En France, en 2017, les établissements bancaires jouent ce rôle de vampire et ponctionnent une part importante (10 à 20 %) des revenus des « pauvres ».
Une banque n’a aucun intérêt à n’avoir que des clients à hauts revenus et qui n’utilisent jamais leur découvert, car ils sont difficiles à séduire et à garder. Elle doit leur concéder des taux d’emprunt bas, leur présenter des placements qui rapportent vraiment (ils existent, mais ne sont pas rentables pour la banque). Au final, un établissement qui ne compterait que ce type d’usagers risquerait de faire faillite. Par contre, un « pauvre » à faibles revenus, qui n’arrive pas à joindre les deux bouts, qui utilise et dépasse régulièrement son découvert autorisé est une vraie mine d’or. Et, en toute logique capitaliste, les banques devraient se disputer cette clientèle et tout faire pour l’attirer, car elle les rentabilise.
En dehors des agios pour découverts autorisés (que 61 % des foyers utilisent chaque mois), les frais pour dépassement du plafond rapportent 6,5 milliards d’euros aux banques. En effet, 25 % des Français dépassent cette limite une fois par mois, dont 28 % parmi ceux qui gagnent moins de 1.500 € et 16 % de ceux dont les revenus sont compris entre 1.500 € et 3.000 €. Au-dessus de 3.000 €, 52 % rencontrent ce problème, mais une seule fois fois par an
Les coups du sort, les factures imprévues, l’incapacité à gérer le budget et à prévoir les grosses dépenses annuelles comme les impôts expliquent ces dépassements excessifs, mais surtout le phénomène s’auto-entretient. Lorsque vous avez fini de régler votre dette et les frais afférents, vous démarrez avec un reliquat bien trop faible pour finir le mois et vous serez obligé de contracter un nouveau découvert. Or, un dépassement coûte 60 € en moyenne, mais la facture s’élève à 300 € pour les plus fragiles qui ne parviennent pas à rembourser rapidement ce qu’ils doivent ; ils n’arrivent jamais à se remettre à flot.
La loi essaie de limiter les sommes demandées, mais les banques contournent les obstacles. Dès qu’un frais est plafonné, elles en augmentent ou en inventent un autre. Par exemple, on fait payer de 12 à 20 euros le courrier envoyé à cette occasion. (Un timbre coûte 0,73 € !)
Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un racket. Au Moyen Âge ou dans beaucoup de pays comme l’Inde, les usuriers saignent à blanc les pauvres. En France, en 2017, les établissements bancaires jouent ce rôle de vampire et ponctionnent une part importante (10 à 20 %) des revenus des « pauvres ».
Que faire ? Interdire le découvert, même autorisé, aux plus fragiles ? Il existe quelques banques qui fonctionnent sur ce schéma et pour cette clientèle. Elles n’ont pas de guichets et utilisent les buralistes comme intermédiaires. Mais elles ne sont pas, pour l’instant, rentables et ne le seront jamais. Ensuite, les découverts existant toujours, des usuriers, plus ou moins liés à la mafia, prendraient la place laissée vacante. Les taux exploseraient et il n’y aurait alors plus aucune protection pour les pauvres. Et le pire de tout : cette extorsion de fonds est vitale pour les banques, sinon elles feraient faillite, ruinant l’économie.