L’ex-ministre de l’Écologie est limogée pour avoir dénoncé les baisses des crédits de son ministère.
François Hollande et Jean-Marc Ayrault avaient mis en garde les ministres. Pour la première fois, ils sont passés à l’acte.
La ministre de l’Écologie, Delphine Batho, a été démise de ses fonctions mardi, en fin d’après-midi. Elle avait été convoquée à Matignon quelques heures après avoir qualifié de « mauvais » le budget de 2014. Les services du premier ministre avait même choisi d’en faire la publicité, allant jusqu’à annoncer cette convocation via le compte Twitter de Matignon. Du jamais-vu ! Reçue à 16 h 30, Batho est ressortie de la Rue de Varennes peu après 17 heures. Ayrault voulait qu’elle retire ses propos ou qu’elle annonce sa démission elle-même. Elle a refusé. Le couple exécutif n’avait plus d’autre choix que de mettre un terme à ses fonctions. Le premier ministre voulait aussi poser un acte d’autorité et faire un exemple. Dans l’entourage de la ministre, on se dit surpris et on explique qu’elle était loin d’avoir franchi la limite. « Elle n’a pas dit que Ayrault faisait chier avec son aéroport », dit-on en référence à un propos tenu par Arnaud Montebourg en décembre.
Mardi matin, la ministre avait critiqué sur RTL la diminution de 7 % de ses crédits en 2014. Elle plaidait pour « la fiscalité environnementale » et « des investissements d’avenir ». Mais, en lançant cet appel, elle a sérieusement égratigné ce fameux « cap » sur lequel Hollande assure tenir bon. Alors que le président avait affirmé en septembre vouloir faire de la France « la nation de l’excellence environnementale », la ministre se demandait si l’écologie était « bien une priorité ». « Est-ce qu’on a la capacité de passer du discours aux actes ? », interrogeait-elle. Allant plus loin encore, elle faisait état d’« une déception (des Français) à l’égard du gouvernement » et d’« un doute sur notre volonté de changement ».
La colère de l’exécutif a été immédiate. Au téléphone, mardi matin, François Hollande a fait part de « son incompréhension » à sa ministre. Le chef de l’État et elle se sont ensuite parlé une nouvelle fois en début d’après-midi sans parvenir à trouver une solution politique à leur désaccord de fond. Au sein de l’exécutif, on conteste l’analyse de la ministre. « Son budget n’était pas en baisse de 7 % mais seulement de 3,5 %», commente un connaisseur du dossier, en expliquant qu’une partie des baisses de crédits aurait été compensée par la future « écotaxe sur les poids lourds ». « Elle le sait, la preuve, c’est qu’elle n’avait pas demandé d’arbitrage de Matignon », ajoute-t-on. « Elle a eu envie de se placer en victime… » [...]
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