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Le pèlerinage de Chrétienté vu de drone
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Casapound. Carnet de voyage d’un catholique chez les fascistes romains
Un lecteur nous a adressé ce compte rendu de voyage que nous vous proposons ci-dessous.
CE QUE J’AI VU
Je reviens d’un séjour de cinq jours à la CasaPound, centre social et mouvement fasciste italien, occupant un immeuble depuis 2003 dans le centre de Rome, où sont accueillies des familles italiennes dans le besoin. En Italie, l’adjectif « fasciste » n’est pas infamant : c’est un courant d’opinion minoritaire mais les Italiens respectent leurs morts de la Seconde guerre mondiale et sont reconnaissants au Ventennio (la période fasciste de 1922 à la fn de la guerre) d’avoir instauré les premières lois sociales, restauré les infrastructures et les routes (comme la superbe Via dei fori imperiali, pleine de touristes, qui relie le Colisée au Capitole et au palais de Victor-Emmanuel II en longeant les forums antiques) et sauvé l’Italie des bandes communistes.
L’une des choses les plus surprenantes ici, c’est qu’il est plus facile de se dire « fasciste » que « lepéniste » en France. La plupart des figures de la droite viennent peu ou prou des milieux fascistes tant Mussolini a laissé son empreinte sur la société italienne. À mon arrivée, Sébastien (français, responsable de l’accueil des étrangers) nous accueille à la gare de Termini. Notre chauffeur est Massimo, un père de famille d’une cinquantaine d’années, expulsé de son domicile avec sa famille. On nous explique que de jeunes militants de CasaPound se sont battus pour que ce couple et leurs enfants soient relogés.
Certains jeunes, tout comme leurs chefs, ont même fait de la prison pour s’être opposés à cette expulsion. Il est presque minuit, nous débarquons au Carré Monti. Pour fêter notre arrivée, le barman, Pierre, un Français docteur en philosophie et ancien instituteur, nous prépare trois Spritz . Le spritz est un cocktail alcoolisé largement consommé en apéritif dans les grandes villes 1 de la Vénétie et du Frioul-Vénétie julienne, et également répandu dans toute l’Italie.
À la fermeture du Carré, Sebastien nous propose d’aller manger un morceau au Cutty Sark, le pub historique de CasaPound, là où tout a commencé. Derrière la porte du pub sur laquelle est peint un portait du personnage Albator, se tiennent une quinzaine de jeunes du Blocco Studentesco qui ont préparé un colloque européen rassemblant des Espagnols, des Français, des Allemands et des Grecs. Le décor est chaleureux et soigné.
Tout le monde s’empresse de nous saluer en nous demandant nos prénoms et en échangeant avec nous quelques mots de bienvenue, l’accueil est fraternel et les attitudes sont bienveillantes. Cette atmosphère contraste avec celle de nos parvis d’églises ou de certains événements politiques en France. Une charmante personne nous apporte nos plats. Vient s’attabler avec nous Alberto, qui nous explique dans un français impeccable les voyages humanitaires en Syrie et chez les Karens qu’il organise avec les jeunes de CasaPound.
Ce soir, nous dormons à la « Casa », le dortoir dans lequel nous déposons nos sacs s’appelle l’Ornithorynque. Ici, pas d’eau chaude pour la douche du matin afin de nous rappeler que le militant doit mépriser la vie commode (disprezza la vita comoda). Vendredi matin, nous sommes invités à une visite de Rome organisée par l’association culturelle Fons Perennis, pour l’anniversaire de sa fondation par Romulus et Remus, les topos historiques sont d’une qualité universitaire et ont été préparés par des militants de différents âges. -
Focus JT : EXCLU TV Libertés a passé son WE au pèlerinage de Chartres !
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Perle de Cultures n°124 : 10 000 pèlerins en marche vers Chartres
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Alain de Benoist : Identité et souveraineté - deux notions indissociables
Dans certains milieux, on a tendance à opposer entre elles deux notions dont tout le monde parle aujourd’hui : l’identité et la souveraineté. Au Front national, Marion Maréchal-Le Pen aurait représenté la première, par opposition à Florian Philippot, qui défend avant tout la seconde. Une telle opposition vous paraît-elle légitime ?
Interrogée il y a quelques mois dans le magazine Causeur, Marine Le Pen déclarait : « Mon projet est intrinsèquement patriote parce qu’il défend dans un même mouvement la souveraineté et l’identité de la France. Quand on oublie l’un des deux, on triche. » Alors, ne trichons pas. Pourquoi faudrait-il voir dans l’identité et la souveraineté des idées opposées, alors qu’elles sont complémentaires ? La souveraineté sans l’identité n’est qu’une coquille vide, l’identité sans souveraineté a toutes chances de se transformer en ectoplasme. Il ne faut donc pas les séparer. L’une et l’autre, au demeurant, sont transcendées dans la liberté. Être souverain, c’est être libre de déterminer par soi-même sa politique. Conserver son identité implique, pour un peuple, de pouvoir décider librement des conditions de sa reproduction sociale.
Alors que l’identité est un concept nécessairement flou, la souveraineté n’est-elle pas plus facile à définir ?
Moins qu’il n’y paraît. La souveraineté « une et indivisible » dont se réclame Jean Bodin dans Les Six Livres de la République (1576) n’a pas grand-chose à voir avec la souveraineté répartie, fondée sur la subsidiarité et le principe de compétence suffisante, dont parle Althusius en 1603 dans sa Politica methodice digesta. La démarche de Bodin est éminemment moderne. Elle implique l’État-nation et la disparition de la distinction que l’on faisait auparavant entre le pouvoir (potestas) et l’autorité ou la dignité du pouvoir (auctoritas).
La souveraineté bodinienne a ceci de dangereux qu’en faisant du souverain un être qui ne saurait dépendre d’un autre que de lui-même (principe individualiste), elle rend aveugle aux communautés naturelles et supprime toute limite au despotisme : tout ce qui fait entrave à la décision du prince est considéré comme une atteinte à son indépendance et à sa souveraineté absolue. On perd ainsi de vue la finalité du politique, qui est le bien commun.
La souveraineté populaire est, en outre, différente de la souveraineté nationale ou de la souveraineté étatique. La première fonde la légitimité du pouvoir politique, tandis que les secondes se rapportent au champ d’action et aux modalités d’action de ce pouvoir. Jacques Sapir, de son côté, distinguait récemment le souverainisme social, le souverainisme identitaire et le souverainisme de liberté, « qui voit dans la souveraineté de la nation la garantie de la liberté politique du peuple ». Le souverainisme identitaire, observait-il, n’est nullement incompatible avec l’ordre des choses néolibéral, alors que le souverainisme national et social en rejette tout naturellement la tutelle.
Il ne faut pas oublier, non plus, qu’il pourrait très bien exister une souveraineté européenne, même si celle-ci n’est aujourd’hui qu’un rêve. Le drame, de ce point de vue, n’est pas que les États-nations aient vu disparaître des pans entiers de leur souveraineté (politique, économique, budgétaire, financière et militaire), mais que celle-ci soit allée se perdre dans le trou noir des institutions bruxelloises sans avoir jamais été reportée à un niveau supérieur.
Que dire, alors, de l’identité, aujourd’hui devenue une revendication et un slogan, mais dont on peut donner les définitions les plus différentes ?
Qu’elle soit individuelle ou collective, l’identité n’est jamais unidimensionnelle. Lorsque nous nous définissons au moyen de l’une ou l’autre de ses facettes, nous disons seulement quelle est la dimension ou le trait distinctif de notre identité que nous estimons être le plus important pour exprimer ce que nous sommes. Une telle démarche contient toujours une part d’arbitraire, même quand elle s’appuie sur des données qui peuvent être empiriquement vérifiées.
Un individu doit-il attacher plus d’importance à son identité nationale, linguistique, culturelle, religieuse, sexuelle, professionnelle ? Il n’y a pas de réponse qui s’impose. Pour un peuple, l’identité est indissociable d’une histoire qui a façonné la sociabilité qui lui est propre. La revendication ou la protestation identitaire apparaît lorsque cette sociabilité semble menacée de dissolution ou de disparition. Il s’agit, alors, de lutter pour que se perpétuent des modes de vie et des valeurs partagés. Mais il ne faut pas se faire d’illusion : l’identité se prouve plus encore qu’elle ne s’éprouve, faute de quoi on risque de tomber dans le fétichisme ou la nécrose. Pour les individus comme pour les peuples, c’est la capacité de création qui exprime le mieux la perpétuation de la personnalité. Comme l’écrit Philippe Forget, « un peuple n’exprime pas son génie parce qu’il est doté d’une identité, mais il manifeste une identité parce que son génie l’active ».
Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
Intellectuel, philosophe et politologuehttp://www.bvoltaire.fr/identite-souverainete-deux-notions-indissociables/
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Zoom - Pèlerinage de Chartres : une 35ème édition pour les catholiques de Tradition
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Meeting de Civitas à Saint-Martin d’Hères, choses vues et entendues
Le samedi 20 mai, Civitas organisait une conférence de presse suivie d’une réunion publique sous la présidence d’Alain Escada pour présenter ses candidats isérois aux élections législatives de juin. Dans la 2e circonscription (Echirolles), détenue actuellement par le PS, Alexandre Gabriac se présente avec comme suppléante Christiane Canestrari, conseillère municipale d’Echirolles et dans la 9ecirconscription (Saint-Marcellin), détenue actuellement par les Verts, le candidat est Thibault Barge et le suppléant François Sabatier.
La réunion avait lieu à l’espace Elsa Triolet dans la ville communiste de Saint-Martin d’Hères. Même si le gros des crasseux antifas était de sortie à Grenoble pour recevoir « le prince consort » (Louis Alliot), ils ont pris soin de dégrader les murs de la maison communale, illustrant les habituelles querelles de chapelles gauchistes, portant cette fois sur l’orthographe correcte du mot « fascisme ». Une pensée au personnel municipal chargé de nettoyer leurs « exploits », ce qui ne va pas contribuer à l’amélioration des relations entre stal’ et trotskos…
Alain Escada a rappelé lors de la conférence de presse, les points et enjeux essentiels de cette élection législative. Le cartel électoral regroupant Civitas, les Comités Jeanne, le Parti de la France et la Ligue du Sud, va présenter 200 candidats aux élections, 250 candidats en ajourant ceux du SIEL qui font parti du cartel technique, Civitas en présentant 24. Civitas va faire entendre une voix intégralement et authentiquement patriote et catholique, précisant que ne sommes pas républicains. Pour Alain Escada :
« Le programme que nous proposons sera salutaire aux Français. Macron n’est pas en rupture avec le système, il a organisé un lifting. Il n’y a pas de rupture antisystème au FN, tout s’est réajusté vers le centre. Nos thèses authentiquement en rupture contre le système : interdire la franc-maçonnerie (qui est le mal car elle lutte contre les racines chrétiennes, pour l’internationalisme, et l’entretien du secret), supprimer les avantages fiscaux aux partis politiques mais aussi à la presse et aux syndicats ».
Sur le plan économique, Civitas propose de mettre fin au racket des banksters, de rétablir les corporations pour rompre avec la lutte des classes et d’abolir la loi Pompidou 1973. Sur le plan éducatif, Civitas propose de mettre fin au lobbying dans les écoles, qui constitue une forme de totalitarisme. L’instauration d’un chèque scolaire permettra une véritable liberté d’enseigner, notamment en favorisant les écoles hors-contrat. Sur le plan sociétal, comme tout parti catholique devrait faire, Civitas demande la suppression de l’avortement, celle du mariage inverti avec effet rétroactif, la dissolution du Syndicat de la magistrature et en politique étrangère, la fin de l’axe Washington-Tel Aviv-Qatar-Arabie Saoudite. Le FN est devenu un parti comme les autres. Supprimer la loi de 1905 ne signifie pas l’imposition du catholicisme, mais seulement que la vie de la France serait guidée par les valeurs morales et spirituelles. Si demain, la France redevenait catholique, on aurait le souci que chacune des lois serait éthique et respectueuse de morale et droit commun. Un non-catholique peut y souscrire. Quand Dieu n’est plus au centre d’une société, c’est Mammon, l’argent, qui le remplace.
Après cette conférence de presse, la réunion commença, bien protégée par une maréchaussée aussi vigilante que disponible. Devant une trentaine de personnes et le soutien de l’ancien conseiller régional de l’Ain maître Olivier Wyssa, Alexandre Gabriac et Thibault Barge rappelèrent que l’engagement, c’est le seul moyen de s’exprimer qui nous reste, notre seule possibilité d’exister. Pour le candidat de la 2e : « nous ne nous prostituons pas pour des votes ». Le projet est de monter des sections dans chaque département de ce qui fut la région Rhône-Alpes. Concrètement, cela se caractérise par une campagne de terrain : restaurer les calvaires et les clochers de nos villages, faire des actions sur les « communes d’Europe » mais aussi des opérations ponctuelles selon l’actualité (comme à Lyon contre le spectacle blasphématoire ou l’hommage à Jeanne d’Arc) et bien entendu l la participation aux manifestations traditionnelles de Civitas (Jeanne d’Arc et Fête du Pays réel, celle de mars 2017 ayant été un franc succès). La campagne sera principalement axée sur les colons (abusivement appelés « migrants »), avec le scandale de leur implantation dans des hôtels Formule 1 et sur le Campus de Grenoble.
Thibault Barge prit la parole ensuite pour se présenter. Charpentier, père de 7 enfants, il était jadis membre du FN, proche de l’universitaire Bruno Gollnisch. Expliquant à juste titre que la France n’était pas éloignée du point de non-retour, il définit le Président Macron comme l’exact contraire de nos principes, notamment par sa collaboration au « Grand remplacement » via son discours sur la « route de la liberté » de l’Afrique. Avant de conclure que « la vérité est notre drapeau » et que « pour les catholiques l’engagement en politique était la première des charités ».
Alain Escada conclut la réunion en expliquant que « les élections sont une supercherie qui avantages les démagogues et les puissances d’argent, qui proposent du pain et des jeux. Nous voulons faire de la politique au sens noble du terme. Mammon remplace Dieu et si Dieu n’est plus au-dessus de la société, alors il n’y a plus de morale. Les Républicains, le PS éclatent, le FN y est presque. Le FN a totalement muté… » Pour Civitas, Macron, c’est plus d’immigration, plus de préférence étrangère, plus de lois liberticides et plus de concentration des médias alors que l’ONU estime que dans les 30 ans, grâce au grand remplacement, 75% de la population ne sera plus européenne.
Le combat, c’est celui de la vérité :
« il y a la place pour un discours de vérité, fusse-t-il inaudible ne change rien : la vérité doit être révélée, et celle-ci doit être révélée même si elle est inaudible. La franchise est le courage de la vérité, car seule la vérité rend libre. On laisse le reste aux autres qui veulent se servir et non servir. Il faut faire connaitre par tracts, réseaux sociaux, affriches et professions de foi. Si on dit la vérité, ce sera la première étape vers des lendemains porteurs d’espérances. ».
A la sortie de la salle, plusieurs personnes s’étaient rassemblées, encadré par la police. Aucune insulte de leur part, ni geste hostile. Plutôt que des antifas, probablement des habitants du quartier se demandant qui étaient ces gens dont la présence nécessitait un tel déploiement… bleu marine. Le 11 juin, votez pour le seul parti catholique français, votez CIVITAS.
Hristo XIEP
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28 mai : journée nationale pour la vie
Depuis l’an 2000, la journée de la fête des mères est aussi devenue la Journée nationale pour la vie. Cette journée est le pendant de la Marche pour la vie, plus médiatique et destinée à remobiliser les forces vives. Patricia de Poncins est responsable de cette Journée nationale pour la vie pour l’association Choisir la Vie. Elle répond à Anne Isabeth dans Présent :
"Que se passe-t-il de particulier pour cette Journée nationale pour la vie ?
Des actions sont proposées par différentes paroisses, comme des veillées de prières. Des quêtes sont aussi organisées par les AFC pour aider les mères en difficulté. Nous proposons également sur notre site des affiches que l’on peut déposer chez les commerçants. La Journée pour la vie se veut plus grand public, dans le sens où elle est moins militante que la Marche pour la vie. Le but premier est de célébrer la beauté de la vie, et les affiches que l’on dépose chez les commerçants – et qui sont très bien acceptées – ont pour but de sensibiliser le grand public à cette beauté.
Depuis que la journée existe, avez-vous une évolution dans la mobilisation ?
Le sujet demeure tabou. Malgré tout, beaucoup de petites initiatives se mettent en place. Il serait bon, il est vrai, que nous soyons plus relayés. Nous avons cependant remarqué que la mobilisation est plus importante de la part de l’Eglise de France, et notamment de la part des évêques, qui étaient auparavant beaucoup plus silencieux à ce sujet. Avec les lois qui sont passées comme le délit d’entrave numérique, les attaques se font plus fortes. Cela oblige les personnes à se mobiliser davantage. [...]
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Les plus célèbres dissidents de l’Action française sont des hommes de plume
Olivier Dard est professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-Sorbonne. Connu pour ses travaux consacrés à l’entre-deux-guerres et aux mouvements de droite, il a dernièrement préfacé la réédition chez Pierre-Guillaume de Roux du livre de Paul Sérant Les dissidents de l’Action française. Nous revenons avec lui sur l’histoire de ce mouvement et ses tumultes, ainsi que son rôle dans l’agitation intellectuelle des années 1930.
PHILITT : Vous constatez dans votre préface du livre de Paul Sérant, Les dissidents de l’Action française, que ceux-ci ont eu plus de succès et de notoriété que les « fidèles » du mouvement. Est-ce dû à la personnalité écrasante de Charles Maurras ?
Olivier Dard : Votre question me permet une mise au point. Les « dissidents » dont il est question dans le livre de Sérant, dissidents auxquels il faudrait rajouter Lucien Rebatet (dont il n’a pas voulu traiter du cas estimant l’avoir fait dans son essai intitulé Le romantisme fasciste), sont principalement des hommes de plume même s’ils ont, pour une bonne partie d’entre eux, milité et combattu dans les organisations de l’Action française, qu’il s’agisse de la ligue, des étudiants ou des Camelots du roi. N’oublions cependant pas qu’il a existé d’autres dissidents et d’autres dissidences, notamment collectives. On en compte deux dans l’entre-deux-guerres, celle de Georges Valois au milieu des années 1920 (il ne part pas seul pour fonder le Faisceau) ou encore « la grande dissidence » de 1930 qui affecte très gravement la Fédération de Paris.
Ces dissidents de 1930 (on compte parmi eux le célèbre docteur Henri Martin) sont moins connus et moins étudiés que les hommes du Faisceau ou les intellectuels de l’Action française mais leur cas est cependant intéressant. En effet, s’ils ont laissé beaucoup moins de traces écrites, en particulier de récits de souvenirs, leur expérience peut être rapprochée de celle de certains des dissidents étudiés par Paul Sérant. Les uns et les autres pointent en effet ce qu’ils considèrent comme un dysfonctionnement grave de l’Action française, à savoir l’accent mis sur la propagande par le journal quotidien au détriment d’un travail militant de terrain qui leur paraît beaucoup trop négligé. Pour le dire plus abruptement, ils posent la question de la relation à l’Action française, entre la virulence des ses discours et l’action. Louis Dimier s’en est expliqué dans Vingt ans d’Action française et on connaît la formule de Rebatet sur « l’inaction française ». Sur cette question, et pour ces dissidents, c’est bien la responsabilité de Maurras qui est engagée, même si après le 6 février 1934, des militants vont mettre aussi en cause les responsables de la ligue. Maurras n’en est pas moins, pour tous, le véritable chef du mouvement.
Là réside sans doute son problème majeur : si Maurras est un homme de plume réputé et redouté par ses contemporains, il n’a pas les qualités d’un dirigeant politique. Je me contenterai de citer la formule d’Albert Thibaudet décrivant l’Action française comme un « gros journal admirablement fait » mais dans l’incapacité de faire élire un conseiller général. Si on ajoute, que malgré qu’il a cosigné avant le premier conflit mondial un petit ouvrage Si le coup de force est possible, Maurras ne le prépare nullement, il est loisible d’imaginer les frustrations accumulées par des militants qui entendent en finir avec la « gueuse » autrement que par des mots. Le « maître » est donc logiquement mis en cause.
La pensée des dissidents et détracteurs de l’Action française semble toujours bâtie par rapport, sinon contre Maurras. Sa figure et son oeuvre concentrent-elles à elles seules la quintessence du mouvement ?
À l’origine, l’Action française n’a pas été créée par Maurras. Mais c’est bien lui qui en a fait ce qu’elle est devenue, à savoir une école de formation politique fondée sur la doctrine du « nationalisme intégral ». L’Action française n’est cependant pas seulement un foyer doctrinal. C’est au milieu des années 1900 un dispositif articulé autour de trois volets. En premier lieu, un Institut d’Action française aspirant à se poser en « contre-Sorbonne » où Maurras et les ténors d’alors du mouvement enseignent. Mais le « nationalisme intégral » est surtout relayé par deux autres entités : une ligue créée en 1905 et qui se développe au plan national avant le premier conflit mondial et un journal quotidien lancé en 1908 et qui a pris la suite de la « petite revue grise ». Ce journal couronne une ambition déjà ancienne de Maurras (dont la surdité interdit d’être un orateur) et qui entend par conséquent gagner des soutiens à sa cause par l’imprimé en profitant de la vogue remarquable que connaît alors la presse. Il en est une figure incontournable à la fois comme éditorialiste, polémiste ; sans oublier qu’il a introduit et développé un exercice aujourd’hui devenu classique, la « revue de la presse ».
Maurras est donc l’homme orchestre du dispositif, ce qui permet d’expliquer l’importance des termes maurrassisme et maurrassien pour désigner la doctrine et les militants qui la propagent. Maurras ne saurait donc être détaché de l’Action française qui est sa vie, dans tous les sens du terme puisqu’il passe ses soirées et ses nuits au journal. En même temps, si c’est bien vers Maurras que les militants se tournent et si ce dernier n’a jamais dû affronter la moindre remise en cause sérieuse de son hégémonie, le maurrassisme n’est pas uniquement l’affaire de Maurras soi-même. On notera par exemple, sur la question, fondamentale, de l’Allemagne, la contribution de Jacques Bainville ou, au plan économique et social, domaine où Maurras est nettement moins en pointe, la place de choix de Georges Valois durant ses vingt ans de présence à l’AF. Dans le regard que portent les étrangers maurrassiens sur l’AF, Maurras n’est pas seul à être considéré mais il arrive nettement en première position. Il n’en demeure pas moins, et c’est là sans doute l’essentiel, que le lien des figures les plus en vue de l’Action française n’a jamais été construit sur leur rapport à l’organisation mais d’abord fondé sur leur relation au « maître de Martigues » ce qui donne à l’histoire des « dissidents » une tonalité personnelle et passionnelle. C’est bien un lien d’homme à homme qui est en cause et il n’est qu’à lire ce que les uns et les autres ont écrit de leur rupture (de Valois à Rebatet en passant par Bernanos) pour le comprendre : chacun des récits s’accompagne d’un portait de Maurras.
Paul Sérant reconnaît qu’au sein de l’Action Française, si la doctrine politique était le monopole de Maurras, la littérature y était tout aussi importante. Les « dissidents » l’ont-ils été par un faible appétit politique ou par des ambitions littéraires et intellectuelles incompatibles avec le mouvement ?
La littérature joue un rôle essentiel à l’Action française, à commencer par Maurras lui-même qui a souligné dans Quand les Français ne s’aimaient pas qu’il avait été conduit à la politique par les lettres. Ajoutons que Maurras avait en tête un projet littéraire bien précis, celui de la création d’une « École romane » qu’il a tenue à bout de bras mais qui n’a pas donné les résultats attendus. On ajoutera enfin tout l’intérêt que Maurras porte au classicisme et son rejet du romantisme. Ce dernier est très partagé à l’Action française mais au sein de cette dernière les idées littéraires et plus largement esthétiques de Maurras ne sont pas exclusives d’autres sensibilités. Si la politique est à l’origine des dissidences, ce n’est pas le cas de la littérature. Pour illustrer cette cohabitation, curieuse j’en conviens mais indiscutable, deux exemples suffiront. Le premier est celui de Léon Daudet, fidèle parmi les fidèles au plan politique mais qui affiche des goûts littéraires bien éloignés de ceux de son compatriote provençal puisqu’il se fait le défenseur de Marcel Proust et de Louis-Ferdinand Céline, n’hésitant pas à rembarrer brutalement sur ces sujets Henri Massis, rédacteur en chef de La Revue universelle et beaucoup plus proche du classicisme du « Martégal ». Les chroniques littéraires de Brasillach sont également très éclairantes sur ce point, en particulier pour ce qui concerne le « théâtre littéraire » dont il se fait, en 1935, le défenseur dans La Revue universelle.
Dans votre ouvrage Le rendez-vous manqué des relèves des années 30, vous opposez la relève « réaliste » à celle plus spiritualiste des « non-conformistes ». Peut-on classer l’Action française d’alors dans l’une de ces catégories ?
L’Action française ne peut pas être rangée dans ces catégories pour la bonne et simple raison que ses origines sont bien antérieures : Maurras est né en 1868 et a donc 62 ans en 1930. Il n’est plus un homme de la relève même s’il suit ce processus avec attention. Il a toujours été intéressé par la jeunesse en qui il voit le vivier d’une future élite à même de refaire la France et son dernier livre s’intitule Pour un Jeune Français. Si l’Action française ès qualité ne compte pas parmi les relèves des années trente, nombreux sont les jeunes maurrassiens qui animent ce qu’il est convenu d’appeler la « Jeune Droite » et qui est un des piliers du pôle spiritualiste avec l’Ordre nouveau (Robert Aron, Arnaud Dandieu) ou Esprit (Emmanuel Mounier). Esprit, avec lequel la Jeune Droite ferraille.
Sans vouloir égrener une liste de noms, certains doivent être rappelés : Jean de Fabrègues (éphémère secrétaire de Maurras et dissident du tournant des années trente), les normaliens Robert Brasillach ou Thierry Maulnier, mais aussi la future relève des Hussards (Jacques Laurent) ou de La Nation française d’après guerre (l’historien Philippe Ariès). N’oublions pas non plus un homme qui n’a jamais été un maurrassien affiché mais qui a souligné l’empreinte qu’a eue Maurras sur toute cette mouvance, je veux parler de Jean-Pierre Maxence dont il faut relire l’Histoire de dix ans (1927-1937).
Les dissidents de l’Action française l’ont-ils desservie, notamment quant à la réalisation de ses objectifs politiques, ou bien plutôt confortée ?
Je ne pense pas que le problème se pose uniquement en ces termes. Desservie, sans doute, oui, sur le court terme puisque les dissidences collectives ont provoqué un départ de militants qu’il a fallu combler. Peut-on conjecturer que ceux qui sont restés en sont d’autant affermis. En réalité, les choses ne se posent pas ainsi. Le problème majeur de l’Action française n’a pas été forcément d’attirer des militants que de les garder, notamment à l’âge adulte. Maurras et l’Action française, de l’avant 1914 aux années trente ont largement attiré des jeunes gens, séduits par la rigueur de sa doctrine et sa radicalité affichée.
Le renouvellement existe mais les mêmes causes reproduisent les mêmes effets et on ignore ce qui se serait passé si la ligue n’avait pas été dissoute en 1936. Mais cette dissolution est instructive : les dirigeants, Maurras en tête, craignent d’abord pour l’avenir du journal. C’est leur principale préoccupation, beaucoup plus que l’organisation militante qui s’éteint alors. Une dernière remarque enfin. On constate, à observer l’histoire des dissidences dans la durée, que derrière les caractéristiques particulières liées aux individus elles présentent des similitudes. J’en retiendrai trois : départs conflictuels et polémiques (avec dans certains cas des procès judiciaires), mise en cause par les dissidents de la stratégie suivie et donc du « maître » ; mais aussi, et peut-être surtout, absence de remise en cause de la politique suivie par la direction. Des dissidences et de leur succession, aucune leçon n’est tirée, ce qui explique la récurrence des crises.
Le « rendez-vous manqué » que vous évoquez l’a-t-il été, aussi, à cause de l’importance de ce mouvement, ou à l’inverse à cause de ses nombreux et influents dissidents ?
Le rendez-vous manqué des relèves des années trente doit son titre à l’effort de pesée que j’ai entrepris entre le bouillonnement né à la fin des années 1920 et l’aptitude de ces relèves à transformer la société de leur temps. Je concluais ce livre en insistant sur le crépuscule des « non-conformistes » et « l’aurore des technocrates » qui ont été, et dans la durée, les relèves sans doute les plus efficaces pour faire valoir leur importance, leur nouveauté et leur légitimité et ce, de l’avant-guerre à l’Occupation et à la Libération-reconstruction. Les raisons de ce succès sont nombreuses et j’en citerai trois. Ces relèves technocratiques ont su rendre légitime un statut d’expert susceptible de remettre en cause certaines élites en place (les ingénieurs économistes d’X-Crise planistes contre les professeurs d’économie libéraux) pour faire face à la crise économique. Ces relèves se caractérisent aussi par une appétence pour l’exercice des responsabilités qui leur a permis de répondre positivement aux appels des responsables gouvernementaux, et ce nonobstant leur couleur politique. Enfin, si les relèves spiritualistes se sont d’abord construites sur des refus (à commencer par celui de la modernité technocratique émergente) les relèves technocratiques, marquées par « l’opérationnalisme », sont arrivées auprès des décideurs avec un projet dominé par le souci de rationalisation et de modernisation et un catalogue de mesures à mettre en œuvre.
http://www.voxnr.com/9112/les-plus-celebres-dissidents-de-laction-francaise-sont-des-hommes-de-plume
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Le Chant des alouettes : le grand poème identitaire européen
À l’occasion du colloque de l’Institut Iliade « Européens : transmettre ou disparaître », Thibaud Cassel a réuni une anthologie poétique, Le Chant des alouettes,publiée par les éditions Pierre-Guillaume de Roux. Un condensé de la civilisation européenne. Voici la recension qu’en a faite François Bousquet dans le n° 166 d’Eléments, daté de juin-juillet 2017.
Comment définir une civilisation d’un trait, et d’un trait qui n’ait ni l’approximation d’une formule alchimique ni l’aridité d’une équation mathématique ? Rien de tel que la poésie. Et quel continent a tout jeté dans ses vers, dans sa littérature – son âme, son élan vital, sa physionomie ? L’Europe. Depuis Homère. Les livres en sont le dépôt vivant.
Le grand John Cowper Powys disait d’eux qu’ils renferment « la parole de l’homme opposée au silence de la nature et au mutisme cosmique ; ils représentent la vie de l’homme face à la mort planétaire, la révélation faite à l’homme par le dieu qui l’habite, et la réponse de l’homme au dieu extérieur. Quiconque touche un livre, ne touche pas seulement “un homme”, mais touche l’Homme avec une majuscule. L’homme est l’animal qui pleure, qui rit, et qui écrit. Si le premier Prométhée a volé le feu du ciel dans une tige de fenouil, le dernier l’y rapportera dans un livre ». C’est plus vrai encore de l’homme européen. Thibaut Cassel s’en est souvenu. Il a enfermé l’Europe dans un écrin de papier : une anthologie poétique, une soixantaine de textes reliés les uns aux autres par un même patrimoine, historique ou génétique, qu’importe, pour l’essentiel français. Pari audacieux, pari tenu.
Ils tracent le limes culturel de l’Europe. Un « vaste poème identitaire », résume l’auteur dans une introduction limpide dont il faudrait tout citer :
« L’Europe, c’est l’expression de nos peuples à la clarté des astres parents et successifs de la Grèce, de Rome, de la chrétienté puis des nations. »
Elle doit ce qu’elle est au génie grec, à la romanitas et à la Respublica christiana qui, à travers les Universités médiévales, diffusa sur le continent une langue et une philosophie communes, le latin et l’aristotélisme. Les cités, l’empire, les nations, longue chaîne ininterrompue. […]
Le Chant des alouettes, par Thibaud Cassel, préface de Christopher Gérard, édition Institut Iliade/Pierre-Guillaume de Roux, 2017, 176 p.