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  • TVL : Pierre Jovanovic, les effets dévastateurs de la planche à billet américaine.

  • Philippe Conrad : « Dominique Venner : un regard inspiré sur l’Histoire »

    En amont du premier rendez-vous public de l’Institut Iliade qui se tiendra à Paris le 25 avril prochain, nous publions le texte ci-dessous. Il s’agit de l’intervention de Philippe Conrad, historien, Directeur de La Nouvelle Revue d’Histoire (NRH), au Colloque Dominique Venner, qui se déroulait le 17 mai 2014.

    Quand j’ai fait sa connaissance au début des années 1960, rien ne semblait destiner Dominique Venner à un parcours intellectuel au long duquel l’Histoire allait prendre une place toujours plus grande. Engagé à dix-huit ans dans l’armée avant d’être entraîné très tôt dans l’action politique, il milite pour l’Algérie française et contre la politique d’abandon alors mise en œuvre par le général De Gaulle, avant de faire l’expérience de la clandestinité et d’effectuer deux longs séjours en prison pour reconstitution de ligue dissoute.

    La « critique positive » et l’expérience du terrain

    Quand se tourne la page du conflit algérien, il formule sa « critique positive » de l’échec que vient de connaître son camp et s’efforce de créer un mouvement politique porteur d’un « nationalisme » européen qu’il juge nécessaire dans le nouvel ordre du monde en train de s’établir. Les limites de l’action politique lui apparaissent toutefois rapidement et, soucieux de préserver sa pleine indépendance, il y renonce quelques années plus tard. Spécialiste des armes et amoureux de la chasse, de son histoire et de ses traditions, il va dès lors vivre de sa plume en conservant ses distances vis à vis d’un monde dans lequel il ne se reconnaît plus guère.

     

    Esprit cultivé et curieux, il est davantage tourné, à l’origine, vers la réflexion politique que vers l’histoire et le jeune militant activiste cherche surtout dans celle des grands bouleversements du XXe siècle les clés d’un présent qu’il entend transformer. L’expérience de l’action, le fait d’avoir été directement mêlé au dernier grand drame de l’histoire française que fut l’affaire algérienne lui ont toutefois fourni de multiples occasions d’observer et de juger les acteurs auxquels il s’est trouvé confronté , d’évaluer concrètement des situations complexes, d’établir le bilan des succès et des échecs rencontrés. Autant d’expériences qui se révèleront utiles ultérieurement pour apprécier des moments historiques certes différents mais dans lesquels certains ressorts fondamentaux identifiés par ailleurs demeuraient à l’œuvre.

    Cette expérience de terrain, qui fait généralement défaut aux historiens universitaires, combinée avec une exigence de rigueur et une distance suffisante avec son propre parcours, s’est révélée précieuse pour aborder certaines séquences de notre histoire contemporaine, voire des épisodes plus lointains dans le cadre desquels passions et volontés fonctionnaient à l’identique.

    L’historien spécialiste des armes et de la chasse renouvèle le genre

    Dominique Venner s’est d’abord imposé comme un spécialiste des armes individuelles et c’est en ce domaine qu’il a d’abord séduit un vaste public, en introduisant l’histoire vivante en un domaine où ses pairs limitaient leurs approches aux seules données techniques. Exploitant la grande Histoire des conflits, les aventures personnelles ou les anecdotes significatives, il sut renouveler complètement ce genre bien particulier de la production historique. Ce fut en recourant à une inspiration identique qu’il réussit, auprès d’un vaste public, à rendre à l’art de la chasse sa dimension traditionnelle. Ce fut ensuite à travers l’histoire militaire que l’ancien combattant d’Algérie, qui avait rêvé enfant de l’épopée napoléonienne, retrouva le chemin de la grande Histoire. Il y eut ainsi la collection Corps d’élite qui rencontra auprès du public un succès d’une ampleur inattendue.

    L’historien critique règle son compte à quelques mensonges bien établis…

    Aux antipodes des idées reçues et des préjugés dominants, l’ancien militant se pencha également sur la guerre de Sécession en réhabilitant, dans Le blanc soleil des vaincus, la cause des Confédérés, l’occasion de régler leur compte à quelques mensonges bien établis. En écho aux Réprouvés d’Ernst von Salomon, il y eut ensuite Baltikum, qui retraçait l’épopée des corps francs allemands engagés contre les révolutionnaires spartakistes, puis contre les bolcheviks russes en Courlande et en Livonie.

    L’intérêt porté à l’histoire de la révolution communiste – la Critique positive de 1962 avait été comparée par certains au Que faire de Lénine – conduit ensuite cet observateur des temps troublés nés de la première guerre mondiale et de la révolution soviétique à se pencher sur la genèse de l’Armée rouge. Il collabore entre temps, avec son ami et complice Jean Mabire, à Historia, la revue du grand public amateur d’Histoire, que dirige alors François-Xavier de Vivie. D’autres travaux suivront. Une Histoire critique de la Résistance, une Histoire de la Collaboration qui demeure l’ouvrage le plus complet et le plus impartial sur la question, Les Blancs et les Rouges. Histoire de la guerre civile russe, une Histoire du terrorisme. Après Le cœur rebelle, une autobiographie dans laquelle il revient sur ses années de jeunesse et d’engagement, il réalise un De Gaulle. La grandeur et le néant.

    L’historien méditatif et de la longue durée

    Au cours des dix dernières années de sa vie et alors qu’il dirige la Nouvelle Revue d’Histoire – créée en 2002 pour succéder à Enquête sur l’Histoire disparue trois ans plus tôt – il oriente ses réflexions vers la longue durée et s’efforce de penser la genèse de l’identité européenne et les destinées de notre civilisation à travers des ouvrages tels que Histoire et tradition des Européens, Le siècle de 1914 ou Le choc de l’Histoire.

    Dominique Venner n’était pas un historien « académique » et n’a jamais prétendu l’être mais son insatiable curiosité et l’ampleur du travail de documentation auquel il s’astreignait lui ont permis d’ouvrir des pistes de réflexion nouvelles et de porter un regard original sur la plupart des sujets qu’il a abordés. D’abord tourné vers l’histoire contemporaine – de la Guerre de Sécession aux années quarante en passant par la révolution russe ou les diverses formes que prit le « fascisme » – il a mesuré ensuite le poids de la longue durée en se tournant vers les sources gréco-romaines, celtiques ou germaniques de l’Europe.

    Il a ainsi trouvé chez Homère une œuvre fondatrice de la tradition européenne telle qu’il la ressentait. Contre l’image largement admise d’une Antiquité unissant l’Orient et la Méditerranée, il distinguait l’existence d’un monde « boréen » dont l’unité profonde, révélée par les études indo-européennes, lui paraissait plus évidente. Il entretenait avec la culture antique, entendue comme allant du IIème millénaire avant J-C au IVe siècle de notre ère, une proximité qu’il entretenait à travers ses contacts et ses échanges avec des auteurs tels que Lucien Jerphagnon, Pierre Hadot, Yann Le Bohec ou Jean-Louis Voisin.

    Cette approche de la longue durée faisait qu’il inscrivait sa réflexion dans le cadre d’une civilisation européenne antérieure à l’affirmation des Etats nationaux et appelée éventuellement à leur survivre. Contre l’Etat administratif tel qu’il s’est imposé avec Richelieu et Louis XIV, ce « cœur rebelle » rêvait de ce qu’aurait pu être, à la manière du « devoir de révolte » qui s’exprimait dans les frondes nobiliaires, une société aristocratique maintenant les valeurs traditionnelles d’honneur et de service face à celles, utilitaires, portées par l’individualisme et par la bourgeoisie. Il mesurait enfin combien la rupture engendrée par les Lumières et la Révolution française avait conforté la « modernité » apparue en amont, au point de conduire aux impasses contemporaines et à la fin de cycle à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés.

    Le visionnaire inspiré de la renaissance européenne

    Contre les lectures canoniques, sottement engendrées par l’optimisme progressiste, de ce que fut en réalité le « sombre XXe siècle », il évaluait l’ampleur de la catastrophe survenue en 1914, point de départ de la suicidaire « guerre de trente ans » européenne. Générateur du chaos que l’on sait et de l’effacement de ce qui avait constitué cinq siècles durant, pour reprendre le mot de Valéry, « la partie précieuse de l’Humanité », cet effondrement de la « vieille Europe » n’avait cependant, selon Dominique Venner, rien de fatal.

    La part d’imprévu que recèle le cours de l’Histoire, tout comme la volonté et le courage de générations capables de renouer avec leur identité faisaient, selon lui, que l’actuelle « dormition » de l’Europe n’était pas, dans le nouvel ordre du monde en train de s’établir, le prélude à sa disparition.

    Intimement pénétré de la dimension tragique de l’Histoire, l’auteur du Cœur rebelledemeurait convaincu que les seuls combats perdus sont ceux que l’on refuse de livrer. Contre les prophètes ahuris d’une mondialisation heureuse qui vire au cauchemar, les nombreux signaux qui s’allument en Europe et en Russie montrent, en lui donnant raison, que l’avenir n’est écrit nulle part et que les idées et les sentiments qui se sont imposés depuis les années soixante sont en passe de rejoindre les poubelles de l’Histoire. Attaché à sa liberté d’esprit et plaidant pour la lucidité nécessaire à l’historien, Dominique Venner apparaît ainsi, un an après sa disparition, comme le visionnaire inspiré d’une renaissance européenne toujours incertaine mais que l’on peut considérer aujourd’hui comme une alternative vitale au processus mortifère engagé depuis près d’un demi-siècle.

    Philippe Conrad

    Sourceinstitut-iliade.com

    http://fr.novopress.info/183757/philippe-conrad-dominique-venner-regard-inspire-lhistoire/

  • 73% des habitants satisfaits par leurs maires FN

    A la lecture de cette enquête, on comprend mieux la panique générale qui s'empare de la classe politique à l'approche des élections départementales :

    "73 % des habitants sondés dans dix villes “frontistes” (Beaucaire, Béziers, Cogolin, Fréjus, Hayange, Hénin-Beaumont, Le Luc, Le Pontet, Mantes-la-Ville et Villers-Cotterêts) se disent satisfaits de l'action de la municipalité depuis les élections municipales de mars 2014. Un chiffre qui est même supérieur à celui des villes de taille comparable gérées par d'autres partis que le FN : 66 %. Seuls 9 % sont très mécontents.

    Les personnes interrogées donnent un satisfecit à l'action menée sur des thématiques comme la propreté (77 %) ou la sécurité (73 %). Les administrés sondés estiment que l'argent public est bien utilisé à 72 %, quand ils ne sont que 59 % à le penser dans des villes de même taille tenues par des maires d'autres partis."

    Philippe Carhon

  • Manuel Valls, ou l’histrionisme dictatorial

    C’est la fonction même de Premier ministre qui est ridiculisée. Manuel Valls hurle comme un enfant roi, semble perdre le contrôle dans une Assemblée nationale devenue scène de théâtre d’une pitoyable bouffonnerie.

    C’est la fonction même de Premier ministre qui est ridiculisée. Manuel Valls hurle comme un enfant roi, semble perdre le contrôle dans une Assemblée nationale devenue scène de théâtre d’une pitoyable bouffonnerie. « Jusqu’au bout je mènerai campagne pour vous stigmatiser et pour dire que vous n’êtes ni la République ni la France », s’époumone-t-il face à Marion Maréchal-Le Pen, qui lui reprochait à juste titre ses attaques outrancières à l’encontre du Front national. Depuis quand est-ce à un chef de gouvernement de « mener campagne » aux élections locales et de « stigmatiser » un parti adverse ?

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  • L’UMP Yves d’Amécourt prêt à faire alliance avec le Parti Communiste

    L’hystérie Front National n’atteint pas que Manuel Valls, elle infecte un certains nombre de candidats UMP. Après Nicolas Sarkozy qui avait prévenu qu’il exclurait toute personne faisant un accord avec le FN, voilà qu’un proche d’Alain Juppé, Yves d’Amécourt, assure qu’il est prêt à faire alliance avec la Parti Communiste contre le FN !

    Le maire de Sauveterre-de-Guyenne est prêt à tout pour faire barrage au Front National : « tous les candidats de Gironde Positive, et c’est un des points qui nous unissent, ont signé une charte précisant que nous voterons contre le FN et que nous ne ferons pas d’alliance avec les élus FN dans l’hémicycle, y compris pour l’élection du président du conseil départemental ». Au mois, les électeurs qui étaient tentés de voter pour l’UMPS sont prévenus !

    Et de rajouter : « J’ai précisé qu’en cas de deuxième tour, nous appellerions même à voter pour un communiste. Le PC et les gaullistes ont en effet une histoire commune, celle de la guerre et de la Résistance, et je ne mettrai pas une pince à linge sur le nez pour voter communiste ». Et sinon, les millions de morts du communisme, le respect du pacte de non agression du PCF avec l’Allemagne Nazi, c’est aussi une « valeur » que partage Yves d’Amécourt avec le Parti Communiste ? Et sinon, qu’en dit Nicolas Sarkozy ?

    Le Front National a vraiment un boulevard devant lui !

    http://www.medias-presse.info/lump-yves-damecourt-pret-a-faire-alliance-avec-le-parti-communiste/27498

  • Crimée : «Je préférerais être en prison que travailler pour des fascistes»

    Le procureur général de Crimée, Natalia Poklonskaïa, a déclaré que les responsables du service ukrainien de mise en application des lois l’ont menacée de prison et de mort si elle acceptait le poste, mais ils ne sont pas parvenus à l’intimider.

    «Les agents du Parquet ukrainien me contactaient et me menaçaient en déclarant qu’ils me mettraient en prison, qu’ils me tueraient, me mettraient en pièces», a reconnu Natalia Poklonskaïa dans une interview à l’agence TASS un an après sa nomination. Le Conseil suprême de la République de  a nommé Natalia Poklonskaïa au poste de procureur général le 11 mars 2014.

    «Ils ont dit ouvertement et directement que si je quittais le bureau du procureur général à ce moment-là, ils le percevraient comme une décision volontaire pour arrêter les activités criminelles. Ils ont ajouté qu’un camion avec un groupe d'élite était en route pour m’arrêter et qu’ils allaient me jeter en prison», a-t-elle annoncé aux journalistes. «J’ai répondu que je préférerais être en prison que travailler pour des fascistes», a-t-elle poursuivi.

    En savoir plus : Poutine : la Russie n’a pas pu laisser la Crimée et ses habitants aux mains nationalistes (VIDEO)

    Le procureur général a aussi révélé les détails non divulgués de sa nomination à ce poste, déclarant qu’elle avait reçu une proposition du Premier ministre de la Crimée Sergueï Aksionov qui la connaissait depuis quelques jours seulement. Le Conseil de la Crimée avait d’abord approuvé la nomination d’un autre candidat à ce poste, mais ce dernier l’a refusée au dernier moment.

    Elle a ajouté que quand le Premier ministre lui a dit qu’il était nécessaire d’occuper le poste de procureur général de la Crimée, elle a répondu qu’elle ferait tout ce que la population de la République exigeait d’elle, de devenir procureur général ou de simplement préparer des bulletins de vote.

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  • Le crime de Jean-Claude Michéa

    La gauche a congédié le peuple 
    Le fossé qui sépare désormais la gauche et le peuple a fait l’objet ces dernières années de nombreux travaux (notamment de la part de Vincent Coussedière, Pierre Sansot, Laurent Bouvet et Christine Guilluy, Gaël Brustier, etc.). « Ce peuple, dont elle louait autrefois l’instinct révolutionnaire, la gauche dominante le caricature maintenant en ‘beauf’ réactionnaire et raciste, condamnant son conservatisme étroit et son attachement à de vieux principes moraux qui le qui le rendent rétif au nouvel esprit du capitalisme ». En dépit des apparences, il en va de même ainsi d’un Jean-Luc Mélenchon, chez qui le peuple « ressemble davantage à un regroupement de victimes d’opprimés aux contours assez flous qu’au prolétariat révolutionnaire des marxistes ou à ces masses laborieuses que prétendait autrefois défendre le parti communiste français », comme en témoignage sa conception irénique des problèmes de l’immigration. 
         La gauche a congédié le peuple en même temps qu’elle a abandonné sa volonté de changement social et qu’elle est soumise à la logique libérale, ce qui l’a conduite à faire sienne l’idée qu’il n’y a au fond pas d’alternative à l’expansion illimitée du capitalisme et à la mise en place d’une société de marché. Cette double dérive doit s’analyser dialectiquement, car chacune de ses orientations est à la fois cause et conséquence de l’autre. L’originalité et le mérite de Michéa ont été d’en donner une explication qui ne se ramène pas à des questions de conjoncture ou à une simple montée du « réformisme » : il faut plutôt y voir l’ultime aboutissement (et la conséquence logique) d’une contradiction interne de la gauche résultant de son inspiration duale : d’un côté la défense des classes populaires héritée du mouvement ouvrier, de l’autre celle du « progressisme », en clair de l’idéologie du progrès hérité des Lumières, dont se réclament aussi les libéraux. 
         Le socialisme ouvrier est né d’une opposition à la modernité qui a généralisé l’exploitation du travail salarié, la destruction des structures traditionnelles et l’atomisation de la société, alors que la philosophie des Lumières (décrite par Engels comme le « règne idéalisé de la bourgeoisie ») a été à la pointe de cette même modernité, en s’affirmant d’emblée comme « parti du changement » militant pour un progrès posé comme intrinsèquement « émancipateur ». L’alliance du socialisme ouvrier et de la gauche progressiste s’est nouée, comme l’a très bien montré Michéa, au moment de l’affaire Dreyfus, lorsqu’il fallait faire front commun contre une droite cléricale et réactionnaire adepte de « l’alliance du Trône et de l’Autel ». Or, cette droite-là a aujourd’hui quasiment disparu, puisqu’elle a été submergée par la droite libérale, dont les présupposés idéologiques sont les mêmes que ceux de la gauche. Lorsque Jacques Julliard écrit : « A gauche, le libéralisme moral et la réglementation économique ; à droite la réglementation morale et le libéralisme économique. C’est sur cette espèce de Yalta culturel que fonctionne encore l’opposition gauche-droite », il fait en effet preuve d’anachronisme. Il y a belle lurette que « la droite » a renoncé à toute velléité de « réglementation morale » et que « la gauche » s’est ralliée à l’économie libre-échangiste d’inspiration libérale. 
    Un clivage droite-gauche mystificateur 
    Les circonstances qui avaient provoqué l’alliance des socialistes et de la gauche progressiste ayant disparu, l’équivoque inhérente à cette alliance apparaît du même coup au grand jour et permet de comprendre les causes profondes de la dérive libérale de la gauche. L’alliance entre socialistes et progressistes a aujourd’hui « épuisé toutes ses vertus » positives, dit Michéa. Privé de son ancien ennemi, la droite réactionnaire, la gauche s’est lancée dans une fuite en avant pour concurrencer la droite libérale sur le terrain de la modernité et de la modernisation (c’est-à-dire de l’éradication du « monde d’avant »). D’où son ralliement à la société gouvernée par la dyade de l’économie de marché et de l’idéologie des droits de l’homme, c’est-à-dire par l’idée qu’on peut parvenir au « vivre-ensemble » par le simple jeu de la confrontation des intérêts et d’un droit procédural abstrait. A la lutte des classes et à la dénonciation des inégalités sociales s’est substituée une lutte contre-toutes-les-discriminations qui prétend avant tout, en bonne logique progressiste, en finir avec les « archaïsmes » au nom du « pourtoussisme ». D’où l’observation lapidaire de Michéa : « Le socialisme est, par définition, incompatible avec l’exploitation capitaliste, la gauche, hélas, non ». Dans ces conditions, le socialisme ne peut plus, sans cesser d’être lui-même, se fonder sur un héritage philosophique commun à la « gauche » et à un libéralisme qui reste aujourd’hui son ennemi principal, dans la mesure où le primat de l’individualisme « rationnel » (calculateur) antagonise au premier chef tout ce qui est de l’ordre du collectif et du commun. 
         Dès lors que « la gauche et la droite s’accordent pour considérer l’économie capitaliste comme l’horizon indépassable de notre temps », il est bien évident, par ailleurs, que le clivage gauche-droite n’a plus aucun sens et que, corrélativement, la question des alliances de classes se pose d’une façon nouvelle. C’est la raison pour laquelle Michéa n’hésite pas à dire, après Pier Paolo Pasolini, Cornelius Castoriadis, Christopher Lasch et bien d’autres, que le clivage gauche-droite est aujourd’hui devenu obsolète et mystificateur. Marx, rappelle-t-il au passage, ne s’est jamais référé à l’opposition de la gauche et de la droite (pas plus qu’il ne se définissait lui-même comme un homme « de gauche » !), mais à la lutte des classes. Ajoutons qu’il n’opposait même pas l’égalité à l’inégalité, mais appelait à passer du « royaume de la nécessité » à celui de la « liberté »... Le seul clivage qui vaille désormais n’oppose plus la gauche à la droite, mais les partisans (d’où qu’ils viennent) et les adversaires (d’où qu’ils viennent) du capitalisme mondialisé comme système d’emprise et de déshumanisation totale – clivage que nous avions nous-même décrit naguère comme l’opposition du « centre » et de la « périphérie ». Un tel clivage implique une critique conjointe des élites « de droite » et « de gauche » dont, au-delà des divisions partisanes, les intérêts convergents se fondent sur une solidarité de classe. Il fallait avoir le courage de le dire. C’est ce que Michéa a fait, et c’est également ce qu’on ne lui pardonne pas. 
    Eléments n°149, octobre-décembre 2013