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culture et histoire - Page 936

  • La réforme de l'entrée à l'université, version 2017. Partie 2 : la question du baccalauréat de demain.

    Si l'on en croit le gouvernement actuel, le baccalauréat va enfin être réformé, pour lui redonner crédit et efficacité : « vaste programme », aurait pu s'exclamer le général de Gaulle ! Car, au fil du temps, cet examen qui est censé être, une fois passé avec succès par le candidat, le premier diplôme universitaire, s'est trouvé totalement discrédité par des taux pharamineux de réussite quand, dans le même temps, le niveau d'ensemble des bacheliers semblait fortement baisser, aidé en cela par la démagogie ambiante et des consignes inspectorales laxistes et, en définitive, injustes. Au point que son utilité a pu être remise en cause et que certains enseignants et quelques intellectuels comme Jacques Julliard n'ont pas hésité à demander sa suppression pure et simple, en particulier ces dernières années, marquées par de nombreux incidents et erreurs, y compris dans les sujets proposés à l'examen ! (1)

    La piste d'un baccalauréat à quatre épreuves terminales et un contrôle continu sur l'année, peut-être même sur deux ans (les classes de Première et de Terminale), est intéressante, mais il n'est pas sûr qu'elle soit suffisante pour régler tous les problèmes de la préparation aux études suivantes. Tout comme la proposition d'en finir avec des filières S, ES et L, qui ne jouent plus vraiment leur rôle en tant que telles, et de les remplacer par une sorte de « lycée modulaire » qui permettrait aux lycéens de construire leur propre parcours, selon leurs affinités mais aussi selon leurs capacités et compétences concrètes, les unes et les autres prises en compte pour éviter à la fois la démotivation et la perdition : un équilibre subtil, sans doute pas toujours facile à trouver, mais plus juste, autant pour l'élève que pour les enseignants des formations choisies.

    Cette stratégie n'a de valeur que si l'on retrouve plus de souplesse dans le calendrier d'enseignement, en autorisant l'élève à dépasser les trois années officielles du lycée et en permettant des temps de «césure » (pour une année d'études à l'étranger, par exemple) ou de « détachement en formation professionnelle » (par exemple pour des stages en entreprise ou des périodes en milieu agricole, etc.). Cela nécessite aussi une plus grande autonomie des établissements scolaires et un investissement parfois plus poussé de certains personnels de ceux-ci dans la construction de programmes contextualisés au regard de l'environnement local, historique, culturel comme professionnel (la Bretagne n'offrant pas forcément les mêmes perspectives que l'Auvergne ou l'Alsace, et leurs différences étant à considérer et à exploiter intelligemment, dans une nouvelle pratique de l'aménagement du territoire national).

     

    En somme, pour être véritablement efficace et convaincante, il faut penser la stratégie d'instruction publique et de formation des intelligences dans un cadre national pour le général et pratiquer la subsidiarité pour le particulier : n'est-ce pas là une rupture avec l’École de Ferry (Jules), centraliste et éminemment jacobine au nom d'une République « une et indivisible » qui, aujourd'hui, ne répond plus aux enjeux et défis du monde contemporain ?

     

    (à suivre)

     

    Notes : (1) : J'ai personnellement milité, depuis une dizaine d'années, pour la suppression du baccalauréat tout en dénonçant ses défauts et son coût, particulièrement en temps perdu pour les cours, étant choqué de constater que l'année scolaire, à cause de la mobilisation des établissements et des enseignants (pour la surveillance comme pour la correction), s'arrêtait au début juin ! Cette année 2017, j'ai donc « bénéficié » de 12 semaines (d'affilée) de « non-cours » devant les élèves, du 9 juin au 4 septembre : n'est-ce pas absurde alors même qu'il y aurait tant à faire pour permettre au maximum de lycéens de réussir dans leurs études ?

    Jean-Philippe CHAUVIN

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1460:la-reforme-de-lentree-a-luniversite-version-2017-partie-2-la-question-du-baccalaureat-de-demain&catid=51:2017&Itemid=62

  • La réforme de l'entrée à l'université, version 2017. Partie 1 : le rôle renforcé du conseil de classe de Terminale.

    La réforme de l'entrée à l'université a été présentée ce lundi matin mais il y a déjà quelques jours que l'on en connaissait les grandes lignes et que celles-ci étaient discutées, approuvées ou contestées, principalement selon les clivages idéologiques qui continuent de fracturer le paysage universitaire et lycéen français : si les syndicats comme l'UNEF ou SUD y sont évidemment hostiles, par principe plus que par réflexion, d'autres, comme le syndicat FAGE ou les présidents d'université y sont favorables (ou « pas défavorables »), par pragmatisme ou par conviction.

    Cette réforme concerne dès aujourd'hui les 700.000 lycéens de Terminale de l'année et elle va se marquer, dès la semaine prochaine, par la nomination d'un second professeur principal dans chaque classe de ce niveau : l'idée n'est pas mauvaise en soi, même si elle risque de se heurter à la difficulté, sans doute surmontable, de trouver des volontaires parmi les professeurs de lycée et à celle de financer ces nouvelles nominations. L'approche des conseils de classe du premier trimestre, dans un mois à peine pour la plupart, devrait vite enclencher le mécanisme d'une réforme qui se veut ambitieuse et qui vise à mieux orienter (ou, plutôt, conseiller) les lycéens en fin de cycle secondaire : il ne faudra pas rater cette première étape pratique, au risque de provoquer une crise lycéenne dont la France peut utilement se passer, même si le cinquantenaire de Mai 68 pourrait motiver quelques imitateurs et exciter quelques extrémistes nostalgiques de la Révolution, celle de 1917 et de sa parodie, moins sanglante, de 1968...

    Avec cette réforme, le conseil de classe de Terminale va redevenir un élément majeur du calendrier scolaire alors que, ces dernières années, il était devenu une simple chambre d'enregistrement et ne jouait guère de rôle dans l'orientation des élèves, se contentant de donner un avis, favorable ou défavorable, pour l'examen du baccalauréat, avis qui n'était pris en compte (et encore !) que lors des jurys de celui-ci, et si le candidat était à quelques points de l'obtention du diplôme ou d'une mention à celui-ci. Lors du conseil de classe du deuxième trimestre, les professeurs de Terminale donneront leur avis, collégialement, sur les dix vœux post-bac formulés par chaque élève par une appréciation, sans doute de type « favorable » ou « défavorable » : l'intérêt de cette pratique est de sortir de la seule perspective de l'épreuve du mois de juin et de préparer ce qui est bien plus important, c'est-à-dire l'intégration à la filière de formation suivante. Ces dix appréciations par élève n'auront qu'un rôle indicatif et non contraignant mais elles pourront jouer un rôle utile de conseil dont le lycéen pourra (ou non, son choix final devant être respecté, selon le premier ministre) tirer profit : c'est aussi un moyen de le responsabiliser, et cela me semble tout à fait honorable.

     

    Cette partie-là de la réforme semble raisonnable et légitime, et les syndicats lycéens, s'ils veulent rester crédibles, devraient l'accepter : la décision d'appréciations étant prise collégialement et hors du contexte de l'examen, même si elle peut parfois décevoir un élève qui espérait une filière en définitive déconseillée par le conseil de classe, est une bonne série d'indications qui peut lui éviter les choix universitaires malheureux, surtout pour son avenir. Après tout, le rôle des professeurs (en particulier principaux) n'est pas seulement d'enseigner leur matière mais de préparer les meilleures conditions pour l'avenir de ceux qui leur sont confiés : c'est aussi un élément de la réussite scolaire la plus large et des orientations les mieux assurées, elles-mêmes sources d'économies pour l’État et de richesses pour icelui comme de bien-être professionnel et humain pour les bacheliers.

     

    Mais il est encore loin de la coupe aux lèvres et il n'est pas certain que cet aménagement de la Terminale soit suffisant pour régler tous les problèmes qui minent depuis si longtemps l'instruction des intelligences en France. Déjà, des voix s'élèvent pour contester ces aménagements et leur esprit, voix souvent issues de milieux syndicaux plus « conservatistes » que conservateurs, et d'autres s'inquiètent des coûts et surcoûts de ces mesures, en négligeant le fait que, pour réussir au mieux les changements, c'est aussi et d'abord de volonté et de vocation dont le pays et l’École ont besoin. Et il serait de bon aloi, me semble-t-il, de mettre en place, pour les élèves de Terminale, une forme de « tutorat d'orientation » qui pourrait être pris en charge, soit par des professeurs à la retraite volontaires et formés pour cela, soit par des conseillers d'orientation spécialisés sur les filières post-baccalauréat, et, pourquoi pas, par des intervenants des secteurs agricoles, industriels, commerciaux ou de services, en lien avec le tissu socio-professionnel local, communal, régional, voire national.

     

    En fait, ce ne sont ni les idées ni les propositions ni même les projets qui manquent, mais bien plutôt la volonté politique pour « faire » et « faire faire » : si M. Macron et quelques uns de ses ministres semblent ne pas en manquer, ils risquent bien, par le système même d'un « pays légal » paralysant et conformiste, de ne pouvoir aller aussi loin qu'il pourrait être nécessaire. D'ailleurs, le président le veut-il lui-même ? Son libéralisme premier n'est-il pas, de lui-même, un obstacle à toute stratégie de « l'imagination au pouvoir » ?

     

    (à suivre, forcément)

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1459:la-reforme-de-lentree-a-luniversite-version-2017-partie-1-le-role-renforce-du-conseil-de-classe-de-terminale&catid=51:2017&Itemid=62

  • Les sept Corées

    231000687.jpgGeorges Feltin-Tracol

    L’actualité fait oublier les tensions permanentes entre les États-Unis d’Amérique et la Corée du Nord. Persiste toujours le risque élevé d’une agression yankee contre un État souverain. Le regard porté de France donne souvent un avis unilatéral sur ce sujet sans pour autant comprendre les origines complexes de ce lourd contentieux.

    Avec La Corée du Nord en 100 questions (Tallandier, 2016, 381 p., 15,90 €), Juliette Morillot et Dorian Malovic apportent avec brio et concision des réponses qui frôlent parfois l’incorrection politique. Ils évoquent par exemple le manque de fiabilité des témoignages de certains « défecteurs ». En effet, la plupart de leurs récits sont payés plus ou moins chers par des organisations « humanitaires » protestantes en fonction du degré d’atrocités racontées.

    Les auteurs insistent aussi sur les origines du programme nucléaire de dissuasion nationale conçu avec l’aide d’ingénieurs pakistanais. La détention d’un arsenal atomique garantit le maintien de ce régime hybride national-communiste ultra-souverainiste au moment même où Washington revient sur sa parole à propos de l’accord conclu avec la République islamique d’Iran. L’ouvrage fait enfin découvrir au lecteur l’existence de plusieurs territoires coréens.

    Les deux Corées rivales ne sont pas les seules terres du « monde coréen ». Dans la région du Yanbian vit plus d’un million de Coréens de citoyenneté chinoise très liés à leurs cousins nord-coréens. Les Coréens du Nord ont en outre une parentèle assez étroite avec 107 000 citoyens russes d’ethnie coréenne. Les auteurs oublient en revanche de mentionner les descendants des Coréens venus travailler dans l’Empire des tsars à la fin du XIXe siècle. On en recense aujourd’hui quelque 103 000 qui sont citoyens kazakhs et 183 000 de citoyenneté ouzbek… Une « autre Corée » résulte de la colonisation japonaise dans la péninsule entre 1910 et 1945. Résident toujours dans l’Empire du Soleil Levant 458 937 Coréens du Sud et 33 939 Coréens du Nord. Enfin, la « dernière Corée » regroupe l’ensemble des Coréens installés en Amérique du Nord et en Europe. Des exilés nord-coréens mal-adaptés à la société sud-coréenne qui les méprise et les considère comme des ploucs s’installent en Occident où ils leur arrivent de rencontrer leurs compatriotes immigrés. Ces derniers (serveuses, bûcherons, ingénieurs, ouvrières spécialisées) bénéficient légalement de contrats de travail rémunérateurs et versent un pourcentage aux autorités de leur République populaire démocratique. La réalité est moins simple qu’un mauvais film de la Compagnie Disney.

    Bonjour chez vous !

    • « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 52, diffusée sur Radio-Libertés, le 10novembre 2017.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Monaco

  • Paris : Prochain cercle de Flore vendredi 17 novembre

    3650118671.6.pngLe cercle de Flore donne rendez-vous vendredi 17 novembre à 20 h pour une table ronde qui réunira Dimitri Kochko et Pascal Cauchy, qui tenteront de répondre à la question : « Faut il un Nuremberg du bolchevisme ? »

    Le vendredi 17 novembre à 20h, au siège de l'Action française, 10, rue Croix-des-Petits-Champs - 75001 Paris

    Metro 1 et 7 : Palais Royal - Musée du Louvre.

    Renseignements et réservations : cercledeflore@actionfrancaise.net

    Entrée : 5€

  • Tout dans la Tradition, rien contre la Tradition, rien en dehors de la Tradition

    3379512466.jpg« Fascisme » et « fasciste » sont aujourd’hui des termes de novlangue relevant de l’insulte. Ils servent, à l’instar du mot « nazi », à disqualifier toute personne qui tient un discours non conforme. Pour autant, le sens initial de ces mots résonne encore dans la tête d’un bon nombre de personnes, du militant politique jusqu’à l’historien.

    En effet, les fascismes – non pas uniquement le fascisme italien – en tant que phénomènes politiques, doivent d’être étudiés et leurs résultats longuement médités. En 1977, Georges Gondinet et Daniel Cologne se prononcent sur cette épineuse question avec leur fascicule Pour en finir avec le fascisme. Essai de critique traditionaliste-révolutionnaire (1). L’objectif de ce roboratif essai au titre provocateur consiste tout d’abord à mettre dos à dos les deux « mythologisations » du fascisme : la première positive, émanant des milieux dit d’extrême droite; la seconde provenant des ennemis du fascisme, soit le libéralisme et le marxisme. Les auteurs se posent en « héritiers partiels et lucides ». Leur critique du phénomène fasciste s’inscrit donc dans une troisième voie où dominent l’influence de la Tradition Primordiale et le recul historique.

    Les critiques du condominium libéralo-marxiste (les auteurs parlent de « critique externe ») n’ont guère évoluées en quarante ans et ne méritent pas que l’on s’y attarde. La « critique interne », c’est-à-dire celle de la Droite radicale, est quant à elle « surtout l’œuvre de nostalgiques, des gens qui ont vécu et apprécié cette époque, de sentimentaux attachés à l’image qu’ils se font de leur passé (p. 11) ». Maurice Bardèche et sa conception rêvée du fascisme n’est pas de leur goût, car selon eux elle ne « débouche pas sur une critique interne, sur une proposition politique nouvelle, sur un fascisme purifié (p. 12) ». Ceci n’enlève rien à l’une des facettes du phénomène fasciste, soit sa proportion à renouer vers un nouvel âge d’or, dans une tentative de restauration de nature héroïque, en plein âge du loup. « Le fascisme nous apparaît comme l’effort révolutionnaire pour retrouver, en plein cœur de la modernité décadente, un monde où la puissance sociale et la supériorité naturelle soit fondées sur des critères spirituels plutôt que matériels (p. 13). » Rebondissant sur deux critiques professées par les libéraux, celles de l’impérialisme et du racisme, Daniel Cologne et Georges Gondinet, en bons défenseurs de l’idée traditionnelle, affirment que « le monde traditionnel connut l’idée impériale et la race, nullement l’impérialisme et le racisme (p. 13) ».

    Néanmoins le phénomène fascisme atteint sa limite malgré la tentative de restauration de type héroïque qu’il prétend incarner. En effet, son vitalisme est avant tout perçu comme une dégradation d’un élément autrefois supérieur : « son défaut fut de considérer l’héroïsme comme l’expression de la “ volonté de puissance ”, l’affirmation brutale de la vie, l’exaltation dionysiaque de l’être subintellectuel, le culte de l’action pour l’action, la libération des forces instinctives délivrées de tout interdit moral ou religieux et de toute préconception de l’esprit (p. 16) ». En clair, et les auteurs reprennent d’ailleurs volontiers le terme de Spengler, l’homme façonné par le fascisme est l’incarnation typique de l’« homme faustien ». L’influence de la philosophie typiquement naturaliste de Nietzsche n’échappe donc pas à la critique. « En prônant le naturalisme nietzschéen, le fascisme a voulu renouer avec la grande tradition de l’Europe. En cela, il se trompait. En effet, pour saisir l’essence de la tradition européenne, il faut avoir recours à la conception de la “ spiritualité primordiale ” (Evola) (p. 17). » Ainsi pour renouer avec un idéal à la fois européenne et traditionnelle, la nécessité de se tourner vers un type ascético-militaire comme ce fut le cas avec l’Ordre du Temple par exemple. À l’époque contemporaine et à l’instar de Julius Evola, Georges Gondinet et Daniel Cologne se tournent vers la Garde de Fer du Roumain Codreanu et la Phalange de l’Espagnol Primo de Rivera plutôt que vers le régime du Duce.

    2756738335.jpgLa question du matérialisme biologique, c’est-à-dire de la race, figure parmi les sujets évoqués dans cet essai. En bon évoliens, les auteurs condamnent le racisme biologique national-socialiste et adoptent sans réelle surprise les positions de Julius Evola exprimées dans Synthèse de doctrine de la race (2). « La pureté de la race ainsi comprise résulte de l’équilibre entre les trois niveaux existentiels : l’esprit, l’âme, et le corps. Il n’y a pas de pureté raciale sans une totalité de l’être, un parfait accord entre ses traits somatiques, ses dispositions psychiques et ses tendances spirituelles (p. 24). » Les auteurs en arrivent à la conclusion que la race de l’esprit, qu’ils nomment « générisme » est « la condition sine qua non du dépassement du fascisme, du retour à un traditionalisme véritable, de l’effort vers une révolution authentique (p. 25) ».

    Après avoir mentionné la distinction entre totalitarisme et « totalitisme », terme que l’on pourrait remplacer par les concepts de holisme ou d’« organicité », Daniel Cologne et Georges Gondinet s’attardent sur l’aspect socialiste du phénomène fasciste. Bien que « le socialisme est une des concessions du fascisme à la modernité (p. 38) », son principal intérêt réside dans la sublimation du prolétariat et de la bourgeoisie car « il débourgeoise le nationalisme en l’unissant au socialisme et déprolétarise le socialisme en lui adjoignant le nationalisme (p. 31) ». Ce dernier découle d’une vision du monde, il n’est pas une technique ou un moyen pour arriver à une fin; les auteurs citent Moeller van den Bruck pour appuyer leurs propos. « Le socialisme, c’est pour nous : l’enracinement, la hiérarchie, l’organisation (p. 32). » Enfin, d’un point de vue social, les auteurs, sans jamais utiliser le terme, insinuent l’idée de caste. « Dans le monde apollinien, la solidarité primordiale est ressentie au niveau de catégories éthiques supranationales, entre des classes d’hommes dont les critères transcendaient le plan naturaliste ou racial. […] Le paysan français attaché à sa terre est plus lié au paysan allemand ou italien partageant sa mystique du sol qu’à l’ouvrier embourgeoisé et déraciné de la banlieue parisienne (p. 34). »

    En guise de conclusion à cet essai, Georges Gondinet et Daniel Cologne font un rappel salutaire quant à l’idée, mais surtout au fait, que « le fascisme n’a de sens que dans le contexte de la culture albo-européenne (p. 37) ». Ils rappellent aussi que le fascisme ne se résume pas simplement à une troisième voie politique; cela consisterait à réduire la portée du phénomène fasciste, chose qui « conduit à de graves erreurs (p. 37) ». Ces propos visent clairement certains au sein de la mouvance nationale-révolutionnaire, adeptes du « tiers-mondisme de droite », et qui encensaient à l’époque les divers mouvements de « libération nationale » franchement hostiles au monde blanc. À ce sujet, Philippe Baillet, ancien collaborateur de la revue Totalité où écrivaient aussi Gondinet et Cologne, a fait le tour de la question dans son livre L’Autre Tiers-mondisme. Des origines à l’islamisme radical (3). Enfin, les auteurs énumèrent les concepts-clé de la pensée traditionaliste-révolutionnaire : la volonté de valeur, l’idée impériale, le « générisme », l’État organique, le « totalisme ». « Tels sont les grands axes de la pensée traditionaliste-révolutionnaire permettant d’en finir avec le fascisme, ses erreurs passées et sa déformation présente (p. 40). »

    Bien que cet essai fut écrit en 1977, certains propos n’ont pas vieilli, là où d’autres ne sont peut-être plus ou alors moins d’actualité. Nous pensons bien sûr aux attaques à peine dissimulées à l’encontre de la Nouvelle Droite qui à l’époque, et comparé à aujourd’hui, méritait bien son épithète de Droite. Daniel Cologne a toujours été critique envers le nietzschéisme. Nous ne pouvons pas le lui en vouloir. Remettons toutefois les choses à leur place. Comparé à l’involution de la philosophie et de l’éthique du monde moderne, comparé à la subversion galopante des sociétés humaines, notamment celle en cours au sein de la société occidentale, le recours à la philosophie éthique et vitaliste de Nietzsche est définitivement un pas en avant de nature anagogique, comparable au « cycle héroïque » d’Hésiode. Toutefois, il ne doit pas être une finalité, mais une étape vers l’idéal défendu par Georges Gondinet et Daniel Cologne dans ce cas de figure, et par celui de Julius Evola avant eux. La nature de la philosophie nietzschéenne est naturaliste, dionysiaque, c’est-à-dire qu’elle prend source dans l’immanence, alors que la Tradition ou plus exactement l’Âge d’Or, d’essence apollinienne, prend sa source dans la transcendance ou la « transcendance immanente » chère à Evola. Nieztsche a cependant le mérite de focaliser sa philosophie sur l’européanité (5) là où certains éveilleurs de la Tradition, Frithjof Schuon en tête, négligent totalement les voies « européennes » de la philosphia perennis

    Cet opuscule que l’on peut aisément comparer au Fascisme vu de Droite (4) synthétise en partie ce dernier. Cependant, sa nature est différente car la prise de distance toute évolienne du premier cède la place, dans le deuxième, à un volontarisme politique assumé. Court dans le format, direct dans le propos, sa place est naturellement entre les mains de militants. Il est également appréciable que les auteurs ne tombent jamais dans le battage de coulpe, chose qui aurait été surprenante.

    « Messagère d’une nouvelle aurore (p. 14) », la Tradition et son incarnation politique, le traditionalisme-révolutionnaire, constitue l’étape d’après dans le perfectionnement d’un mouvement politique d’envergure européen. Le traditionalisme-révolutionnaire est d’autant plus d’actualité dans notre Europe de l’Ouest enlisée dans le laïcisme et le matérialisme. La critique de Daniel Cologne et Georges Gondinet ne plaira sans doute pas aux fascistes orthodoxes, tandis que les militants néo-fascistes, sur lesquels l’influence de Julius Evola est souvent prépondérante, devraient y être plus réceptifs. Certains traditionalistes, ceux qui se tiennent strictement à l’écart de tout engagement politique, ne doivent pas non plus bouder ce fascicule. Pour en finir avec le fascisme. Essai de critique traditionaliste-révolutionnaire mériterait d’être réédité, tout comme Éléments pour un nouveau nationalisme (6), opuscule doctrinal paru dans un format identique dont l’auteur est Daniel Cologne. Nous espérons que des éditeurs à contre-courant entendrons notre appel…

    Thierry Durolle

    Notes

    1 : Georges Gondinet et Daniel Cologne, Pour en finir avec le fascisme. Essai de critique traditionaliste-révolutionnaire, Cercle Culture et Liberté, 1977.

    2 : Julius Evola, Synthèse de doctrine de la race, Éditions de L’Homme Libre, 2002.

    3 : Philippe Baillet, L’autre tiers-mondisme. Des origines à l’islamisme radical, Akribeia, 2016.

    4 : Julius Evola, Le Fascisme vu de Droite, Pardès, 1981.

    5 : Friedrich Nietzsche, « Regardons-nous en face. Nous sommes des Hyperboréens », dans L’Antéchrist, 1894.

    6 : Daniel Cologne, Éléments pour un nouveau nationalisme, Cercle Culture et Liberté, 1977.

  • 11 novembre, De Gaulle et ses guignols

    Patrick Parment

    A chaque 11 novembre on nous sort la même soupe : le pèlerinage à Colombey-les-deux-Eglises qui est aux gaullistes ce que La Mecque est aux musulmans. Il y a un mythe gaulliste lié à une légende fabriquée de toute pièce et qui ne reflète que peu la réalité. L’homme du 18 juin n’y est pas pour grand-chose dans la victoire des Alliés sur les Allemands en 1944. En revanche, De Gaulle avait bien compris que les Américains étaient des envahisseurs autrement plus dangereux que les Allemands. Dans le grand cirque guerrier de 39-45, le rôle de la Résistance est marginal. Ce qui l’est moins, c’est l’attitude des communistes qui ont poussé les Allemands à prendre des otages suite à l’assassinat aveugle et gratuit de soldats allemands.  Ce qui l’est moins toujours, c’est l’attitude des communistes durant la grande braderie de l’Epuration où ils s’en donnèrent à cœur joie pour régler leurs petites affaires. Et sur cette période douloureuse de notre histoire, on n’a que le silence du camarade De Gaulle, intronisé, il est vrai, par Joseph Staline en 1941 qui lui sauva la mise à Londres auprès de Churchill.

    Puis il y a le De Gaulle du coup d’Etat du 13 mai 1958 et surtout le De Gaulle qui va brader l’Algérie aux tueurs du FLN. Depuis cette date, tous les gouvernements se sont couchés devant les autorités algériennes pour le plus grand bonheur du patronat français.

    La seule chose que l’on retiendra de De Gaulle est qu’il a agi et régné comme un monarque grâce à une constitution frisant le fascisme. Le reste, c’est de la posture, sans plus.

    Alors De Gaulle….

    Mais commémorer le 11 novembre 1918 est un devoir, car Il faut rendre hommage à nos poilus qui étaient pour la plupart de braves paysans que l’on a arraché à leur terre et à leur famille.

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