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géopolitique - Page 768

  • Pour terminer l’année en souriant…

    C’est Libération dans son édition du 29 décembre 2013 qui nous l’apprend : le conflit qui ensanglante le Soudan du Sud est « plus une rivalité de mafieux qu’un conflit ethnique ». Nous voilà donc renseignés nous qui avions naïvement cru que les nilotiques Dinka massacraient les nilotiques Nuer et que tous faisaient tomber leurs machettes sur les occiputs des nilo-sahariens Murle cependant que les Nuba en voulaient aux Dinka de ne pas les avoir rattachés au Soudan du Sud …
    Nous voilà d’autant plus informés que c’est un spécialiste de la question qui l’affirme dans les colonnes d’un quotidien subventionné par nos impôts et qui aurait depuis longtemps disparu des kiosques dans une économie concurrentielle. Ce spécialiste qui a pour nom Marc Lavergne et qui est chercheur au Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient du CNRS a longtemps vécu au Soudan. Il sait donc de quoi il parle. Comme Jean-Pierre Chrétien, autre éminent membre du CNRS qui, lui, a longtemps vécu au Burundi, et pour qui Tutsi et Hutu sont des fantasmes racialisants inventés par les missionnaires et les colons.  
    En plus de sa profonde connaissance de la région, Marc Lavergne sait ne pas être prisonnier d’un paradigme. Le 16 juillet 2004, il expliquait ainsi que « le conflit du Darfour n’est pas racial ». Quant aux janjawid qui massacraient les populations, ils n’étaient rien d’autre que des victimes. En effet ces « miliciens sont tout simplement des gens prolétarisés. Ils se retrouvent sans travail, le gouvernement  les arme et leur dit vous pouvez faire ce que vous voulez, voler, piller ».

  • 4 000 à 5 000 « Européens » combattraient chez les islamistes en Syrie

    D’après une source des services belges de sécurité, à l’heure actuelle, « Al-Qaïda a sous la main quatre à cinq mille combattants djihadistes déployés en Syrie et détenteurs de passeports d’un pays de l’espace Schengen ».

    Si la menace concerne en premier lieu l’Irak et la Syrie, une autre source belge, policière, évoque la volonté des animateurs de filières syriennes d’exporter, à terme, la capacité de combat aujourd’hui réunie en Syrie vers le Maroc et la Tunisie.

    En Belgique, les services de renseignement et de police reconnaissent être « noyés » par l’importance des filières syriennes. On estime qu’environ 200 « Belges » (vraiment belges ou immigrés) sont ou ont été combattants en Syrie, dont 120 à 140 sont actuellement sur place et une vingtaine sont décédés.

    D’autres filières terroristes alourdissent également la charge. Ainsi, par exemple, la Somalie continue à attirer des combattants belges.

    Source

    http://www.contre-info.com/

  • New York – Ces juifs religieux qui manifestent contre Israël

    Mardi dernier, à New York, des centaines de juifs orthodoxes se sont rassemblés devant la mission israélienne de l’ONU afin de marquer leur opposition contre la nouvelle politique menée par Israël. En effet, d’après une nouvelle loi, les juifs orthodoxes sont désormais obligés de faire leur service militaire en Israël.
    Ceux qui refuseront de se plier à cette obligation pourraient être emprisonnés par le gouvernement. Cela a donc irrité au plus haut point les juifs orthodoxes de New York. Ainsi, le rabbin Moishe Indig a déclaré : « Notre foi ne nous autorise pas à mettre en place de nouvelles règles tous les jours. Nous sommes contre l’État d’Israël et toutes les guerres qu’il mène ».
    Pour certains manifestants, la révolte est profonde. En effet, ils se disent contre l’existence de « l’État d’Israël » car cela va à l’encontre de leur foi. C’est ainsi que Jacob Kellner, un juif orthodoxe participant à la manifestation a déclaré que « l’État et l’armée israélienne sont illégaux car les écritures saintes ne confèrent pas aux Juifs le droit d’établir un État ».
    http://medias-presse.info/new-york-ces-juifs-religieux-qui-manifestent-contre-israel/4448

  • Où sont donc passés les « révolutionnaires » syriens ?

    À la veille de la conférence de Genève 2, les organisateurs états-uniens n’ont plus aucune marionnette pour jouer le rôle des révolutionnaires syriens. La disparition soudaine de l’Armée syrienne libre montre à ceux qui y croyaient qu’elle n’était qu’une fiction. Il n’y a jamais eu de révolution populaire en Syrie, juste une agression étrangère à coup de mercenaires et de milliards de dollars.
    Le 29 novembre 2011, une délégation de l’Armée syrienne libre fait allégeance à une délégation du Conseil national syrien. En théorie, l’opposition dispose désormais d’une branche militaire et d’une branche politique. En réalité, l’Armée syrienne libre comme le Conseil national syrien sont deux fictions créées par l’Otan. Tous deux sont exclusivement composés de mercenaires et n’ont guère de réalité par eux-mêmes sur le terrain.
    Les organisateurs de la conférence de paix de Genève recherchent d’urgence un représentant pour l’opposition syrienne armée. En effet, selon les Occidentaux, le conflit oppose une abominable dictature à son propre peuple. Cependant, les groupes armés qui détruisent la Syrie —du Front islamique à Al-Qaïda— font officiellement appel à des combattants étrangers, même si le premier prétend être composé principalement de Syriens. Les inviter serait admettre qu’il n’y a jamais eu de révolution en Syrie, mais une agression étrangère.
    En effet, l’Armée syrienne libre, dont on nous disait il y a quelques semaines qu’elle comprenait 40 000 hommes, a disparu. Après que son quartier général a été attaqué par d’autres mercenaires et que ses arsenaux ont été pillés, son chef historique, le général Selim Idriss, s’est enfui par la Turquie et a trouvé refuge au Qatar, tandis que le colonel Riad el-Assad a trouvé asile aux Pays-Bas.
    Lors de sa formation, le 29 juillet 2011, l’ASL s’était fixé un unique objectif : le renversement du président Bachar el-Assad. Jamais l’ASL n’a précisé si elle se battait pour un régime laïque ou un régime islamique. Jamais, elle n’a pris de position politique en matière de Justice, d’Education, de Culture, d’Economie, de Travail, d’Environnement, etc. Jamais elle n’a formulé la moindre ébauche de programme politique.
    Elle était, nous disait-on, formée de soldats de l’Armée arabe syrienne ayant fait défection. Il y eu effectivement des défections durant le second semestre 2011, mais leur nombre total n’a jamais excédé les 4 %, ce qui est négligeable à l’échelle d’un pays.
    Non : l’ASL n’avait pas besoin de programme politique car elle avait un drapeau, celui de la colonisation française. En vigueur durant le mandat de la France sur la Syrie et maintenu durant les premières années de prétendue indépendance, il symbolisait l’Accord Sykes-Picot : la Syrie était largement amputée et divisée en États ethnico-confessionnels. Ses trois étoiles symbolisent un État druze, un État alaouite et un État chrétien. Tous les Syriens connaissent ce funeste drapeau, ne serait-ce que par sa présence dans le bureau du collaborateur syrien de l’occupant français dans un célèbre feuilleton télévisé.
    Son premier leader, le colonel Riad el-Assad, a disparu aux oubliettes de l’histoire. Il avait été sélectionné pour son nom, qui s’écrit différemment en arabe mais se prononce identiquement dans les langues européennes avec celui du président Bachar el-Assad. La seule différence entre les deux hommes, d’un point de vue des monarchies du Golfe, était que le premier était sunnite et le second alaouite.
    En réalité, l’Armée syrienne libre est une création franco-britannique comme l’étaient les « révolutionnaires de Benghazi » en Libye (lesquels avaient « choisi » comme drapeau celui du roi Idriss Ier, collaborateur des occupants anglais).
    Bras armé de l’Otan, destiné à prendre le palais présidentiel lorsque l’Alliance atlantique aurait bombardé le pays, l’ASL a été ballottée par les plans successifs et les échecs successifs des Occidentaux et du Conseil de coopération du Golfe. Présentée dans un second temps comme le bras armé d’un Conseil politique en exil, elle ne lui reconnaissait aucune autorité et n’obéissait qu’à ses employeurs, les Franco-Britanniques. Elle était en fait le bras armé de leurs services secrets dont la Coalition nationale syrienne était le bras politique. En définitive, l’ASL n’a pu accumuler de succès qu’avec l’aide directe de l’Otan, en l’occurrence de l’Armée turque qui l’hébergeait dans ses propres bases.
    Créée dans le cadre d’une guerre de 4ème génération, l’ASL n’a pas réussi à s’adapter à la seconde guerre de Syrie, celle de type nicaraguayen. La première guerre (de la réunion Otan au Caire en février 2011 à la conférence de Genève en juin 2012) était une mise en scène médiatique visant à délégitimer le pouvoir afin qu’il tombe comme un fruit mur dans les mains de l’Otan. Les actions militaires étaient perpétrées par des groupuscules distincts, recevant leurs ordres directement de l’Alliance. Il s’agissait avant tout de créditer les mensonges médiatiques et donner l’illusion d’une révolte généralisée. Conformément aux théories de William Lind et de Martin Van Creveld, l’ASL n’était qu’un label pour désigner tous ces groupes, mais ne disposait pas de structure hiérarchique propre. Au contraire, la seconde guerre (de la réunion des « Amis de la Syrie » à Paris en juillet 2012 à la Conférence de Genève 2 en janvier 2014) est une guerre d’usure visant à « saigner » le pays jusqu’à sa reddition. Pour jouer son rôle, l’ASL aurait dû se transformer en une véritable armée, avec une hiérarchie et une discipline, ce qu’elle n’a jamais été capable de faire.
    Sentant sa fin proche, depuis le rapprochement turco-iranien, l’ASL avait annoncé sa possible participation à Genève 2 en posant d’irréalistes conditions. Mais il était déjà trop tard. Les mercenaires payés par l’Arabie saoudite ont eu raison de cette fiction de l’Otan. Chacun peut désormais voir la vérité toute nue : il n’y a jamais eu de révolution en Syrie.
    Thierry Meyssan http://www.voltairenet.org/article181497.html

  • Erdogan, tête de Turc ?

    Les islamistes turcs, quelles que soient leurs sensibilités respectives, démontrent piteusement qu’ils sont aussi des hommes comme les autres.

     
     

    Istamboul, c’est pas cool. Certes, les empires byzantin et ottoman n’étaient pas forcément connus pour leur rectitude morale, mais la corruption étant un travers universel, se riant des âges et des latitudes, le régime kémaliste n’était pas toujours propre non plus. Et le nôtre guère moins. Là, en Turquie, ça sent la grande lessive. Dix ministres débarqués d’un coup, d’un seul… Et pas des moindres, puisque ceux de l’Intérieur, de l’Économie et de l’Environnement font partie de la charrette.

    Certains ne sont même pas directement coupables de malversations, sachant que ce sont leurs enfants qui ont été pris la main dans le pot de confiture, façon progéniture à la Fabius. En Turquie, ça suffit pour pousser le père à la démission ; ici, non…

    Du coup, les manifestations se multiplient pour exiger que le Premier ministre, Recep Tayyip Erdoğan, prenne lui aussi la porte. Au fait, ces affaires de corruption, quelles sont-elles ? Principalement des trafics avec l’Iran consistant à contourner l’embargo international.

    Et c’est là que Recep Tayyip Erdoğan aura trébuché. Depuis plus de dix ans, sa politique intérieure lui a assuré une popularité hors du commun. Armée remise au pas et croissance économique à deux chiffres. Certes, de nombreux journalistes mis en prison, surtout dans la foulée du fameux procès Ergenekon à l’occasion duquel, de 2007 à 2009, furent condamnés de nombreux parlementaires, intellectuels et généraux, accusés d’avoir comploté contre l’État turc au sein de ce que l’on peut tenir pour équivalent local des anciens réseaux Gladio en Italie. Soit une nébuleuse d’extrême droite, inféodée aux USA, et chargée par ces derniers de servir de « cinquième colonne » en cas d’affrontement avec la défunte URSS. Il est parfois des fantômes du passé qui ressurgissent.

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  • L’Arabie saoudite ébranlée par l’accord sur le nucléaire iranien

    L’Arabie saoudite a été prise de court par cet accord sur le nucléaire, comme elle l’a été en 2011 par le Printemps arabe. Cinq mois seulement après l’élection de Hassan Rohani à Téhéran, il ouvre la voie à la fin de plus de trente ans d’endiguement de l’Iran. Ce processus, s’il est mené à son terme, est de nature à annihiler le résultat des efforts déployés par la monarchie saoudienne depuis le renversement du shah en 1979 pour acquérir une place régionale dominante. Cependant, mesurer toute l’étendue actuelle de la frustration de l’Arabie saoudite et de sa colère à l’égard du président Barack Obama nécessite un rapide retour en arrière historique.
    Après la révolution iranienne
    En 1979, la révolution islamique iranienne avait brutalement mis fin à la stratégie des États-Unis pour la défense de leurs intérêts au Proche-Orient dans le contexte de la Guerre froide. Elle reposait sur deux piliers qui lui étaient tous deux alliés : l’Arabie saoudite et l’Iran impérial. Riyad restait toutefois dominé par Téhéran — le « gendarme du Golfe » — auquel les États-Unis fournissaient même des armements qu’ils n’exportaient nulle part ailleurs. La menace que s’est mise à représenter, pour les monarchies de la péninsule Arabique et la stabilité de la région du Golfe, l’Iran de l’ayatollah Rouhollah Khomeini, le déclenchement de la guerre Iran-Irak en septembre 1980 et l’invasion soviétique de l’Afghanistan, ont poussé Riyad en 1981 à former, avec les monarchies de la péninsule, le Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG). Sa vocation non déclarée était avant tout de se protéger de l’Iran. Cette initiative avait les faveurs des États-Unis qui, de leur côté, créaient Central Command (Centcom)1 pour mieux assurer la sécurité de leurs intérêts régionaux, centrés sur l’Arabie saoudite. Ce dispositif prenait également en compte l’Égypte, seul allié stratégique du royaume face à l’Iran.
    Le développement politique et militaire du CCG voulu par les Al-Saoud reste cependant freiné depuis trente ans par la réaction de leurs pairs à leur hégémonisme, et ce malgré les crises graves qui ont secoué la région. Les familles régnantes des autres monarchies du CCG n’ont eu de cesse, à l’exception de Bahreïn, de préserver le plus possible leur indépendance vis-à-vis de leur homologue saoudienne, autant par souverainisme — fruit d’un atavisme socioculturel tribal partagé, que par leurs perceptions divergentes de la menace iranienne. Avatars de ce comportement, elles ont privilégié chacune séparément des achats redondants d’armements et des accords bilatéraux avec les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, préférant, pour leur défense et leur sécurité, une dépendance totale à l’égard de l’Occident à une interdépendance renforcée centrée sur Riyad.
    Aux difficultés persistantes de l’Arabie saoudite pour resserrer autour d’elle ses marches face à l’« hydre » — qualificatif employé par le roi Abdallah pour désigner la République islamique —, s’est ajoutée, à partir des années 2000 son exaspération croissante devant la politique américaine au Proche-Orient. En 2010, son résultat est l’accroissement sans précédent de l’influence régionale de l’Iran sans que ce dernier ait eu à tirer un seul coup de fusil — l’« arc chiite » continu de Téhéran à Beyrouth, en passant par Bagdad et Damas.
    Le tournant de la politique américaine à partir de 2011
    Dans ce contexte, le Printemps arabe a provoqué un double traumatisme à Riyad : l’apparition brutale d’une menace sociopolitique grave pour l’assise des monarchies, et le lâchage, en quelques jours, par les États-Unis de Hosni Moubarak qui leur était pourtant un allié très proche. Également accablante aux yeux de Riyad a été l’acceptation par l’administration Obama de l’arrivée des Frères musulmans au pouvoir au Caire. Le pacte scellé en 1945 entre le président Franklin Roosevelt et Abdelaziz Ibn-Séoud, par lequel les États-Unis s’engageaient à protéger le royaume saoudien en échange de leur accès à son pétrole, changeait de visage : dès lors que leurs intérêts fondamentaux n’étaient pas menacés, les Américains ne protégeaient pas les régimes en place. Les fortes critiques émises peu de temps après par Washington devant la répression par la monarchie bahreïnienne, appuyée par la Garde nationale saoudienne, du soulèvement de la majorité chiite marginalisée du petit royaume insulaire, n’ont fait que confirmer cette perception.
    Survient la crise syrienne. Pour le roi Abdallah d’Arabie Saoudite, c’est une opportunité pour casser l’« arc chiite ». Alors qu’en Égypte il a soutenu une contre-révolution pour chasser les Frères musulmans et récupérer son arrière-cour stratégique, en Syrie il s’est rangé du côté de la rébellion contre le régime. Riyad s’est d’abord attaché à mettre un coup d’arrêt à l’activité vibrionne de l’émir du Qatar qui, allié avec le Parti pour la justice et le développement (AKP, Adalet ve Kalkınma Partisi) turc, favorisait partout les Frères musulmans pour contrer l’hégémonisme saoudien. L’Arabie saoudite a ensuite espéré que l’attaque chimique du 21 août 2013 dans un quartier de Damas allait enfin provoquer une plus forte implication de Washington en Syrie. Mais le président Obama, qui entamait des pourparlers indirects avec Hassan Rohani via le sultan d’Oman, n’a pas franchi le pas malgré les exhortations saoudiennes.
    Entre une très forte opposition, à l’intérieur des États-Unis, à tout nouvel engagement militaire au Proche-Orient, doublée de sa réticence personnelle, et la certitude, s’il bombardait la Syrie, de mettre à mal le dialogue amorcé discrètement avec Téhéran, tout poussait Barack Obama à ne pas lancer d’intervention militaire malgré sa « ligne rouge », au grand dam de Riyad. Son acceptation immédiate de la proposition russe pour démanteler les armements chimiques syriens finit de convaincre Riyad que Washington n’interviendrait jamais militairement. Se sentant lâchée en Syrie par les États-Unis qui visiblement allaient privilégier un service minimum au profit de l’Armée syrienne libre (ASL) tout en recherchant avec Moscou – et Téhéran – une solution politique à la crise, l’Arabie Saoudite décide alors de faire cavalier seul, pour tenter de parvenir à ses fins – éliminer le régime de Bachar Al-Assad — tout en maintenant une coordination de surface avec les Occidentaux et l’ASL.
    Sortir de l’isolement ?
    C’est dans ce contexte de frustrations saoudiennes cumulées qu’est intervenu l’accord intérimaire sur le nucléaire iranien. Il est ressenti par la monarchie saoudienne comme un ultime coup de poignard dans le dos. Ce coup est rendu encore plus douloureux par l’accueil conciliateur qui lui est fait par les autres capitales du CCG. Toutes — toujours à l’exception de Bahreïn — voient plutôt l’intérêt de la perspective future d’une intensification des échanges avec l’Iran, que ce soit en termes de stabilisation du Golfe, d’abaissement de l’hégémonisme de leur grand frère saoudien, ou en termes économiques. Mais les épreuves de l’Arabie saoudite ne sont pas terminées : lors de la rencontre annuelle des ministres et responsables de la sécurité des pays du Golfe à Bahreïn (appelée « Manama Dialogue ») début décembre, quelques jours avant le sommet annuel du CCG, le ministre omanais des affaires étrangères a déclaré publiquement que le sultanat rejetait catégoriquement le projet de la monarchie saoudienne de transformer le CCG en Union des États arabes du Golfe, et qu’il s’en retirerait s’il était décidé. Jamais déclaration aussi hostile à l’Arabie saoudite n’avait été publiquement prononcée par un membre du CCG. Pour sauver la face lors du sommet de l’organisation, un consensus minimum a pu être trouvé pour créer un commandement militaire conjoint dans le cadre du CCG. Mais l’histoire du Conseil montre que les déclarations ostentatoires dans le domaine souverain de la défense ne sont que peu ou mal suivies d’effets.
    En cette fin d’année 2013, l’Arabie saoudite se retrouve isolée parmi ses pairs et en divergence profonde avec les États-Unis. Dans le même temps, la monarchie ne peut se passer des Américains pour la défense du royaume et pour l’entretien de son matériel militaire. Les États-Unis le savent, qui de leur côté ont besoin de l’alliance avec Riyad pour maîtriser la région selon leurs intérêts. Cependant, l’Arabie saoudite s’est affichée très fort et très loin dans ses objectifs propres, pour lesquels elle mobilise le plus possible le bras de levier de ses ressources financières et de ses alliances tribales, notamment en Syrie. Le Printemps arabe et ses conséquences régionales ont provoqué chez elle improvisation et précipitation qui l’ont placée en avant-scène, contrairement à son habitude d’agir sans bruit dans le temps. Sauf à perdre la face aux yeux de tous, il lui faut à présent une porte de sortie. Il est à craindre qu’elle ne perturbe toute stabilisation du Proche-Orient qui ne lui offrirait pas cette opportunité.
    L’un des dix commandements régionaux américains dépendant du secrétariat à la défense et qui couvre aujourd’hui le Proche-Orient et l’Asie centrale.

    Marc Cher-Leparrain

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFlZlZVAFATImjrwZW.shtml

  • 9 sept 2001 : Notes sur un tabou en perdition

    26 décembre 2013 – Premier point, indubitable, incontournable comme l’on dit : nous-mêmes, bien autant que tant d’autres, avons raté l’affaire. En effet, le récit ici rapporté remonte, pour la première source (chronologiquement) à en faire état, au 11 décembre, et pour une semaine plus tôt que ce 11 décembre pour le fait lui-même. Nous avons raté l’affaire, et de n’avoir pas été les seuls ne nous console pas ; par contre, cela, cette discrétion assez générale ou cette indifférence assez répandue, voilà qui substantifie et même justifie absolument le commentaire ci-dessous.

    Songez-y : il y a cinq ans, sept ans, dix ans, la simple hypothèse complètement honteuse impliquée par l’évocation de la possibilité de la proposition d’une résolution d’urgence mettant en cause l’intégrité de la narrative officielle de l’attaque 9/11 par deux parlementaires washingtoniens, un démocrate et un républicain, eut provoqué des évanouissements en série dans les salons. Nos plus belles plumes se fussent étouffées dans leur encre noire de rage. Les éditoriaux auraient fusés comme autant de drones vengeurs et néanmoins civilisés ... Comment, imaginer que 9/11 ne soit pas exactement ce que la presse-Système, les dirigeants-Système, les communiqués-Système en ont dit ? Des sels, vite, les “complotistes” arrivent ...

    Non seulement… Bien plus que ce que l’on évoque, le fait de la “résolution d’urgence” des deux parlementaires n’est pas une “simple hypothèse”, une “évocation de la possibilité” d’elle-même, mais bel et bien ce qu’elle est. Il s’agit de l’affirmation explicite et officielle qu’une partie d’un document mise sous les scellés de la classification “secret” sur l’intervention documentée du président Bush contient des révélations “choquantes” sur l’implication de “un ou plusieurs“ service(s) de renseignement de pays étrangers dans l’attaque du 9/11. Cette “affirmation explicite et officielle” constitue une hypothèse très solide, proche de l’affirmation, qu’il y a eu “complot” hors de la seule machination admise des 18 ou 19 terroristes de la version officielle ... (Le document évoquée comprend les 28 pages d’une partie intitulée “Specific Sources of Foreign Support” du rapport du Congrès de 800 pages établi en 2002 sous l’intitulé officiel de Congressional Investigative Report on 9/11 – Joint Inquiry into Intelligence Community Activities Before and After the Terrorist Attacks of September, 2001, – à ne pas confondre avec le rapport de l’enquête officielle de la Commission spéciale formée pour enquêter sur 9/11).

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  • Centrafrique, une situation inextricable

    Cet article analyse les faiblesses du volet politique de l'opération Sangaris, dès le départ et au fur et à mesure que la situation se détériore : apparition d'une troisième force en présence modifiant de fond en comble le contexte de l'intervention française, et transformation du conflit politique en guerre interconfessionnelle. Résultat :

    "Les ex-Séléka, les miliciens du Nord, accusent [les forces françaises] de vouloir les laisser désarmés face à la vengeance populaire, eux et leurs coreligionnaires musulmans. La majorité non musulmane, qui attendait de la France qu'elle renverse le président Djotodia et chasse les ex-Séléka détestés, reproche à présent à la France de les maintenir en place. Pour tout compliquer, des contingents de la force panafricaine prennent parti pour un camp ou pour l'autre, allant jusqu'à échanger des coups de feu entre eux."

    Tout bascule le 5 décembre, jour du vote de l'ONU :

    "l'attaque des Anti-Balaka [une jacquerie qui veut chasser les rebelles musulmans de l'ex-Séléka] sur Bangui modifie de fond en comble le contexte de l'intervention française. Si cette attaque échoue, elle déclenche une terrible répression de l'ex-Séléka dans les quartiers populaires de Bangui. À part quelques missions de protection de ressortissants, les troupes françaises n'interviennent pas: depuis Paris, les ordres sont d'attendre le mandat de New York.

    Lorsque la résolution est adoptée le même soir, les rues de Bangui sont jonchées de cadavres et le cycle de la guerre confessionnelle est enclenché. Ce millier de morts pèsera lourd sur la suite des opérations. Au lieu de pouvoir utiliser Bangui comme base arrière et se déployer en province comme c'était prévu initialement, les soldats français vont devoir agir dans l'urgence dans la capitale, pour tenir à l'écart des communautés qui s'affrontent. Tout le processus politique est par terre."

    Et que fait Paris ?

    "Pendant ce temps, l'ambassadeur de France à Bangui, personnage clef du dispositif, est remplacé au beau milieu de cette semaine folle, ainsi qu'un autre diplomate important. Hollande annonce que Djotodia doit partir, avant que Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius ne disent l'inverse. La mort de deux paras trois jours après le début des opérations fait encore changer de posture les forces françaises, renforçant la détermination des uns et des autres à pousser leur avantage. Et les visites officielles se succèdent, Hollande d'abord, Le Drian quelques jours plus tard, augmentant le fardeau opérationnel des unités débordées."

    Louise Tudy

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Centrafrique : l’inconséquence de François Hollande

    Avec les socialistes, les moyens militaires sont toujours amputés et le réel n’est jamais pris en compte...

    Avec les socialistes, nous vivons un éternel recommencement : les moyens militaires sont toujours amputés, le réel n’est jamais pris en compte et les interventions sont décidées au pic des crises…

    L’exemple de la RCA illustre cette constante. À l’heure où ces lignes sont écrites, la situation y est la suivante :

    1) La France a contre elle la minorité musulmane vivant dans le sud du pays. Instrumentalisée par la Séléka, elle accuse l’armée française de partialité. Quant à la majorité sudiste chrétienne, elle reproche à nos forces soit de ne pas la protéger, soit de ne pas lui permettre de se venger…

    2) Le conflit qui était ethnique au départ devient peu à peu religieux, engerbant, en quelque sorte, les composantes ethniques régionales avec tous les risques internationaux qu’une telle évolution implique.

    3) Une guerre dans la guerre menace, car le contingent tchadien réprime les chrétiens cependant que les contingents issus d’autres parties de l’Afrique matraquent les musulmans…

    L’erreur de François Hollande est triple : [...]

    Bernard Lugan - La suite sur Boulevard Voltaire