Interpellation d’anti-mariage gay : un avocat va déposer plainte
Et dire qu’Hollande venait célébrer l’esprit de la Résistance !
Lu dans Le Figaro : Un avocat représentant des manifestants s’apprête à déposer plainte pour « atteinte à la liberté d’aller et venir ». Il souhaite également saisir le Défenseur des droits.
Des lycéens, une femme enceinte, un aveugle, un prêtre, des dames catéchistes et des retraités âgés de plus de 70 ans… Quatre-vingt-treize personnes, des opposants au mariage homosexuel mais aussi de simples passants, ont été interpellés lundi après-midi, en marge d’une manifestation spontanée à proximité du lycée Buffon à Paris, où François Hollande effectuait une visite. « Un déplacement de population déguisé !, s’insurge Me Grégoire Étrillard, qui défend plusieurs personnes interpellées. L’objectif était juste de les éloigner du président de la République ». Fort de nombreux témoignages, l’avocat s’apprête à déposer plainte pour « atteinte à la liberté d’aller et venir ». Il souhaite également saisir le Défenseur des droits.
Certes, la manifestation s’est tenue à l’appel du Printemps français, qui rassemble des opposants radicaux au mariage homosexuel. Mais la majorité des personnes interpellées n’avaient rien à voir avec ce mouvement que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, envisage d’interdire. Certains, indique l’avocat, n’ont fait que scander quelques slogans, comme « Hollande, ta loi, on n’en veut pas ! », d’autres se sont simplement approchés de l’attroupement. Poussettes et jeunes enfants
Louis, 23 ans, a été interpellé alors qu’il voulait rentrer chez lui en moto, « sans aucune notification ni raison apparente ». « Ni moi ni mon amie n’avions de signes de la Manif pour tous, raconte Marie-Laure, jeune maman. Cependant, partageant ces valeurs, nous nous sommes jointes au groupe de jeunes. Petit à petit, le dispositif de CRS nous a poussé sur la place du métro Pasteur. Quelques autres mamans nous ont rejoint en attendant la sortie des classes à 16h. Certaines avec leurs poussettes et leurs jeunes enfants ».
L’une de ces jeunes mamans a eu beau expliquer aux CRS qu’elle avait « deux enfants adoptés à récupérer », elle est embarquée, sans « aucune explication que ‘vous n’aviez qu’à pas être là’ » dans un bus bondé où il « faisait une chaleur étouffante ». « Ensuite, ils ont relevé notre identité et nous ont demandé notre filiation (père et mère) !, s’exclame cette mère de famille « pas extrémiste, mais excédée ». Nous avons attendu sous un préau bordé de barbelés pendant plusieurs heures ».
Patrick et Brigitte accompagnaient leur tante de 80 ans faire ses courses quand ils ont repéré l’attroupement. « Nous discutions entre nous avec des passants quand nous avons réalisé que nous étions peu à peu encerclés par les CRS, raconte Patrick. On nous a alors demandé de monter dans un car de police. Ma tante n’ayant pas ses médicaments pour le coeur, le conducteur a alors dit à son collègue ’la vieille, elle descend”. Elle a ensuite été prise en charge par des passants indignés… »
« Il n’y a aucun fondement juridique à restreindre la liberté de quelqu’un sans motif » Me Etrillard
Et c’est alors, poursuit Ségolène, que « le plus drôle est arrivé » : « Avec les autres femmes arrêtées, nous avons éclaté de rire !, se souvient-elle. La police venait d’arrêter des mères de famille, catholiques et catéchistes, et les avait emmenées au commissariat… rue de l’Évangile, à deux pas de la Porte de la Chapelle ».
Me Etrillard ne « comprend toujours pas quelle a été la procédure qui a permis de garder des gens ainsi pendant plusieurs heures ». « Il n’y a aucun fondement juridique à restreindre la liberté de quelqu’un sans motif, souligne-t-il. S’agissant de gens particulièrement calmes et respectueux de l’autorité, c’est un abus de la force publique qui n’est pas acceptable ». Sa plainte est destinée à « donner un coup d’arrêt à une pratique de canalisation des manifestations, qui semble prendre de plus en plus de libertés avec la loi ».