La crise économique et sociale ne s’apaise pas en Grèce. Autour du Premier ministre Antonis Samaras on entend littéralement siffler les balles. La veille le siège du parti au pouvoir Démocratie nouvelle a essuyé des tirs au pistolet-mitrailleur, l’une des balles ayant touché le bureau du chef du gouvernement.
Le thème est repris par notre observateur Piotr Iskenderov.
Si les tirs contre les locaux du parti au pouvoir sont le fait d’un groupe de type anarchiste, des centaines de hauts fonctionnaires sont menacés par la Justice. Selon des organes judiciaires grecs, durant l’année 2012 la totalité de l’endettement fiscal dans le pays représente 53 milliards d’euros, soit environ un quart du PIB, et dépasse l’importance de la tranche du crédit de l’UE et du FMI, octroyé au prix de tant d’efforts à Athènes à la fin de l’année dernière. Il est vrai, ces efforts ne parviennent pas pour le moment à atténuer le mécontentement social visant les oligarques, mais aussi le gouvernement.
Les événements en Grèce sont porteurs d’une menace de déstabilisation politique interne, même si les Grecs se sont pour une large part défoulés lors des campagnes électorales de 2012, a remarqué dans un entretien avec notre correspondant l’expert à l’Institut de l’Europe auprès de l’Académie russe des sciences Vladislav Bélov :
« L’évolution ultérieure de la situation en Grèce dépendra de l’aptitude des Grecs disposés radicalement à digérer leur propre populisme. Autrement le pays risque de plonger sinon dans une guerre civile, du moins dans des troubles politiques et sociaux quasi permanents ».
Bruxelles met de toute manière en relief le fait que les tranches du crédit sont octroyées à la Grèce pour une large part sur le gage de futures recettes d’une privatisation d’ampleur permettant ainsi de consolider son budget d’ici à 2015 autour de près de 19 milliards d’€. Mais d’ores et déjà le premier gros projet dans ce domaine s’est heurté à l’opposition de l’UE et des Etats-Unis. Selon le journal The Financial Times, les créanciers occidentaux de la Grèce sont irrités par la participation à l’appel d’offres des compagnies gazières russes Gazprom et Synthèse, ayant proposé aux Grecs plus d’argent. Or les Etats-Unis et l’UE ont exigé du gouvernement grec de ne pas ouvrir le marché gazier national aux compagnies et aux intérêts russes. Paradoxalement, ni les sociétés américaines, ni européennes n’ont manifesté leur intérêt pour la privatisation de la société grecque DEPA. Les intérêts géopolitiques de l’Occident ont, après tout, la priorité, même dans les cas où ils contredisent une logique économique et financière évidente.