Que serait notre monde sans vilains dirigeants étrangers et sans gentils écologistes ? On se le demande…
Depuis le 24 septembre dernier, l’Arctic Sunrise, le brise-glace de Greenpeace, fait escale forcée à Mourmansk, tandis que sa trentaine d’occupants est en détention provisoire. Motif ? Pour protester contre les forages pétroliers en Arctique de Gazprom, le géant russe de l’énergie, ils avaient tenté sans succès le 18 septembre d’aborder sa plateforme Prirazlomnaïa.
Ils entendaient ainsi dénoncer sa vétusté : cette plateforme présenterait selon eux de graves risques potentiels de marée noire « à proximité de réserves naturelles. »
Les Russes, de leurs côtés, considèrent cette tentative d’abordage comme un pur « acte de piraterie ».
Depuis, évidemment, c’est la guerre des communiqués et des demandes de pressions internationales pour régler l’affaire pour obtenir la libération des écologistes. De l’habituel, somme toute, tandis que les deux camps s’invectivent férocement…
Pour le président Poutine, « ces gens ont enfreint le droit international. Nos forces de l’ordre, nos garde-côtes, ne savaient pas qui tentait de s’emparer de la plateforme sous couvert de l’organisation Greenpeace. »
Pour Kumi Naidoo, directeur de Greenpeace International, « (les garde-côtes russes) nous ont suivis pendant près de 24 heures avant le début de la protestation. Nous avons une longue histoire de militantisme pacifique en Russie et sommes bien connus des autorités »… et de surenchérir en soulignant dans un communiqué qu’il s’agit ni plus ni moins que « de la plus grave atteinte contre nos activités pacifiques depuis que les services secrets français ont coulé le Rainbow Warrior en Nouvelle-Zélande, en 1985. »
C’est que, justement, parmi les emprisonnés se trouve l’Américain Peter Willcox, capitaine de l’Arctic Sunrise, mais également du Rainbow Warrior, à l’époque.
Il est donc assez cocasse de voir l’association écologiste en appeler le 4 octobre dernier à François Hollande pour intervenir en faveur de leur libération.
L’actuel locataire de l’Élysée aura peut-être le bon goût (ou à défaut le sens du ridicule) de ne pas faire plaider la cause des greenpeaciens par Laurent Fabius, notre actuel Ministre des Affaires étrangères.
Le terrible dictateur Vladimir Poutine, honni de tous les donneurs de leçons humanistes de la planète, pourrait lui faire remarquer qu’il s’est contenté, lui, de faire arrêter sans violence les trublions écologistes. Pas de faire exploser leur bateau comme les services secrets de la France mitterrandienne.
Rappelons que Laurent Fabius, alors Premier ministre, avait été obligé d’admettre, le 22 septembre 1985 à la télévision, que les services secrets français avaient bel et bien mené l’attaque mortelle (un mort parmi l’équipage) du Rainbow Warrior : celui-ci faisait route vers Mururoa pour protester contre les essais nucléaires français.
Maladroit et coupable à l’époque, ridicule aujourd’hui ? Pourquoi pas !
Philippe Randa http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFlEuEukklDUjUkPDQ.shtml