« L’Europe appartient aux Européens », a déclaré le dalaï-lama, mercredi, en Suède, ajoutant que, s’il faut aider « un réfugié dont la vie est réellement en danger », il est souhaitable que les réfugiés, à terme, retournent chez eux « pour reconstruire leur propre pays ».
Dans la bouche de quelqu’un d’autre, ces propos auraient suscité l’indignation. Mais ils ont été tenus par le chef spirituel du bouddhisme tibétain, lui même exilé, prix Nobel de la paix en 1989. Tout au plus y verra-t-on des signes de gâtisme.
Pourtant, c’est un récidiviste. Déjà, en 2016, dans un entretien au quotidien allemand FAZ, il avait évoqué la crise migratoire en ces termes : « Quand nous regardons le visage de chaque réfugié, surtout ceux des enfants et des femmes, nous ressentons leur souffrance, et un être humain qui a de meilleures conditions de vie a la responsabilité de les aider. Mais, d’un autre côté, il y en a trop à présent ». Il précisait que « l’Europe, l’Allemagne en particulier, ne peut devenir un pays arabe, l’Allemagne est l’Allemagne ».
Ces paroles ne devraient-elles pas inspirer nos gouvernants ? Encore faut-il qu’ils se lavent de leurs préjugés, ce qui n’est pas une mince tâche. Tout homme peut être sensible à la situation des réfugiés qui ont fui leur terre parce que leur vie y était en danger et demandent l’asile dans un pays européen. Mais chacun sait que les réfugiés politiques sont minoritaires dans le flux migratoire que l’Europe connaît depuis plusieurs années.
L’Europe n’a pas vocation à accueillir le monde entier. Ceux qui y sont systématiquement favorables font preuve d’une grande naïveté ou d’un angélisme coupable : ils se donnent souvent bonne conscience en ouvrant les bras à tous les migrants et en oubliant leurs propres concitoyens dans le besoin. Mais il existe aussi des immigrationnistes qui y trouvent leur compte, soit qu’ils espèrent trouver une main-d’œuvre bon marché, soit – et ce n’est pas contradictoire – qu’ils considèrent que la nation est un modèle dépassé et que l’avenir réside dans le multiculturalisme.
Quand Macron lance à Mélenchon « On a des confrontations politiques, mais ce n’est pas mon ennemi », il ne signifie pas seulement que son principal adversaire est le Rassemblement national. Ils entretiennent aussi ensemble une forme d’internationalisme : l’admirateur de Castro et de Chávez n’a jamais rompu avec son passé trotskiste et notre Président veut mettre la France au service du mondialisme.
Le dalaï-lama a raison de rappeler que les pays européens ne doivent pas se laisser dénaturer par un excès d’immigration et que les immigrés doivent retourner chez eux pour reconstruire leur pays. Ce qui n’empêche pas la solidarité de s’exprimer. Le rôle des États européens – et de la France, en particulier – n’est pas de procéder entre eux à une répartition des migrants (en jetant l’opprobre sur les récalcitrants comme Viktor Orbán, Matteo Salvini ou Marine Le Pen), mais de mettre en œuvre une politique active d’aide au développement dans les pays d’origine.
Oui, l’Europe appartient aux Européens, l’Allemagne à l’Allemagne et la France à la France. En renonçant à ces évidences, les dirigeants concernés, non seulement affaiblissent l’Europe qu’ils prétendent construire, mais leur propre pays auquel ils ne croient plus. Mais que peut-on attendre d’un Président qui s’apprête à reconnaître que l’État français a failli en permettant le recours à la torture lors de la guerre d’Algérie, alors qu’il occulte le terrorisme perpétré par le FLN ?