À défaut d’être roi, il se veut faiseur de roi. À défaut de Juppé, il fait de Macron son prince.
Le 15 janvier, François Bayrou confiait au JDD : « J’ai trois portes devant moi et je n’en ferme aucune : soutenir François Fillon, rejoindre Emmanuel Macron, être candidat. » Depuis, il a fermé la porte Fillon : pas question de soutenir un candidat sali dans le Penelopegate.
Il ne lui restait donc plus que deux choix : soutenir Macron ou se présenter lui-même pour la quatrième fois. Jean Lassalle, qui le connaît bien, était persuadé qu’il serait candidat : « C’est dans son ADN. Il veut être président de la République, il sera candidat et moi aussi », avait-il déclaré sur i>Télé.
Ce mercredi, François Bayrou a rompu le suspense. Il a décidé d’offrir une alliance à Emmanuel Macron. Il pose ses conditions : une véritable alternance, une loi de moralisation de la vie publique, une séparation de la politique et de l’argent, une représentation à l’Assemblée de toutes les sensibilités politiques.
Pourtant, il recevait de nombreuses pressions pour se présenter. Mais devant la gravité de la situation, il estime devoir faire un « geste d’abnégation » qui est aussi « un geste d’espoir ». Il fait passer l’intérêt de la France avant le sien. Il se sacrifie ! Avec Macron, il va pouvoir réaliser par procuration ce dont il rêve depuis tant d’années : « le projet de dépassement des clivages ».
L’objectif de François Bayrou est donc clair. N’ayant aucune chance d’être lui-même dans le couplé final, il décide de peser sur l’ordre d’arrivée. Il rejoint donc le camp d’Emmanuel Macron où, pense-t-il, il se trouvera en meilleure compagnie qu’à droite.
Il se met en marche.D’aucuns jugeront que, finalement, il manifeste une certaine cohérence. En 2012, il avait appelé à voter François Hollande. Cette attirance pour Macron est cependant récente. En septembre 2016, il l’avait accusé d’être le candidat de la finance : « Il y a la séparation de l’Église et de l’État. Moi, je suis pour la séparation de l’État et de l’argent », lançait-il.
Mais c’était avant la primaire de la droite et du centre, quand son ami Alain Juppé était le favori des sondages. Aujourd’hui, il a choisi Emmanuel Macron. Il révèle, ainsi, une facette de sa personnalité qui n’est pas la plus sympathique : son opportunisme dissimulé derrière de bonnes intentions. « Voilà un beau fruit de la direction d’intention », pourrait lui dire Pascal, qu’il a certainement lu.
À défaut d’être roi, il se veut faiseur de roi. À défaut de Juppé, il fait de Macron son prince.
Le benjamin des candidats n’a pas mis longtemps à accepter cette alliance. Lui qui veut incarner le renouveau, qui revendiquait hier « l’immaturité et la jeunesse politique », reçoit, en l’occurrence, le soutien d’un vieux cheval de retour.
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