Mouton néo-zélandais, bœuf britannique ou hollandais, porc allemand, canard de Bulgarie mais aussi ail d’Argentine, fruits en provenance d’Italie, du Chili, d’Espagne ou du Kenya… Que reste-t-il dans nos assiettes du made in France en faveur duquel notre gouvernement clame son engagement ? Aux actions coup de poing menées ces dernières semaines par nos éleveurs étranglés, s’ajoute le désespoir de nos maraîchers et plus globalement de nos agriculteurs, acculés à la ruine et dans les rangs desquels on assiste ces dernières années à une épidémie de suicide sans précédent. Dans deux entretiens parus dans Le Figaro au mois de juillet, le célèbre journaliste et critique gastronomique Périco Légasse, a poussé un véritable cri d’alarme, faisant écho au discours et aux avertissements énoncés par le FN. «La part des produits en provenance de l’étranger ne cesse de croître, payés à des tarifs avec lesquels l’élevage français ne peut entrer en compétition » note-t-il. « Quant à la viande française, issue du plus bas de la gamme, elle est payée à des tarifs si bas que les éleveurs vendent à perte (…). La puissance financière de la grande distribution et sa collusion avec la classe politique conduisent au massacre économique et social que l’on constate quotidiennement. (…) Les céréaliers sont touchés par la même crise que celle qui affecte les éleveurs. Ils ont perdu 30 à 40% du prix d’achat de leurs produits entre 2012 et 2014. De nombreux céréaliers sont dans une situation catastrophique. Aujourd’hui (…) le libéralisme à outrance et la déréglementation du marché contribuent à la précarisation des professionnels du secteur ».
François Hollande fait mine à son tour de découvrir une situation dramatique qui existe depuis des années. Elle contraint les gouvernements successifs de notre Etat en faillite à sortir à chaque fois de leur chapeau des aides d’urgence qui ne résolvent rien sur le fond et ne permettent que de retarder, pour quelques uns, l’échéance du désastre.
Périco Lagasse pointe aussi l’hypocrisie et/ou l’inconséquence du chef de l’Etat qui affirme voler au secours de nos terroirs alors que « c’est lui qui a nommé à Bercy l’ancien rapporteur du projet Attali prescrivant l’installation des enseignes de la grande distribution dans les cœurs de ville, cause de la disparition rapide de ce qui restait du petit commerce de proximité. Il est donc solidaire de ce système. (Emmanuel) Macron est le génie du libéral-socialisme qui va transformer la France en supermarché. Et maintenant on leur dit: Eh les mecs, faut pas trop écraser la gueule des paysans, sans ça ils font des barrages sur les routes. En fait, la grande distribution fascine M. Hollande, comme tous les phénomènes auxquels on peut ajouter le concept pour tous. Là c’est la malbouffe pour tous».
Il met aussi très justement en garde contre les conséquences du marché transatlantique : « Si ce fameux TAFTA est signé tel que José Manuel Barroso et Jean-Claude Juncker l’ont conçu, ce sera tout simplement la fin des spécificités qui régissent la vie économique française depuis la Deuxième guerre mondiale et surtout la fin des normes qui permettent à l’agriculture française de se distinguer par la mise en valeur de son patrimoine qualitatif et par la préservation de ses origines. »
Derrière les chiffres, les statistiques, les analyses note Bruno Gollnisch, ce sont des drames humains, des familles brisées, des destins à terre, l’investissement de toute une vie ou de plusieurs générations qui est réduit à néant. Aujourd’hui 22 000 exploitations agricoles sont menacées de disparaitre, soit environ 100 000 personnes qui peuvent se retrouver sans emploi. Et ce, sous les coups de l’ultra libre échangisme bruxellois, en raison de l’idéologie sans-frontiériste, anti-protectionniste. Mais aussi de charges sociales et de taxes insupportables –beaucoup moins importantes chez nos voisins européens et concurrents immédiats- dont les gouvernements français accablent nos entrepreneurs, artisans et commerçants, comme nos éleveurs et agriculteurs .
Or, comme le note M. Lagasse, « les salaires agricoles français sont déjà au plus bas et ne permettent plus aux agriculteurs de vivre. Le paysan français veut vivre de son travail ». Mais la concurrence libre et non faussée , la libre circulation des personnes et des biens au sein de l’UE a été instaurée sans harmonisation fiscale et sociale préalable. D’où la disparité très grande des charges salariales et des coûts de production.
Si l’on ajoute à cela l’absence de barrières douanières efficaces, le refus de tout protectionnisme intelligent c’est la liberté du renard dans le poulailler qui sévit puisque on ne pourra bien évidemment pas lutter face à la concurrence de pays étrangers non européens où les coûts salariaux sont faibles…Sans même parler de la Pologne dont le smic est inférieur à 410 euros, de l’Allemagne dont les élevages porcins, entre autres, emploient des travailleurs des pays de l’Est pour de salaires de misère; de l’Espagne, dont les charges salariales sont trois fois moins élevées qu’en France…
Quant aux mâles déclarations du président de la République, du Premier ministre Manuel Valls, du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll appelant les consommateurs à la préférence nationale (horresco referens ! mais elle est tolérée ici pour nos produits pas pour les travailleurs Français…) en mangeant français…elles se heurtent une nouvelle fois aux diktats bruxellois. Il faut en effet rappeler que l’UE interdit aux collectivités locales et aux administrations de faire preuve de patriotisme économique : au nom de la liberté du commerce il leur est interdit dans leurs appels d’offres de privilégier les producteurs français… Le « nationalisme de la fourchette » est lui aussi prohibé.
Autre sujet tabou, la situation de l’agriculture française s’est aggravée également du fait du blocus de la Russie exigé par les Etats-Unis dans le cadre du dossier ukrainien, et exécuté le petit doigt sur la couture du pantalon par l’Europe de Bruxelles. Sanctions européennes contre la Russie qui ont entraîné en toute logique une riposte du gouvernement de Vladimir Poutine qui s’est traduite par un embargo sur les produits européens, notamment les produits agricoles français.
Le Bulletin d’André Noël l’a notamment évoqué, « le marché de l’exportation vers la Russie de porcs français vivants, d’abats et de graisse de porc se montait à 100 millions d’euros. Avec l’embargo, les producteurs de porcs ont perdu un marché particulièrement lucratif. Selon le comité régional porcin de Bretagne, cet embargo coûte en moyenne 70 000 € par an à un éleveur moyen. Même chose pour le lait et ses produits dérivés : fromages, beurre, crème… »
« Sans vouloir être alarmiste, je suis très inquiet de la fin de l’année dans nos entreprises. Le pouvoir est sourd mais la campagne gronde » affirmait encore Périco Lagasse dans Le Figaro. Il est clairement évident qu’il est temps d’en finir avec ce Système à bout de souffle, le parti de l’étranger au pouvoir, cette Europe folle.
Nous sommes à la fin d’un cycle, l’arrivée au pouvoir du Front National, des idées nationales dont il est porteur, est plus que jamais une ardente nécessité. Faute de quoi la France roulera dans le gouffre car si « un peuple qui tombe s’accroche à un serpent » écrivait l’excellent historien Pierre Gaxotte, il lui arrive aussi de saisir, mû par l’instinct de survie et un éclair de lucidité, la main ferme qui le tirera du précipice.
Nombre de fois, au cours de sa longue histoire, notre pays a failli disparaître. Si la providence s’attache au destin de la France, c’est encore une fois sur leur propre force et leur propre volonté que les Français doivent compter pour donner un avenir à leurs enfants. Aide toi le ciel t’aidera.
http://gollnisch.com/2015/08/05/le-nationalisme-de-la-fourchette-un-imperatif/