Parmi les images les plus belles et les plus suggestives de la Bible, l'une reste le plus souvent mystérieuse aux yeux des incroyants, quand elle ne suscite pas leur ironie : il s'agit de la diminution, de génération en génération, de la longévité, elle-même évidemment mythique, des patriarches. L'explication tient dans ce message, réaliste quoique macabre, de la progression du péché dans un monde coupé de la lumière divine.
On pourrait en notre temps, déceler d'autres signes, bien différents sans doute, tels que l'effrayante prolifération des actes criminels monstrueux, impunis et sanglants, à l'encontre d'enfants ou de personnes sans défense.
Mais le règne du mensonge paraît plus annonciateur encore des malheurs futurs, quand rien ne vient les corriger.
À plusieurs reprises, depuis la loi sécurité sociale de Simone Veil en 1993, et notamment Chiraquo regnante en 2004, il avait été affirmé, comme un principe intangible, on a même parlé de règle d'or, que la séparation comptable de la protection sociale et du budget de l'État demeurerait définitivement étanche. C'est même en application de cette affirmation que fut institué le principe d'un rapport annuel de la Cour des comptes remis au parlement à la veille des débats budgétaires. Le premier en date fut diffusé en septembre 1995 et il se révélait tellement désastreux que l'on crut alors possible une réforme d'ensemble de ce système que le monde nous envie mais ne copie guère.
En fait de réforme il fallut alors se contenter de son exact contraire, sous le nom de plan Juppé.
Annoncé en novembre 1995, ficelé grâce à une nième réforme de la constitution votée en février 1996, les décrets se prolongeant jusqu'en 1997, ce désastreux programme multiplia les nuisances technocratiques. Il institua notamment une médecine sans médecins, grâce au numerus clausus.
Et il mit en route une étatisation rampante de tous les protagonistes du système, désormais fonctionnarisés.
Certes, il existe encore des îlots remarquables de compétences, de dévouements, de véritables vocations, des jeunes appelés par un feu sacré, que l’on trie trop souvent, hélas, en première année sur la base de leurs capacités en mathématiques. La dégradation continue de progresser dans les couloirs de nos antichambres de la mort. L'image biblique ne se dément pas.
Or, une nouvelle réforme, présentée une fois de plus comme purement comptable, va mettre une fois de plus les organismes de prévoyance sociale sous la coupe de l'État. Celui-ci leur imposera de nouvelles exonérations mais il n'en assumera pas les coûts. Le même tour de passe passe a été ainsi imposé aux collectivités locales sans que personne n'y ait pris garde au départ.
Nos ministres intègres, Agnès Buzyn et Gérald Darmanin, pour justifier la nouvelle mesure, s'appuient sur un rapport technocratique. Le document a été rédigé, à la demande du gouvernement, par Christian Charpy et Julien Dubertret, deux hauts fonctionnaires aux carrières bien représentatives. Ces deux personnages parlent à cet égard de nouvelles solidarités : puisque l'assurance maladie, à force de déremboursements, est parvenue à se rapprocher de l'équilibre comptable, elle doit voler au secours de cet État, toujours impécunieux, mais toujours généreux avec l'argent des autres.
JG Malliarakis
http://www.insolent.fr/2018/09/nouvelles-etatisations-sur-ordonnance.html