Il fallait oser ! Oser exécuter les ordres les plus odieux ! Mais les Préfets, ça ose tout ! C’est même à ça que les ministres de l’Intérieur reconnaissent les meilleurs d’entre eux.
Pas une prise de parole de Manuel Valls où il ne rabâche les mots « démocratie », « liberté », « tolérance »… pour s’en convaincre lui-même ? Sans succès, hélas… et en fidèle descendant des heures les plus sombres de la Révolution française, son Préfet de police parisien adapte, lui, à ses besoins la célèbre citation du montagnard Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté d’embastiller » !
Réseau identités, un Collectif pour la Défense des Libertés Publiques, avait déposé le 30 août dernier une demande à manifester le 14 septembre à Paris.
Le thème : Liberté pour les prisonniers politiques et notamment en soutien à Esteban Morillo, incarcéré pour s’être défendu – c’est aujourd’hui avéré, caméras et témoignages à l’appui – au cours d’une bagarre, malencontreusement mortelle pour l’un de ses ennemis.
Monsieur le préfet Bernard Boucault a pris son temps pour évaluer les éventuels risques de troubles à l’ordre public et a finalement répondu aux organisateurs du Collectif qu’il envisageait l’interdiction de leur manifestation.
Les risques de « troubles à l’ordre publics » étaient grands : « en raison notamment du caractère ressenti comme provocateur de la thématique retenue par votre rassemblement, en particulier par la mouvance antifasciste. »
« Caractère ressenti comme provocateur », ce n’est pas Georges Courteline, auteur fameux de Messieurs les ronds-de-cuir, qui aurait renié une telle expression.
Qu’un Préfet de la République motive ses décisions après avoir pris l’avis d’une faction politique à l’intitulé aussi vague laisse également songeur… tout comme son extrême impartialité car, de façon équitable, il « envisage d’ailleurs également une interdiction de la contre-manifestation annoncée par la mouvance antifasciste. »
Sans manifestation autorisée, il n’aurait plus manqué qu’une contre-manifestation à celle-ci le soit. Là, Bernard Boucault ne parodie plus Courteline, mais Alfred Jarry : c’est Ubu-Préfet !
Mais sa farce à lui est autrement plus provocatrice et parodique que la satire du « précurseur du mouvement surréaliste et du théâtre de l’absurde. »
Pour notre plaisir, imaginons un instant la tête des gauchistes si un Préfet leur interdisait une manif après avoir consulté un collectif de filles et fils d’anciens combattants à la Croix celtique ?
Philippe Randa http://www.voxnr.com/cc/politique/EFZApFypFVICVwlWKU.shtml