De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
"[L]a situation politique de la France change, sous l’influence d’au moins deux facteurs : la montée en puissance d’internet et le lancement de primaires ouvertes. Alors que la grosse presse est massivement acquise au politiquement correct, internet ouvre une fenêtre de liberté d’expression. Et, désormais, les sites de ce que l’on appelle la « réinfosphère », qui présentent les points de vue des dissidents que nous sommes, reçoivent des millions de visiteurs par mois. Ce ne sont pas encore des chiffres de l’ordre des audiences de TF1, mais ce sont déjà des chiffres comparables à ceux de la presse quotidienne nationale. Or, ces sites, dans leur diversité, ont ceci de commun qu’ils refusent le politiquement correct et qu’ils n’obéissent pas aux décisions des partis – même amis ! Désormais, une force de plusieurs centaines de milliers d’électeurs (et de lecteurs) de droite existe, fortement « conscientisée » comme disaient naguère les marxistes, contre tous les aspects du socialisme (qui agit contre l’identité française, contre les libertés économiques et contre la famille). Cette force est difficilement cernable, car elle est extrêmement diverse. Pourtant, elle existe bel et bien. Et présente la particularité d’un engagement politique principalement fondé sur des convictions.
Cette force peut constituer l’embryon du « Tea party à la française », dont beaucoup parlent, ces derniers jours, sur internet (et dans nos colonnes!). Notamment à la faveur des primaires ouvertes (c’est-à-dire où des non adhérents à l’UMP peuvent voter), qui devraient se développer dans les années à venir. Naturellement, ce mouvement sera différent du mouvement américain, mais il aura logiquement la même conséquence que ce dernier: il « droitisera » la droite. Plus précisément, il « droitisera » les deux droites: l’UMP et le FN. Pour l’UMP, c’est une évidence: les électeurs étant nettement plus à droite que les élus, donner la parole aux électeurs va mécaniquement « droitiser ». Mais, en retour, cela va influer sur le FN. De deux choses l’une: soit le FN continuera sur la ligne chevènementiste de Florian Philippot et, tôt ou tard, ses électeurs de droite le quitteront, comme ils l’ont fait en 2007, lors de l’élection de Nicolas Sarkozy; soit il reviendra sur la « ligne Reagan » (qui semble celle de Marion Maréchal) qu’il avait dans les années 80, pour être au moins aussi à droite que l’UMP sur les questions économiques et plus à droite sur les questions d’identité. Dans les deux cas, il cessera d’être un « problème » pour une UMP droitisée, puisque, soit une alliance sera possible, soit une alliance sera inutile.
Cela en inquiète certains. Beaucoup continuent, en effet, à penser qu’une élection se gagne au centre. Mais c’est faux. Une élection se gagne principalement en réunissant son camp. Derrière cette idée fausse se cache certes une question importante : celle de l’expérience des personnalités choisies. Car, après avoir été exclus du pouvoir pendant des décennies, nous manquons effectivement d’hommes politiques d’expérience. Mais, d’une part, on voit mal comment des personnes inexpérimentées feraient moins bien que ce qui se fait aujourd’hui ; et, d’autre part, on peut acquérir de l’expérience en dehors des ministères. Et nous pourrions présenter bien des gens connaissant mieux le monde réel que « nos » ministres d’aujourd’hui !"