Véronique Courjault est libre. La mère des « bébés congelés », condamnée en 2009 à huit ans de prison par la Cour d'assises d'Indre-et-Loire pour triple infanticide, est sortie le 14 mai de la maison d'arrêt d'Orléans. Bien qu'au cours de son procès, l'avocat général ait requis dix ans de réclusion, ce qui était déjà fort peu eu égard à la gravité des faits - elle avait sciemment placé ses nouveaux-nés, à l'insu de son mari, dans le congélateur familial -, le juge a finalement accepté sa demande de remise en liberté conditionnelle. Le seul impératif, minimaliste, c'est qu'elle ne parle pas à la presse. Son avocate Me Delhommais a assuré que sa cliente « souhaitait maintenant vivre au calme. Si sa vie privée devait être violée, elle attaquerait en justice ».
Quelle audace de dicter des ordres et de proférer des menaces de la part d'un monstre qui, pour échapper à la justice, a ajouté au crime le mensonge ! Pendant longtemps, Courjault a ainsi nié contre l'évidence être la mère des deux bébés congelés et n'a reconnu avoir tué un troisième nourrisson que parce qu'elle était longuement cuisinée par les enquêteurs. Elle aura en tout effectué moins de quatre ans de prison. C'est peu cher payé pour trois assassinats, Cela fait un peu plus d'un an de prison par bébé tué ! Et l'affaire Courjault n'est hélas pas une exception, Céline Lesage, mère de famille de 38 ans, a été condamnée par la Cour d'assises de la Manche le 18 mars 2010 à 15 ans de réclusion criminelle pour avoir, entre 2000 et 2007, délibérément étouffe ou étranglé six de ses nouveaux nés. La cour d'assises, au jury quasiment à parité hommes-femmes n'a pas assorti cette condamnation d'une peine de sûreté mais d'un suivi socio-judiciaire d'une durée de 10 ans, avec une peine de cinq ans supplémentaires en cas de non-respect. Autrement dit, avec le jeu des remises de peine, Lesage la mal nommée peut espérer sortir de prison d'ici sept ans, a encore cela fait environ un an derrière les barreaux par enfant assassiné.
Il ne se passe quasiment pas un trimestre sans que l'on apprenne une nouvelle affaire d'infanticide : un jour c'est une mère quadragénaire, qui avoue au procureur de la République de l'Aude avoir tué puis congelé - ses deux bébés, fruit d'une relation extra-conjugale, un autre jour c'est un père de famille divorcé qui tue ses trois enfants en les noyant dans une baignoire à Montélimar. Et face à ces actes barbares (qu'y a-t-il de plus innocent qu'un enfant qui vient de naître ?), tant les magistrats que les jurys populaires sont de plus en plus compréhensifs, surtout quand c'est la mère qui tue. Le professeur Israël Nisand, que l'on voit couramment sur les plateaux de télévision, a popularisé la notion de déni de grossesse pour disculper les auteurs de ces crimes. Pour lui, une femme niant sa grossesse jusqu'au bout n'a pas vraiment le sentiment de commettre un crime en étouffant, en noyant ou en congelant son nouveau-né. Encore une fois nous sommes en plein subjectivisme. L'enfant n'existe et n'a des droits que si je le veux bien. C'est toute l'argumentation des sectateurs de l'avortement : mon corps m'appartient, j'en fais ce que je veux. Théoriquement ces odieux infanticides ne devraient pas être aussi nombreux avec la généralisation d'une contraception, partout disponible, à prix modique et en faveur de laquelle est faite une publicité incessante. Si au contraire ils se multiplient, c'est bien la preuve que la mentalité contraceptive favorise dans les faits un climat d'hédonisme et d'irresponsabilité.
Qui ne voit par ailleurs que les législations toujours plus permissives, toujours plus meurtrières sur ce qui est pudiquement appelé interruption volontaire de grossesse ont désacralisé l'enfant et ont donné un permis de tuer ? À partir du moment où l'on peut supprimer légalement l'enfant dans le ventre de sa mère, on ne voit pas bien au nom de quoi on ne pourrait pas le faire une fois qu'il en est sorti. Et cela, alors même que les progrès de l'échographie nous montrent de manière incontestable et ô combien émouvante comment le fœtus est déjà un être humain avec une tête, des bras, des jambes, un cœur qui bat et qui ne demande qu'à aimer et à être aimé en retour. Société affreuse qui d'un côté donne la mort à des enfants parfaitement sains et qui de l'autre crée artificiellement des êtres humains en laboratoire (les fameux bébés éprouvette) pour les mères stériles voulant à tout prix avoir un enfant.
Beaucoup, même dans notre camp, souhaitent que l'on ne parle pas de cette question. Les uns parce qu'elle ferait perdre des voix, plus de 90 % des femmes françaises étant, nous dit-on, en faveur de la loi Veil. Les autres parce qu'au fond ils trouvent qu'il s'agit là d'une conquête de la femme, d'un formidable progrès des libertés individuelles. Dès son émergence médiatique en mai 2002, Marine Le Pen a affirmé qu'elle était hostile à l'abrogation de la loi Veil, contrairement à ce que stipulait alors le programme du Front national. Cette déclaration, gage de modernité et signe d'ouverture d'esprit aux yeux des puissants du jour, a certainement contribué à lui ouvrir toutes grandes les portes des media. Car l'avortement et l '«Holocauste» sont les deux religions séculières de la Ve République, les deux mamelles auxquelles se nourrit le régime qui a logiquement fait de Simone Veil une Immortelle, la présidente d'honneur de la Fondation pour la Shoah ayant donné son nom à la loi légalisant le massacre des innocents,
Cependant il est vain de croire qu'un quelconque redressement national pourra être opéré tant qu'existeront des législations non seulement aussi anti-naturelles mais, disons-le, aussi totalement barbares, Il est vrai hélas qu'avec le temps l'on s'habitue à tout, y compris au pire, que l'on relativise, que l'on se donne des raisons pour éviter de voir la vérité en face dans toute son horreur, Et pourtant un monde où l'on importe en masse de l'étranger des enfants que l'on ne veut plus faire soi-même, un monde où les mères peuvent tranquillement tuer le fruit de leur chair et même être remboursées de leur forfait, un monde où le personnel médical se voit récompensé de donner la mort, comme l'a fait récemment le gouvernement qui a fortement augmenté les honoraires des avorteurs, un monde qui condamne à des peines dérisoires des femmes ayant commis de sang froid moult infanticides, ne mérite pas de durer ni même d'être sauvé.
On ne le dira jamais assez, ce que les media appellent avec fierté « les conquêtes féministes » ne sont jamais que le paravent des égoïsmes les plus monstrueux. Nous sommes passés d'une civilisation de l'Incarnation où toute vie innocente est sacrée à une barbarie moderne où l'on a perdu jusqu'à la notion du bien et du mal et où partout dominent la culture de mort et le néant.
RIVAROL
< jeromebourbon@yahoo.fr >.