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Objectif : se serrer la ceinture

« Les Français dépensent trop ! » C’est le message que, dès le lendemain de son élection à la présidence de la République française, Emmanuel Macron a reçu  du président de la commission européenne Jean-Claude juncker.

Nous sommes confrontés avec la France à un problème particulier, les Français dépensent trop d'argent et ils dépensent au mauvais endroit », a déclaré, depuis Berlin où il était en visite, le patron de la Commission européenne. Avant de préciser « Les Français consacrent entre 53 % et 57 % de leur Produit intérieur brut à leurs budgets publics ; compte tenu du niveau relativement élevé de la dette, cela ne peut pas fonctionner dans la durée. » Jean-Claude Juncker a donc invité le nouveau président français à faire un geste, en engageant les réformes nécessaires.

Le propos d'un des hommes les plus influents de Bruxelles prouve très clairement que le bilan du quinquennat qui se termine, et dont François Hollande paraît si satisfait, est bien mauvais. Mais surtout il signifie que nous allons continuer dans la voie de l'austérité.

Certes, à Bruxelles, on est plutôt heureux de l'élection d'Emmanuel Macron, et pas seulement parce qu'il a battu Marine Le Pen. Le nouveau président a surtout pour lui d'être un bon petit soldat de l'Union européenne - et tant pis si cela nous a valu de sa part quelques propos tout à la fois incohérents et mensongers.

Son programme électoral prévoit ainsi une réduction des dépenses publiques de 60 milliards d'euros en cinq ans, par le biais notable de la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires. On comprend que d'aucuns, la fièvre du dimanche soir passée, commencent à faire la grimace...

Il en fait même un peu trop, au point que Jean-Claude Juncker s'est dit réservé sur son souhait de voir instituer un ministre des Finances de la zone euro. « Cela annonce une gestation très difficile, car tous les États de la zone euro ne sont pas d'accord pour que quelqu'un soit assis à Bruxelles ou ailleurs et décide, au-dessus des Parlements nationaux, de la manière dont les budgets doivent être faits », a commenté le président de la Commission européenne. En France, il y aura donc d'autant moins d'état de grâce - l'expression paraît d'ailleurs renvoyer désormais à Mathusalem... - que le commissaire européen spécialement en charge de cette question, un certain Pierre Moscovici, français et socialiste, a renchéri le lendemain, en appelant Emmanuel Macron à sortir son pays de la procédure de déficit excessif lancée à son encontre par l'Union européenne.

Bruxelles avant la France

« Nous avons, a-t-il assuré sur un ton apparemment aimable, toutes les raisons de penser que l'objectif de passer en dessous de 3%, de respecter les critères, est tout à fait tenable », expliquant que, pour cela, « la France a un effort très minime à faire ».

Bref ! Pierre Moscovici se veut bienveillant « Mon message n'est pas un message de pression, en aucun cas un message de sanction, c'est un message de confiance et de bienvenue. »

Bienvenue dans la dictature européenne, en quelque sorte ! Une dictature chère, qui plus est, car, comme tout le monde le sait, nous payons désormais plus de 44 milliards d'euros d'intérêts sur notre dette. Un système bien trop juteux, en définitive, pour l'abandonner.

On comprend que, à ce rythme, notre déficit ne fasse que se creuser (29,6 milliards fin mars), aggravant ainsi régulièrement une dette que le commun de nos concitoyens est incapable de lire du premier coup.

Berlin entend néanmoins soutenir Emmanuel Macron à son arrivée à l’Élysée. Dès le lendemain de son investiture, le nouveau président français devait d'ailleurs rendre visite à Angela Merkel.

Et le tout-puissant ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, ne cesse, depuis le 7 mai, de souligner les points de convergence de l'Allemagne avec le successeur de François Hollande, notamment sur les questions d'intégration. Reprenant une proposition du programme d'En Marche !, il a ainsi souligné la volonté allemande de créer « un Parlement de la zone euro », afin d'approfondir l'intégration européenne.

Sur ce point, l'exécutif allemand ne rencontre guère d'opposition. Martin Schulz, l'ancien président du Parlement européen, qui se présente en septembre contre Angela Merkel, se déclare, lui aussi, favorable à un projet de budget commun des pays de la zone euro.

Et même les agences de notation Moody's, Standard and Poor's et Fitch Ratings ont souligné l'aspect positif du programme du nouveau président - tout en appelant à se méfier de la capacité d'Emmanuel Macron à dégager une véritable majorité lors des élections législatives de juin, afin de dépasser le peu de crédit réel qu'il possède aujourd'hui au sein de ses propres concitoyens.

En clair, Emmanuel Macron, à défaut de relever la France, pourrait apparaître comme le sauveur d'une Union européenne en décapilotade, notamment par le manque de volonté politique de son prédécesseur.

Hugues Dalric monde&vie 18 mai 2017

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