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insécurité - Page 988

  • Génocide du Rwanda : un matraquage médiatique ne fait pas une vérité historique

    Chaque année à l’approche du 6 avril, date anniversaire du début du génocide du Rwanda (6 avril 1994), les médias répètent les mêmes poncifs tout en se faisant, volontairement ou non, la caisse de résonance des thèses de Kigali.

    Nous aurons ainsi droit à des émissions de télévision annonçant des « révélations embarrassantes » pour la France, à une campagne de promotion à la limite de la complaisance pour un livre qui n’apporte rien de nouveau et à une avalanche de déclarations aussi creuses qu’orientées. Tout ceci n’est qu’enfumage.

    Le fond du problème est que la thèse fondant la « légitimité » du régime de Kigali, à savoir celle du génocide « programmé » et « planifié » par les « extrémistes » hutu, a volé en éclats devant le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda). Ce tribunal créé par le Conseil de sécurité de l’ONU et siégeant à Arusha depuis 1995 a en effet, dans tous ses jugements concernant les « principaux responsables du génocide », que ce soit en première instance ou en appel, clairement établi qu’il n’y avait pas eu « entente » pour le commettre[1]. Si ce génocide n’était pas programmé c’est donc qu’il fut spontané et ce qui le provoqua fut l’assassinat du président Habyarimana. [...]

    Bernard Lugan - La suite sur Afrique réelle

    http://www.actionfrancaise.net

  • Irak : déjà, Bruno Gollnisch avait raison…

    Il y a dix ans, Bruno Gollnisch prenait la parole pour mettre en garde contre les terribles conséquences de la guerre d’agression, lancée par les États-Unis et ses supplétifs afin de renverser le régime laïc de Saddam Hussein en Irak. Les faits ont donné raison à Bruno Gollnisch. Superbe discours, jusqu’à la fin ! Il est bon de s’en souvenir à l’heure ou l’histoire se répète…

    http://www.contre-info.com

  • Les rebelles s’en prennent au patrimoine culturel syrien

    On pouvait malheureusement s’y attendre. Les sites archéologiques syriens sont le point de mire des rebelles. Le patrimoine culturel de la Syrie, héritage d’une histoire millénaire, est la partie la plus vulnérable mais aussi la plus attrayante pour les destructeurs du pays arabe. Complètement indifférents à la valeur qu’ont les sites et les pièces de collection aux yeux des Syriens mais aussi pour les personnes un tant soit peu civilisées, les rebelles sont en train de faire des ravages pour en tirer quelque profit. L’Irak a été pillé en son temps sous l’œil complice des troupes d’occupation. C’est désormais au tour de la Syrie. « Certains jours nous sommes des combattants et d’autres, nous sommes archéologues », déclare ironiquement dans un entretien au Washington Post un jeune rebelle de 27 ans originaire de la ville d’Idlib. Comme lui, d’autres rebelles interrogés par le quotidien d’Outre-Atlantique ont admis la contrebande d’antiquités, officiellement pour financer leur lutte contre le gouvernement de Bachar el-Assad.

    Toujours selon le Washington Post, des dizaines d’œuvres ont disparu en quelques mois à peines. Pis, certaines sont irrémédiablement endommagées. Parmi les objets volés, une statue en or datant de l’époque araméenne (VIIIème siècle avant l’EC) provenant du musée d’Hama et désormais inscrite sur les tablettes d’Interpol. Plus grave encore, des mosaïques byzantines de la cité romaine d’Apamée, près d’Alep, ont été retirées au bulldozer.

    Ceci n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg, et quand on sait tout ce que la Syrie recèle en matière de patrimoine (Palmyre, les châteaux des croisés, les sites pré-phéniciens, les villes de Damas et Alep, etc.), on peut facilement imaginer que les contrebandiers y trouveront leur compte.

    Il existe, selon le Washington Post, de véritables équipes de fouilles composées de jeunes dont la mission est de trouver dans les sites archéologiques de l’or, des statuettes, des mosaïques, et tout ce qui peut avoir une valeur marchande, fut-ce au prix d’irréparables déprédations. La destination principale des œuvres volées est la Jordanie, où la contrebande est favorisée par le flux quotidien de quelque 2.000 réfugiés. « Tous les jours, nous sommes contactés pour acheter de l’or syrien, des mosaïques syriennes et des statuettes syriennes », a confirmé un antiquaire d’Amman. « Damas est vendue ici à Amman, pièce par pièce ».

    La contrebande syrienne rappelle ce qui est survenu durant l’invasion de l’Irak par les États-Unis, car la Jordanie était également considérée comme un point de passage obligé pour les trésors volés. « Il est encore trop tôt pour comparer la situation en Syrie avec ce qui s’est passé en Irak », a dit Nayef Al Fayez, ministre du tourisme et des antiquités de Jordanie, « mais quand il y a des problèmes de sécurité, les sites archéologiques en sont les premières victimes. Et nous nous attendons à ce que ces événements se multiplient ».

    L’UNESCO n’a pas été en mesure pour le moment de quantifier l’ampleur des pillages et des détériorations du fait de la difficulté d’accéder aux sites historiques dans un pays en proie à des attaques terroristes. Le krak des chevaliers, l’un des plus beaux châteaux inscrit au patrimoine de l’humanité, a été exposé à des tirs et à des bombardements. Les anciens souks d’Alep sont partis en fumée et la ville de Bosra, jadis capitale de la province romaine d’Arabie, a subi également d’importants dommages.

    « Les gens peuvent nous condamner et nous traiter de voleurs », commente Abou Majed, un déserteur âgé de 30 ans qui dirige les chemins de la contrebande dans le sud du pays, « mais parfois, on doit sacrifier le passé pour garantir le futur ». Du fanatisme à la barbarie, il n’y a qu’un pas.

    Martin Capitaine http://www.voxnr.com

  • Les cartels mexicains bénissent la mondialisation

    CIUADAD VICTORIA (NOVOpress) – La police mexicaine vient de découvrir, près de la ville de Ciudad Victoria, neuf cadavres dépecés dans une camionnette immatriculée dans le Texas (Etats-Unis). Un crime sans doute inhérent à la guerre des cartels de la drogue mexicains pour le contrôle du trafic des stupéfiants aux Etats-Unis. Ces deux derniers mois, plus de 100 personnes ont été tuées à Ciudad Victoria dans cette guerre des gangs.

    Dimanche, des hommes armés ont cette fois attaqué deux bars de la ville de Guadalajara (ouest du Mexique), tuant également cinq personnes. Si le nord du Mexique enregistre le plus de victimes de la violence générée par le crime organisé, Guadalajara, deuxième ville du pays, compte plus de 70 000 morts dans tout le pays depuis décembre 2006. Pour Télérama.fr, ce bain de sang est directement lié à la mondialisation. Le site évoque le travail d’Ed Vulliamy. Ce journaliste au Guardian estime que « la signature en 1994 de ­l’Alena, l’Accord de libre-échange nord-américain, en supprimant les droits de douane et le contrôle des marchandises, se révéla une couverture parfaite, un vrai cadeau, pour les cartels. Leur trafic se démultiplia du jour au lendemain ». Phénomène qui n’épargne pas l’Europe, confrontée à une immigration massive et à des trafics multiformes : drogues, armes, prostitution.

    http://fr.novopress.info/

  • Nouvelles sécuritaires internationales

    [Êtes-vous intéressé par avoir de temps en temps un point, comme ci-dessous, sur l'actualité de la sécurité internationale et du renseignement ? N'hésitez pas à nous le dire par courriel ou en commentaires.]

    Syrie : d’après le New York Times, les pays arabes et la Turquie, assistés par la CIA, ont très largement renforcé ces derniers mois leur aide militaire à la rébellion syrienne. Plus de 160 avions transportant du matériel militaire ont en effet atterri dans les aéroports situés près d’Ankara en Turquie et les aéroports jordaniens. La Turquie aurait, toujours selon le New York Times, supervisé la plupart de ces transferts d’aide aux insurgés et également transféré les armes dans des camions à destination de la Syrie.

    ► Syrie : l’Iran forme des milices dans l’éventualité de l’après-Assad. Cette faction appelée «l’Armée du peuple» (Jaych al-Chaabi), est composée de cinquante mille hommes environ, des Syriens pour la plupart, issus des minorités chiite, comme les Iraniens, ou alaouite, comme le président Bachar el-Assad, que tous ces supplétifs ont pour objectif immédiat de protéger face aux rebelles sunnites, qui cherchent à renverser le pouvoir à Damas.
    Ces combattants ont été choisis parmi les Comités de défense populaire ou les chabihas, ces milices engagées aux côtés d’une armée qui ne peut plus combattre tous les fronts de la rébellion en même temps. Les meilleurs ont été entraînés par des membres du Hezbollah libanais et de la Force al-Qods, la branche extérieure des gardiens de la révolution iranienne, de plus en plus présents en Syrie pour soutenir Assad. (Source et détails)

    Corée du Sud  : quelques 48 700 ordinateurs et serveurs ont été endommagés lors de l’attaque informatique qui a visé le 20 mars plusieurs banques et chaînes de télévision sud-coréennes dont la KBS, la maison-mère de KBS WorldRadio. Les attaques provenaient d’adresses IP dans
    quatre nations dont les États-Unis et plusieurs pays européens.

    Palestine occupée : l’affaire dite du prisonnier X pourrait commencer à voir un début d’explication. Le magazine allemand Der Spiegel affirme cette semaine que Ben Zygier avait trahi deux Libanais travaillant pour le Mossad en donnant leurs noms au Hezbollah. Ce serait à cause de ce retournement inexplicable que Ben Zygier aurait été arrêté par les Israéliens et placé en détention préventive au secret et dans le quartier de haute sécurité de la prison de Ayalon.

     

    Arabie saoudite : le ministère saoudien de l’Intérieur a officiellement accusé 18 personnes arrêtées récemment d’être en lien avec les services de renseignement iraniens. Au nombre de ces 18 personnes figurent un Iranien et un Libanais qui, selon la version de Riyad, collectaient des informations sur les sites vitaux saoudiens en échange d’argent et au profit du renseignement d’un pays étranger et le ministère croit bon d’ajouter que ce pays est bien l’Iran. Les Saoudiens continuent d’interroger les membres du prétendu réseau et de prendre les mesures juridiques qui s’imposent.► Corée du Nord : Kim Jong-un, le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée, a ratifié un plan d’attaque par sa force de missiles stratégiques en réaction au survol de la péninsule coréenne par des bombardiers furtifs américains B-2, a annoncé vendredi l’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA. « Le moment est venu de régler les comptes avec les impérialistes américains au vu de la situation » rapporte l’agence de presse citant les propos de Kim Jong-un. Ce dernier a ratifié le plan de frappe sur les États-Unis visant le continent, Hawaï et Guam, ainsi que sur la Corée du Sud, en cas de provocation téméraire, d’après l’agence de presse.

    http://www.contre-info.com

  • [Lu sur le Net] Immigration : cela sera bientôt humainement insupportable !

    Paris (via Boulevard Voltaire) - Pâques aux tisons… Donnant un sens plus que macabre au dicton, le week-end pascal aura enchaîné les incendies dramatiques.

    À Saint-Quentin, c’est l’horreur absolue pour un père qui perd ses cinq enfants dans l’embrasement de sa maison. À Aubervilliers (trois morts et une dizaine de blessés, dont quatre graves), on découvre malheureusement un scénario devenu habituel dans les quartiers populaires de Paris et la banlieue. Et la nuit suivante, dans le même département de Seine-Saint-Denis, le feu détruit, à Bobigny, 500 m2 de baraquements d’un campement de Roms, déjà incendié huit jours plus tôt. Et tout le monde de nous servir l’éternel couplet sur la misère, comme si la pointer du doigt là où elle crève les yeux suffisait à l’analyse et au règlement du problème.

    À Aubervilliers, les médias tentent bien d’appliquer la grille de lecture pour le prêt-à-penser, celle du méchant propriétaire qui prospère sur le dos du pauvre monde en laissant courir les rats. Mais madame Duflot, pourtant peu avare de clichés à la Daumier, ne marche plus dans ce coup-là. Ceux qui s’en sont tirés racontent : les squats, la drogue, la prostitution et ce qui les accompagne, bagarres et règlements de compte.

    (…)

    Pour le reste, pour les clandestins, pour les squats, pour les Roms et leurs cloaques, silence.

    Qui va dire aux Français et à leurs voisins européens encore prospères que ce n’est que le début ? Que fatalement, la misère et le rêve d’un mythique eldorado vont jeter sur les routes des vagues de plus en plus fournies d’immigrés qui vont venir s’écraser aux portes de nos villes ? Qui va dire que cela sera bientôt humainement insupportable ?

    (…)

    Pour lire l’article sans son intégralité

    http://fr.novopress.info

  • Pour une défense vraiment nationale

    Le quatrième Livre blanc de la défense française  (depuis 1972) doit être publié mi-avril. Il dresse le panorama des moyens militaires  dont  notre nation doit se doter  pour faire face aux menaces auxquelles elle est  confrontée et assurer normalement la défense de ses intérêts  et  de ses engagements. Notre outil de défense, avait été très sérieusement abîmé sous les présidences Mitterrand, Chirac,  Sarkozy , notre armée étant alors souvent mise au service d’intérêts bien peu nationaux…. En juin  2008 déjà, un collectif baptisé « Surcouf », regroupant sous le sceau de l’anonymat des généraux et des officiers des trois armes, avaient  dénoncé les évolutions actées dans  le  « Livre blanc » du gouvernement Sarkozy.  Alors que les dépenses militaires mondiales ont progressé de 45% en dix ans, la France réduisait encore  son effort de défense au plus mauvais moment, notait  ce collectif, comme l’illustre la fonte drastique des effectifs de nos armées, le report de la décision sur un second porte-avions…

      Une France sarkozyste qui renonçait à jouer son rôle de puissance certes moyenne, mais indépendante et au rayonnement international, même si  le courage, le professionnalisme, les hautes vertus de nos soldats engagés notamment au Mali parviennent à  cacher la paupérisation dramatique de notre outil militaire… A ce sujet,  le quotidien Les Echos notait ainsi comme d’autres  ainsi  que si «  l’opération au Mali est un succès, elle n’en a pas moins mis en évidence certaines lacunes de l’armée française, qui manque en particulier de moyens de ravitaillement en vol et d’avions de surveillance sans pilote (drones). Si les trajectoires budgétaires annoncées sont poursuivies, ces manques seront difficiles à combler ».

     Sur France 2,  le 28 mars le chef de l’Etat a tenté de balayer les rumeurs  alarmantes publiées dans la presse  et résumées par  Patricia Adam,  présidente socialiste de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale.  Selon Mme Adam,   « Le scénario (élaboré par le ministère des Finances)   vise à tuer le ministère de la défense, assurait-t-elle. Dès 2015, si on le suit, il ne lui restera que la sécurité nationale (la gendarmerie), les forces spéciales et la dissuasion. Toutes les forces conventionnelles auront disparu. »

     M.  Hollande s’est voulu rassurant: « il faut maintenir » l’effort de défense,« J’ai pu apprécier la qualité de notre outil », «je sais ce que c’est l’indépendance nationale » a  expliqué  notre gouverneur de province sous l’égide  Bruxelles qui n’a pas voulu sortir la France du commandement intégré  de l’Otan comme l’avait voulu Nicolas Sarkozy.  Pour asseoir son propos, le président de la  République à assurer que   « nous dépenserons en 2014 le même montant qu’en 2013 » et que, « après, ce sera la même chose ».

    Le scénario retenu est le suivant résume le blog Secret Défense : «en 2014 et 2015, les crédits actuels, soit 31,4 milliards, seront reconduits – c’est le zéro valeur, ce qui signifie qu’ils seront néanmoins rognés par l’inflation. En 2016 et 2017, nous passerons en zéro volume, c’est à dire 31,4 milliards plus l’inflation. Enfin, pour les deux dernières années de la loi de programmation, il y aura une hausse de 1% par an, en plus de l’inflation (…). La défense devient ainsi un ministère prioritaire, dont le budget est de facto sanctuarisé. »

     Mais « sanctuariser » notre  l’effort de dépense entre 1,5 et 1,6 % du PIB est il suffisant alors même qu’il était encore de 2,5% du PIB en 2002, dans un monde qui de l’aveu même du chef de l’Etat a vu ces dernières années  l’émergence de nouvelles menaces ? Cette évolution est-elle légitime au moment ou l’Inde, la Chine, la Russie, les Etats-Unis, les pays arabes ont augmenté considérablement leurs dépenses militaires ?

      La France qui a déjà perdu beaucoup de son crédit en ralliant le giron de l’Otan,  sera-t-elle encore (un peu) audible sur le plan diplomatique, si elle ne peut s’appuyer sur les instruments de la puissance ?

     Le site du  magazine Challenges  rappelait que « Le contrat opérationnel  fixé à l’armée de terre par le Livre blanc de 2008 prévoyait une force projetable (susceptible d’être envoyée à tout moment sur des conflits) de 30 000 hommes pour une durée d’un an, contre 50.000 en 1994. » Or cet « objectif était déjà hors de portée avec les coupes budgétaires récentes et les trous capacitaires. »

     «A l’avenir, constate Bruno Gollnisch serons nous encore en capacité de   déployer nos forces,  en toute autonomie  sans avoir recours à quelque pays si nos intérêts stratégiques, économiques, géopolitiques sont en jeu ?

     Une  France atlantisée  qui serai donc  soumise encore plus  au bon vouloir du grand frère américain pour quémander qui une aide militaire, qui  un soutien logistique,  en espérant que les intérêts de l’oncle Sam coïncide avec les nôtres, ce qui en Afrique comme ailleurs n’est pas toujours, loin s’en faut, le cas…

     Officier supérieur (de réserve)  de la  Marine nationale,  Bruno Gollnisch pointe également les dangers grandissants qui pèsent en matière de liberté des mers, sur le commerce maritime français et européen. Cela   nécessite  de garder une flotte digne de ce nom,  des moyens militaires pour  protéger notre espace et nos routes maritimes.

    « Car la France note le président de l’AEMN  ce sont aussi les ressources d’un territoire qui a ses prolongements dans ce qui nous reste de l’acquis de nos marins, pionniers, découvreurs : les confettis d’un ancien empire répartis encore sur tous les océans : Atlantique, Indien, Pacifique, Mers Australes.

    «  Le  domaine maritime de la France   qui, en vertu de la Convention de l’ONU de Montego Bay sur le droit de la mer, évènement majeur mais méconnu, est le troisième du monde. A l’heure où l’avenir de l’humanité se joue davantage dans les mers que dans l’espace, le devoir d’un Etat français digne de ce nom est aussi de ne pas priver les Français de ce formidable atout. »

    http://www.gollnisch.com

  • Lessive géopolitique… A qui profite la situation coréenne ?…

    Pertinente analyse des experts russes, qui mène à l’éternelle question à 10 Euros: A qui tout cela profite t’il ? Il est clair que la Corée du Nord ne fait rien sans l’aval de la Chine, donc, gigoter de la sorte donne un prétexte au pays du goulag levant de renforcer son dispositif militaire en Asie pour isoler la Chine plus avant. Ceci immanquablement va étirer l’armée de l’empire et la rendre bien plus inefficace sur les théâtres de conflit au Moyen-Orient et en Afrique. D’un autre côté on peut toujours se demander à quel jeu joue vraiment la Chine ? Son rapprochement récent avec la Russie est-il un leurre ? Vu les énormes intérêts économiques en jeu et l’intérêt que porte l’oligarchie à la Chine depuis plus de 40 ans, tout ceci n’est-il pas qu’un leurre ? La Chine jouera t’elle à terme dans le camp de l’empire ? Cette nouvelle monté de mayonnaise façon américano-sino-coréenne est encore un air de pipeau pour faire monter le sentiment d’insécurité de plusieurs crans… Dans quel but ?

    A suivre de près…

    – Résistance 71 –

    La Russie redoute une situation hors de contrôle en Corée du Nord (Lavrov)

    Al Manar, Le 29 Mars 2013

    url de l’article original : http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=104220&cid=19&fromval=1&frid=19&seccatid=33&s1=1

    La Russie a mis en garde vendredi contre des « actions unilatérales » qui risquent de faire « perdre le contrôle de la situation » en Corée du Nord, où le régime prépare ses missiles pour d’éventuelles frappes contre les Etats-Unis.
   
 »Nous pouvons perdre le contrôle de la situation, elle s’engage dans la spirale d’un cercle vicieux », a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, au cours d’une conférence de presse.
   
 »Nous sommes préoccupés par le fait que des actions unilatérales, consistant à intensifier les activités militaires, sont entreprises autour de la Corée du Nord parallèlement à la réaction appropriée du Conseil de sécurité de l’ONU et à la réaction collective de la communauté internationale », a-t-il ajouté.

    La Russie appelle tous les pays « à s’abstenir de montrer leur force militaire et à ne pas utiliser la situation actuelle pour atteindre des objectifs géopolitiques dans la région par des moyens militaires », a-t-il encore dit.

    Selon un expert militaire russe interrogé par l’agence de presse Interfax, la Corée du Nord multiplie les « provocations » sans avoir les moyens d’atteindre les Etats-Unis.
   
 »Pour le moment, la Corée de Nord ne dispose pas de lanceur qui pourrait atteindre les Etats-Unis ou leurs bases dans l’océan Pacifique », a déclaré l’expert sous couvert de l’anonymat.
   
 »Les Coréens du Nord sont aussi loin de fabriquer des têtes nucléaires qui pourraient équiper un missile intercontinental balistique », a-t-il ajouté.

    L’expert a estimé que les photos publiées vendredi par les médias nord-coréens semblant témoigner de projets d’attaque des Etats-Unis étaient de « nouveaux épouvantails » agités par Pyongyang.
   
 »Je ne crois pas à la possibilité de telles frappes. Les Nord-Coréens ont eu recours périodiquement à telles menaces, déjà avant Kim Jong-Un », a-t-il souligné.
   
 »Les déclarations de la Corée du Nord, qui relèvent de la provocation, donnent en réalité un très bon prétexte à Washington pour étendre ses capacités de défense anti-missile dans la région Asie-Pacifique », a encore dit l’expert russe.

    http://resistance71.wordpress.com/

  • Afghanistan : l’insurrection qui vient (première partie)

    Le retrait des troupes de l’ISAF [en français, Force internationale d'assistance et de sécurité, FIAS] et ses conséquences telles que le transfert complet des responsabilités en matière de sécurité aux forces afghanes, la situation sécuritaire, politique et sociale du pays, la corruption endémique ainsi qu’une présence sans cesse réaffirmée des Talibans laissent entrevoir un avenir sombre pour l’Afghanistan.

    2014 : l’année de tous les dangers

    Le retrait total des troupes de l’ISAF et plus particulièrement américaines prévu pour 2014 suscite de nombreuses appréhensions, notamment au sein de la population afghane. Contrairement aux souhaits du haut commandement militaire américain en Afghanistan, Barack Obama a privilégié un retrait total (le fameux « zero option ») et rejeté l’idée de maintenir une présence militaire minimale afin de soutenir le gouvernement afghan. Le « zero option » d’Obama a suscité de vives réactions au sein de la classe politique afghane et certains parlementaires comme Naim Lalaï (Kandahar) n’ont pas hésité à déclarer que « Si les Américains retirent leurs troupes sans un plan, la guerre civile des années 1990 se répétera. (…) Cela permettra aux Talibans de l’emporter militairement » [1].

    De nombreux doutes ont été émis sur la capacité des forces afghanes à assumer seules la pacification du pays : ces questions ne concernent pas seulement les compétences opérationnelles de l’armée ou de la police afghane mais aussi le soutien et la légitimité dont elles jouissent au sein d’un pays encore tribal et gangrené par la corruption. Un récent sondage mené par les Nations Unies sur un échantillon de 7000 Afghans a montré que 80% de ceux-ci pensaient que les forces de sécurité afghanes n’étaient pas prêtes à prendre le relais de l’ISAF [2]. Cette enquête du PNUD a montré que seulement 2 Afghans sur 10 pensent que les forces de police locales peuvent assumer leurs fonctions et pour la majorité des sondés la corruption est un problème majeur [3].

    La formation des forces afghanes (3500 000 hommes) s’est accélérée mais un transfert total des responsabilités en matière de sécurité semble être prématuré. Pour de nombreux experts et militaires occidentaux, les forces afghanes ne sont pas encore aptes à assumer leur mission sans un soutien étranger conséquent. Ce sentiment est aussi partagé par différents parlementaires afghans : pour Mirwais Yasini, « Si les forces américaines quittent l’Afghanistan sans entraîner adéquatement les forces de sécurité afghanes, et sans les équiper, ce sera un désastre » [4]. Sentiment partagé par la parlementaire Shukria Barakzaï qui ajoute que pour les Etats-Unis, cela équivaudra à reconnaître leur « défaite » [5]. Conscients que le « zero option » prôné par Obama pourrait s’avérer catastrophique, certains hauts fonctionnaires américains affirment que Washington compterait cependant maintenir une présence militaire de 3000 à 9000 hommes en Afghanistan après 2014 [6].

    Cette éventualité a été confirmée et précisée du début du mois de janvier 2013 par le Général John R. Allen : trois options ont été formulé, chacune ayant une conséquence sur la conduite de la lutte antiterroriste ainsi que l’avenir du pays. La première option consisterait à maintenir 6000 soldats dont la mission serait de mener des opérations spéciales contre les Talibans [7]. Dans le cadre de ce plan l’Armée Nationale Afghane ne recevrait qu’un soutien logistique et une formation limités : cette première option est considérée comme comportant un « haut risque d’échec » [8]. La seconde option propose un déploiement de 10,000 G.I.s et un renforcement de l’entraînement des forces afghanes ; elle est considérée comme comportant un risque moyen d’échec [9]. La dernière option, qui comporterait un risque d’échec faible, prévoit un déploiement de 20,000 soldats américains auquel s’ajouterait un contingent de l’US Army chargé de patrouiller dans des zones précisément délimitées [10]. Comme l’ont rappelé des membres du Ministère de la Défense américain, le succès de leur implication et du conflit ne repose pas uniquement sur des facteurs militaires mais aussi sur la capacité d’un gouvernement corrompu à fournir à la population afghane les services et infrastructures de base dont elle a terriblement besoin [11]. Contrairement aux souhaits du Général John R. Allen, Barack Obama reste pour l’instant déterminé à ne maintenir en Afghanistan qu’un contingent de 3000 à 4000 soldats américains [12]. Pour certains experts comme Nazif Shahrani de l’Université d’Indiana, le nombre de soldats américains qui sera effectivement déployé après 2014 sera proche de l’estimation la plus basse dans la mesure où il sera difficile de faire accepter à l’opinion publique américaine le maintien ou le redéploiement d’une large force armée en Afghanistan [13].

    Hamid Karzaï n’est pas opposé au maintien de forces américaines après 2014 mais des points de discorde existent avec Barack Obama dans la mesure où le président afghan souhaite que les soldats américains soient responsables de leurs actes et ne soient plus couverts par une immunité juridique – ce qui est inacceptable pour les Etats Unis [14]. Les relations afghano-américaines se sont tendues au cours des derniers mois et au cours de sa visite à Washington, en janvier 2013, Hamid Karzaï a réitéré ses demandes en y ajoutant le souhait de voir les forces américaines opérer hors des villes et villages afghans [15]. Ces revendications sont cependant limitées par le fait que Karzaï doit négocier avec Washington la fourniture aux forces afghanes d’armes lourdes, d’engins aériens modernes et d’équipement médical [16]. Dans le même temps le montant de l’aide, des investissements et des dépenses des Etats Unis (120 milliards de Dollars américains en 2011) en Afghanistan pourrait se réduire considérablement à cause du contexte économique américain, du retrait des troupes de l’ISAF et du degré de corruption affectant le pays [17].

    Les Etats-Unis ont décidé de réduire drastiquement leur effectif militaire et civil présent ainsi que l’ensemble de l’aide financière ou les dépenses militaires et civiles affecté à l’Afghanistan: le personnel militaire et civil américain ne devrait plus qu’occuper 5 bases ou infrastructures à la fin de 2014 (contre 90 à la fin 2011) et ces importantes coupes budgétaires pourraient à terme sérieusement affecter leur sécurité [18]. Washington devrait cependant dépenser 150 milliards de Dollars supplémentaires à la fin 2014 [19]. Aucun progrès militaire significatif n’a été réellement enregistré [20] et la stratégie de transition est en fait une stratégie de retraite souvent perçue comme étant floue [21]. Aussi bien le Département d’Etat que USAID n’ont pu, en dépit de leurs efforts, convaincre, démontrer et mesurer concrètement les effets ou les progrès produits par le volet civil du “surge” ainsi que les différents programmes d’aide civile, reconstruction et développement [22].
    Comme le rapportent la Banque Mondiale et des officiels afghans, le gouvernement afghan, “est si dépendant de l’aide extérieure et des dépenses militaires dans le pays que le gouvernement entier et l’effort de guerre pourraient s’effondrer au cours de 2014 et des années qui suivent sans efforts d’aide extérieure effectifs” [23]. Les élections de 2014 sont une échéance cruciale mais peu d’espoirs quant à un changement positif ou un sursaut qualitatif existent: le futur chef de l’Etat afghan “présidera une législature afghane corrompue et divisée dont les pouvoirs sont trop faibles pour être effectifs et une structure politique au sein de laquelle les gouverneurs ainsi que les chefs locaux sont nommés et n’ont pas de réelle légitimité populaire” [24].

    Face à ces contraintes et à l’évolution du contexte politique, Karzaï semble vouloir se montrer indépendant et diversifier ses alliés: le président afghan a ainsi refusé de signer un accord militaire contraignant et de long terme avec les Etats Unis car ce traité était perçu comme une menace sur la souveraineté de l’Afghanistan [25]. Dans cette optique Karzaï souhaite mettre fin à l’immunité couvrant les soldats américains et s’est indigné du fait que des Afghans soient enfermés dans des centres militaires de détention contrôlés par les Etats Unis et ce, sur le territoire afghan [26].

    La Police Nationale Afghane : un pilier fragile

    A l’image d’une grande partie de la classe politique afghane et des administrations d’Etat, la police est affectée par la corruption. Ce phénomène sape sa légitimité et toute confiance de la part de la population. La corruption au sein de la police est le résultat de la conjonction de différents facteurs tels que la pauvreté générale du pays, les bas salaires, un manque de professionnalisme, des problèmes propres à l’organisation et à la structure interne des services de police mais aussi propres au fonctionnement de l’Etat ainsi qu’au népotisme généralisé.
    Alors que l’Armée Nationale Afghane avait éclaté suite à la chute du régime communiste et à la guerre civile des années 1990 – causant ainsi sa disparition en tant qu’organe de l’Etat remplacé par divers groupes armés puis reconstituté quasiment ex-nihilo avec le soutien de l’ISAF – la police afghane n’a jamais disparu [27]. Echappant au contrôle de Kaboul durant de nombreuses années, celle-ci a poursuivi une existence autonome au sein des provinces où certains combattants se sont imposés comme officiers de police et responsables des services de police locaux [28]. Les salaires dans la police restent peu élevés en comparaison des salaires versés par les firmes de sécurité privée et la paie versée aux policiers en service dans les zones dangereuses ou en conflit est peu attractive. Les bakchichs sont vus comme un moyen d’améliorer l’ordinaire (alors qu’ils introduisent de graves brèches dans le dispositif policier et sécuritaire afghan) et certains services comme la police routière ou les garde-frontières sont extrêmement demandés de par leur fort potentiel lucratif.

    Le sentiment de méfiance à l’égard de la police est encore plus fort au sein des populations pachtounes bien que de nombreux membres de cette communauté servent au sein de la Police Nationale Afghane. Représentant 1/4 de la population, les Tadjiks se sont taillés la part du lion au sein des forces de police afghane et sont surreprésentés au sein de l’Académie de Police : en 2003 ils constituaient 90% de l’effectif des étudiants [29]. En juillet 2007, sur 223 sous-officiers promus, 167 étaient Tadjiks et le reste était composé de 37 Pachtounes, 11 Hazaras, 6 Sadats, 1 Ouzbek et 1 Gujar [30]. Sur les 376 officiers promus, 210 étaient Tadjiks, 144 Pachtounes, 15 Hazaras, 3 Ouzbeks, 3 Sadats et 1 Pashaï [31]. Pour des raisons salariales ou sécuritaires de nombreux officiers refusent de servir dans les provinces dangereuses et ce sentiment d’insécurité est particulièrement fort parmi les Tadjiks ou Ouzbeks servant dans le Sud. Dans les provinces méridionales de nombreux chefs de la police ont été recrutés localement et pour certains cela peut poser un problème en terme de loyalisme envers les autorités centrales. Le caractère multiethnique des unités de police ou de l’armée est un moyen de renforcer un sentiment d’unité nationale mais peut aussi poser certains problèmes en termes de fonctionnement : ainsi il peut arriver que des tensions inter-communautaires éclatent entre membres des forces de l’ordre et dégénèrent en fusillades se soldant par des morts. De tels drames peuvent aussi se produire pour des raisons criminelles (trafics, corruption), politiques ou personnelles. A la fin du mois d’octobre 2012, de tels incidents avaient entraîné la mort de trois policiers dans la province de Khost [32] et de trois autres de leurs collègues dans la province de Baghlan [33]. Au cours de la même période, dans la province de Herat, un officier de police avait été assassiné par son épouse à cause de son comportement considéré comme déshonorant (consommation d’alcool et mœurs jugées légères) [34].

    En dépit des efforts fournis, la composition ethnique de la Police Nationale Afghane et le comportement de certains de ses policiers reste une source de mécontentement pour de nombreux Pachtounes. Les véhicules provenant des provinces à majorité pachtoune sont sujets à de fréquents contrôles à l’entrée de Kaboul et ces contrôles sont souvent ressentis de manière discriminatoire. De nombreux Pachtounes se rendant dans la capitale afghane pour affaires, raisons familiales ou médicales se sont fréquemment plaints du racket exercé à leur encontre par des policiers souvent décrits comme Tadjiks ou Ouzbeks [35].

    L’Armée Nationale Afghane : un miroir des relations inter-ethniques

    Les forces armées afghanes qui ont un rôle crucial à jouer dans la pacification du pays sont aussi sujettes aux mêmes problématiques : les Pachtounes, majoritaires au sein de la population afghane, y sont sous-représentés alors que les Tadjiks dominent largement le corps des officiers. En prenant en considération le contexte social, politique et sécuritaire de l’Afghanistan, il n’est pas déraisonnable de penser que « Le changement massif dans la composition ethnique de l’ANA au cours des dernières années (…) [peut] mener à une autre guerre civile, entre les Pachtounes et une coalition anti-pachtoune dirigée par les Tadjiks, similaire à celle qui a suivi la chute du régime soutenu par les Soviétiques en 1992 » [36].

    Pour les Pachtounes ce poids des Tadjiks est perçu comme un déni de leur rôle historique et autrefois dominant alors que les Tadjiks restent méfiants voire hostiles envers les Pachtounes qu’ils considèrent comme des alliés objectifs des Talibans [37]. Depuis sa création en 2002 l’ANA et plus particulièrement son corps d’officiers est dominé par les Tadjiks mais la composition de la troupe reste plus ou moins équilibrée ou représentative. Les recommandations du Général Karl Eikenberry ainsi que les efforts produits dans ce domaine par l’armée américaine ont permis, selon une étude de la RAND Corporation, d’arriver à recruter en 2008 40% de volontaires pachtounes et moins de 30% de volontaires tadjiks [38]. L’année suivante un rapport de l’Inspecteur Général Spécial pour l’Afghanistan montrait cependant que les effectifs de troupes entraînées comptaient 41% de Tadjiks (environ 25% de la population) pour 30% de Pachtounes [39].

    La forte présence de Tadjiks au sein de l’ANA est notamment due aux problèmes de recrutement dans les zones rurales des provinces pachtounes de Kandahar et du Helmand [40]. Ainsi, dans la province de Zaboul, le nombre de Pachtounes servant au sein des « kandaks » (bataillons) locaux ne s’élevait qu’à environ 5% des effectifs [41]. En dépit d’un accord conclu entre Hamid Karzai et l’armée américaine prévoyant de corriger ce problème de composition ethnique, les cadres de l’ANA et du Ministère de la Défense, placés par le Maréchal Fahim et ayant servi pour la plupart au sein de l’Alliance du Nord, continuent de dominer l’appareil militaire afghan [42]. Malgré la disgrâce de Fahim en 2004, la prééminence des Tadjiks a été sauvegardée par la présence du Général Bismullah Khan à la tête des forces armées et de l’état-major afghan [43].

    En 2008 au moins 70% des kandaks étaient commandés par des Tadjiks et dans la province pachtoune de Zaboul 2 commandants de kandaks sur un total de 6 étaient d’origine pachtoune [44]. Cet état de fait serait le précurseur d’une possible guerre civile : de nombreux Pachtounes refusent de servir au sein de l’ANA et le fait que le Dari soit devenu de facto la langue de l’ANA a accru le sentiment parmi les Pachtounes que cette dernière est une institution étrangère [45]. Les réformes menées afin d’arriver à un certain équilibre ethnique n’ont pas eu nécessairement les effets escomptés : les craintes ou la méfiance des Pachtounes à l’égard de l’ANA ont fait place à celles des Tadjiks, Ouzbeks ou Hazaras. Mohammed Mohaqiq, un des leaders de la communauté hazara, a affirmé que « L’armée est ethniquement structurée d’une manière à ce qu’elle ne puisse pas combattre les Talibans. Il est possible qu’ils [les soldats afghans] se rendent lorsque les Talibans attaqueront » [46].

    Pour certains analystes américains l’ANA est incapable d’empêcher l’éclatement d’une guerre civile et elle ne pourra que l’atténuer [47]. Pour Matthew Hoh, cette guerre civile est proche et ira en s’aggravant à moins que l’accent ne soit mis sur « la réconciliation politique afin « d’intégrer tous les éléments de la société au sein du gouvernement afghan et des forces de sécurité » [48] – une priorité essentielle et pourtant négligée par les précédentes conférences internationales [49]. Hoh se souvient aussi d’un fait marquant dont il avait été le témoin à Zaboul au cours de la fête de l’indépendance nationale : l’ANA semblait être pour les officiers tadjiks leur création et un avatar de l’Alliance du Nord dans la mesure où, au cours des cérémonies officielles regroupant militaires et policiers, des portraits des commandants de l’Alliance du Nord – dont feu Ahmad Shah Massoud – avaient été installés alors qu’aucun portrait de Hamid Karzaï n’était visible [50]. Dans la province de Zaboul, le Major Général Jamaluddin Sayed (Tadjik) de l’ANA a démis de leurs fonctions l’ensemble des policiers pachtounes qu’il soupçonnait d’entretenir des relations avec les Talibans et a demandé à ce que le recrutement de policiers se fasse à l’extérieur de cette province : « Si nous recrutons des membres de la Police Nationale Afghane originaires de la province de Zaboul, ils auront probablement des relations avec les Talibans » [51].

    Quand l’allié se fait ennemi : la recrudescence des actes de félonie

    Si de nombreux afghans sont craintifs quant à l’avenir du pays après 2014, une part tout aussi importante de la population éprouve une lassitude envers les réalités politiques de l’Afghanistan démocratique (corruption, népotisme, abus de pouvoir, etc.) et certains aspects de la présence militaire étrangère (« dommages collatéraux », atteintes aux biens faisant pourtant généralement l’objet de réparations matérielles ou compensations financières, attitude parfois irrespectueuse de certains militaires, etc.). Cette lassitude a pu se transformer en réelle hostilité suite à des événements tels que la profanation de Corans à Bagram en février 2012. S’il est peu aisé de mesurer précisément l’étendue ou l’évolution de cette hostilité et plus particulièrement la possible radicalisation de certaines parties de la population, une nouvelle tendance inquiétante permet de saisir certains aspects de ce phénomène. Marginales par le passé, le nombre d’attaques menées par des membres des forces de sécurité afghanes contre leurs collègues de l’ISAF n’a cessé d’augmenter.

    L’année 2012 a été particulièrement significative. A la fin du mois de janvier 2012 quatre soldats français perdirent la vie suite à un acte de félonie. A la fin du mois de février 2012 deux officiers américains furent abattus dans l’enceinte du Ministère de l’Intérieur à Kaboul par un garde afghan alors que dans le village de Robat (district de Spin Boldak, province de Kandahar) le capitaine Feti Vogli et le caporal Aleksandr Peci furent assassinés par des policiers afghans alors qu’ils se rendaient à l’inauguration d’un dispensaire et de deux écoles [52]. Le meurtre des deux militaires albanais (un autre militaire étranger de l’ISAF fut blessé) mena à l’arrestation de 11 policiers afghans [53].

    Au cours de la même année, une altercation éclatant dans une salle de sport entre militaires américains et afghans fut conclue par une fusillade ; durant le Ramadan des militaires américains furent abattus lors d’un repas par un collègue afghan ; en août 2012 des militaires américains perdirent la vie suite à un incident similaire dans le Helmand [54]. Ce type d’attaques n’a pas épargné les forces de sécurité afghanes: à la fin des mois de mars et décembre 2012 des policiers félons abattirent respectivement 9 puis 17 de leurs collègues, durant leur sommeil, dans les provinces d’Oruzgan et Paktika [55].

    Comme l’explique Matthew Rosenberg, la recrudescence de ce type d’attaques refléterait l’hostilité croissante d’une partie de la population à l’encontre de la présence étrangère en Afghanistan : « De nombreux officiels de haut rang de la Coalition et afghans considèrent qu’après presque 12 ans de guerre, la vision qu’ont les Afghans des étrangers en est venue à refléter celle des Talibans » [56]. Les réalités du nouvel Afghanistan suscitent désormais plus de lassitude et de haine que d’espoir au sein d’une partie de la population. Anonymement, un officier de haut rang de l’ISAF a expliqué qu’un grand pourcentage de ces actes de félonie étaient motivés par une perception du conflit proche de celle des Talibans, à savoir chasser les « infidèles » d’Afghanistan [57].

    A l’origine, ces actes de félonie (appelés « green on blue attacks » ou « insider attacks » en anglais) semblaient être marginaux mais leur fréquence, ce qu’ils reflètent et la publicité qui en découle traduisent une tendance lourde et profonde. La faiblesse de l’appareil d’Etat afghan et la radicalisation d’une partie de la population inscrivent l’avenir du pays dans une perspective sombre et bien éloignée des spéculations les plus optimistes. Le 11 mai 2012, un jeune soldat afghan de 22 ans nommé Mahmoud ouvrait le feu sur des membres des forces américaines sur une base de la province du Kunar (un mort et deux blessés) [58]. Fier de son acte, Mahmoud put fuir et rejoindre un groupe de combattants Talibans qui l’accueillit chaleureusement [59].

    En mai, Mahmoud avait contacté des Talibans et leur avait fait part de son projet d’assassiner des militaires américains lors de leur prochain passage à son checkpoint [60]. Le soldat félon leur avait aussi demandé de l’accueillir en cas de fuite mais ces derniers s’étaient montrés plutôt sceptiquesdans la mesure où, par peur, de nombreux militaires afghans avaient finalement refusé de passer à l’acte [61]. Mahmoud a confié qu’il avait des camarades partageant ses opinions au sein de l’ANA mais a ajouté qu’il a tenu son projet secret afin que celui-ci ne soit pas éventé [62]. Le soldat félon a grandi à Tajikan, un village du Helmand situé dans une zone sous contrôle taliban en dépit des offensives britanniques et américaines [63]. Le Colonel Khudaidad, qui est en charge du centre de recrutement de l’ANA pour le Helmand, a déclaré que Mahmoud avait été recruté il y a environ quatre ans et provenait d’un milieu modeste: travaillant chez un tailleur afin d’aider les sept autres membres de sa famille, il avait vu dans l’armée la chance de recevoir un salaire régulier, d’apprendre à lire et à écrire ainsi que d’avoir de nouvelles perspectives d’avenir [64]. Mahmoud portait rarement une barbe mais a déclaré qu’il avait grandi et été éduqué dans l’idée que les Américains, les Britanniques et les Juifs "sont les ennemis de notre pays et de notre religion“ [65].

    Au début de l’année 2012 Mahmoud avait été envoyé dans le district de Ghaziabad (Kunar) où la population locale, exaspérée par les abus commis par des militaires américains et l’inaptitude des soldats afghans à assurer la sécurité au-delà du périmètre de leurs postes avancés, avait de fortes sympathies pour les insurgés talibans [66]. Influencé par les sentiments de la population de Ghaziabad, le jeune soldat afghan a progressivement acquis la certitude que les Américains avaient causé la mort de trop d’Afghans et avaient insulté le prophète Mahomet à de trop nombreuses occasions [67]. Résolu à venger dans le sang ces affronts, Mahmoud put contacter les Talibans par l’intermédiaire d’un villageois peu disposé à l’aider et qui se contenta de demander aux insurgés de ne pas abattre le soldat félon en cas de fuite réussie [68]. Le jour fatidique, le soldat félon attendit que certains de ses collègues américains déposent leurs gilets pare-balles et leurs armes avant d’ouvrir le feu: surpris, ces derniers se crurent attaqués de l’extérieur et Mahmoud profita de la confusion générale pour s’enfuir [69]. Traité en héros, Mahmoud reçut le titre honorifique de „Ghazi“ de Ghaziabad, des colliers de fleurs et fut acclamé par une foule d’anciens (les „barbes blanches“), de Talibans et d’hommes de différents âges [70].

    La vidéo de propagande de la défection de Mahmoud et son « interview » par un journaliste du Kunar ont eu un impact considérable. Jusqu’à cet événement les membres des forces afghanes qui souhaitaient faire défection pouvaient hésiter de passer à l’acte dans la mesure où ils n’étaient pas sûrs du traitement qui leur serait infligé par les Talibans. Avec la défection de Mahmoud et la diffusion de cette vidéo les Talibans ont clairement invité les membres de l’ANA ou de l’ANP à faire de même et les ont assuré de leur bienveillance. Les Talibans entendent exploiter ce nouveau type d’attaques et les intégrer à une stratégie cohérente : affaiblir l’ANA et l’ANP ainsi que l’Etat afghan, augmenter le sentiment d’insécurité et d’incertitude au sein des forces de la Coalition mais aussi de tous les acteurs de la présence étrangère dans le pays et enfin recruter de nouveaux combattants (qui ont l’avantage d’avoir fait défection avec leur arme ou une partie de leur équipement, d’avoir reçu une formation militaire et surtout de connaître les dispositifs de l’ANA, de l’ANP ou de l’ISAF). Les Talibans ont non seulement pu infiltrer avec succès les forces de sécurité afghanes mais ils peuvent compter désormais sur le ralliement à leur cause de militaires ou de policiers afghans prêts à s’en prendre aux forces étrangères [71].

    Au cours du mois d’août 2012 six G.I.s furent tués par leurs collègues afghans dans le Helmand puis deux attaques similaires coûtèrent la vie à deux soldats américains et dix militaires afghans [72]. Le dimanche 30 septembre 2012 un militaire américain, un “contractor” et trois de leurs collègues afghans furent tués dans le district de Saidabad (province du Wardak) [73]. A l’approche d’un checkpoint tenu par sept militaires afghans, un groupe de soldats américains menant une mission de recherche biométrique fut touché par un tir de mortier et répliqua, tuant 3 soldats de l’ANA et en blessant 3 autres [74]. Les autorités du Wardak et les officiels de l’ISAF ont présenté des versions différentes de cet incident et de ses causes. D’après le seul soldat afghan qui n’a pas été blessé au cours de l’attaque, une dispute aurait éclaté et le félon aurait ouvert le feu sur la patrouille américaine avant que celle-ci ne réplique et qu’un soldat américain ne jette une grenade dans le checkpoint afghan (le témoin s’étant entre temps réfugié derrière un Humvee de l’ANA) [75]. Le porte-parole des autorités provinciales du Wardak, Shahidullah Shahid, a déclaré qu’après avoir reçu un tir de mortier provenant d’insurgés talibans, une patrouille américaine s’est crue attaquée par des soldats de l’ANA et a ouvert le feu sur le checkpoint de ces derniers, menant à une fusillade et à ce drame [76]. Le Ministère de la Défense afghan a sobrement affirmé de son côté que ce dramatique incident était le résultat d’une „incompréhension“ entre militaires américains et afghans [77].

    D’après la version officielle de l’ISAF, des soldats américains ont eu une courte conversation avec leurs collègues afghans avant d’être la cible de tirs blessant mortellement un GI et tuant un „contractor“ civil [78]. Trois soldats de l’ANA furent tués dans la fusillade qui s’en suivit [79]. Le commandant en second des forces de l’ISAF, le Lieutenant-Général Adrian Bradshaw, a confirmé que l’incident se serait produit après une courte discussion entre militaires américains et afghan mais il a aussi ajouté que „Ce qui a été rapporté à l’origine comme étant une suspicion d’acte de félonie est désormais compris comme ayant possiblement impliqué des tirs provenant des insurgés“ [80]. En plus de cet incident, 3 policiers afghans furent tués par des Talibans lors de l’attaque de leur checkpoint dans le Helmand le 30 septembre 2012 [81].

    Ces actes de félonie ne sont plus à considérer comme des actes marginaux et encore moins comme le fait d’individus instables ou isolés : ces actes sont devenus un des phénomènes majeurs de violence les plus typiques de l’année 2012 [82] et ont coûté la vie à 63 soldats de l’ISAF (sur un total de 405 soldats étrangers tués en 2012) [83]. Le quart des soldats britanniques tués dans la province du Helmand ont perdu la vie au cours d’attaques de ce type et les 6 soldats britanniques décédés au cours des six derniers mois ont tous été victimes d’attaques similaires (439 soldats britanniques ont perdu la vie en Afghanistan depuis 2001) [84]. Ces actes de félonie sont en croissance : ils ont coûté la vie à 5 soldats britanniques en 2009 et à 14 autres en 2012 [85]. Une tendance nette s’est dessinée : le taux de mortalité au sein des forces de l’ISAF imputable aux actes de félonie était de 6% en 2011 et en 2012 il a atteint 15% alors qu’il n’était que de 2% au cours des dernières années [86]. Le Pentagone a recensé 45 actes de félonie entre 2007 et la fin 2011 et estime que 75% de ceux-ci se sont produits entre 2010 et 2011 [87]. En 2012 seulement, 47 de ces actes furent recensés alors qu’en 2011 on en avait compté 21 coûtant la vie à 35 soldats [88].

    D’après les officiers de haut rang de l’ISAF, 25% des attaques de ce type peuvent être imputées directement ou indirectement aux Talibans [89]. A Washington on s’inquiète aussi des effets perturbateurs produits par cette nouvelle forme de violence sur le processus de formation des forces de sécurité afghanes et qui est un des éléments clés de la stratégie de retrait des Etats Unis [90]. Ainsi, suite à la recrudescence d’actes de félonie, la formation des nouvelles recrues de la police afghane par des membres des forces spéciales a été suspendue au cours du mois de septembre 2012 [91].

    Après le retrait de l’ensemble des forces combattantes de l’ISAF, les forces afghanes verront leur accès à certaines ressources considérables telles que la force aérienne (reconnaissance, drones, hélicoptères et avions de combat, transport de troupes ou de matériel) ou l’aide médicale se réduire drastiquement [92]. Il n’est pas inutile de préciser que les Talibans disposent d’informateurs au sein des administrations d’Etat, entreprises (comme ce fut le cas en 2008 au sein de la compagnie de télécommunications « Roshan ») et évidemment au sein des organes répressifs afghans : ce dernier élément peut s’avérer être critique dans la mesure où, conjugué aux actes de félonie et les défections de militaires ou de policiers, il pourrait donner naissance à une stratégie visant à saper durablement et profondément l’ANA et l’ANP. Les Talibans ne cessent d’affirmer qu’ils ont infiltré les forces de sécurité afghanes et se sont toujours empressés de revendiquer ces attaques mais ils reconnaissent cependant que dans les faits, ces actes sont majoritairement spontanés et imputables à des soldats ou policiers frustrés par le contexte politique afghan et la présence étrangère [93].

    Ainsi, au début du mois de janvier 2013 un soldat afghan nommé Sheikh (Qasim d’après une vidéo de source talibane) et originaire de Laghman a ouvert le feu sur ses collègues afghans et britanniques sur la base avancée de Hazrat (district de Nahr-e Saraj), dans la province troublée du Helmand [94]. Le soldat félon a pu tuer un soldat britannique du 28ème Régiment du Génie et en blesser 6 autres avant d’être abattu [95]. Ce soldat avait été recruté il y a environ un an et était connu pour son caractère pieux, il dirigeait souvent la prière comme l’ont rapporté certains de ses camarades [96]. Cette attaque (la 73ème de ce type depuis janvier 2008) [97] a été aussitôt revendiquée par les Talibans qui ont précisé que le soldat félon était un militant infiltré [98] mais le gouvernement afghan s’est empressé de démentir cette affirmation: ce drame serait la conséquence d’une dispute entre soldats de l’ANA [99]. La province du Helmand a été le théâtre de 18 attaques similaires au cours des 5 dernières années et au début du mois de juillet 2012, 3 conseillers militaires britanniques et un autre membre de l’ISAF avaient déjà perdu la vie dans le même district de Nahr-e Saraj suite à l’attaque d’un policier afghan félon [100].

    Au cours des trois années précédentes les effectifs des forces armées afghanes ont grossi au point d’attendre 195000 hommes mais le processus de vérification des nouvelles recrues s’est avéré être quasi-inexistant [101]. Conscients de la menace représentée par l’infiltration et les actes de félonies, les forces de la Coalition et le NDS (services afghans de renseignement) ont déclaré intensifier leurs efforts de contre-espionnage en matière de contrôle et de vérification des nouvelles recrues: les soldats afghans revenant de permission devront ainsi être interrogés sur de possibles menaces ou tentatives d’inflitration les ayant visé ou ayant visé leurs familles [102]. Pour Quentin Sommerville, il s’agit « de la reconnaissance du fait que les Talibans contraignent ou obligent les militaires afghans à attaquer les soldats étrangers. Et d’une acceptation sinistre de la part des commandants de l’ISAF que les attaques internes ne peuvent être complètement prévenues » [103]. Les insurgés Talibans peuvent recruter des informateurs et pousser des policiers ou soldats félons à passer à l’acte pour des raisons idéologiques ou plus précisément religieuses, par le biais d’affiliations claniques ou tribales, par la contrainte (menaces de mort sur la personne ou ses proches, enlèvement d’un proche, chantage) ou par la corruption. Ce dernier moyen est facilement utilisable par les Talibans qui disposent d’importantes ressources financières provenant de la production et du trafic d’opium dans leurs bastions du sud : les Talibans peuvent aisément corrompre et recruter un félon en lui versant une somme bien supérieure à sa solde [104].

    Les forces de l’ISAF ont réagi à ces risques en renforçant leurs protocoles de sécurité sur leurs bases avancées et lors des patrouilles : des soldats de la Coalition appelés « anges gardiens » ont désormais la tâche de veiller sur leurs compatriotes et de prévenir tout acte de félonie [105]. Lorsqu’ils sont en opération ou en présence de leurs collègues afghans, les soldats de la Coalition doivent porter un gilet pare-balles et ne doivent jamais quitter leur arme qui doit toujours être chargée [106].

    En février 2012 l’Armée américaine a distribué à ses troupes un manuel de 35 pages (« Inside the wire threats – Afghanistan ») devant les préparer à faire face à ces nouveaux risques [107]. De manière saisissante, ce manuel se référait fréquemment au cas de la lutte menée par l’Armée Rouge contre les Moudjahidines et qui à bien des égards semblait refléter les appréhensions et la situation actuelles : « L’Armée afghane était un allié non-fiable. (…) Elle fit face à des constantes défections dès le début, pas seulement d’individus ou d’unités mais aussi de divisions entières qui rejoignirent les Moudjahidines, prenant leur équipement personnel et leurs fusils ainsi que des tanks et des véhicules blindés » [108]. Ledit manuel ajoutait que « Le plan soviétique originel consistant à pousser l’Armée afghane sur le terrain pour combattre les Moudjahidines fut écarté. Les effectifs limités, le manque d’entraînement et les loyautés douteuses de l’Armée afghane rendirent ce projet trop risqué à mettre en œuvre » [109].

    La crainte et la méfiance croissantes des militaires de l’ISAF à l’encontre de leurs collègues afghans a mené à une dégradation de leurs relations (notamment au cours d’opérations conjointes) mais d’un côté comme de l’autre, les officiels de l’ISAF et des forces afghanes s’accordent à dire que les actes de félonie sont le résultat d’un « clash des cultures » [110]. De nombreux soldats afghans seraient outrés par la décadence occidentale et frustrés de recevoir des ordres de militaires étrangers, ce qui en mènerait certains à passer à l’acte et constitue ainsi un vivier de recrutement potentiel pour l’insurrection talibane [111]. De plus, ces sentiments se sont renforcé suite à la profanation des Corans à Bagram et des cadavres de combattants talibans par des militaires américains ainsi qu’aux raids nocturnes ayant causé de nombreux morts civils [112]. Une enquête menée en 2011 par l’Armée américaine a révélé de son côté qu’ « en moyenne, les soldats américains pensent que 50% de l’ANA est composé d’islamistes radicaux » vulnérables à un possible recrutement taliban [113]. Les résultats de cette enquête ont donné lieu à un rapport non classifié intitulé « Une crise de confiance et d’incompatibilité culturelle » (« A crisis of trust and cultural incompatibility ») et citant de nombreux soldats américains dont un affirmant qu’ « Un reporter attaché à mon peloton m’a dit que durant une conversation avec des soldats de l’ANA, ces derniers ont dit que si les Talibans commençaient à gagner la guerre, ils changeraient de camp et rejoindraient les Talibans » [114].

    Ce « choc des cultures » est à l’origine de certains actes de félonie impliquant des soldats ou policiers afghans outrés par le comportement irrespectueux des militaires américains qu’ils côtoient (mépris de la culture et des traditions afghanes, comportement abusif lors de contrôles ou d’opérations, etc.) [115]. Matthew Rosenberg rapporte que „Dans certains cas, le comportement abusif et corrompu des officiers afghans pousse le tueur à s’en prendre aux Américains, qui sont vus comme soutenant les commandants locaux“ [116]. Il arrive aussi qu’un nombre marginal de ces attaques soit dénué de toute raison logique ou motivation rationnelle, comme ce fut le cas lorsqu’une policière afghane tua à la fin du mois de décembre 2012 Joseph Griffin, un „contractor“ américain de DynCorp International travaillant pour le programme de l’OTAN visant à former la police nationale afghane [117].

    A la fin de l’été 2012 le nombre d’opérations conjointes avec les forces afghanes et impliquant des unités inférieures à la taille d’un bataillon (de 400 à 800 soldats) a été réduit (alors que l’ensemble de ces opérations conjointes mobilise principalement des unités américaines inférieures à un bataillon) et celles-ci doivent désormais être approuvées par un général commandant une des six régions militaires du pays [118]. Le Lieutenant-Général Adrian Bradshaw a expliqué que ces nouvelles règles n’étaient pas le fruit de la recrudescence d’actes de félonie mais était une mesure de précaution après le scandale causé par le film américain calomniant le prophète Mahomet sur Youtube [119].

    Gilles-Emmanuel Jacquet

    À propos de l’auteur
    Titulaire d’un Master en Science Politique de l’Université de Genève et d’un Master en Études Européennes de l’Institut Européen de l’Université de Genève, Gilles-Emmanuel Jacquet s’intéresse à l’Histoire et aux Relations Internationales. Ses champs d’intérêt et de spécialisation sont liés aux conflits armés et aux processus de résolution de ces derniers, aux minorités religieuses ou ethnolinguistiques, aux questions de sécurité, de terrorisme et d’extrémisme religieux ou politique. Les zones géographiques concernées par ses recherches sont l’Europe Centrale et Orientale, l’espace post-soviétique ainsi que l’Asie Centrale et le Moyen Orient.

    Source : Realpolitik.tv. 

    Notes
    [1] Hamid Shalizi, « Afghans say total U.S. pullout would trigger disaster, Reuters », 09/01/2013
    [2] « Afghans Feel Police Not Ready for Security Control », Voice of America, 31/01/2012
    [3] Ibid.
    [4] Hamid Shalizi, « Afghans say total U.S. pullout would trigger disaster, Reuters », 09/01/2013
    [5] Ibid.
    [6] Ibid.
    [7] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [8] Ibid.
    [9] Ibid.
    [10] Ibid.
    [11] Ibid.
    [12] Frederick et Kimberley Kagan, « How to Waste a Decade in Afghanistan », The Wall Street Journal
    [13] « British Soldier Killed in Afghan ‘Insider’ Attack », Voice of America, 08/01/2013
    [14] Ibid.
    [15] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [16] Ibid.
    [17] Ibid.
    [18] Anthony Cordesman, « A Mindless Debate over U.S. Troops in Afghanistan », War News Update, 05/01/2013
    [19] Ibid.
    [20] Anthony H. Cordesman, « The War In Afghanistan at the End of 2012: The Uncertain Course of the War and Transition », Center for International and Strategic Studies, 22/01/2013
    [21] Anthony Cordesman, « A Mindless Debate over U.S. Troops in Afghanistan », War News Update, 05/01/2013
    [22] Ibid.
    [23] Ibid.
    [24] Ibid.
    [25] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [26] Ibid.
    [27] « Reforming Afghanistan’s police », Asia Report n°138, 30/08/2007, International Crisis Group
    [28] Ibid.
    [29] Ibid.
    [30] Ibid.
    [31] Ibid.
    [32] Sajad, « Clashes among Afghan leaves 3 dead in Khost province » , Khaama, 20/10/2012
    [33] « Clashes among Afghan police leave three dead », The News, 27/10/2012
    [34] Ibid.
    [35] Antonio Giustozzi, Decoding the New Taliban, Insights from the Afghan field, Hurst and Company, 2009
    [36] Gareth Porter, « Tajik Grip on Afghan Army Signals New Ethnic War », Dissident Voice, 30/11/2009
    [37] Ibid.

    [38] Ibid.
    [39] Ibid.
    [40] Ibid.
    [41] Ibid.
    [42] Ibid.
    [43] Ibid.
    [44] Ibid.
    [45] Ibid.
    [46] Rob Taylor et Mirwaïs Harouni, «
    Afghan Hazara leader skeptical of Taliban peace », Reuters, 30/01/2012
    [47] Gareth Porter, « Tajik Grip on Afghan Army Signals New Ethnic War
    », Dissident Voice, 30/11/2009
    [48] Ibid.
    [49] Gilles-Emmanuel Jacquet, « Les conférences internationales sur l’Afghanistan : une décennie d’approche diplomatique erronée ? », Realtpolitik.TV, 27/11/2012
    [50] Gareth Porter, « Tajik Grip on Afghan Army Signals New Ethnic War », Dissident Voice, 30/11/2009
    [51] Ibid.
    [52] « Afghan police suspected of killing Albanian soldier », Telegraph, 21/02/2012 ; Talia Ralph, « Albanian soldier dead after men in Afghan police uniforms open fire on NATO forces », The Global Post, 20/02/2012 et « First two Albanian soldiers killed in Afghanistan », Xinhua, 21/02/2012

    [53] Ibid.
    [54] Gilles-Emmanuel Jacquet, « Les conférences internationales sur l’Afghanistan : une décennie d’approche diplomatique erronée ? », Realtpolitik.TV, 27/11/2012
    [55] « Afghan policeman kills 9 sleeping fellow officers
    », The Telegraph, 30/03/2012 et Rod Nordland, « Betrayed while asleep, 17 Afghan policemen killed », The New York Times, 27/12/2012

    [56] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [57] Matthew Rosenberg, « An Afghan Soldier’s Journey From Ally to Enemy of America », The New York Times, 04/01/2013
    [58] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [59] Ibid.
    [60] Matthew Rosenberg, « An Afghan Soldier’s Journey From Ally to Enemy of America », The New York Times, 04/01/2013
    [61] Ibid.
    [62] Ibid.
    [63] Ibid.
    [64] Ibid.
    [65] Ibid.
    [66] Ibid.
    [67] Ibid.
    [68] Ibid.
    [69] Ibid.
    [70] Ibid.
    [71] Ibid.
    [72] Emma Graham-Harrison, « Six US soldiers killed by Afghans », The Guardian, 11/08/2012 et Qadir Seddiqi, « Afghan security forces kill 2 U.S. troops, 10 Afghan soldiers in 2 attacks », CNN, 27/08/2012
    [73] Ron Nordland, « 5 Are Dead After Clash Between U.S. and Afghan Troops », The New York Times, 10/01/2012
    [74] Ibid.
    [75] Ibid.
    [76] Heidi Vogt et Rahim Faiez, « US and Afghan forces clash, leaving 5 dead », Associated Press, 30/09/2012
    [77] Ibid.
    [78] Ibid.
    [79] Ibid.
    [80] Ron Nordland, « 5 Are Dead After Clash Between U.S. and Afghan Troops », The New York Times, 10/01/2012
    [81] Heidi Vogt et Rahim Faiez, « US and Afghan forces clash, leaving 5 dead », Associated Press, 30/09/2012
    [82] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [83] « British Soldier Killed in Afghan ‘Insider’ Attack », Voice of America, 08/01/2013 ; Mina Hasib, « Individual in Afghan uniform kill NATO soldier in South », Khaama, 08/01/2013 ; Paul Sperry, « Afghan Allies, Now even top officials in the Kabul government vow to kill Americans », The New York Post, 29/12/2012 et Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [84] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [85] Ibid.
    [86] Lisa Lundquist, « Afghan soldier kills 1, wounds 6 in latest insider attack », The Long War Journal, 08/01/2013
    [87] « Afghan police suspected of killing Albanian soldier », The Telegraph, 21/02/2012
    [88] Paul Sperry, « Afghan Allies, Now even top officials in the Kabul government vow to kill Americans », The New York Post, 29/12/2012
    [89] Mina Hasib, « Individual in Afghan uniform kill NATO soldier in South », Khaama, 08/01/2013
    [90] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [91] Ron Nordland, « 5 Are Dead After Clash Between U.S. and Afghan Troops », The New York Times, 10/01/2012
    [92] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [93] Matthew Rosenberg, « An Afghan Soldier’s Journey From Ally to Enemy of America », The New York Times, 04/01/2013
    [94] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013 et Lisa Lundquist, « Afghan soldier kills 1, wounds 6 in latest insider attack », The Long War Journal, 08/01/2013
    [95] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [96] Lisa Lundquist, « Afghan soldier kills 1, wounds 6 in latest insider attack », The Long War Journal, 08/01/2013
    [97] Ibid.
    [98] « British Soldier Killed in Afghan ‘Insider’ Attack », Voice of America, 08/01/2013
    [99] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [100] Lisa Lundquist, « Afghan soldier kills 1, wounds 6 in latest insider attack », The Long War Journal, 08/01/2013
    [101] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [102] Ibid.
    [103] Ibid.
    [104] Stuart Ramsay, « Afghanistan: Green On Blue Attacks Rising », 08/01/2013
    [105] Ibid.
    [106] Ibid. et Ron Nordland, « 5 Are Dead After Clash Between U.S. and Afghan Troops », The New York Times, 10/01/2012
    [107] Paul Sperry, « Afghan Allies, Now even top officials in the Kabul government vow to kill Americans », The New York Post, 29/12/2012
    [109] Ibid.
    [110] Stuart Ramsay, « Afghanistan: Green On Blue Attacks Rising », 08/01/2013
    [111] Ibid.
    [112] Ibid.
    [113] Paul Sperry, « Afghan Allies, Now even top officials in the Kabul government vow to kill Americans », The New York Post, 29/12/2012
    [114] Ibid.
    [115] Matthew Rosenberg, « An Afghan Soldier’s Journey From Ally to Enemy of America », The New York Times, 04/01/2013
    [116] Ibid.
    [117] Ibid. ; Rod Nordland, « Motive Unclear in Killing by Woman in Afghan Force », The New York Times, 25/12/2012 et Alexandra Zavis et Hashmat Baktash, « Georgia man identified as victim of suspected Afghan insider attack », The Los Angeles Times, 24/12/2012
    [118] Ron Nordland, « 5 Are Dead After Clash Between U.S. and Afghan Troops », The New York Times, 10/01/2012
    [119] Ibid.

    http://fr.novopress.info

  • Soigner ou éliminer les récidivistes

    L'Institut pour la justice fait-il fausse route ?
    L'Institut pour la justice a été fondé la même année que celle où la jeune Anne-Lorraine Schmitt a été assassinée dans le RER par un récidiviste. Le général Schmitt, père de la victime, a rejoint cette association et lui a donné une voix qui a porté, et c'est pourquoi nous écoutons toujours avec sympathie les prises de position de l'Institut pour la justice.
    Cependant celui-ci semble amputer son action d'un élément fondamental en tenant pour définitivement acquise l'abrogation de la peine de mort que Jacques Chirac a voulu faire inscrire dans la Constitution de 1958.
    Cette position est une erreur qui obère son action par ailleurs louable. Car c'est ignorer que les règles européennes imposées interdisent aussi les peines d'enfermement perpétuelles.
    Et c'est pourquoi le communiqué de l'Institut du 10 février 2011 est plutôt injuste car il impute la responsabilité du meurtre de Laetitia pour une part aux magistrats, et il conclut que leur grève est indécente et irresponsable.
    Pourtant c'est bien le législateur qui a prévu que toutes les peines d'emprisonnement seraient aménagées, c'est-à-dire raccourcies ou changées (sauf quelques exceptions que nous verrons plus loin), et en tout cas, toutes les peines ayant une fin, il est inéluctable que les condamnés sortent un jour.
    Rappelons pour mémoire que c'est le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy qui a voulu que les délinquants étrangers restent sur notre sol après l'exécution de leur peine, en faisant voter la loi du 26 novembre 2003 qui a considérablement restreint le cas où l'étranger criminel pouvait être expulsé.
    Qui est laxiste, de la magistrature ou du législateur ?
    Les magistrats sont chargés d'appliquer la loi et il est malvenu que le gouvernement les accuse d'un laxisme qui se trouve dans la loi qu'ils appliquent. Nous n'entrerons pas dans la querelle de la prétendue séparation des pouvoirs qui semble hors de propos ; de même nous laisserons de côté la question de savoir s'il est loisible et opportun de critiquer les magistrats et les décisions de justice.
    Il est évident que Sarkozy dès 2003, avec sa loi contre la prétendue double peine, a fait preuve de démagogie et de la volonté de plaire à une gauche inspiratrice des médias, et dont l'idéologie sévit partout au sommet de l'État. L'Institut pour la justice appelle cette attitude « compassionnelle » et la stigmatise en ce qu'elle oublie constamment les victimes au bénéfice des condamnés qui ont droit à toutes les attentions de la Justice et en particulier de la Chancellerie.
    Le point que semble ignorer l'Institut est qu'en vertu d'une règle non écrite mais souvent rappelée, les institutions européennes excluent l'emprisonnement à vie ; ainsi la Cour européenne des droits de l'homme a par un arrêt du 12 février 2008 distingué les peines d'emprisonnement perpétuelles (qui sont admises) des peines perpétuelles incompressibles (qui sont prohibées) [Kafkaris c. Chypre].
    C'est pourquoi un système extrêmement compliqué a été mis en place pour tenter de maintenir de longues peines et des mesures de sûreté sans tomber sous la censure de la CEDH.
    L'impossible peine perpétuelle
    Ne cherchons pas plus loin que dans les règles pénitentiaires européennes qui ont été élaborées en 1973 par le Comité européen de coopération pénologie et révisées à plusieurs reprises sur mandat du Comité des ministres du Conseil de l'Europe ; le 11 janvier 2006 le Comité des ministres a adopté la dernière révision sous la forme d'une recommandation.
    La règle n° 6 des principes fondamentaux confirme qu'il ne saurait y avoir de peine perpétuelle car chaque détenu doit un jour « réintégrer la société libre » et la vie en prison doit être organisée dans cette perspective.
    Nous ne contesterons pas que la prison perpétuelle est un enfer ; cf. Prisons françaises ? L'état des lieux, Ed. Atelier Fol'Fer.
    Mais que faire des criminels dangereux et récidivistes ?
    Pour tourner les injonctions européennes, le législateur français pétri d'incohérence (il s'agit de « la femme sans tête » stigmatisée par Maurras, à moins que ce ne soit l'hydre de Lerne qui étouffe notre France agonisante) a choisi plusieurs voies.
    - Les lois sur la récidive. Ces dernières années il y en eut quatre :
    —Loi du 9 mars 2004 dite Perben II ;
    —Loi du 12 décembre 2005 sur la récidive ;
    Loi du 10 août 2007 sur la récidive des majeurs et des mineurs ;
    Et la dernière loi du 10 mars 2010 sur la récidive.
    Plus ou moins appliquées (et applicables) ces lois n'ont pas changé le cours de l'Histoire ou celui de la Justice, car des causes plus profondes poussent à la récidive, dans une société hédoniste et matérialiste, où tout s'effondre à commencer par la famille, pilier de la société.
    • D'autres lois ont visé à mettre hors d'état de nuire les criminels les plus dangereux en les maintenant plus longtemps derrière les barreaux avec la période de sûreté ; instaurée en 1977 elle avait été réduite à 22 ans par le nouveau Code pénal de 1992.
    Par la loi 94-89 du 1er février 1994 dite de « perpétuité réelle ou incompressible » on a étendu la période de sûreté à 30 ans « lorsque la victime est un mineur de 15 ans et que l'assassinat a été accompagné de tortures ou d'actes de barbarie » (articles 221-3 et 221-4 du Code pénal).
    Toutefois l'article 720-4 du Code de procédure pénale permet au Tribunal de l'application des peines de faire bénéficier le condamné qui a purgé 20 ans d'emprisonnement des mesures d'aménagement qui lui avaient été refusées par la cour d'assises. Mais cela est subordonné à une expertise médicale réalisée par un collège de trois experts.
    - La rétention de sûreté prévue par la loi 2008-174 du 25 février 2008 a pour but de maintenir enfermés en fin de peine les condamnés qui « présentent une particulière dangerosité caractérisée par une probabilité très élevée de récidive en raison d'un trouble grave de la personnalité » : des « centres médico-socio-judiciaires de sûreté » leur sont destinés.
    De la même façon des expertises médicales sont prévues ainsi qu'une période d'observation.
    Cependant l'article 706-53-16 prévoit que la décision de rétention de sûreté, qui est reconductible, n'est valable qu'un an et l'article suivant prévoit qu'elle peut être remise en cause par le détenu tous les 3 mois.
    - Lorsque, inéluctablement, le condamné est remis en liberté, soit en libération conditionnelle soit en fin de peine, il lui est appliqué la surveillance judiciaire ou le suivi socio-judiciaire (loi 2010-242 du 10 mars 2010). La première mesure est décidée par le Tribunal de l'application des peines tandis que la seconde est de la compétence de la juridiction de jugement (tribunal correctionnel ou cour d'assises) et peut atteindre 30 ans. Elles sont toutes deux exécutées sous le contrôle du juge de l'application des peines et du Service pénitentiaire d'insertion et de probation.
    Enfin lorsque la rétention de sûreté a pris fin, et si le condamné présente toujours des risques de récidive, la juridiction régionale de la rétention de sûreté peut placer celui-ci sous surveillance de sûreté pour une durée de 2 ans.
    Toutes ces mesures sont essentiellement fondées sur des soins médico-psychologiques ou psychiatriques, sur les contrôles des agents de probation et le cas échéant sur l'efficacité du bracelet électronique.
    L'expertise psychiatrique et les malades mentaux
    Avec les progrès de la chimiothérapie, et en particulier l'usage de neuroleptiques très puissants et efficaces, les médecins psychiatres se sont persuadés qu'ils avaient trouvé les moyens de soigner et même de guérir des malades mentaux jusque-là enfermés dans des asiles ou des hôpitaux psychiatriques.
    Le vrai problème est que l'efficacité de ces produits cesse dès que le malade ne les absorbe plus et il est de plus en plus difficile de suivre ces malades, faute de personnel suffisant et aussi très souvent parce que le patient refuse d'être traité et tente d'échapper à la surveillance du personnel médical.
    C'est ce qui rend particulièrement dangereuse pour l'ordre public et la sécurité des personnes la médecine ambulatoire des malades mentaux qui sont libérés précocement alors qu'auparavant ils demeuraient internés.
    Le même problème se pose en prison où les malades mentaux à divers stades de leurs maladies sont nombreux.
    Pour eux la question posée à la Justice est celle du degré de leur responsabilité ou de leur irresponsabilité. Ils ne seront évidemment pas traités de la même façon selon l'un ou l'autre cas.
    L'enfermement des criminels récidivistes
    La prison n'est pas une panacée. D'abord parce que les gardiens y risquent leur vie et même la perdent, compte tenu de la dangerosité de certains détenus.
    En outre s'il existait une véritable peine d'enfermement à vie, certaines catégories de prisonniers n'hésiteraient pas à risquer le tout pour le tout et mettraient en danger toute la prison.
    Le reproche le plus couramment fait à la prison est que c'est l'école du crime. C'est en grande partie vrai. C'est aussi un lieu de délinquance parce qu'on a abaissé l'autorité du personnel pénitentiaire et qu'il est de plus en plus difficile d'y maintenir la discipline.
    Certains condamnés peuvent être soignés et réadaptés tels les alcooliques, plus difficilement les drogués et les malades mentaux.
    Mais certains pervers sexuels sont malheureusement irrécupérables. Quelques-uns sont conscients du problème et demandent à subir la castration. Précisons que comme pour les malades mentaux, la castration chimique n'a d'effet qu'aussi longtemps que le traitement est suivi. Dès qu'il est interrompu (et quel personnel peut le contrôler ?) la dangerosité est à nouveau entière.
    Alors la castration chirurgicale est peut-être la solution envisageable si elle est volontaire.
    Enfin après avoir démontré que les peines d'emprisonnement perpétuelles sont actuellement exclues par le législateur et de toute façon très difficiles à mettre en œuvre, il faut reposer la question de la peine de mort pour les crimes les plus graves et les récidivistes dangereux car Salus populi est suprema lex.

    
Custos Présent du 25 février 2011