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Guillaume de Thieulloy : « La Loi Taubira ? Cette loi absurde ouvre une infinité de fronts »

Guillaume de Thieulloy, le très dynamique directeur des Quatre vérités, a souhaité préparer la suite de la Manifestation du 24 mars, prévue sur les Champs Elysées. Il crée l'antenne française du Comité Famille Mariage, pour continuer le combat pour le respect de la famille.
Monde et Vie : Guillaume de Thieulloy, vous venez de créer le Collectif Famille Mariage (CFM). Vous pensez que la lutte pour la défense du mariage chrétien est aujourd'hui un objectif politique à long terme ?
Guillaume de Thieulloy : Même si la plupart des acteurs du CFM sont chrétiens, nous ne défendons pas le mariage chrétien comme tel. Nous défendons le mariage monogame entre un homme et une femme. C'est à la fois très proche et très différent. Très proche, puisque le mariage chrétien, sacramentel, est le modèle, l'achèvement, du mariage naturel. Très différent, puisque notre défense du mariage naturel dépasse très largement le cadre confessionnel. Nous travaillons ainsi avec des juifs ou des musulmans, également opposés à la dénaturation du mariage. Ceci précisé, oui, je crois que la défense du mariage est un objectif de long terme. Bien sûr, notre combat contre la loi Taubira a quelque chose d'immédiat. Mais si, comme le dit madame Taubira elle-même, il s'agit d'un « changement de civilisation », cela signifie que le combat durera des années. En tout cas, je conteste formellement que l'éventuelle promulgation de la loi Taubira signe l'arrêt des hostilités. Au contraire, cette loi absurde va ouvrir une infinité de fronts différents (qu'il s'agisse de conventions internationales sur les droits des enfants que nous avons signées et que nous allons allègrement violer, de liberté religieuse en danger, ou encore de parents privés de leurs droits de voir leurs enfants...) Le CFM s'organise pour pouvoir porterie fer sur tous ces fronts politiques, juridiques, médiatiques et faire en sorte que la pression politique sur cette loi Taubira ne retombe jamais.
Jusqu'au retrait pur et simple du texte. Nous ne voulons surtout pas revivre l'expérience de 1984 où nous avons gagné dans la rue et perdu quelques mois plus tard faute d'organisation politique, ou l'expérience du PACS où tous les parlementaires de droite parlaient de défaire la loi et ont opportunément "oublié" leurs déclarations lorsqu'ils sont revenus aux affaires.
M&V: Quels moyens comptez-vous mettre en œuvre ? Avec qui partez-vous en campagne ?
G de T : Nous disposons d'un avantage considérable sur nos prédécesseurs. Nous avons enfin des contacts et des soutiens internationaux. Le combat pour la famille est un combat mondial (même s'il prend des formes différentes dans tous les pays). Nos adversaires l'ont bien compris. Il était temps que nous nous y mettions également. En l'occurrence, le CFM est la branche française d'une organisation internationale qui se bat pour défendre le mariage entre un homme et une femme et le droit des enfants à avoir un père et une mère. Nous bénéficions en particulier de l'expérience politique d'Américains qui connaissent bien ce combat - et qui ont notamment gagné en Californie.
Mais nous partons en campagne avec des personnes et des organisations différentes selon les sujets. Nous ne nous battrons pas avec les mêmes personnes pour contester les adoptions frauduleuses et discriminatoires pour les enfants, pour défendre la liberté religieuse mise à mal par la loi Taubira ou pour travailler à l'échelon européen. L'un des buts du CFM est précisément de constituer des coalitions à géométrie variable, avec une seule logique : tous ceux qui sont d'accord avec nous sur une question sont les bienvenus pour travailler sur cette question, sans exclusive liée à leur choix partisan ou à leur appartenance confessionnelle...
M&V: Ne risquez-vous pas de démobiliser ceux qui croient à l'impact de la manifestation du 24 mars prochain sur les Champs Elysées en proposant des modes d'action différents ?
Au contraire, nous appelons de toutes nos forces à la mobilisation du 24 mars. Avec un mot d'ordre simple et politiquement efficace : retrait du projet Taubira. Le CFM appelle à cette manifestation, même si son action commencera réellement après le 24 mars, précisément pour éviter que le 24 mars soit un coup d'épée dans l'eau.
M&V: Dans Nouvelles de France, vous nous refaites le coup du général en disant qu'on n'a pas perdu la guerre quand on a perdu une bataille. Mais une fois que la loi sur le mariage homosexuel est passé, y a-t-il moyen de revenir dessus ? Existe-t-il des exemples de retour en arrière du Législateur ?


G de T : Je maintiens qu'aucune loi n'est irréversible. D'ailleurs, si le législateur voulait que la loi Taubira le soit, il devrait au minimum en faire une loi constitutionnelle. Ce qu'il ne fait pas (il n'y arriverait d'ailleurs pas !). L'action politique consiste précisément à changer les lois et à les améliorer en vue du bien commun. Si la loi passe, nous mettrons tout en œuvre pour que son retrait figure dans le programme d'un grand nombre de candidats aux présidentielles de 2017 et, sans vouloir déflorer notre agenda politique, je peux vous dire déjà que nous avons en préparation un certain nombre d'actions politiques qui vont faire un peu de bruit dans le Landerneau et qui devraient empêcher que l'on enterre ce dossier.   
Propos recueillis par Alain Hasso monde & vie 26 février 2013

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