De toute évidence Hollande est désorienté. Il vient de se rendre à Moscou pour y quémander l'aide et la compréhension du président Poutine mais avec guère plus de panache que la chancelière Merkel dans son exercice de lèche-babouches du sultan Erdogan en son palais de Yildiz le 18 octobre dernier. Depuis, les commissaires politiques bruxellois épaulés des chefs d'État et de gouvernement des Vingt-huit ont fait encore plus fort et sont venus à Bruxelles offrir la tête décrépite de l'Europe sur un plateau d'argent... d'une valeur de trois milliards, à un Davutoglu aussi sardonique qu'hilare(1)
À Bruxelles les 28 procèdent à un exercice approfondi de lèche-babouches
Un sommet en grande pompe qui avait pour but de fêter le sinistre couple Erdogan-Davutoglu, lequel couple venait tout juste, avec un cynisme sans pareil, en violation de toutes les lois de la civilité et de la guerre, d'abattre un appareil de la Fédération de Russie. L'Europe, ou ce qui prétend la représenter, a donc avalisé un authentique acte d'agression sournoise et s'est couchée dans l'espoir imbécile que le Turc noir tarira le flot de migrants dont il nous inonde(2). Autre forme d'une guerre non déclarée, mais bien réelle, que l'islamisme turc - celui des Frères musulmans protégés de la Maison-Blanche(3) - a lancé à l'assaut de nos démocraties moribondes.
L’affaire gravissime Soukhoï-24
Pendant ce temps le général Viktor Bondarev, chef d'état-major de l'armée de l'Air russe, vient de rendre public à Moscou, au cours d'une conférence de presse, des éléments qui ne laissent plus subsister aucune doute : l'aviation turque avait été informée du plan de vol du bombardier russe à géométrie variable, Soukhoï-24, le 24 novembre [voltairenet.org29nov.15]. Ceci en vertu des accords de coordination militaire passés avec l'état-major américain, et avait ainsi, de toute évidence, reçu des instructions lui permettant de se prépositionner pour abattre l'aéronef(4). Sachant que le Premier ministre turc revendique et se vante haut et fort d'avoir personnellement donné l'ordre de tir contre un appareil qui aurait, au mieux, traversé pendant dix-sept secondes l'espace aérien de la sérénissime République khazar [www.wsws.org27nov15]. Au pays des anciens ottomans le temps devient très élastique, reste qu'Ankara ne serait certainement pas aussi arrogante si elle ne s'adossait à une Union européenne confite en abjection.
Des mots qui n'ont rien d'excessifs si l'on garde à l'esprit que l'enjeu de tout ce désordre est la guerre universelle. Ce pourquoi tant de monde, et des plus huppés, s'est précipité à la conférence du Bourget, la Cop 21, non pour y parler de réchauffement climatique mais pour s'informer des risques d'embrasement général au Proche-Orient. Ajoutons - pour faire preuve d'un surcroît de mauvais esprit - qu'il devient in fine loisible d'imaginer, voire de supposer, que les coordonnées de vol des Russes aient été sciemment transmises à Incirlik(5) via Ankara afin que les Turcs envoient un « signal fort » au Kremlin, ceci, pourquoi pas, sur incitation directe du Pentagone. Donc un acte pesé et prémédité à charge des fauteurs de guerre d'ici et de là-bas.
C'est dire qu'à ce stade de tension et d'actions offensives, la guerre non déclarée entre l'Est et l'Ouest fait déjà rage... tout en demeurant toutefois hors du champ des écrans radars auxquels les opinions publics ont accès via les médias dits professionnels. Signalons qu'Erdogan et son Premier ministre Davutoglu, le 30 novembre, avec le toupet d'enfer qui les caractérise, ont catégoriquement refusé de présenter quelque excuse que ce soit à la Russie, mentant, truquant, falsifiant de façon éhontée, niant toute responsabilité dans l'incident à l'instar de l'emblématique loup de la fable. En faisant passer les Russes du statut d'agressés à celui d'agresseurs, le binôme turc, quoique tout à fait expert en inversion accusatoire, prend néanmoins les peuples européens pour plus demeurés qu'ils ne sont. Ils ne devraient en fin de compte pas l'emporter au paradis.
L'Europe paillasson
Tout cela serait sans doute consternant, et peut-être risible, si ce Monsieur Erdogan n'était venu pavoiser à Bruxelles où des dirigeants paillassons ne a plus quoi inventer pour lui complaire... par exemple en l'assurant de leur soutien, militaire et autre. Il est vrai que l'Union européenne est elle aussi en guerre - non officiellement déclarée - avec la Fédération de Russie, à la fois sur le front ukrainien (un instant oublié mais où les feux de la guerre se rallument actuellement) et sur le front des sanctions économiques, financières et politiques. À telle enseigne que pour le Danemark l'urgence n'est pas le contre-terrorisme en général, ni la chasse aux pirates en Mer Rouge devant les côtes somaliennes, mais de contrer « la menace russe ». Pour ce faire, d'après le quotidien Jyllands-Posten, Copenhague va déployer son navire l’amiral Absalon au large des côtes turques comme « résultat direct d’un regain d'activité de la Russie en Syrie ». L'on reste abasourdi par l'expression ahurissante d'une telle schizophrénie politique ! Par suite, il faut comprendre que pour le gouvernement danois, la menace ne provient pas de ceux qui sèment la terreur de Bagdad à Bamako via paris - même si les exécutants ne sont pas, et de loin, les commanditaires - mais de ceux qui les (combattent avec quelque efficacité let succès depuis le 30 septembre [sputniknews.com30nov15] !
On croit rêver, ou plutôt cauchemarder. D'autant que les Européens de souche semblent - pour l'instant - tolérer sans réagir cette inversion du pôle géopolitique et moral. Certes les Danois excipent pu fait qu'ils doivent faire montre de "solidarité" à l'égard d'Ankara exposée « aux violations par la Russie de son espace aérien et au déploiement de ses systèmes de missiles en Syrie ». Remarquons en passant - et cela, ni le tribunal de histoire ni celui des hommes ne devront l’oublier - que le déploiement de systèmes sol-air hypersoniques [Mach 6,2] russes S-400 Triumph en Syrie a suivi la destruction du Su-24 et non l’inverse. Ankara appelle donc au secours pour se prémunir contre les conséquences de ses crimes de guerre.
Et l’Union européenne, plus abrutie et veule que jamais, donne à la Turquie quitus de ses fautes et plus encore, s'engage aux côtés des islamo-kémalistes turcs qui n'ont d'autre ambition - à peine voilée - que de reprendre la conquête de l'Europe abandonnée le 12 septembre 1683 avec l'échec du siège de Vienne ! Autant dire hier. Projet pourtant en cours d'exécution avec l'envoi de vagues successives de colonisation. Cela au méchant prétexte de sauver ceux qui fuient des guerres allumées et entretenues par cet Otan dont se prévaut Erdogan afin de pousser en première ligne les forces résiduelles de l'Union, cette entité faillie. Toujours selon le support danois Jyllands-Posten, d'autres pays de l'Otan pourraient d'ailleurs répondre également et positivement aux demandes d'aide militaire de la Turquie : l'annonce devait en être faite lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'Otan à Bruxelles, les 1er et 2 décembre 2015.
Verticalité de la montée en puissance des menaces
En dernière heure, Ankara aurait discrètement commencé à bloquer les Détroits pour interdire à la Flotte russe de la Mer Noire de gagner les eaux de la Méditerranée orientale [dnipress.com30nov15]. Cela signifie l'arrêt, ou le ralentissement, des approvisionnements des forces russes combattant en Syrie. Bien entendu Ankara ne manquera pas d'exciper de la Convention de Montreux (1936) sur le franchissement des détroits - notamment en temps de guerre - et d'en faire une interprétation allant dans le sens de ses sordides intérêts : le président Poutine n'a-t-il pas déclaré juste avant de s'envoler pour Paris (où il est arrivé avec deux heures de retard ce qui lui a permis de ne pas serrer la pogne de Hollande et de ne pas figurer sur la photo souvenir) le 30 novembre que « le Su24 n'avait été détruit en vol que pour empêcher la Russie de détruire les convois de camions citernes grâce auxquels Daech exporte le pétrole brut dont il tire son trésor de guerre ». Une accusation grave, surtout quand l'on sait que le propre fils d'Erdogan, Bilal, serait impliqué au premier chef dans ce trafic du Sang de la Terreur.
Au demeurant la fermeture des Détroits, si elle intervenait ouvertement, ne pourrait avoir d'autre issue que militaire. « Selon le système AIS6 de suivi des mouvements de navires, le lundi 30 novembre seuls les vaisseaux turcs se déplaçaient dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles où le trafic est interrompu et où nombre de navires sont massés des deux côtés du détroit. En outre, en Mer Noire, aucun bâtiment russe en provenance de Sébastopol et de Novorossiysk en direction du Bosphore n'est actuellement en mouvement » [marinetraffic.com30nov15].
Last but not least, le bruit court que le président Poutine aurait pris le 28 novembre une ordonnance relative à la 58e armée affectée à la zone du Nord-Caucase [globalsecurity.org]. Ordonnance qui dispose du déploiement à la frontière turco-arménienne, et de la mise en ordre de bataille, de 7 000 militaires dotés de moyens de guerre électronique, de combat anti-aérien de dernière génération, de lance-roquettes multiples, de lutte contre les formations blindées, d'artillerie lourde [eutimes.net28nov15]. Dispositif qui couvre la majeure partie du territoire turc (85 %) et s'inscrit dans le cadre d'accords de défense balistique (l'équivalent du bouclier anti-missiles déployé en Europe orientale et en Mer Baltique par les États-Unis) russo-arméniens en cours de ratification par les deux parties.
C'est dire que le monde retient son souffle en espérant que les choses en resteront là. Hélas rien n'est jamais aussi sûr en ce bas monde que le pire. Pour cela nous pouvons compter sur la folie et la lâcheté du monde occidental rassemblé frileusement au Bourget autour de ces deux grandes figures et chantres de la paix mondiale que sont le nobélisé Obama et le franchouillard Hollande... avant que ceux-ci n'aillent bâfrer de concert place des Vosges, l'une des trois places royales de la capitale hexagonale.
Léon Camus. Rivarol du 3 décembre 2015
1) « Hollande n'a pas fait le poids devant Poutine » [businessbourse.com27nov15]. « Au cours d'un sommet avec l'Union européenne, la Turquie a scellé un pacte pour contenir l'afflux de migrants et a obtenu le versement de 3 milliards d'euros. À Bruxelles, ce 29 novembre, par un dimanche pluvieux, la Turquie a eu son heure de gloire : les 28 chefs d’État européens se sont réunis pour un sommet en son honneur. Du jamais vu. C'est donc avec un sourire béat que le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, est arrivé dans la capitale bruxelloise, persuadé que « ce jour historique marque un nouveau départ dans le processus d'adhésion du pays à l'Union européenne » [lepoint.fr30nov15].
2) Grosso modo cette distinction entre Turcs blancs et noirs remonte à l'ancienne organisation tribale hunnique. Les "blancs" étant la classe dirigeante (huns blancs "akhunlar" ou moutons blancs « aq qoyunlu »), les "noirs" étant le reste du peuple, le vulgum pecus, (huns noirs "ka-rahunlar" ou moutons nois, « qara qoyunlu »). De nos jours Turcs blancs désigne, mezzo voce, l'élite cosmopolite juive et donmeh dont les enfants poursuivent leurs études en Californie. On lira avec intérêt un article relatif à la « grande bourgeoisie cosmopolite turque » in <http:llcdlm.revues.org/5741>
3) « Des preuves convaincantes et presque écrasantes existent que non seulement Barack Hussein Obama, Valérie Jarrett et Hillary Clinton ont été à l'origine des Printemps arabes en soutien aux Frères musulmans, mais qu'ils ont aussi créé, financé et protègent pratiquement l'État islamique. Jarrett Bowman, née à Chiraz, en Iran, de parents afro-américains, est une militante islamo-marxiste réputée jouer un rôle déterminant à la Maison-Blanche » [israel-flash.com2mars15].
4) Dans le cadre d'un mémorandum relatif à la Syrie, signé par Moscou et Washington le 26 octobre, les Russes ont informé leurs homologues américains, 12 heures avant, de la mission des deux bombardiers Su-24. Précisant l'heure du décollage (9h40), l'altitude : 5 600 à 6 000 m et les objectifs dans les environs de Chefir, Mortlou et Zahia au nord de la Syrie, à la frontière de la région turque de Hatay. De 9h51 jusqu'à 10h11 les bombardiers Su-24 sont restés dans une zone d'attente à une altitude située entre 5 650 m et 5 800 m au sud de la ville syrienne d'Idlib. À 10h11, les deux bombardiers russes ont reçu les coordonnées GPS des cibles et effectuent un premier passage à la verticale de l'objectif à 10h16 en larguant leurs premières bombes. Après avoir effectué la manœuvre pour revenir sur sa cible, l'un des bombardiers est frappé à 10h24 par un missile air-air tiré depuis un F-16 turc [voltaire-net.org29nov15].
5)Base aérienne stratégique turque de l'Otan (proche de la ville d'Adana) à partir de laquelle les forces américaines conduisent leurs opérations contre l'État islamique. En contradiction avec le Traité international de non-prolifération, la base d'Incirlik abriterait un nombre indéterminé de têtes et de vecteurs nucléaires.
On peut observer en temps réel l'évolution du trafic maritime à travers les Dardanelles et le Bosphore sur <http://wwwmarinetraffic.com/en/ais/home/centerx:26/centery:40/zoom:9>.