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géopolitique - Page 771

  • Vive l'Ukraine libre

    Chaque jour qui passe, dans la crise ukrainienne, doit nous confirmer et nous renforcer dans plusieurs certitudes.

    Ce 13 décembre, au moment de boucler cette chronique, rédigée sur plusieurs jours, la situation recèle plusieurs possibilités d'évolution, hélas très contrastées entre le pire et le meilleur.

    Une chose au moins ne doit pas nous tromper. Ce pays tout entier se trouve devant un choix parfaitement clair. Celui-ci oppose d'une part un accord de libre-échange avec l'Union européenne et d'autre part la réintégration, que Moscou voudrait imposer, dans son bloc protectionniste d'un autre âge. Le pouvoir post-soviétique le qualifie d'Union douanière. Les Ukrainiens s'y retrouveraient prisonniers en compagnie de la Biélorussie et du Kazakhstan.

    On doit avant tout, à cet égard, se méfier de l'assertion des faux-lettrés parisiens. À les entendre, il existerait deux zones d'influence, l'une "polonaise", l'autre "russe". Cette division nous est présentée en quelque sorte comme naturelle, culturelle ou historique. En mélangeant de la sorte les genres vagues, on se dispense de réfléchir et on se prépare donc à demeurer inerte et à tout accepter. Cette façon de voir, ou plutôt de refuser d'ouvrir les yeux était encore scandaleusement proposée ce 13 décembre par un Luc Ferry. Soulignons que l'ancien ministre chiraquien intervient officiellement à l'antenne "en tant qu’expert politique"(1)⇓

    Réfléchissons au fait que ce schéma de dissection des pays pourrait s'appliquer aux 192 États qui composent les Nations-Unies.

    Commençons par celui dans lequel nous vivons. Qui pourrait nier par exemple que Lille, capitale de la Flandre française entretient des relations avec la Belgique, que le duché de Normandie figure encore dans la titulature de la reine d'Angleterre, que Strasbourg appartient à la culture historique germanique, que Perpignan semble un faubourg de Barcelone, que l'architecture de Nice annonce celle de la Ligurie italienne etc.

    On ne rassemblera pas les peuples européens si l'on s'essaye à rectifier les frontières. Nous devons estomper progressivement et patiemment les cicatrices territoriales de nos séparations résultant des accidents de l'Histoire au sein de l'ancienne Respublica christiana que nous appelons l'Europe, mais nous ne les redessinerons plus. On s'est combattu entre Européens lors des catastrophiques, héroïques mais monstrueuses guerres du XXe siècle. Cette sinistre époque post-jacobine est close depuis le discours de Robert Schuman du 9 mai 1950.

    Folie que de chercher à revenir en arrière.

    Folie, deuxième constatation, qui ne semble pas exempte des arrières-pensées archaïques des dirigeants moscovites.

    Contrairement aux autres Européens ceux-ci théorisent un prétendu droit de regard sur ce qu'ils appellent "l'étranger proche".

    S'agissant de l'Ukraine, dont les limites actuelles ont été dessinées par le Kremlin, cette attitude semble d'autant plus insupportable et même obscène que ce malheureux pays a été particulièrement éprouvé par l'Histoire criminelle et misérable du régime soviétique, depuis la tentative de son anéantissement par la famine de 1929 à 1933 (2)⇓, par l'aveuglement et l'incurie entre 1939 et 1941 de Staline allié de Hitler (3)⇓ et même jusqu'au terrible drame de Tchernobyl horrible témoignage de l'arrogante incompétence communiste. L'allégeance des Cosaques aux empereurs russes du XVIIe siècle ne crée évidemment aucune obligation de servitude pour l'avenir et ne confère aucun droit pour les héritiers du pouvoir soviétique.

    Une réalité devrait sauter aux yeux de tout Français épris de Liberté : le régime mafieux dominé par les oligarques de Donetsk entourant Ianoukovitch se préparait clairement à trahir son peuple. Adossé au très cynique voisin moscovite il piétine de toute évidence l'aspiration de cette nation, laquelle fait partie de la famille européenne et le proclame.

    Ce désir va bien au-delà des institutions de l'Union européenne, bien au-delà de l'économie. Il est salué en Europe, à l'unique exception des sous-bureaucrates de Paris, et de leurs valets médiatiques, qui semblent s'appliquer à répercuter des consignes de molle indifférence.

    Par l'effet d'un contraste saisissant, les gens qu'on entend tous les jours vilipender, méritent ici qu'on leur rende un hommage d'autant plus sincère que nous n'y avions guère été habitués.

    Un José Manuel Barroso président de la Commission européenne, si souvent accusé d'insignifiance, a ainsi osé proclamer de façon très nette que "le temps de la souveraineté limitée est fini.(4)⇓

    Une Viviane Reding vice-présidente luxembourgeoise de la Commission annonce clairement qu'elle refuse d'avaliser la situation et qu'elle annule sa présence annoncée aux jeux d'hiver de Sotchi.

    Un Guido Westerwelle ministre allemand des Affaires étrangères s'est rendu à Kiev saluer les manifestants de la place Maïdan, à la grande irritation de ses homologues moscovites.

    Mais alors pourquoi notre glorieux Fabius, conseillé, documenté, surinformé par l'armada de nos diplomates technocrates du Quai d'Orsay, a-t-il adopté son actuelle et louvoyante ligne de conduite ? Pourquoi appelle-t-il "les parties" "à la retenue et au dialogue" ? Se souvient-il de son propre jugement à l'époque de la visite de Jaruzelski à Paris en 1985 ? Pourquoi ce report de la visite à Paris de l'opposant Vitaly Klitchko ? Faut-il y voir la trace d'un fil à la patte, – trace si visible dans le cas, malheureusement trop clair, des enfants perdus d'une certaine droite, à plat ventre devant le nouvel objet de leur servitude volontaire ?

    La "Fédération" de Russie ne détient en effet aucun droit d'État en tant qu'ancienne puissance impériale sur le destin de ses voisins.

    Certes il existera toujours des liens entre les deux peuples : et la nation russe pourrait, et donc devrait commencer par reconnaître tout ce qu'elle doit elle-même culturellement aux influences venues de Kiev.

    Elle pourrait ainsi savoir d'où vient sa propre religion. Certains propagandistes ignares et cyniques s'époumonent à l'instrumentaliser aujourd'hui. Il la caricaturent et en déforment la relation à l'État, si mal comprise en occident. Car, malheureusement au cours de l'Histoire, le pouvoir moscovite a, de nombreuses fois, opprimé l'orthodoxie, quand il ne l'a pas dénaturée comme au XVIe siècle sous le règne d'Ivan le Terrible. Après l'époque de l'empire chrétien, sous les premiers Romanoff, ceux du XVIIe siècle, la réforme moderniste de Pierre le Grand en 1723 inaugure pour le XVIIIe siècle, l'époque du "despotisme éclairé" qui la soumet à son administration, en l'assujettissant au contrôle étatique d'un procureur du saint-synode (5)⇓ avant de chercher à la détruire sous Lénine, Staline et Khrouchtchev.

    Que les communistes aient piteusement échoué à déraciner la foi chrétienne orthodoxe de l'âme russe n'autorise certainement pas, aujourd'hui, leur successeur, l'ancien fonctionnaire du KGB Vladimir Vladimirovitch Poutine, à poser en protecteur sinon en porte-parole de la religion. Rappelons en effet que la liturgie de saint Jean Chrysostome commence notamment par les prières initiales où il est dit : "ne mettez pas votre foi dans les princes, dans des fils d'hommes impuissants à sauver".

    Ce n'est pas, non plus sous-estimer la culture russe d'autrefois que de considérer, après Pouchkine (1799-1837) et avant Dostoïevski (1821-1881), le pur géant de la littérature de langue russe Nicolas Gogol (1809-1852) : lorsque ce fils de l'Ukraine réaffirma, dans la correspondance qu'il adresse à ses amis, la foi de ses ancêtres ce sont bien les conformistes de la capitale qui, après avoir tant ri au "Revizor" et au "Nez", sans peut-être en comprendre le sel annonciateur, s'empressèrent de le tenir pour fou.

    Ceci préfigure le traitement que leurs descendants matérialistes infligèrent un siècle plus tard à tous ceux qui récusaient encore le paradis bureaucratique désormais décadent de la stagnation brejnevienne à partir des années 1970. Dans les années 1930 ils les avaient envoyés aux îles Solovki, haut lieu religieux dont ils avaient fait un bagne homicide.

    Ce n'est pas nier tout ce que le souffle de liberté chrétienne doit à des spirituels, à des théologiens ou à des pasteurs russes, que de les savoir bafoués aujourd'hui encore. Citons l'exemple du père Alexandre Men. Il fut assassiné en 1990 par le KGB. Ce crime d'État fut commis exactement un an après que le gouvernement gorbatchevien se soit prêté en 1989 à la célébration du "millénaire de la Russie".

    À ce sujet, rappelons au besoin que ce grand pays n'existait tout simplement pas mille ans plus tôt en 989. Lorsqu'au XIe siècle la reine de France s'appelait Anne de Kiev, nos chroniques ne parlent pas encore de "Russie" encore moins de "Rus'" comme on veut nous le faire croire aujourd'hui. Les grands-ducs de Moscovie n'ont en fait créé la Russie qu'à partir du XVe siècle, une fois libérés du joug mongol, et après le mariage de l'un d'entre eux le prince Ivan III (1462–1505), Ivan le Grand, avec une princesse byzantine Sophie Paléologue. En 1472, elle lui apporte en dot le blason de l'Empire, l'Aigle à deux têtes. Leur fils Ivan IV, le premier, prendra le titre d'empereur (tsar) et au XVIe siècle le métropolite de Moscou recevra de son Église-mère de Constantinople le statut que l'orthodoxie nomme "autocéphalie" et que d'ailleurs, espérons-le, les métropolites de Kiev recevront un jour ou l'autre. (6)⇓

    Ce n'est pas oublier l'Église orthodoxe russe, la vraie, l'Église des moines, celle des simples prêtres de paroisses et celle des croyants, celle des peintres d'icônes et des églises de bois, celles des discrètes, émouvantes et fidèles babouchkas qui transmirent en secret le baptême à leurs petits enfants, pendant la longue nuit de la persécution, que de déplorer que sa direction bureaucratique actuelle se détourne toujours aujourd'hui de la lettre et plus encore de l'esprit des statuts adoptés à l'issue du Concile de Moscou de 1917-1918. (7)⇓

    Depuis "l'invention" du métropolite Serge [Ivan Nikolaïevitch Stragorodsky] par Staline en 1943, l'administration ecclésiastique factice du patriarcat de Moscou n'est jamais sortie de cette ambiguïté, et elle ne l'a jamais récusée.

    Soljenitsyne en dénonçait la réalité dans sa "Lettre au patriarche Pimène" de 1972. (8)⇓  Les faits ont à peine évolué. Cette bureaucratie plaquée sur le peuple croyant s'est toujours tenue, et elle se compromet aujourd'hui encore à la botte du pouvoir d'État. Les preuves en abondent. Chacun de ses actes "diplomatiques" vont hélas dans ce sens : Kirill de Moscou n'est-il pas allé, le 29 octobre, jusqu'à saluer les conceptions politiques et sociales de l'ami du défunt Chavez et du grand chrétien Fidel Castro, Rafael Correa, président de l'Équateur, pays où l'implantation orthodoxe est malheureusement moins significative que celle des bases arrières des FARC terroristes colombiennes. Signalons que, sur le sol français, les mêmes réseaux se prêtent surtout à une misérable stratégie immobilière avec la complaisance écœurante des mafias politico-judiciaires de la Côte d'Azur et de quelques larbins parisiens déshonorés et parfaitement connus.

    Ne mêlons donc pas cette réalité sordide à la beauté des chants slavons, les uns monastiques venus du tréfonds de l'Histoire, les autres issus de la grande et belle époque, celle où Rimsky-Korsakov compose sa "Grande Pâque russe"(9)⇓

    Ce n'est pas ignorer ce que fut l'amitié franco-russe, amitié des élites intellectuelles, des artistes et des aristocraties d'autrefois, beaucoup plus que des gouvernants, – que de dire aujourd'hui combien la politique suivie par Poutine constitue une vraie menace pour la sécurité et la stabilité de notre continent et de nos pays.

    Qu'un Obama ne le comprenne pas, ou feigne de ne pas en tenir compte, ne contredit pas notre constat.

    Après tout, ce fut dès mars 1946 que Churchill, dans son discours de Fulton, met en garde contre le Rideau de fer ; ce fut dès avril 1946 que George Kennan avait envoyé son fameux long télégramme préconisant le "communism containment". Cet impératif allait servir de doctrine aux États-Unis pendant toute la guerre froide, – [jusqu'à ce que Ronald Reagan comprenne la nécessité et la possibilité d'aller plus loin et de lutter pour libérer l'Europe de l'est de l'empire du Mal.]

    Mais c'est seulement un an plus tard, le 12 mars 1947, après la victoire des républicains aux élections intermédiaires de novembre 1946, que Truman franchira le pas dans son discours de Waco en annonçant l'aide à la partie encore libre du Sud-Est européen.

    Regardez bien les photos de Poutine : il ne s'agit pas d'un génie mais d'un tout petit bonhomme, un apparatchik probablement inconscient du mal qu'il fait à son pays. Avec sa doctrine "eurasiatique", il ouvre la porte de la Sibérie aux ambitions chinoises et celles de l'Asie centrale et du Caucase à la pénétrante islamique chiite symétrique de la complaisance occidentale pour les wahhabites saoudiens.

    Écoutons le journaliste polonais Artur Dmochowski de "Gazeta Polska". S'étonnant de la complaisance d'une certaine droite française, mal informée ou bien désinformée, voila ce qu'il déclare :

    "... si ce que vous dites à propos d’une partie de la droite française est vrai, alors c’est qu’ils ont, eux, une vision très idéalisée de la Russie. La Russie est gouvernée de manière bien plus despotique et bien moins démocratique que l’Ukraine. C’est un pays où sont violés de manière notoire tous les droits humains fondamentaux et toutes les libertés fondamentales. C’est aussi le pays avec le plus grand nombre d’avortements au monde par rapport au nombre d’habitants. Par conséquent, prétendre qu’il s’agirait d’un pays orthodoxe où sont respectées les valeurs chrétiennes, c’est se faire des illusions. Ces illusions sont d’ailleurs en partie le fruit de la propagande de Moscou, dont nous faisons aussi l’expérience en Pologne. (...)

    La vision idéalisée de la Russie chez certains Français, cette vision que vous décrivez dans votre dernière question, est encore plus naïve que la vision de l’Union européenne chez les manifestants ukrainiens de la place de l’Indépendance à Kiev." (10)⇓

    Applaudissons enfin à une bonne nouvelle : la mise à bas de la statue de Lénine dans la capitale ukrainienne. Voilà au moins un acquis positif et irréversible des immenses manifestations de l'opposition. Regrettons seulement qu'il ait fallu attendre plus de 22 ans, dans ce pays qui a tant souffert dès le décret de collectivisation des terres.  Espérons enfin que les circonstances permettront d'en faire autant du mausolée du chef des criminels bolcheviks sur la place Rouge à Moscou, et pourquoi pas de celui de son disciple et non moins sanglant Mao Tsé-toung sur la place Tien An-men à Pékin.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. C'est à ce titre qu'il est annoncé au micro de Guillaume Durand, chaque vendredi à 8 h 40 sur Radio Classique
    2. 131214a On croyait tout savoir depuis fort longtemps en occident sur le "Holodomor" des années 1930 : une famine systématique, imposée par les communistes à la paysannerie en tant que classe et à l'Ukraine en tant que nationalité. Un éclairage décisif est apporté par le livre-document que viennent de publier les éditions Noir sur Blanc sous le titre "Les Lettres de Kharkov". Celles-ci avaient été écrites à l'époque par les diplomates italiens, quand les régimes fasciste italien et communiste russe entretenaient des relations étayées sur leur commune hostilité au "capitalisme libéral anglo-saxon", dénoncé par les propagandes étatistes en ce temps-là [mais tout a changé, n'est-ce pas] comme responsable de la crise. Retrouvées dans les archives du Ministère des Affaires étrangères à Rome, elles viennent d'être traduites en français. On peut considérer que la tentative d'anéantissement qu'elles décrivent, sobrement mais avec une évidente horreur, a définitivement forgé la conscience nationale de tous les Ukrainiens. Le 18 novembre le métropolite Vladimir de Kiev commémorait ainsi dans des termes particulièrement éloquents le 80e anniversaire du "Holodomor", flétrissant la prétention du bolchévisme au "paradis socialiste".
    3. cf. On se reportera à mon livre L'Alliance Staline Hitler
    4. en réponse aux pressions de Moscou au sommet de Vilnius
    5. tel le "sympathique" personnage de Constantin Petrovitch Pobiedonostsev (1827-1907) lequel entravera l'édit de tolérance de Nicolas II en 1905 et que Tolstoï avait immortalisé en 1877 dans "Anna Karénine" sous les traits de son charmant mari.
    6. On lira ainsi de lui son magnifique "le Christianisme ne fait que commencer"
    7. cf. à ce sujet "Le Concile de Moscou 1917-1918" par Hyacinthe Destivelle ed. du Cerf 512 pages, 2006, aux éditions du Cerf.
    8. cf. André Martin "Soljenitsyne le croyant" Albatros, 1973, pp. 25-32.
    9. "Que Dieu se lève et ses ennemis seront dispersés"
    10. cf. Nouvelles de France le 7 décembre
  • Entretien avec Roger Waters: "Les artistes doivent s’engager pour la Palestine"

     

    Screen-shot-2013-11-14-at-12.09.47-AM-750x400« Le mur a des oreilles ; conversations pour la Palestine » parle à Roger Waters, star du Rock et fondateur du groupe mythique Pink Floyd.

    LMADO: Quand avez-vous décidé de faire de « The Wall Tour » (qui a pris fin à Paris en septembre 2013) un spectacle si politique ? Et pourquoi avez-vous dédié la dernière représentation à Jean-Charles De Menezes ?

    RW : Nous avons commencé à travailler sur le contenu du spectacle en 2009 avec Sean Evans et la première a eu lieu le 14 octobre 2010. J’avais déjà l’intention d’élargir le propos politique du concert, qui ne pouvait pas, comme dans les années 79/80, se limiter aux tribulations de ce gars qui n’aimait pas ses profs. Il fallait le rendre universel. C’est notamment pour cela que nous avons rajouté « Ceux que nous aimions et qui sont tombés » (Fallen Love Ones, ndt), un assemblage de photographies de personnes mortes pendant les guerres. L’idée était d’universaliser la notion de perte et de deuil que nous ressentons tous à l’égard des membres des familles tués dans les conflits. Quelques soient les guerres et les circonstances dans lesquelles elles se déroulent, ils (peuples du monde non-occidental) éprouvent autant de douleur que nous face à la perte d’êtres chers. Les guerres deviennent un symbole majeur de par cette séparation entre « eux » et « nous », aspect fondamental de tous les conflits.

    En ce qui concerne Jean-Charles, nous avions pris l’habitude de conclure le morceau Brick II par trois solos. Je trouvais que c’était trop, je m’ennuyais à la fin de cette chanson. Alors un jour, assis dans ma chambre d’hôtel, j’ai réfléchi à une alternative. Il se trouve que quelqu’un venait de m’envoyer la photo de Jean-Charles De Menezes pour qu’on la mette sur le mur. J’avais donc son histoire en tête et je me suis dit que je devais en faire une chanson. Je l’ai écrite, apprise aux musiciens, et nous l’avons intégrée au concert.

    LMADO: De nombreux artistes disent qu’il ne faut pas mélanger l’art et la politique, que le but n’est que de divertir le public. Que leur répondez-vous ?

    RW : C’est marrant que vous posiez cette question parce que je viens de finir d’écrire un texte, qui sera un prochain album, qui y répond parfaitement. Le texte parle d’un grand-père, en Irlande du Nord, qui part avec son petit-fils à la recherche de la réponse à la question suivante : « Pourquoi tuent-ils les enfants ? » Une question qui tourmente énormément le petit garçon. Une fois que j’ai eu fini d’écrire cette chanson, il y manquait quelque chose, alors j’ai rajouté ces quelques lignes :

    L’enfant demande à son grand-père : « Alors voilà, c’est comme ça ? »

    Et le vieil homme lui répond : « Non, on ne peut pas partir sur cette note, donne-moi une autre note… »

    La chanson suivante démarre alors et le grand-père fait un discours qui dit :

    « Nous vivons sur un point minuscule au milieu d’un grand rien/ Alors si rien de cela ne t’intéresse/ Si tu es de ceux qui disent : « Roger, j’adore Pink Floyd mais je déteste tes putains de convictions politiques »/Si tu penses que les artistes doivent être muets, émasculés, bons toutous dodelinant la tête sur le tableau de bord de la vie/ Tu ferais mieux de te casser au bar tout de suite/ Parce que le temps file inéluctablement ».

    Voilà ma réponse à votre question.

    LMADO: Quand est prévue la sortie de ce nouvel album ?

    RW: Je n’en ai aucune idée. Je travaille énormément sur de nombreux projets. Demain, Sean Evans vient chez moi pour une première écoute d’une démo d’une heure et six minutes. Je dois avouer que c’est assez sérieux, pas très joyeux, mais il y a de l’humour quand même, j’espère. En tout cas, c’est extrêmement radical et pose des questions importantes. Vous savez, ça ne me dérange pas d’être le seul à poser ce genre de questions. Enfin, ce n’est pas entièrement vrai, j’aimerais évidemment que plus d’artistes écrivent sur la politique et les réalités de la situation que nous vivons.

    Même si c’est d’une manière qui pourrait être considérée « extrême ».

    Il est très important que Goya ait fait ce qu’il a fait, que Picasso ait peint Guernica, et que tous ces romans anti-guerre aient été écrits et publiés pendant et après la guerre du Vietnam.

    LMADO: Vous évoquez le fait d’être un des seuls, dans votre situation, à prendre des positions politiques radicales. Par exemple, en ce qui concerne la Palestine, vous parlez très librement de votre soutien au boycott culturel d’Israël. Ceux qui s’opposent à cette stratégie disent que la culture ne devrait pas faire l’objet d’un boycott. Qu’avez-vous à répondre à cela ?

    RW: Je comprends leur opinion, et il est bon que tout le monde en ait une et puisse l’exprimer, mais je ne peux pas être d’accord avec eux. Je pense qu’ils ont entièrement tort. La situation en Israël/Palestine avec l’occupation militaire, le nettoyage ethnique, les politiques racistes et le régime d’apartheid mis en place par Israël est inacceptable.

    Les artistes ne devraient pas collaborer avec un pays qui opprime un autre peuple et en occupe les terres comme le fait Israël. Ils devraient refuser les propositions et décliner les invitations. Je n’aurais pas jouer pour le gouvernement de Vichy pendant la seconde guerre mondiale. Je n’aurais pas jouer non plus à Berlin à cette époque. Mais beaucoup l’ont fait, prétendant que l’oppression des Juifs était terminée.

    Ce n’est donc pas une situation inédite. Mais maintenant ce sont les Palestiniens qui se font massacrer. Chaque être humain devrait se demander : qu’est-ce que je peux faire ?

    Toute personne qui regarde de plus près la situation comprendra que l’alternative la plus légitime à la résistance armée est le mouvement BDS (Boycott Désinvestissement et Sanctions). Lancé en 2004 à la demande de la société civile palestinienne, le BDS, aujourd’hui soutenu par la société civile globale partout dans le monde, est une forme de résistance non-violente légitime face au brutal régime d’oppression israélien.

    Je suis en train de finir la lecture du livre de Max Blumenthal «  Goliath: Life and Loathing in greater Israel ». C’est à vous glacer le sang. Le livre est extrêmement bien écrit à mon avis et Blumenthal, qui est un très bon journaliste, s’assure toujours que ce qu’il écrit est correct. Il donne également la parole à l’autre côté, les rabbins d’extrême droite en l’occurrence. Leur point de vue est tellement bizarre et extrême qu’il est difficile de croire qu’ils pensent réellement cela.

    Ils croient à des choses très bizarres, comme, par exemple, que les non-juifs ne sont sur terre que pour servir les Juifs ou que les gens qu’ils ont expulsés en 1948, et continuent de mettre dehors depuis lors, sont des sous-humains.

    Les similitudes avec ce qui s’est passé dans les années 30 en Allemagne sont tellement évidentes que je ne suis pas surpris de voir l’ampleur que prend chaque jour le mouvement pour la justice dans lequel vous et moi sommes engagés. Ce qui nous voyons en Palestine est une violation évidente des droits humains fondamentaux. Chaque être humain devrait en être informé et s’impliquer pour y remédier.

    Le Tribunal Russell sur la Palestine, par le biais duquel nous nous sommes rencontrés, faisait un travail très important en essayant de mettre tout cela en lumière.

    LMADO: Revenons sur le boycott culturel, vous n’êtes qu’une minorité de personnalités à tenir une position claire sur ce sujet. Alors que vous pourriez profiter de votre succès et mener une vie tranquille, au moins politiquement, pourquoi avoir choisi de prendre cette position radicale ? Pourquoi pensez-vous que vous soyez si peu nombreux à vous engager dans ce sens ? Et pourquoi, à votre avis, certains artistes que l’on entend souvent s’insurger contre la guerre restent-ils muets quand il s’agit de la Palestine ?

    RW: Aux États-unis où je vis, cela peut s’expliquer par deux facteurs. Premièrement, ils ont peur. Deuxièmement, l’implacable propagande qui commence dans les écoles israéliennes et se poursuit par le biais des fanfaronnades de Netanyahu est déversée sur la population américaine notamment par Fox News, mais pas seulement, également par CNN et, en fait, par tous les médias de masse. Par exemple, à mon avis, quand ils annoncent à grand cris : « Nous avons peur de l’Iran qui va avoir l’arme nucléaire », c’est comme un énorme sceau de conneries qu’ils vident dans le cerveau des citoyens crédules. C’est une tactique de diversion. Ils nous ressassent le même mensonge depuis vingt ans : « Tout ce que nous voulons c’est faire la paix ». Et ils reviennent sans cesse sur l’accord presque trouvé entre Clinton, Barak et Arafat à Camp David et qu’  « Arafat a fait complètement foirer ! », ils disent.

    Eh bien, non, ce n’est pas vrai. Ça ne s’est pas passé comme ça. Ce qui est vrai, par contre, c’est que depuis 1948 aucun gouvernement israélien n’a jamais pensé sérieusement une seule seconde créer un État palestinien. Ils s’en sont toujours tenus au plan de départ de Ben Gurion : virer tous les Arabes du pays et créer le Grand Israël.

    Ils disent donc qu’ils veulent la paix tout en faisant la guerre, ça fait partie de l’opération de propagande. Mais depuis dix ans, c’est tellement grossier et évident. Par exemple, après le discours qu’Obama a tenu au Caire sur les Arabes et les Israélien, tout le monde a dit « Wow, ça c’est un tournant, les choses vont changer ! ». Et puis Obama est allé en Israël et ils lui ont dit « Au fait, on construit 1200 logements supplémentaires dans les colonies. ». Il s’est passé exactement la même chose l’année dernière quand Kerry a annoncé « Je vais essayer de réunir les deux parties pour faire la paix. » Alors Netanyahu lui dit « Vas te faire foutre ! On construit 1500 logements et en plus on les construit en zone E1. Voilà le plan. » Leur jeu est tellement évident qu’il faut avoir un QI en-dessous de la température ambiante pour ne pas comprendre ce qui se passe. C’est tout simplement ridicule. Vous savez, j’ai lu un article dernièrement où il était écrit : « Apparemment, seul le Secrétaire d’État des États-Unis croit que les négociations de paix en cours sont réelles, personne d’autre au monde ne le croit. »

    La situation est très compliquée. C’est pour cela que vous, moi et tous ceux qui s’intéressent à leurs frères et soeurs, sans discrimination de religion, de race, de couleur ou de quoi que ce soit, devons rester solidaires.

    Et ce n’est pas facile, notamment ici aux États-Unis. Le lobby juif est très puissant en général et dans l’industrie de la musique en particulier. Je ne citerai pas de noms mais je vous promets que je connais des gens qui ont peur de se faire détruire s’ils se montrent solidaires avec moi. J’ai parlé avec certains d’entre eux qui m’ont demandé : « T’as pas peur pour ta vie ? » et j’ai répondu : « Non, je n’ai pas peur. »

    Après les attentats du 11 septembre 2001, deux ou trois membres de mon groupe, citoyens américains, ont décidé de ne pas poursuivre la tournée que nous étions en train de faire. Je leur ai demandé : « Pourquoi, vous n’aimez plus la musique ? ». Ils m’ont répondu : « Si, on adore la musique, mais nous sommes Américains, c’est dangereux pour nous de voyager comme ça, ils essaient de nous tuer. » Là j’ai pensé : « Wow ! »

    LMADO: En effet, le lavage de cerveau fonctionne.

    RW: Oui c’est évident, ça fonctionne bien. C’est pour cela que je suis content de faire cet entretien avec vous parce qu’il est important de faire autant de bruit que possible. J’étais ravi que ce journal de droite israélien, Yedioth Ahronoth, publie mon entretien avec Alon Hadar. Même s’ils l’ont sorti de son contexte et fait résonner différemment de ce qu’il a réellement été, au moins ils l’ont publié, ils ont publié quelque chose. Vous savez, je m’attendais à ce qu’ils m’ignorent complètement.

    Vous savez, il y a quelques mois, Shuki Weiss (important producteur de concerts israélien) m’a offert cent mille personnes à cent dollars le billet pour venir jouer à Tel Aviv. Je me suis dit : une seconde…. ça fait 10 millions de dollars, ça ! Comment ont-ils pu me proposer ça à moi ? J’ai pensé : Putain Shuki, t’es sourd ou juste complètement con ? Je suis membre du mouvement BDS et je n’irai jouer nulle part en Israël car ce serait légitimer les politiques de ce gouvernement !

    J’ai une confession à vous faire. J’ai écrit à Cindy Lauper il y a quelques semaines. Je n’ai pas publié la lettre, ne l’ai pas rendue publique, mais je lui ai écrit parce que je la connais un petit peu. Elle a travaillé avec moi sur The Wall à Berlin. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai beaucoup de mal à comprendre qu’elle donne un concert à Tel Aviv le 4 janvier prochain. Je trouve ça répréhensible mais je ne connais pas son histoire personnelle et les gens doivent se faire leur propre avis sur cette question.

    LMADO: Bien sûr, mais vous pouvez les y aider. En faisant ce que vous faites, je suppose. En transmettant le message, en leur écrivant, vous pouvez les aider à y voir plus clair. Je pense que c’est cela dont ils ont besoin.

    RW: Certainement, mais pour y voir plus clair il faudrait qu’ils se rendent en Terre Sainte, qu’ils visitent la Cisjordanie ou Gaza ou Israël, ou ne serait-ce qu’ils se rendent à n’importe lequel des checkpoints pour voir à quoi ça ressemble. Tout ce qu’ils ont à faire c’est visiter. Ou lire, lire un livre ! Se renseigner sur l’histoire. Qu’ils lisent le livre de Max Blumenthal et viennent me dire « Oh, tiens, je sais ce que je vais faire…. je vais aller faire un concert à Tel Aviv. » Ça serait un bon programme ! (ironique).

    source : http://lemuradesoreilles.org/

    Source  http://reseauinternational.net/2013/12/11/entretien-avec-roger-waters-les-artistes-doivent-sengager-pour-la-palestine/

    http://www.altermedia.info/france-belgique/reseauinternational/entretien-avec-roger-waters-les-artistes-doivent-sengager-pour-la-palestine_92768.html#more-92768

  • Quand Vladimir Poutine parle de la Russie de demain…

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    MOSCOU – Le président de la Fédération de Russie a prononcé aujourd’hui son message annuel à l’Assemblée fédérale. Devant les deux chambres législatives réunies, les ministres fédéraux, les gouverneurs des régions et les principaux dignitaires religieux du pays, Vladimir Poutine a passé en revue de nombreux sujets : la Constitution du pays, la protection sociale, l’économie et les exportations, la modernisation de l’Etat, l’immigration, la concorde interethnique, l’ordre international, la sécurité du pays et le rééquipement des forces armées, les droits de l’homme, les valeurs morales.

    Pour son neuvième message à l’Assemblée fédérale, Vladimir Poutine a surtout exposé les défis et les priorités de développement pour la Russie dans les années futures. En 2000, quelques mois après sa première élection à la présidence du pays, Poutine évoquait la préservation de l’intégrité de l’État alors en péril, le renforcement de la verticale du pouvoir et la lutte contre la pauvreté. Aujourd’hui, treize années ont passé et la Russie regarde vers le futur.

    En effet, entre 2000 et 2013, le PIB de la Russie a plus que doublé, la dette publique  a été résorbée de manière spectaculaire pour n’atteindre plus que 11 % du PIB aujourd’hui, l’inflation a fortement diminué, la situation démographique a commencé à se redresser, le pays est respecté… Vladimir Poutine, ce n’est pas que des déclarations chocs sur les terroristes islamistes et la décadence de l’Occident, c’est aussi et surtout des résultats et une réussite indéniable.

    Nous vous proposons quelques extraits choisis du discours de Vladimir Poutine.

    Immigration

    « L’absence dans cette sphère [des migrations] d’ordre convenable, en plus de déformer la structure de l’emploi, cause des déséquilibres dans le domaine social, provoque des conflits interethniques, aggrave la situation criminogène. Il faut mieux ordonner l’arrivée des étrangers en Russie en régime sans visas. Ils doivent assumer des engagements respectifs, payer les impôts. »

    « Il faut régler la question des étrangers arrivés en Russie sans visas et se trouvant ici depuis longtemps sans objectif clair. Le délai de leur séjour dans le pays doit être limité, tandis que ceux qui violent la législation migratoire se verront interdire l’entrée sur le sol russe. »

    Ce n’est pas la même approche qu’en France, dirait-on.

    Politique internationale et de défense

    « Nous ne prétendons pas au titre de superpuissance, au sens de volonté d’hégémonie mondiale ou régionale, nous n’attentons pas aux intérêts de qui que ce soit, et n’imposons notre protection à personne, nous n’essayons d’apprendre à vivre à personne, mais nous chercherons à être leaders dans la défense du droit international, dans les efforts visant à faire respecter la souveraineté nationale, l’indépendance et l’identité nationale des peuples. »

    « Personne ne doit se faire des illusions quant à la possibilité de s’assurer une supériorité militaire sur la Russie. Nous ne l’admettrons jamais. »

    Souveraineté nationale, indépendance, identité nationale, défense nationale : la Russie aux antipodes de la France.

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  • Mandela : amour, haine et maintenant ?

    Au-delà de la récupération ou de l'indignation, la mort de Mandela est le cas typique du méli-mélo politique et géopolitique.

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    Si on observe la situation selon une grille de lecture ethnique, la fin de l'apartheid apparaît comme un symbole de l'anti-racisme, du vivre-ensemble et de la mise en place d'un état multi-ethnique, appelé jadis « la nation arc-en-ciel », bien qu’il ne soit jamais venu à l’idée aux créateurs de ce terme très féérique que les couleurs ne se mélangent pas dans un arc-en-ciel. Pourtant, si on regarde de plus près, les noirs n'ont pas gagné grand chose avec la fin de l'apartheid. En dehors des dadas du libéralisme: (égalité des droits , droit de vote, etc). Les blancs sont d’ailleurs dans leur majorité toujours plus riches que les noirs bien que des communautés de blancs ultra pauvres dont nous avions parlé lors de notre conférence sur les Boers se soient développées. Il demeure cependant abusif d’imputer à Mandela le bilan catastrophique de l’Afrique du sud actuelle, en revanche, il a initié cette situation, en plaçant l’ANC au pouvoir, et en ne prenant véritablement aucune mesure phare de justice sociale et de partition du territoire.

    Si Mandela est un symbole en occident c’est parce qu’il illustre à merveille comment l’anti-racisme peut devenir le « cache-sexe » d’une absence de politique authentiquement anti-capitaliste. Pourtant n’était-ce pas à l’origine le combat de Mandela, issu des rangs du marxisme africain et qui se référait entre autre à Thomas Sankara et se montrait en présence de Kadhafi ?

    La question de l’apartheid n’est en fin de compte pas simplement qu’une question « ethnique » mais aussi une question économique. La haine que manifestaient certains leaders « pan-africains » marxistes (ou non) contre les blancs était aussi une haine sociale. Dans leur imaginaire, les blancs sont les élites riches prédatrices de l’Afrique et les noirs les pauvres opprimés. Nous retrouvons ce discours encore aujourd’hui dans de nombreuses officines d’extrême-gauche et ce malgré la réalité où on voit chaque jour que la pauvreté se répand en Europe (et pas seulement), chez les blancs, et que l’oligarchie capitaliste n’est pas attachée à quelconque nationalité, race ou ethnie mais simplement à son portefeuille.

    Cependant cette vision des choses ne pouvait pas être vraiment différente. Rappelons par exemple que l'apartheid fut défendu durant une période par Margaret Thatcher autant que par les israéliens. L’apartheid était un système objectivement "ethno-libéral" et pro-occidental dans le contexte de guerre froide qui tirait son origine de l’impérialisme britannique et du nationalisme boer. Nombreux furent les protestants sionistes favorables à l’apartheid. Et pour cause l’apartheid puise aussi ses racines dans le messianisme biblique. L’opposition israélienne était renforcée par les liens entre Mandela et Yasser Arafat et le soutien sans faille de Mandela aux Palestiniens. Enfin, cela ne manque pas de sel, mais De Klerk qui a favorisé la fin de l’apartheid, bien plus que Mandela, n’était pas un marxiste pan-africain. Au contraire, il était membre du Parti national, qui représentait théoriquement les intérêts des Boers. Et qu’elles furent ses revendications après la fin de l’Apartheid ? Permettre aux écoles de ne dispenser leur enseignement qu'en afrikaans, ainsi que le droit pour les patrons de fermer les usines afin d'en interdire l'accès aux grévistes. Vous avez dit ethno-libéralisme ?

    On se demandera si en définitive la fin de l’apartheid n’est pas le synonyme de la fin de la guerre froide en Afrique du sud*.

    L’Occident avait surement intérêt à mettre fin à l’apartheid, quitte à permettre à d’anciens marxistes de prendre le pouvoir. Avec la fin actée du bloc de l’Est, il était impossible à ses leaders africains marxistes de se raccrocher au bloc communiste, disparu. Il ne restait alors que la question ethnique et l’abandon de toute politique communiste. Le passage du pan-africanisme marxiste à un jacobinisme ethnocentré de la part de l’ANC n’est donc pas un hasard. En temps de guerre froide, les occidentaux avaient besoin de blancs fidèles pour permettre l’accès au sous-sol sud-africain, avec la fin de la guerre froide, une « élite » de noirs revanchards et empêtrés dans une dialectique de revanche raciale faisait parfaitement l’affaire. D’autant que des conflits entre noirs existaient déjà à cette période. C’est au fond, comme cela que les occidentaux gèrent l’Afrique depuis 50 ans. Il sera intéressant de voir comment évolue cette stratégie avec la colonisation discrète du continent noir par la Chine, y compris en Afrique du sud.

    Au final, le régime d’Apartheid n’est pas plus à défendre que l’action de Mandela. Ne voir que la question ethnique, c’est commettre l’erreur habituelle qui fait passer au second plan les enjeux géopolitiques qui opèrent en Afrique du sud depuis un demi siècle. D’un autre côté, il est impossible de rester insensible à la question des Boers, qui sont les sacrifiés de l’histoire et payent un lourd tribut dans un silence de cathédrale...

    L’Afrique du sud est un cas d’école, l’impérialisme capitaliste peut nouer et dénouer des alliances sans vergogne, sacrifier les alliés d’hier et faire feu de tout bois.

    Les nationalistes, qui servirent parfois malgré eux le camp capitaliste pendant la guerre froide, pensant alors servir l’intérêt des « nations blanches », peuvent aujourd’hui saisir l’occasion historique d’être les fers de lance de l’opposition à l’impérialisme capitaliste. Le capitalisme a choisi aujourd’hui de vampiriser l’extrême-gauche et les communistes d’hier, et d’en faire des serviteurs du mondialisme, via entre autre l’antiracisme. La fin de la guerre froide a retourné les alliances, il serait temps que tout le monde en prenne conscience.

    * L’analyse pourrait s’élargir à l’Angola et au Mozambique.

    Jean

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2013/12/10/mandela-amour-haine-et-maintenant-5243522.html

  • Nouveau succès militaire pour Assad au 1 000e jour de la guerre

    Nabak tombe aux mains de l'armée, la « bataille de Qalamoun » est presque gagnée.
    Le régime de Bachar el-Assad a remporté hier une nouvelle victoire militaire en reprenant la ville de Nabak, un des derniers bastions des rebelles dans la région stratégique de Qalamoun, à la lisière du Liban. Les médias syriens ont annoncé la prise totale de la ville, tandis que l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) rapportait que des « poches de résistance » subsistaient. La télévision syrienne a montré des images de la place principale de Nabak, affirmant que les habitants « commençaient à y retourner ». Selon l'OSDH, « les forces régulières sont aussi parvenues à reprendre le contrôle de l'autoroute internationale Homs-Damas », 20 jours après la fermeture de celle-ci avec le début de la « bataille de Qalamoun ». Si le régime parvient à reprendre la totalité de cette zone, il s'assurerait une continuité territoriale sous son contrôle entre les provinces de Damas et de Homs.
    Hier également, les combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont exécuté un Syrien accusé de blasphème, dans la province d'Idleb. L'homme, un vendeur de gazole simple d'esprit et père de trois enfants, avait demandé en plaisantant aux militants de l'EIIL s'ils le prenaient pour « le Dieu du carburant », car les insurgés lui reprochaient de couper son gazole avec de l'eau. En outre, un journaliste américain, Seymour Hersh, a estimé que les États-Unis savaient que les jihadistes du Front al-Nosra étaient capables de produire du gaz sarin, mais avaient ignoré ces renseignements pour mieux accuser le régime syrien dans l'attaque chimique du 21 août près de Damas.
    Pas d'issue rapide 
    Dans ce contexte, tout en estimant que la conférence de paix sur la Syrie aurait bien lieu le 22 janvier à Genève, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a douté qu'elle donne rapidement des résultats. « C'est très difficile d'imaginer un débouché positif rapide », a-t-il ainsi dit, estimant que la conférence se présentait « dans des conditions quand même très difficiles ».
    Régime et opposition divergent sur le débouché de cette conférence maintes fois reportée. Le chef de l'opposition syrienne, Ahmad Jarba, a réaffirmé hier que M. Assad ne devait pas avoir de rôle dans la période de transition, alors que le pouvoir à Damas assure que le chef de l'État doit conduire cette transition. « Après 125 000 morts et dans la situation désastreuse où est la Syrie – et M. Assad est le principal responsable –, personne de sensé ne peut imaginer que la conséquence de tout cela c'est de reconduire M. Assad », a encore jugé M. Fabius. M. Jarba a en outre annoncé son intention de se rendre en Russie : « J'ai reçu une invitation du ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov. J'ai accepté l'invitation. » Dimanche, il avait exprimé ses craintes de voir le rapprochement en cours entre les États-Unis et l'Iran renforcer la position de M. Assad en Syrie. Pour M. Jarba, un déblocage de fonds iraniens gelés dans le cadre de l'accord de Genève sur le nucléaire pourrait fournir à Téhéran des moyens supplémentaires pour soutenir Damas.
    De son côté, le secrétaire britannique au Foreign Office, William Hague, a rappelé que « cela fait 1 000 jours depuis que les Syriens sont descendus dans la rue pour réclamer la liberté », affirmant « qu'il était temps de mettre fin au conflit ». Enfin, le ministère syrien des Affaires étrangères a demandé à l'ONU de prendre des « mesures immédiates » à l'encontre de Riyad « pour faire assumer au régime saoudien la responsabilité de diffuser la pensée extrémiste et de soutenir le terrorisme en Syrie ».

    Source

    http://www.oragesdacier.info/2013/12/nouveau-succes-militaire-pour-assad-au.html

  • Centrafrique : si les chrétiens ne s'étaient pas défendus, la France serait-elle intervenue ?

    De Bernard Antony :

    "La vérité sur la nature du conflit, c’est que depuis des mois la population très majoritairement chrétienne (80 %) de la république centrafricaine est terrorisée par le mouvement au pouvoir, la Séléka, issu de la minorité musulmane et très renforcé par des jihadistes venus du Tchad, du Cameroun et du Soudan et aussi par toute une piétaille de bandits, ce qui n’est pas contradictoire.

    La soldatesque Séléka, bénéficiant de surcroît de l’évidente complaisance et même de la complicité des troupes africaines de l’OUA censées avoir été envoyée à des fins de pacification n’a cessé de piller, de violer, de massacrer. Il est donc triste que l’on ait attendu pour intervenir que les chrétiens désespérés et exaspérés, constituant des groupes de résistance dans la brousse et s’organisant dans leurs quartiers, sous le vocable « d’Anti-Balaka », se rebiffent. Leur sursaut, avec des armes dérisoires, a évidemment pris, çà ou là, la tournure d’une contre-terreur, aux excès sans doute regrettables. Mais fallait-il qu’ils attendent tous d’être génocidés comme jadis au Rwanda, mais d'une manière inverse, la minorité Tutsi par la majorité Hutu ?

    N’est-il pas curieux qu’une décision d’intervention n’ait été prise par nos dirigeants socialistes que lorsque les périls pour la minorité musulmane au pouvoir ont été semblables à ceux ayant jusque-là frappé la majorité chrétienne ? [...]"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/12/centrafrique-si-les-chr%C3%A9tiens-ne-s%C3%A9taient-pas-d%C3%A9fendus-la-france-serait-elle-intervenue-.html

  • Centrafrique : et si la France ne faisait qu’ajouter le chaos au chaos ?

    Le président français s’est fort imprudemment avancé en proclamant d’entrée, urbi et orbi, persona non grata le président Michel Djotodia..

     
     

    « Il fallait intervenir. » Ni la majorité, bien entendu, ni l’opposition, à ce jour, n’ont marchandé à François Hollande leur accord de principe. Dans l’urgence ? Sans doute. Dans l’improvisation et dans l’approximation ? Alors que la situation se détériorait de mois en mois en Centrafrique et que l’anarchie tournait inexorablement à la guerre civile, on était en droit de penser que le Président, son gouvernement et l’état-major, ayant disposé de tout le temps nécessaire, avaient pris la mesure des multiples dimensions du problème, internationale, humaine, militaire et politique. Il semble bien qu’il n’en ait rien été.

    Le contexte international n’a pas changé depuis l’opération « Serval » : États africains pour la plupart bien disposés mais impuissants, Union européenne indifférente et inerte, États-Unis trop occupés ailleurs et surtout soucieux de se désengager. C’est donc avec la seule autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU que la France s’est lancée toute seule, comme une grande, avec tambours, trompettes et panache, dans une aventure dont elle ne connaît pas, dont elle n’est pas près de voir le terme, alors même qu’elle n’en a pas fini au Mali.

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  • CENTRAFRIQUE. Deux soldats français tués à Bangui

    Deux soldats français ont trouvé la mort lundi lors d’un accrochage à Bangui, a déclaré l’armée auprès de BFMTV mardi 10 décembre.

    Un peu plus tôt, l’état major des armées avait indiqué que la "population n’était plus menacée" dans la capitale centrafricaine.

    Les groupes armés qui tenaient les rues de Bangui ont pour la plupart quitté leurs positions pour se regrouper dans un camp de la capitale centrafricaine, a en effet indiqué lundi soir à Paris l’état-major des armées, alors que l’opération se poursuivait dans la capitale centrafricaine.

    "Il n’y a plus de groupes armés qui patrouillent dans la ville", a déclaré le porte-parole de l’état-major, le colonel Gilles Jaron : "Très rapidement, nous nous sommes rendus compte que ces groupes avaient quitté leurs positions dans leur très grande majorité".

    François Hollande se rendra par ailleurs sur place mardi soir, en compagnie de Laurent Fabius. [...]

    La suite sur Nouvel Obs

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?CENTRAFRIQUE-Deux-soldats-francais

     
  • De BHL à Charlie Hebdo : la propagande néoconservatrice déguisée en gauche progressiste

    Machine de propagande capable d’infiltrer des médias historiquement ancrés à gauche, les néoconservateurs déguisés en progressistes obtiennent votre consentement aux guerres contemporaines, ou tout au moins, l’assurance de votre laisser-faire.
    Leurs armes ? Le détournement d’un discours moral, des choix éditoriaux incitant plus ou moins subtilement à la haine raciale, et une situation oligopolistique des médias.
    Cette étude vise à aller au delà de formule simpliste « les médias appartiennent aux marchands de canons », pour mettre à jour la mécanique de propagande de guerre et de haine ressassée en continu par les mass-médias sous le joug du lobbyisme néoconservateur.
    Pour ce faire, nous reviendrons sur le tournant de 2005 où être progressiste autorisait bizarrement à promouvoir la haine des musulmans. Puis nous découvrirons MEMRI, un des rouleaux-compresseurs propageant l’idée d’un choc des civilisations qui légitimerait le pire. Enfin, nous nous pencherons sur ces nombreux faux experts qui appartiennent à des groupuscules néo-cons et développent leur propagande dans tout l’espace médiatique.
    I. Comment le fait d’insulter les musulmans est devenu un attribut antifasciste
    La lutte contre l’islamisme est l’un des fers de lance du néoconservatisme. Les « caricatures de Mahomet » parues dans le journal danois Jylland-Posten ont été l’occasion, pour les néoconservateurs déguisés en progressistes, de favoriser l’émergence d’une islamophobie "de gauche" sous couvert de liberté d’expression. Pour appréhender toute la force de cet épisode qui a saboté pour longtemps le vivre ensemble, il est impératif d’en connaître le scénario.
    A – De « l’humour » issu d’une commande raciste ?
    Le magazine de gauche Counterpunch attribue au néoconservateur et extrémiste Daniel Pipes une partie de la responsabilité de la commande des caricatures de Mahomet. Toujours est-il que ces dessins ont été retrouvés sur le site du think tank Middle East Forum présidé par Pipes. Pour s’assurer de cette continuité idéologique et ne pas sombrer dans l’amalgame (méthode si chère aux néoconservateurs), il faut rappeler que le Middle East Forum a financé la défense de Geert Wilders, leader de l’extrême droite néerlandaise, poursuivi pour incitation à la haine raciale. Geert comparait le Coran à Mein Kampf et appelait les musulmans à se conformer à la « culture dominante » ou à s’en aller. Il sera relaxé en 2011.
    B – Des dessins illustrant davantage les théories racistes que la liberté de la presse.
    Le contexte géopolitique dans lequel interviennent les caricatures est imprégné de nouvelles idéologies racistes. Elles émergent dans le sillage de la réélection de George W. Bush :
    L’historien Daniel Pipes signe en 2002 « L’Islam militant atteint l’Amérique ».
    En 2003, Robert Spencer fonde et dirige Jihad Watch. Ce blog a pour objectif de propager l’idée que l’Islam serait « intrinsèquement terroriste ».
    En 2005, le concept « Eurabia » est théorisé par Bat Ye’or. Il s’agit d’une thèse géopolitique servant d’argumentaire à des mouvements d’extrême-droite et selon laquelle l’Europe occidentale est en voie d’absorption par « le monde arabe ».
    En 2007, le néoconservateur historique Norman Podhoretz édite "La quatrième guerre mondiale : la longue lutte contre l’islamo-fascisme".
    C - ENAR : le lanceur d’alerte isolé
    Bien que les théories néoconservatrices racistes aient atteint la population dans ses strates les plus à gauche sous couvert de défense de la liberté de la presse, l’European Network Against Racism tente d’alerter. Ce réseau d’ONG de lutte contre les discriminations rend en 2005 un rapport au contenu éloquent : « […] le plus grand journal danois […] a commandé […] 12 dessins très dérangeants et insultants, qui montrent le prophète Mohamed en terroriste et esclavagiste de femmes […] Cet appel involontaire à la provocation a empoisonné l’atmosphère et créé un conflit entre le Danemark et le monde islamique allant jusqu’à interférer avec les Nations Unies […]
    Dans une interview télévisée, le journal affirma que ses caricatures visaient à aider les musulmans progressistes par opposition à ceux qui sont plus religieux […] C’est un argument étrange parce que, si Jylland Posten avait vraiment voulu aider les musulmans modérés, alors insulter la religion de l’Islam et son prophète, c’était vraiment la dernière chose à faire […] ». L’ONG ENAR n’a d’ailleurs pas manqué de se demander « pourquoi les médias danois en général, et Jylland Posten en particulier, ont choisi l’islam. Tout le monde sait que les médias danois n’oseraient jamais s’en prendre aux autres religions […] ».
    D – Ces théories racistes appliquées aux médias déguisés en antifascistes français
    1 – La méthode Charlie Hebdo
    Après France Soir, Charlie Hebdo emboîte le pas du Posten en février 2006 et publie les fameuses caricatures. Les arguments du journal alors dirigé par Philippe Val ? La lutte contre l’intégrisme et la défense de la liberté d’expression.
    Sans vergogne, Charlie Hebdo enfonce le clou en 2006. Faisant appel à la mémoire des « 12 de 1940 » qui refondèrent le syndicalisme français face au régime de Vichy, le journal publie son « manifeste des douze » sous-titré « ensemble contre le nouveau totalitarisme ». Le texte vient soutenir l’idéologie d’une invasion barbare de source islamiste qu’il est impératif de combattre, puisqu’il est introduit ainsi : « Après avoir vaincu le fascisme, le nazisme, et le stalinisme, le monde fait face à une nouvelle menace globale de type totalitaire : l’islamisme ».
    2 – Le point Godwin, ou comment reconnaître un néocon déguisé en rebelle progressiste
    De manière plus générale, les thèses racistes de source néoconservatrice sont abondamment présentes dans des médias de masse se réclamant de gauche comme dans des groupuscules, issus de luttes antifascistes mais dévoyés depuis. Leur utilisation systématique du point Godwin permet de les identifier aisément. La méthode classique consiste à amalgamer Islam et nazisme, méthode qu’illustre à merveille la théorie de l’islamo-fascisme développée plus haut.
    Le prix Nobel Paul Krugman s’insurge contre ces thèses en 2007 dans le New York Times :
    « Arrêtez-vous, ne serait-ce qu’un instant, sur les implications du fait que Rudolph Giuliani se fasse conseiller par Norman Podhoretz, celui qui veut que nous bombardions l’Iran "dès que la logistique le permettra".
    M. Podhoretz, rédacteur en chef de Commentary et membre fondateur du néo-conservatisme, nous dit que l’Iran est "le principal foyer de l’idéologie islamo-fasciste contre laquelle nous nous battons depuis le 11 septembre ». Les "islamo-fascistes", nous dit-il, sont en passe de créer un monde "conçu à leur manière et taillé à leur mesure." Et même "Quelques observateurs nous mettent dès à présent en garde que d’ici la fin du XXIème siècle, la totalité de l’Europe sera transformée en un espace auquel ils donnent le nom d’Eurabia."
    Est-ce vraiment nécessaire de faire remarquer que rien de tout cela n’a de sens ? Pour une bonne et simple raison, c’est que cet "islamo-fascisme" est un produit de l’imagination des néoconservateurs. Une véritable prophétie tentant vainement de devenir auto-réalisatrice, pour des multiples intérêts géostratégiques. Le terme n’est devenu à la mode que parce que c’était un moyen pour les faucons de la guerre d’Irak de passer sous silence l’enchaînement étrange entre la poursuite d’Oussama Ben Laden, qui avait attaqué les États-Unis, et l’invasion de l’Irak, qui n’y était pour rien. Tout comme l’Iran n’avait rien à voir avec les attentats du 11 septembre 2001. De fait, le régime iranien coopéra avec les États-Unis lorsqu’ils partirent en guerre contre al-Qaïda et ses alliés Taliban en Afghanistan. » Fear Itself Craignant – New York Times.
    E – Catalogue sémantique de quelques lobbyistes du néo conservatisme, français déguisés en acteurs antiracistes
    1 – Caroline Fourest en guerre contre « l’Arabia »
    Dans une tribune intitulée « War on Arabia » – « en guerre contre l’Arabia » – publiée en 2005 dans le Wall Street Journal, Caroline Fourest estimait que les immigrants arabes, incapables de s’intégrer, représentaient une menace pour la démocratie car ce manque d’intégration pouvait les conduire à rejoindre des cellules terroristes islamistes. Que Caroline Fourest ignore que les peuples arabes sont minoritaires en Islam et peu source de terrorisme serait navrant mais anecdotique.
    Ce qui est à retenir est son adhésion au concept d’« Eurabia », terme symptomatique des promoteurs du choc des civilisations de source néoconservatrice. Soit à l’exact opposé de la gauche engagée dont Fourest se réclame, les néoconservateurs sont depuis leur création sur l’extrême droite de l’échiquier politique. (Se rapporter à notre organigramme et les sites comme Dreuz.info et les déclarations de W. Kristol et N. Podhoretz.) En utilisant sciemment un terme d’extrême-droite, Fourest dévoile ses motivations profondes et ses accointances avec les milieux nauséabonds qu’elle dénonce pour partie lorsqu’il ne s’agit pas de ses amis…
    2 – Bernard-Henri Lévy et le « fascislamisme »
    Bernard-Henri Lévy, quant à lui, prétend sauver les musulmans du « fascislamisme » et se joint à Robert Misrahi en 2002 dans sa chronique sur Charlie Hebdo pour soutenir Oriana Fallaci. La journaliste qui affirmait entre autres que « Les hommes arabes, qui dégoûtent les femmes de bon goût » ou encore que « les mosquées grouillent jusqu’à la nausée de terroristes ou aspirants terroristes » et pour finir épousant la théorie raciste et complotiste de l’Eurabia, elle déclare que les Arabes sous couvert de migrations envahissent l’Europe pour propager l’Islam et elle conclut en affirmant que les musulmans « se multiplient comme des rats » . BHL a les amis qu’il mérite…
    3 – Mohammed Sifaoui, le champion toutes catégories du Point Godwin et du confusionnisme
    Prompt à qualifier son adversaire politique du jour de « confusionniste », on comprend rapidement pourquoi Mohammed Sifaoui connaît bien cet adjectif. Pour ne pas se contenter de répondre « c’est celui qui le dit qui l’est », observons son déguisement de progressiste, dont la veste semble avoir plusieurs revers.
    Opportuniste, comme bon nombre de ses amis, Sifaoui a la faculté de se débiner quand l’affaire dans laquelle il est engagé tourne à son désavantage. Ainsi, en 2011, il reprend un billet d’SOS racisme : En raison de ses discours xénophobes, SOS Racisme appelle à faire barrage à Nicolas Sarkozy.
    Et pourtant, dans un entretien accordé en 2008 au Middle East Quarterly, dirigé par Daniel Pipes, Sifaoui estimait que « près de 20% des musulmans de la planète doivent être totalement rééduqués mais aussi combattus politiquement, idéologiquement et militairement ». L’islamisme serait selon lui comparable au fascisme et au nazisme, mais cela serait réductible aussi à l’Islam en général, en adéquation avec les théories néoconservatrices développées autour de 2005.
    La même année, il publie sur son blog « Fitna et Obsession », film du député d’extrême droite néerlandais Geert Wilders qui juxtapose des images d’attaques terroristes avec des versets du Coran. Cette production délibérément raciste fût initialement présentée par Sifaoui avec la mention « à voir et à revoir ».
    Contributeur hyperactif pour Charlie Hebdo et la revue Prochoix de Caroline Fourest, Sifaoui a participé à la revue néoconservatrice Le meilleur des mondes. Ce magazine est le porte-voix du Cercle de l’Oratoire, groupe de réflexion néoconservateur français proche du PNAC (Project for a New American Century), le think tank
    néoconservateur américain dont étaient issus les principaux membres de l’administration Bush. Sifaoui a également fait la promotion de l’Institut de recherche des médias du Moyen-Orient, MEMRI, qui le lui rend bien.
    En effet, le lien entre des médias français qui se disent de gauche et des officines néoconservatrices dites « d’information » qui diffusent des théories racistes est mis en évidence par le MEMRI, ses thèses, ses fondateurs et financeurs, et ses relais dans les médias français.
    II – L’Institut de recherche des médias du Moyen-Orient, plus connu par son acronyme anglais MEMRI
    A – Une source redondante des médias néoconservateurs déguisés en progressistes
    En premier lieu, nous observons que le MEMRI se fait l’écho de Charlie Hebdo dans l’affaire des caricatures. Mais c’est surtout en tant que source de ces médias, que le MEMRI sait s’illustrer : version électronique de Prochoix, la revue de Caroline Fourest, Conspiracy Watch, le site de Rudy Reichstadt, et La Règle du Jeu, la revue fondée par Bernard-Henri Lévy. BHL pousse même le zèle en attribuant une section spéciale MEMRI sur son site !
    B – Une usine à fabriquer la peur envers l’islam
    Dans un rapport intitulé « L’usine à fabriquer des peurs : les racines de l’ islamophobie », le Center for American Progress, groupe de réflexion américain proche du parti démocrate US, établit que le MEMRI « promeut la propagande islamophobe aux États-Unis au travers de choix de traduction sélectifs qui ont pour but de faire valoir que l’Islam est intrinsèquement violent et favorise l’extrémisme ».
    Parmi les nombreux points abordés, retenons que Robert Spencer et Daniel Pipes comptent sur le MEMRI pour leur propagande et que le terroriste norvégien Anders Breivik a cité le MEMRI seize fois dans son manifeste. Plus troublant encore, les traductions du documentaire enflammé antimusulman Obsession : Radical Islam’s War against the West ont été fournies par le MEMRI. Le site du film fait aussi figurer le MEMRI comme source pour la vidéo Radical Islam and Terrorism Today.
    C – Une vitrine qui n’affiche pas son néo conservatisme
    Siégeant à Washington, le MEMRI a été cofondé en 1998 par Yigal Carmon, un ancie
    n colonel, membre du renseignement militaire israélien de 1968 à 1988, et la politologue américaine d’origine israélienne, Meyrav Wurmser, le femme de David Wurmser, ancien conseiller pour le Moyen-Orient du vice-président américain Dick Cheney.
    Officiellement, le MEMRI se présente comme « chargé d’apporter des informations au débat sur la politique américaine au Proche-Orient. Il a des bureaux à Berlin, Londres et Jérusalem. Il fournit des traductions en anglais, allemand, espagnol, français, hébreu, italien, russe et turc, de textes écrits en arabe, persan, turc, ourdou, pachtou et dari ».
    Le MEMRI TV Monitor Project se donnant pour mission de surveiller les principales chaînes de télévision arabes et iraniennes. Sous couvert de renseignement, cette officine de surveillance est manifestement au service d’intérêts américains et israéliens tournés contre les musulmans.
    D – Un financement par les leaders du néo conservatisme
    Voici les sources de financement du MEMRI
    La Fondation Randolph qui finance également le Council on Foreign Relations
    Bradley Foundation qui fut le pourvoyeur de fonds pour le Projet pour un Nouveau Siècle Américain (PNAC), le cercle de réflexion néoconservateur réunissait en son sein : Dick Cheney, Donald Rumsfeld, Richard Perle, Paul Wolfowitz.
    Le Département d’État des États-Unis qui a accordé en août 2011 une subvention de 200 000 dollars au MEMRI.
    E – Des acteurs décisionnels de la gouvernance W.Bush
    Donald Rumsfeld, le secrétaire à la défense de George W. Bush (Plainte pour "torture" déposée contre Donald Rumsfeld)
    Oliver "Buck" Revell, Président du groupe Revell, ancien directeur adjoint du FBI
    Elliott Abrams : conseiller du président George W. Bush
    Steve Emerson : journaliste, auteur de « Les terroristes parmi nous : Jihad en Amérique » directeur du Projet d’Investigation sur le Terrorisme (IPT)
    John Ashcroft, ancien procureur général américain lors du 1er mandat du président George W. Bush
    Jeffrey Kaufman : avocat spécialisé en propriété intellectuelle
    Robert Reilly : ancien conseiller principal au Département de la Défense
    F – Des conseillers tout aussi néoconservateurs
    Bernard Lewis, conseiller de Benyamin Netanyahou alors ambassadeur d’Israël à l’ONU (1984-88)
    Michael V. Hayden, général, ancien directeur de la National Security Agency et directeur de la Central Intelligence Agency
    Bernard Lewis, conseiller de Benyamin Netanyahou alors ambassadeur d’Israël à l’ONU (1984-88)
    Michael V. Hayden, général, ancien directeur de la National Security Agency et directeur de la Central Intelligence Agency
    Jose Maria Aznar, ancien Premier ministre espagnol
    Stephen J. Trachtenberg, président de l’Université George Washington, choisi par George W. Bush pour l’accompagner à Jérusalem pour la célébration du 60e anniversaire de l’Etat d’Israël en mai 2008
    James Woolsey, ancien directeur de la CIA et sous-secrétaire de la Marine.
    John Bolton, ancien ambassadeur américain aux Nations Unies, signataire du projet néoconservateur Project for the New American Century
    Jeffrey Kaufman : avocat spécialisé en propriété intellectuelle
    Ehud Barak, ancien Premier ministre d’Israël
    Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada
    Mort Zuckerman, président et rédacteur en chef, US Nouvelles & World Report et magnat de la presse
    Chin Ho Lee, ancien agent spécial du FBI
    Michael Mukasey, ancien procureur général dans le gouvernement de Georges Walker Bush
    Norman Podhoretz, Ancien rédacteur en chef de Commentary Magazine, une revue néoconservatrice historique
    William Bennett, ancien secrétaire de l’éducation, membre du PNAC
    Christopher DeMuth, un ex de l’administration Reagan
    Paul Bremer, nommé le 6 mai 2003 directeur de la reconstruction et de l’assistance humanitaire en Irak, après l’invasion de ce pays par les États-Unis
    Peter Hoekstra, politicien américain du parti républicain et ancien membre 9 terme de la Chambre des représentants du Michigan
    Jack Kemp, un démocrate qui apporta son soutien au candidat George W. Bush
    Jeane Kirkpatrick, membre d’abord du Parti démocrate puis du Parti républicain sous Reagan en 2001 elle a rejoint le courant néoconservateur
    Irving Kristol, ancien rédacteur en chef du magazine Commentary, Kristol et l’un des fondateurs du néo-conservatisme américain
    Elie Wiesel, qui fut déporté avec sa famille par les nazis à Auschwitz-Birkenau, puis Buchenwald. Cependant Norman Finkelstein, dans son ouvrage The Holocaust Industry, considère que Wiesel instrumentalise la Shoah dans le but de soutenir la politique israélienne (Finkelstein est fils de juifs survivants du ghetto de Varsovie).
    G – Une ligne éditoriale édifiante
    A la vue d’un tel casting, on comprend le rédacteur en chef du Guardian pour le Moyen-Orient, Brian Whitaker, quand il affirme que le MEMRI est une « officine de propagande néoconservatrice et ultra-sioniste », ou encore Ibrahim Hooper, le directeur du Conseil des relations américano-islamiques, quand il déclare dans le Washington Times que « l’intention du MEMRI est de trouver les pires citations du monde musulman et de les diffuser aussi largement que possible ».
    Vincent Cannistraro, un ancien de la CIA, accuse le MEMRI d’être sélectif et de diffuser une propagande au service du Likoud. Le MEMRI fait œuvre d’une « distorsion pure et simple » pour Ken Livingstone, l’ancien maire travailliste de Londres. William Rugh, qui fut l’ambassadeur des États-Unis au Yémen et aux Émirats arabes unis, retient que le MEMRI ne présente pas le point de vue arabe, que les propriétaires du MEMRI sont des pro-israéliens et anti-arabes qui veulent montrer que les arabes haïssent les juifs et l’Occident, qu’ils incitent à la violence et refusent toute solution pacifiste au problème palestinien.
    Quant à Lalila Lalami, journaliste à The Nation, elle écrit que le MEMRI « sélectionne de façon constante les déchets les plus violents et les plus haineux qu’il peut trouver, les traduit et les distribue aux medias et aux parlementaires étasuniens dans sa newsletter. ». En 2012, le quotidien israélien Haaretz écrivait que les agences de renseignement israéliennes avaient réduit leur surveillance des médias palestiniens grâce au MEMRI et à Palestinian Media Watch, une autre machine de désinformation très à droite créée par un colon israélien, Itamar Marcus, qui fut épinglée par CounterPunch.
    Dès lors, les liens étroits entre les néoconservateurs français que sont Caroline Fourest, Rudy Reichstadt, ou encore Bernard-Henri Lévy et MEMRI, cette officine extrémiste, doivent être rappelé à tous afin que l’on sache quelle idéologie gouverne ces histrions qui s’érigent en policiers de la pensée. Gargouilles grimaçantes cramponnées aux médias, ils ne manquent pas une occasion pour diffuser leur haine de l’islam tout en claironnant qu’ils veulent protéger les musulmans.
    III – Du retournement des valeurs à l’acceptation de la guerre totale
    Au moyen d’une propagande qui altère nos idées et nos jugements, ce bourrage de crâne est devenu le domaine privilégié d’un nouveau genre d’experts, « les désinformateurs ». Leur nombre est en constante augmentation ces dernières années. Omniprésents dans tous les médias, ces va-t-en guerre sont les agents incontournables d’un dispositif qui a pris pour habitude de déguiser la véhémence de ses objectifs par un discours faussement moral.
    Aux nombres de ces soi-disant experts, on trouve étrangement un lot conséquent de néo-cons qui font ouvertement parti de groupuscules défendant l’invasion de l’Irak, la torture, et autre joyeusetés digne des inquisiteurs du moyen-âge.
    Ainsi, par leurs efforts répétés et conjugués, la peur du musulman s’insinue inexorablement dans les consciences et conduit à l’acceptation de guerres néo-coloniales.
    Après les embargos, les guerres d’Afghanistan, d’Irak, le blocus iranien, la Libye, qui font des millions de morts parmi les musulmans, les ténors de la "gauche" française appellent à la guerre en Syrie et en fustigent les opposants au prétexte qu’ils seraient des sympathisants de Bachar al Assad. Malgré tout, près des deux tiers des Français sont opposés à une intervention contre la Syrie.
    Alors qu’apparait au grand jour les plans de conquête du moyen-orient par les néoconservateurs, les agents infiltrés se revendiquant de la gauche politique française sont de véritables stakhanovistes de la propagande de guerre, montant au créneau médiatique parfois plus de 40 fois par semaine (BHL pour la guerre en Lybie) pour tenter de déclencher l’invasion d’un pays.
    Ainsi BHL vendant son "aventure" en Libye sur grand écran (2900 spectateurs malgré une campagne de promotion digne d’une superproduction hollywoodienne). On l’y voit tout smoking dehors, poseur mondain foulant les victimes civiles d’un pas décidé pour jouer au petit soldat et prier vainement le dieu des néo-cons afin de rentrer dans l’histoire.
    Le plus grave dans ces manigances, c’est que les néoconservateurs sont les plus ardents instigateurs de l’islamisme radical. Que ce soit la coopération plus qu’étroite entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite, ou encore les financements et armements d’al-Qaïda en Libye et Syrie par le Qatar, quasi-systématiquement lorsque les fanatiques islamiques montent en puissance ils sont attisés par ces néoconservateurs va-t-en-guerre. Il faut voir BHL tenter de convaincre l’opinion publique française de soutenir al-Qaïda en Syrie pour comprendre que la schizophrénie aiguë et le sophisme le plus pervers hante ces imprécateurs de la haine.
    On ne retiendra de lui que cette pitoyable prestation où Sarkozy l’exclut de la tribune Libyenne. Et on observera une minute de silence pour rappeler que cette mission humanitaire à coûté la vie à plus de 60 000 personnes.
    Ainsi, à la question fondamentale "BLH, Philippe Val, Fourest et compagnie, œuvrent-ils pour le bien commun ou pour leurs intérêts corporatistes et belliqueux ?", nous avons répondu par la mise en évidence des liens consanguins entre cette fausse gauche et les officines les plus extrémistes et intolérantes.
    On pourra donc en conclure que ces tartuffes s’autoproclament de gauche progressiste pour mieux appliquer leur idéologie néoconservatrice très proche de l’extrême-droite.

    http://www.voxnr.com/cc/di_antiamerique/EFlyuAlAZkcaxRHpxd.shtml

    Source :

    http://anticons.wordpress.com/2013/12/01/de-bhl-a-charlie-hebdo-la-propagande-neoconservatrice-deguisee-en-gauche-progressiste/

  • Situation en Ukraine : entretien pour Voix de la Russie

    « Se tourner vers l’UE aujourd’hui, cela revient pour l’Ukraine à se tourner vers l’URSS en 1991 ! » dixit Aymeric Chauprade

    © La Voix de la Russie

    Entretien accordé à Voix de la Russie, publié le 6 décembre 2013

    VDLR. Aymeric Chauprade, que pensez-vous du choix ukrainien tel qu’il s’impose ? L’Europe n’a-t-elle pas réussi à ravir l’Ukraine à la Russie ?

    Aymeric Chauprade. Comme d’habitude, dans les questions de la géopolitique il faut prendre un peu de hauteur et regarder le temps long de l’histoire. Là il n’y a pas besoin d’aller très loin en arrière. Il faut revenir à ce que l’on a appelé la révolution « colorée » en Ukraine, en 2004, pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Il s’agit, en fait, d’une nouvelle tentative de la part des Américains de détacher l’Ukraine en utilisant l’UE, de la Russie pour introduire une coupure entre l’Ukraine et la Russie. Si on se souvient en 2004 au moment de la succession de Léonid Koutchma, ce Président avait signé en 2003 un accord qui visait à créer, après les élections présidentielles de 2004, un espace économique unique entre la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan. C’était la même idée que les Russes souhaitent faire, c’est-à-dire l’Union douanière avec leurs partenaires historiques : l’Ukraine est quand même le berceau historique de la Russie. A ce moment-là les Américains avaient créé par toutes sortes d’officiers et d’agences dont Freedom House et tous les officiers financés par USA dont George Sorros, le chaos dans les rangs d’une partie de la population contre le pouvoir pour essayer d’otaniser l’Ukraine. Et aujourd’hui c’est en fait le même épisode qui se rejoue.

    C’est-à-dire que l’on a eu au pouvoir Victor Ianoukovitch qui a établi une politique équilibrée et proche de la Russie, conformément à l’histoire mais aussi des liens économiques importants, car les 60% du commerce ukrainien la lient à la Russie. Deux tiers d’ailleurs du PIB ukrainien sont plutôt à l’Est. La politique de Ianoukovitch cherchait à ménager plus d’espace indépendant à l’Ukraine dans sa politique par rapport à la Russie. Cet ensemble fut poussé par des pays pro-américains au sein de l’UE et par les Etats-Unis eux-mêmes pour faire basculer complètement l’Ukraine du côté Ouest. Ianoukovicth ne l’a pas fait. Parce que s’il l’avait fait, ce serait une véritable catastrophe à la fois économique et géopolitique pour l’Ukraine.

    La suite dans le carnet de bord d’Aymeric Chauprade

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Situation-en-Ukraine-entretien