Forera ou forera pas: le débat sur l’exploitation des gaz de schiste en France a repris de plus belle avec la déclaration, le 25 septembre dernier, de Nicolas Sarkozy affirmant être favorable à l’utilisation de cette énergie pour améliorer l’indépendance énergétique de la France et relancer l’emploi.
La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, a aussitôt répondu qu’il n’y aurait «pas de gaz de schiste» tant qu’elle serait au ministère.
Une position qui devrait satisfaire les Français: selon un sondage exclusif BVA pour 20 Minutes*, 62% des Français seraient opposés à ce que soit aujourd’hui autorisée en France l’exploitation du gaz de schiste.
Ils sont 31% à s’y déclarer «tout à fait opposés» et 31% «plutôt opposés». Seulement 36% des personnes interrogées se déclarent favorables à cette énergie, qui fait craindre de lourds impacts sur l’environnement, et à peine 8% des Français y sont «tout à fait favorables».
La technique de la fracturation hydraulique, la seule qui permette actuellement d’exploiter les gaz de schiste, est interdite en France par une loi en vigueur depuis 2011.
Mais les appétits énergivores ne renoncent pas à cette manne qui gît sous le sol français: l’ancien ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, s’était ainsi déclaré favorable à des recherches pour faire émerger une technique d’extraction «propre». Un pari risqué au sein de la gauche: d’après les résultats du sondage réalisé ce mardi, 80% des sympathisants de gauche sont opposés à l’exploitation des gaz de schiste et 74% des soutiens du Parti socialiste refusent les forages en France.
Pour Nicolas Sarkozy, en revanche, déterrer les gaz de schiste pourrait être stratégique: 51% des sympathisants de droite sont favorables à leur exploitation, et ce chiffre monte à 56% pour les soutiens de l’UMP. «En tenant cette position, il est soutenu par la majorité des sympathisants UMP, qui constituent aujourd’hui sa cible principale, dans la perspective de son élection à la tête de leur parti», commente Eric Bonnet, directeur des études politiques chez BVA Opinion.
Les gaz de schiste pourraient aussi permettre à Nicolas Sarkozy d’enfumer son principal concurrent à l’UMP: «Il oblige Alain Juppé à prendre lui aussi position sur le sujet. Or, soit l’ancien éphémère ministre de l’Environnement s’y dit lui aussi favorable, mais il risque alors de donner l’impression de suivre Nicolas Sarkozy et de voir sa popularité baisser auprès des Français dans leur ensemble; soit il se dit au contraire hostile à l’exploitation du gaz de schiste, mais il risque alors de voir sa popularité baisser auprès des sympathisants UMP», estime Eric Bonnet.
- *Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français recrutés par téléphone et interrogés par Internet les 30 septembre et 1er octobre 2014. Echantillon de 1.064 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.