui est souvent légitime, mais qui ne répond pas tout le temps à l’empressement médiatique.  Si on prend les chaînes d’information continue qui sont dans l’immédiateté et l’Église qui doit prendre son temps pour répondre, l’équation s’avère impossible. Je considère qu’il est important que l’Église apprenne à être réactive, qu’elle puisse expliquer, se positionner rapidement – surtout en cas de polémique – pour qu’aucun reproche ne puisse lui être fait.Tout en gardant cette liberté de dire« non, je ne veux pas réagir »,ou« je réagirai plus tard ».Autrement dit, sans se sentir prisonnière de la dictature du court terme.

    Vous évoquez la lenteur de l’Église à répondre, quelles sont ses autres difficultés ?

    Il existe aujourd’hui un souci d’adaptation au format médiatique.Le prêtre est habitué à prêcher pendant 10 minutes à la messe pour s’exprimer sur un sujet. Les médias lui demandent une réponse en 20 secondes. Typiquement, sur les sujets éthiques forcément complexes, là où l’Église tient un langage tout en nuances, nous devons répondre en très peu de temps, en une phrase, tout en s’assurant que le contenu ne sera pas caricaturé et cité hors de son contexte. C’est un vrai travail. Avec l’avènement des blogs catholiques, la parole se diffuse, mais elle est aussi variée. Aujourd’hui, certains blogs laïcs ont plus d’audience que les pages officielles de beaucoup de diocèses. [...]"

    Michel Janva

     
  • Méridien Zéro #99: "Les camps viets: une tragédie oubliée..." (Juin 2012)

    Ce dimanche, Wilsdorf et Krampon reçoivent le Colonel Luciani (ancien du 1er BEP) pour évoquer avec lui une des pages les plus tragiques de la guerre d'Indochine : Les camps de concentration du Viet Minh.
    Wilsdorf est également à la technique pour cette émission.

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    DIFFUSION DE L'EMISSION LE DIMANCHE 3 JUIN

              

     

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2012/06/01/meridien-zero-99-les-camps-viets-une-tragedie-oubliee.html

  • « Le mondialisme, enjeux et perspectives » : une conférence de Pierre Hillard et Michel Drac (vidéos)

    Le 7 Juin 2014, E&R Aquitaine organisait une conférence avec Michel Drac et Pierre Hillard sur le thème : « Le Mondialisme: Enjeux et perspectives ».

    Partie 1 : Intervention de Pierre Hillard

    Le Mondialisme : Enjeux et perspectives_Partie 1 par ErAquitaine

    Partie 2 : Intervention de Michel Drac

    Le Mondialisme : Enjeux et perspectives_Partie 2 par ErAquitaine

    Partie 3 : Questions du public 1/2

    Le Mondialisme : Enjeux et perspectives_Partie 3 par ErAquitaine

    Partie 4 : Questions du public 2/2

    Le Mondialisme : Enjeux et perspectives_Partie 4 par ErAquitaine

    http://www.scriptoblog.com/index.php/blog/actu-site-et-amis-du-site/1528-le-mondialisme-enjeux-et-perspectives-une-conference-de-pierre-hillard-et-michel-drac-videos

  • Le DVD des Cristeros

    Le DVD du film les Cristeros sortira en novembre 2014. Une pré-commande est possible ici.

    Michel Janva

  • 1793 : L’Août sanglant (partie 2)

    Le 19 janvier 1794, le général Louis-Marie Turreau présente devant les députés de la Convention un plan d’extermination de la Vendée. La «Grande Armée Catholique et Royale» est finalement écrasée à Savenay. Au début de l’année, Henri de La Roche Jaquelein est tué lors d’une embuscade, et d’Elbée est exécuté. Alors que l’insurrection vendéenne semble vaincue pour de bon, la Convention poursuit ses représailles. Le plan de Turreau est le suivant : 24 colonnes pénétreront en Vendée avec la consigne de tout brûler et de tout massacrer. 2.000 Vendéens sont massacrés à Angers, 1.500 à Noirmoutier, 1.800 aux carrières de Gigant près de Nantes. Le représentant en mission Carrier fait noyer 4.000 personnes dans la Loire. Les horreurs perpétrées par ces colonnes leur vaudront dans l’Histoire le qualificatif d’ « infernales ».

    Le plan de Turreau échoue malgré tout. Il a eu l’effet inverse de ce qui était escompté : la Vendée est prête à reprendre les armes. Il est destitué le 13 Mai. Les besoins de la guerre extérieure font que la Convention évacue la Vendée, laissant le temps à la région insurgée de respirer. À Paris,  Robespierre est tombé, la politique de Terreur touche à sa fin. Fatiguée de la guerre civile, la Convention envoie des émissaires à Charette pour lui proposer la paix. Les pourparlers ont lieu à la Jaunaye, près de Nantes. Lazare Hoche prend la tête de l’armée républicaine de Vendée. Il proscrit les pillages et les représailles, ordonne à ses troupes de respecter la liberté religieuse, selon les stipulations de la Jaunaye. On dira de lui qu’il fut le «pacificateur de la Vendée». Dans le même temps, les paysans, dans la mesure où le culte catholique n’était plus menacé, ne voient plus de raisons pour se battre. La paix est finalement signée le 17 février 1795. Charette exige et obtient la liberté religieuse pour la Vendée contre sa soumission à la république.

    Cependant, un ancien chef vendéen, François Charette de la Contrie, tente de reprendre le combat. Le 25 juin 1795, il passe une alliance à Belleville avec des émigrés royalistes et organise un débarquement en Vendée avec le soutien des anglais, en guerre contre le gouvernement de Paris. Ce débarquement, prévus sur la presqu’île de Quiberon échoue lamentablement. Charrette, isolé dans le bocage avec quelques partisans, traqué, est finalement pris le 23 mars à Saint-Sulpice-le-Verdon et fusillé le 29 mars 1796. Un autre chef vendéen, Stofflet, rentre en guerre en janvier 1796 sur ordre des princes émigrés. Il est cependant capturé et fusillé à Angers le 25 février 1796.

    Une question mémorielle

    Au gré des circonstances, comme le souligne Daniel Linderberg (4), la mémoire de la guerre civile a été interprétée, réinterprétée selon les besoins du moment et ce dès le XIXe siècle. Toujours est-il que « depuis 1793, la France est malade de la Vendée » (5). La Vendée reste une « région mémoire » (6), dont les paysages sont marqués par le souvenir de la guerre civile. Il y a quelques dizaines d’années encore, des charniers datant de cette période étaient découverts. La question vendéenne revint sur le devant de la scène à l’approche du bicentenaire de la révolution (1989). En effet, en 1986 la thèse très médiatisée de Reynald Seycher « Le génocide franco-français, la Vendée-Vengée » (préfacée par Pierre Chaunu) a fait l’effet d’une bombe. Deux enjeux majeurs gravitent autour de la question vendéenne : le nombre des victimes et la qualification du phénomène (s’agit-il d’un génocide ?).

    L’estimation du nombre des victimes des guerres de Vendée a longtemps oscillé entre 50 000 et 500 000 morts, voir Six cent mille pour les estimations les plus hautes. Ce dernier chiffre vient du pacificateur de la Vendée, Hoche lui-même. Ce dernier affirme ce chiffre dans une correspondance avec le ministre de l’intérieur dans laquelle il se plaint de certaines critiques estimant sa gestion de la répression trop modérée : « Qu’ils aillent à Beaulieu,, aux Quatre-Chemins, à La Baffière, dans toutes les forêts qui couvrent leur pays, ils y verront la terre couverte de leurs concitoyens ! Six cent mille Français ont péri dans la Vendée. Veut-on encore du sang … ? » (7). Ce chiffre est cependant sans doute surévalué. Il convient en effet de rappeler que « Hoche n’avance aucun élément précis pour appuyer ce chiffre et qu’il partage avec ses contemporains une incapacité à évaluer correctement des grands nombres et une volonté évidente sous le Directoire de « charger » les responsables de la période jacobine » (8). Les ambiguïtés de ce chiffre ne l’ont pas empêché d’avoir une grande postérité. Rien ne précise s’il vise la seule Vendée, ou l’Ouest de la France dans son entier, ou s’il prend en compte les victimes d’un seul camp ou des deux camps. La mémoire commune vendéenne, d’après la Revue du Souvenir vendéen, s’en tient quant à elle au chiffre de 300 000 morts vendéens. En réalité, il est extrêmement difficile de définir précisément le nombre de morts : « Comme François Lebrun l’a opportunément rappelé, les historiens ne disposent d’aucun moyen direct pour évaluer le nombre des morts, une fois qu’ils se sont entendus sur ceux qu’il faut prendre en compte. » (9) Les recherches menées depuis une vingtaine d’années, en histoire démographique, permettent cependant de mieux approcher ce qui a été la réalité du nombre de victime.

    Enfin, la méthode qu’a utilisée R. Sécher pour quantifier le nombre des victimes n’est pas exempte de reproches. Ne pouvant pas compter commune par commune il a cherché une méthode de remplacement. Cette méthode, selon Claude Langlois, « inclut des approximations fâcheuses […] dégage des résultats ambigus » (10). A titre d’exemple, Sécher surévalue la population de la Vendée militaire en incluant la population des villes (quand la majorité des combattants était des ruraux). Par conséquent, le chiffre de 600 000 morts reste une évaluation peu vraisemblable, d’autant plus qu’il s’agit de la population approximative de la Vendée insurgée.

    Cette question est liée à celle de la dénomination génocidaire des guerres de Vendée. Nous venons de voir que la thèse du « génocide » s’appuie sur un chiffre surévalué des victimes. L’utilisation du terme « génocide » pour qualifier la guerre de Vendée n’est pas un fait nouveau. La perception des évènements, autrefois religieuse, a fini par prendre un autre tour. La cruauté, la brutalité, le sadisme des tortionnaires des colonnes infernales est finalement apparu digne de comparaison avec les grands génocides du XXe siècle (notamment en ce qui concerne le massacre de civils, notamment les enfants). La perspective de Pierre Chaunu apporte néanmoins une idée importante : la Révolution serait la matrice des pratiques génocidaires modernes (même si la forme de répression utilisée en Vendée présente des similitudes avec celles utilisées sous la monarchie, par exemple, le sac du Palatinat) (11).

    Selon nous, l’idée de considérer la guerre de Vendée comme un génocide est cependant critiquable. Premièrement, le peuple vendéen ne représentait pas un groupe ethnique à part, dont on aurait voulu se débarrasser. Le vocable utilisé par la Convention pour désigner les insurgés vendéens (« sauvage », « barbare ») ne diffère pas de celui utilisé précédemment par l’Etat royal moderne pour désigner les émeutiers ou les révoltés. De plus, tout lecteur fréquentant nos milieux sait à quel point le terme de « génocide » est fluctuant. Il est de même paradoxal de fustiger les revendications victimaires chez nos adversaires (antiracisme institutionnel, shoah buisness, chantage à l’antisémitisme) et de soutenir indument le même type de revendications quand cela nous renvoie à notre combat. Enfin cela ne fige-t-il pas l’image d’une partie de la lutte nationale et catholique sous les traits d’un martyr sans fin, et donc dans une posture d’infériorité permanente face à la République ? Ne s’agit-il pas d’un autre mythe incapacitant ?

    Ce qui nous semble important de souligner concernant cet épisode de notre histoire est qu’il s’agit avant tout d’une guerre civile aux atrocités initiales partagées, coûteuse autant pour les troupes de la République envoyées sur place que pour les combattants de la Vendée. L’opposition entre les deux camps est avant tout culturel, politique, civilisationnel. Il est toutefois clair que la Révolution ouvre un nouveau cycle dans l’histoire de la violence en politique. La Terreur est-elle le fruit d’une minorité fanatique, ou était-elle imposée par les circonstances ? N’est-elle pas le fruit de l’idéologie révolutionnaire elle-même ? L’idéologie des droits de l’homme promue depuis le 26 Août 1789 rend inhumain quiconque ne va pas dans le sens de ceux qui la prônent. Par conséquent, tout adversaire du camp des droits de l’homme, peut aussi devenir un adversaire du genre humain, et par conséquent, perdre son humanité, ce qui autorise la mise en place de tous les moyens, y compris les plus extrêmes, pour en venir à bout.

    En conclusion, malgré une occultation quasi-opaque en dehors des milieux universitaires, nationaux-catholiques et de la Vendée elle-même, les évènements tragiques des guerres de Vendée posent de nombreuses questions centrales. Celle notamment des crimes de la République, dont l’horreur semble inversement proportionnelle à l’humanisme autoproclamé des coupables. La répression de la Vendée est sans doute une première dans la mesure où pour la première fois que des individus se soulevaient contre la République, la réponse de celle-ci sera celle de tous les autres régimes démocratiques ou républicains modernes : la destruction systématique, au nom des droits de l’Homme. Ces épisodes rentrent aussi dans la longue et sanglante histoire des guerres civiles en France. Conflits civils qui en France comme ailleurs sont souvent les plus brutaux, les plus atroces, les plus mortels (Fabienne Manière rapproche d’ailleurs les guerres de Vendée à la Guerre de Sécession Américaine pour ce qui est de la violence). Conflits civils dont le spectre n’est jamais très loin. Enfin, ces évènements posent la question des mythes incapacitants produits par l’histoire. Paradoxalement, la revendication d’une reconnaissance du caractère génocidaire de la répression de la Vendée (ce qui a finalement peu d’importance compte tenu du fait que cela ne changera rien), si elle laisserait espérer, en cas de victoire, le changement des regards du plus grand nombre sur ces évènements, pourrait constituer un mythe purement incapacitant, en fixant l’attention sur l’horreur de la violence subie plus que sur l’héroïsme des combats menés.

    Notes 

    1. Cité par Fabienne Manière, « 1793-1795, Les guerres de Vendée», pour hérodote.net. 

    2. Idem.

    3.  Les forêts seront abattues, les repaires de rebelles seront détruits, les récoltes seront coupées […] les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits à l’intérieur ». Cité par Jean-Joël Brégeon, « La Révolution et la Terreur », dans La Nouvelle Revue d’Histoire, numéro 44, septembre-octobre 2009. Ou encore « Le ministre de la guerre donnera sur-le-champ les ordres nécessaires pour que la garnison de Mayence soit transportée en poste dans la Vendée ; Il sera envoyé par le ministre de la guerre des matières combustibles de toute espèce, pour incendier les bois, les taillis et les genêts… Les femmes, les enfants et les vieillards, seront conduits dans l’intérieur ; il sera pourvu à leur subsistance et à leur sûreté, avec tous les égards dus à l’humanité… Les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la république. » (Extrait du décret de la convention nationale du 1er août 1793, A.D.V., 52J4). Cité par Fabienne Manière, « 1793-1795, Les guerres de Vendée», pour hérodote.net.

    4. Daniel Lindenberg, « Guerres de mémoire en France », dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire. N°42, avril-juin 1994. pp. 77-96.

    5. Jean Huguet, Un cœur d’étoffe rouge. France et Vendée, 1793. Le mythe et l’histoire, Paris, R. Laffont, 1985.

    6.  Titre de la contribution de J.-C. Martin à l’ouvrage de P. Nora, Les lieux de mémoire, tome 1, La République, Paris, Gallimard, 1984, p. 595-617.

    7.  E. Cuneo d’Ornano, Hoche, sa vie, sa correspondance, Paris, 1892, p. 227. Lettre du 13 pluviôse an IV – 2 février 1796, au ministre de l’Intérieur. Dans la même lettre, il estime que les quatre cinquièmes de la population mâle ont péri.

    8. Langlois Claude. « La révolution malade de la Vendée ». Dans: Vingtième Siècle. Revue d’histoire. N°14, avril-juin 1987. pp. 63-78.

    9. Idem.

    10. Idem.

    11. Selon François Lebrun, la Révolution a usé de la vieille pratique du « dégât », destruction systématique des habitations comme avaient fait un siècle plus tôt les armées françaises dans le Palatinat.

    http://la-dissidence.org/2014/08/30/1793-laout-sanglant/

  • 1793 : L’Août sanglant

    La période révolutionnaire fait l’objet de mémoires et d’analyses contradictoires. Le discours dominant, l’historiographie républicaine, produit évidemment un récit hagiographique de cette période, à tel point que certains de nos contemporains en viennent à considérer, consciemment ou non, que la France est née en 1789. Les épisodes les plus sanglants, les fautes, et les crimes de la Révolution étaient jusqu’à peu traités soit par euphémismes soit attribués à la seule Convention. Ainsi, la troisième république s’est-elle affirmée comme l’héritière de 1789, en rejetant l’héritage de 1793 comme si l’esprit de la première était dissociable de celui de la seconde. Si les études universitaires ont permis de prendre un recul croissant vis-à-vis des évènements révolutionnaires, la Révolution reste cependant l’objet de débats passionnels et idéologiques. Le cas de la Vendée est dans ce domaine significatif. La mémoire vendéenne dérange, fait tâche, jure avec l’enthousiasme qui entoure généralement les commémorations de la prise de la Bastille, épiphénomène devenu fête nationale… Elle reste malgré tout vivace dans les milieux catholiques et nationaux, et en Vendée même évidemment. Les soulèvements vendéens symbolisent la révolte d’un bon sens populaire, une union des ordres de la société d’Ancien Régime face à la subversion républicaine, face à l’Etat parisien, pour la défense d’un mode de vie. Malgré tout, la mémoire vendéenne parvient à égaler en excès la mémoire républicaine. En ce mois d’Août, mois au cours duquel, en 1793, la Convention a proclamé la destruction de la Vendée en rébellion face à la levée en masse de 300 000 hommes par le gouvernement révolutionnaire, il nous a paru opportun d’effectuer un retour sur ce qui apparait avoir été avant toutes choses une effroyable guerre civile dont les lignes de fractures se prolongent jusqu’à nous.

    Le contexte : la Convention et sa politique de Terreur/La Vendée avant la guerre civile

    Le 10 Mars 1793, la Convention décrète la levée en masse de 300 000 hommes, afin de lutter contre les armées de l’Europe coalisée contre la République française. Dès le lendemain ont lieu les premiers heurts entre les gardes nationaux et des paysans réfractaires à cette levée en masse (en Bretagne, dans les Mauges). Jusqu’ici indifférents à l’agitation parisienne, ces paysans refusent de verser leur sang, et de priver leurs communautés des bras nécessaires aux travaux des champs, pour une cause qu’ils estiment ne pas être la leur.

    La Vendée, quant à elle encore désignée sous le nom de « Bas Poitou » est une terre à part. Les paysans s’y caractérisent en effet par une religiosité pieuse et observant strictement le dogme catholique. Cette religiosité est héritée des disciples du père Louis-Marie Grignion de Monfort (mort en 1716), qui ont donné un nouvel élan aux pratiques religieuses dans ces régions quand celles-ci régressaient dans une bonne partie de la France.

    Ce sont ces mêmes paysans, agités suite à l’exécution du roi Louis XVI et aux mesures antireligieuses des révolutionnaires parisiens, qui s’en prennent, le 10 mars 1793, jour de la levée en masse, aux autorités municipales. Ce soulèvement spontané couvre toute la zone du sud de la Loire qui sera connue par la suite comme la « Vendée militaire ». Le lendemain, le 11 mars, les insurgés marchent sur Machecoul, le plus gros bourg de l’endroit, où se trouvent la garde nationale et la commission de recrutement. Une altercation se produit à l’entrée de Machecoul : la foule, armée de fourches fait face à plusieurs centaines de gendarmes et de gardes nationaux. Ces derniers reculent malgré tout et refluent dans l’intérieur du bourg poursuivis par la foule. Plusieurs sont massacrés avec quelques bourgeois républicains notoires et un curé jureur (c’est-à-dire ayant approuvé la constitution civile du clergé).

    Le 12 mars, les autorités nantaises exigent que les coupables se rendent. Les insurgés constituent un Comité royal et proclament : « Le peuple du Pays de Retz […] déclare […] qu’il ne reconnaît et ne reconnaîtra jamais que le Roy de France pour son seul et légitime souverain [...] qu’il ne reconnaît plus la prétendue Convention nationale, ni les départements, ni les districts» (1).

    Dès le 11 Mars, la Convention créé un tribunal révolutionnaire, flanqué de « comités de surveillance » destinés à l’alimenter. Le 19 Mars 1793, la convention décrète la peine de mort pour les rebelles pris les armes à la main. Ces mesures précèdent l’ouverture de la politique de la Terreur par la Convention, le 5 septembre 1793. Cette politique se met en place progressivement par la suite. Elle vise, selon l’historien François Furet, à « organiser, systématiser et accélérer la répression des adversaires intérieurs de la République, entreprendre la punition expéditive de ‘tous les traitres’ ». Il s’agit donc de la mise en place d’une répression légale, institutionnelle, contre les ennemis de la république naissante. Elle répond à la pression intérieure mais aussi au sentiment d’encerclement provoqué par le déclenchement de la guerre européenne le 20 avril 1792. La façade ouest du territoire est soumise au blocus des anglais, les Autrichiens, Prussiens, Italiens et Espagnols progressent aux frontières, les fédéralistes Girondins voient leur rébellion prendre de l’ampleur, et le soulèvement vendéen fini par atteindre la Loire et Nantes. Les procédures de condamnation sont facilitées et accélérées par la loi du 22 prairial an II (10 Juin 1794) (l’acte d’accusation peut être fondé sur de simples dénonciations, et peut aller de l’incivisme à complot avec les ennemis de la république).

    Une guerre civile

    La constitution d’un comité royaliste marque le début des guerres de Vendée. Les insurgés sont en grande majorité des paysans, des artisans pour la moitié, les autres étant des laboureurs ou des travailleurs de la terre. Ils se choisissent des chefs issus de leurs rangs : Jacques Cathelineau (colporteur voiturier), Stofflet (garde-chasse). Ils manquent malgré tout d’expérience militaire. Ainsi ont-ils cherché des chefs plus expérimentés : d’Elbée, lieutenant de cavalerie, Charette, ancien officier de marine, Bonchamps, d’Autichamp, Lescure, Sapinaud, Talmond… Ces aristocrates se montrent dans un premier temps assez réticents à prendre la tête d’une armée de paysans. Ils  prennent toutefois assez vite leurs responsabilités. Parmi ces nobles, Henri du Vergier, comte de La Roche Jaquelein, âgé de seulement 20 ans, est le plus hardi : «Allons chercher l’ennemi : si je recule, tuez-moi ; si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi» (2).

    Les insurgés, armés de faux et de fourches, chassent les «Bleus» (soldats de la république) et rétablissent le culte catholique dans leurs villages. S’en suit une guerre civile extrêmement brutale. Le 19 mars, une colonne républicaine de 3000 hommes commandée par le général Marcé est mise en déroute par les insurgés à Pont-Charrault. La Convention prend dans la foulée un décret punissant de mort le port la cocarde blanche du roi. Le 23 mars, une bande d’insurgés vendéens tentent d’investir Pornic mais est repoussée par les républicains et 300 d’entre eux sont faits prisonniers et exécutés sans procès. Apprenant la nouvelle, les insurgés de Machecoul exécutent leurs propres prisonniers. Le 27 mars, Pornic est prise par les Vendéens conduits par Charrette. 30 prisonniers capturés lors des combats passent devant un tribunal «royaliste» à Machecoul et sont condamnés à mort, avec quelques dizaines de républicains locaux. Les condamnés sont liés deux à deux par une corde, agenouillés près d’une fosse et fusillés. Cet épisode prendra le  nom des «chapelets de Machecoul». La guerre civile s’étend. Le 22 avril, Pornic est reprise par les républicains.

    Les insurgés parviennent à se fournir en fusils et en canons dans les villes de la région (Bressuire, Cholet, Saumur…). Ils finissent par constituer une «armée catholique et royale» d’environ 40.000 hommes indisciplinés et sans expérience militaire à l’exception d’une dizaine de milliers d’anciens soldats. C’est de plus une armée instable, la plupart de ses membres n’hésite pas à rentrer chez elle sans avoir reçu d’ordre. Néanmoins, elle parvient à remporter un certain nombre de succès, et à conquérir Angers le 18 juin. L’armée des « bleus » qui lui fait face est composée de 40.000 à 70.000 volontaires n’ayant dans l’ensemble pas plus d’expérience militaire. Le 29 Juin, le général en chef vendéen Cathelineau échoue devant Nantes, blessé, il meurt le 14 juillet 1793 et D’Elbée le remplace comme généralissime.

    Aout 1793 : la destruction systématique

    Le 1er Aout, suite au rapport effectué par Barère, appelant à la destruction de « l’inexplicable Vendée », la Convention décide d’adopter une motion qui frappe de destruction et de déportation les populations insurgées (3). La mise en œuvre de ce plan est confiée au général François Westermann. Dans les faits, les exécutants (Carrier, Francastel, Hertz, Merlin de Thionville), généraux, et commissions militaires procèdent de manière brutale et expéditive : fusillades en masse, noyades (les fameuses noyades de Nantes). Gracchus Babeuf déclarera que ce « système de dépopulation » fut la volonté et l’œuvre de Robespierre (ce qui est très simpliste et permet de dédouaner certains autres responsables).

    Le 14 août, les insurgés vendéens défont les républicains à Luçon, entrainant le soulèvement de plus de cent villages de l’Ouest. A la fin du mois d’Août, 20.000 insurgés prennent le contrôle de la région en excluant ou massacrant les républicains et menacent la capitale. Devant la menace, la Convention envoie 100.000 hommes en Vendée sous les ordres de Kléber et Haxo. Parmi eux se trouvent les «Mayençais», des soldats d’élite ayant combattu sur le Rhin. Entre le 19 et le 22 septembre, les vendéens remportent encore cinq victoires en cinq jours (Torfou, le Pont-Barré, Montaigu, Clisson et Saint-Fulgent). Les républicains sont en déroute. Des dissensions entre les chefs vendéens provoquent toutefois la première défaite grave de la révolte, le 17 octobre 1793 à Cholet.

    À suivre