Le drame du chômage revient à la une des journaux avec les lamentations publiques auxquelles s'est joint le Président lui-même par ses vœux. Remarquons, au passage, que l'abondance et le luxe des vœux publics sont encore une exception française. Par leur coût extravagant, ils contribuent à la panne de croissance et donc indirectement au chômage. Quoi qu'il en soit, le président non candidat mais néanmoins en pleine campagne a promis de "terrasser" l'ennemi ; dans cette période électorale, ses principaux challengers participent aussi à ce lyrisme guerrier avec promesses fallacieuses à l'appui. Les mauvais chiffres s'accumulent. En novembre, il y eut trente mille demandeurs d'emploi supplémentaires et les perspectives sont sombres ; les jeunes sont particulièrement touchés. Avec un taux de chômage "officiel" de 10 %, la France est très mal placée. En fait le chiffre est faux ; les 10 % se rapportent à la population active, laquelle comprend les fonctionnaires ou assimilés qui ne risquent pas le chômage ; rapporté aux salariés du privé, le pourcentage réel deviendrait de 20 %. L'Allemagne de son côté affiche un taux officiel de 6.4 % et connaît une pénurie de main-d'œuvre.
De ce fait, le pouvoir réagit en convoquant un "sommet" à l'Elysée avec, en particulier, les syndicats. J'ai souvent mis en scène cette fâcheuse habitude des "Princes" qui sont aux affaires pour se débarrasser des calamités, dont ils sont eux-mêmes responsables, en organisant des "parlottes" ; cette fois-ci c'est un "sommet" : d'autres termes sont utilisés en grand nombre : États Généraux, Grenelle, tables rondes, assises ou même grands-messes, ce qui est étrange pour des gens que l'on ne voit guère à la messe. Le sommet, par définition, ne pourra rien donner pour une raison toute pratique, à savoir qu'une parlotte de ce genre ne peut jamais rien donner, tout le monde tirant à hue et à dia mais il faut ajouter que l'on ne peut jamais trouver des solutions avec ceux qui sont à l'origine d'un problème.
Quatre thèmes devraient être abordés au cours du sommet : chômage partiel, formation de chômeurs, financement de la protection sociale et accords compétitivité-emploi. En fait, les solutions envisagées le seront avec les lunettes du dirigisme et du "Tout-Etat" ; c'est tout le contraire de la délivrance absolument nécessaire pour "terrasser" l'ennemi.
L'enchaînement des faits les plus récents peut donc être ainsi décrit : constatation officielle du chômage récurrent, nouvelle aggravation surtout pour les jeunes, parlotte officielle pour résoudre la calamité, interventionnisme étatique au programme, syndicats embusqués, bricolage étatique d'urgence, nouvelles usines à gaz en perspective. Ce schéma n'est pas nouveau.
RIEN DE NOUVEAU
En avril 2009, le président Sarkozy présentait un plan d'urgence destiné prétendument à atténuer le taux de chômage. Il visait à faciliter le recrutement de jeunes dans les entreprises par le biais de l'apprentissage et de contrats aidés. Selon la coutume, ce plan était imprégné de dirigisme, ce qui embarrassait fort les socialistes qui ne savaient que dire pour s'opposer ! Le plan coûtait 1,3 milliards d'euros ce qui conduisait inévitablement à des impôts ; par ricochet ces derniers généraient à due concurrence le chômage dans toute la population, jeunes et vieux. Il était promis 320 000 contrats d'apprentissage en un an, grâce à une exonération de charges et à une prime spéciale ; de l'argent a été déversé dans une campagne d'information sur l'apprentissage (sic) ; personne ne peut savoir si des contrats d'apprentissage supplémentaires ont été conclus.
Des sortes de nouveaux fonctionnaires, sous le nom de "référents", devaient faire la promotion de l'alternance. Une mission de promotion et de développement de l'alternance incitait les entreprises à signer une charte d'apprentissage contenant des objectifs d'embauché ; c'était du temps perdu, sauf bien entendu pour l'heureux "missionnaire" ; il existe des "Hauts" commissaires : aurons-nous bientôt des "Hauts" missionnaires ? Les référents et le missionnaire existent-ils toujours ? Mystère.
Un nouveau contrat de travail était créé : le « contrat accompagnement formation », s'ajoutant à la nuée de contrats de travail possibles. La liberté des employeurs était de nouveau réduite par l'obligation de rémunérer les stages de plus de deux mois alors que jusqu'alors l'obligation ne survenait qu'à partir de trois mois.
À l'époque, l'élection de 2012 était lointaine et le Président avait une totale liberté d'action. Il pouvait en abandonnant ses idées socialisantes résoudre le problème du chômage. Il ne l'a pas fait et la patate chaude lui retombe dessus pendant sa campagne présidentielle déjà ouverte bien que non déclarée. Toute action publique a un effet boomerang sur les problèmes qu'elle prétend résoudre et rien ne s'est amélioré suite au plan d'urgence.
Le 4 juillet 1977, Raymond Barre avait lancé le premier « pacte national pour l'emploi des jeunes », Ses successeurs à Matignon ont inventé une kyrielle de dispositifs : contrats de qualification, stages d'insertion dans la vie professionnelle, travaux d'utilité collective, contrats emploi-solidarité, emplois-jeunes, contrats jeunes en entreprise, contrat d'insertion dans la vie sociale, contrat de professionnalisation. Dominique de Villepin avait aussi mis en œuvre un « plan d'urgence pour l'emploi des jeunes ». Selon le principe des calamités, chaque dispositif nouveau est une autre calamité prétendant corriger les précédentes.
L'EXPLICATION DU CHÔMAGE ;
Les causes du chômage sont si nombreuses qu'il est difficile de toutes les énoncer : désindustrialisation, atonie de l'investissement, chute des exportations, coût du travail excessif, nombre excédentaire des fonctionnaires, les 35 heures, impôts destructeurs des entreprises, immigration sauvage, code du travail et son incroyable complexité des multiples contrats de travail, extrême difficulté des licenciements, grèves permanentes chassant les investisseurs hors de France, nuée d'organismes publics souvent immortels et prétendant s'occuper de la calamité.
Il s'ajoute à chacun des facteurs de la liste un effet cumulatif : les impôts destructeurs des entreprises poussent à la désindustrialisation. La dramatique culture de la grève en France accélère le mouvement général.
Tous ces facteurs découlent de la politique socialisante, qu'elle provienne de la fausse droite ou de la vraie gauche depuis des décennies. Le chômage est bien « Le Fils du socialisme ». Il est pratiquement impossible d'agir rapidement sur la totalité des causes, certaines d'entre elles demandant du temps pour obtenir des effets positifs. Or le chômage est un problème majeur par son urgence et il explique en grande partie la panne de croissance ; en le résolvant, l'on déclencherait un effet cumulatif inverse et l'on améliorerait les autres problèmes.
Que faudrait-il pour remettre au plus vite les Français au travail ? Il y a deux leviers essentiels : les entreprises et le code du travail.
Libérer les entreprises devrait être au cœur de l'action. Cela exclut toute politique de relance publique, ces politiques étant nocives par avance. Les entreprises sont les seules aptes à faire décoller la croissance en créant de la richesse et des emplois.
H est nécessaire de supprimer un ou deux impôts parmi les plus destructeurs de ces entreprises. Soulignons un point important : réduire un impôt ne sert à rien ; même réduit, l'impôt conservé génère des frais, des fonctionnaires et des contentieux. Quel que soit le niveau de la réduction, il renaîtra un jour. Il faut supprimer totalement l'impôt visé. La suppression totale implique la suppression des bureaux, des déclarations, des formulaires et de l'incertitude générale.
Il est évident qu'il faut compenser et bien au-delà les impôt supprimés par des économies. La folie dépensière des gouvernements, les innombrables subventions ouvrent un champ d'action sans limite et parfaitement acceptable par l'opinion.
Le code du travail, en croissance perpétuelle, compte plus de 2 600 pages et il pèse 1 kilo et demi. De nombreux organismes et personnages parasitent à son abri ; ils sont embusqués et n'entraînent que la destruction des entreprises et de l'emploi. Or la vraie garantie des salariés est l'existence de nombreuses et prospères entreprises. Pour contourner le puissant pavé, la seule solution est de permettre des contrats de travail entièrement libres ; employeurs et employés concluent des contrats à partir de projets bâtis par des avocats indépendants.
Une solution à minima serait de faire disparaître deux ou trois des dispositifs qui empêchent les entreprises d'embaucher ; cela déclencherait un cercle vertueux. La possibilité de licencier facilement pourrait ouvrir le cycle des embauches. On se souvient de la loi de 1948 qui, en organisant le maintien dans les lieux, a détruit le marché du logement pendant de longues années. Dans le domaine de l'emploi, il existe une sorte de maintien dans les lieux qui gèle toute possibilité d'évolution rapide. Le projet actuel « d'accords compétitivité-emploi » en vue de gérer les trous d'air reflète bien cette situation.
TOUT EST POSSIBLE
Personne ne peut dire que ces évolutions sont impossibles. La Suisse, pays de plus grande liberté, se signale par un taux de chômage très bas avec de la pénurie de main-d'œuvre dans certains métiers. En Nouvelle-Zélande, pays qui s'est largement libéré et pourtant sous des gouvernements travaillistes, il existe un contrat de travail libre entre les employeurs et employés. Les bénéficiaires de ces contrats gagnent en moyenne 35 % de plus que les autres !
Faute de s'engager dans cette voie, le drame épouvantable du chômage se poursuivra et les plus fragiles en souffriront davantage que les autres !
Michel de PONCINS Rivarol du 27/1/2012
Chômage : lamentations publiques
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