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Gilets jaunes, convergence des luttes

delacroix-la-liberte-guidant-le-peuple-gros-plan-300x300.jpgLe Figaro s’en amusait,  « Il est parfois délicat de manier les citations. Surtout lorsqu’elles proviennent d’un écrivain totalement étranger à sa filiation politique. Benjamin Griveaux en a fait l’expérience la semaine dernière (au micro de France Inter) , en attribuant à l’historien résistant Marc Bloch (1886-1944) des propos de l’écrivain nationaliste Charles Maurras (1868-1952) sur le pays légal et le pays réel.»  Pays légal qui a montré encore une fois le fossé qui le sépare des préoccupations quotidiennes de nos compatriotes à travers  la campagne d’affichage initiée par la ville de Strasbourg,  dirigée par le socialiste Roland Ries. Pour faire le buzz, explique Ouest france, l’affiche en question représente le visage du président américain Donald Trump,  en partie  dissimulée par pentagramme dans lequel figure les douze étoiles de l’emblème européen, et est  ornée du slogan Cette fois je m’inscris, je vote . « Il est normal que Strasbourg, capitale européenne, joue un rôle pour que les citoyens s’inscrivent sur les listes électorales , fait valoir Jean-François Lanneluc, directeur de la communication à la mairie.. L’Europe reste une sorte de modèle à soutenir contre les tentations isolationnistes, que Trump incarne. Quand on voit comment il traite l’Europe… Le message est assumé, on a mesuré les risques, on savait que ça créerait du débat. » Lucide, M Lanneluc précise cependant qu”il «(ne croit pas)  qu’une campagne comme ça fera bouger une voix. » Nous doutons pareillement de l’efficacité  du  clip gouvernemental appelant les Français à voter pour les listes européistes aux élections de mai prochain , en  « affichant les leaders nationalistes italien Matteo Salvini et hongrois Viktor Orban comme repoussoirs. »  Une  initiative qui  « avait conduit le mouvement Générations de Benoît Hamon (ex-PS) à saisir le CSA et la Commission nationale des comptes de campagne. Générations estimait que ces clips étaient des vidéos partisanes de La République En Marche financées sur fonds publics.» M. Hamon n’est certainement pas le seul à le penser. 

Fonds publics, pour parler clair, qui sont tout simplement  l’argent de notre travail, de nos impôts  dont l’utilisation est plus que jamais contestée par nos compatriotes. Français  qui peuvent aussi s’émouvoir à juste titre de la manière dont ce gouvernement, comme les précédents,  vend  les bijoux de familles payés par des générations de contribuables –  barrages, autoroutes, aéroports…-  à des groupes étrangers   qui pratiquent comme à chaque fois une privatisation des bénéfices et   une nationalisation des pertes. La Cour des comptes vient  d’ailleurs d'épingler la cession de de l’aéroport de Toulouse-Blagnac , outil stratégique de l’Etat,  à une société chinoise;   un dossier en tout état de cause  très mal bouclé  par Emmanuel Macron quand il était ministre  de l’Economie de François Hollande.

Un sondage BVA pour RTL, publié ce matin, la veille du rassemblement des gilets jaunes demain à Paris, confirme en tout cas que le ras-le-bol,  le cri d’alarme et de désespoir, la révolte populaire qui s’expriment au travers de ce mouvement, trouvent un vaste écho chez les Français.  46% des sondés approuvent leur mode d’action - ce qui est déjà beaucoup à la lumière du matraquage médiatique pointant les débordements parfois observés -, mais plus de sept Français sur dix (72%) se reconnaissent dans les revendications des gilets jaunes, notamment les employés et ouvriers (78%), les personnes vivant en province (à 74% contre 61% pour les personnes vivant en Ile-de-France) ou en zone rurale (77%). Les personnes peu diplômées et celles qui déclarent avoir des difficultés financières à la fin du mois soutiennent le mouvement à 83% et 88% (…). Les résultats du baromètre montrent que les sympathisants de gauche (61%) - abstraction faite du PS -  de Debout la France (75%) et du Rassemblement National (67%), approuvent le mode d’action des gilets jaunes. Les sympathisants socialistes et Les Républicains le rejettent à 63% et 57%. » 

Le blogue  Les crises a relayé la lettre de Jean-Claude Michéa sur le mouvement des gilets jaunes, philosophe socialiste (anticapitaliste) qui n’est pas à proprement parlé de notre paroisse, mais un  sociologue  aux vues profondes, pourfendeur de la gauche libérale-libertaire. Ses analyses recoupent  souvent celles d’un autre antilibéral de choc mais  de droite  comme  Patrick Buisson. Michéa est  comme il se doit détesté par les bas de plafond de l’ultra gauche, et autres antifas qu’il décrit comme   des gardes rouges au service du capital. 

Michéa estime  que les gilets jaunes  sont «  les premiers à avoir compris que le vrai problème, c’était (…)  la mise en œuvre systématique, depuis maintenant 40 ans, du programme libéral par les successifs gouvernements de gauche et de droite, (qui)  a progressivement transformé leur village ou leur quartier en désert médical, dépourvu du moindre commerce de première nécessité, et où la première entreprise encore capable de leur offrir un vague emploi mal rémunéré se trouve désormais à des dizaines de kilomètres (…). Ce  n’est donc évidemment pas la voiture en tant que telle – comme  signe  de leur prétendue intégration dans le monde de la consommation (…) – que les gilets jaunes défendent aujourd’hui. C’est simplement que leur voiture diesel achetée d’occasion (et que la Commission européenne essaye déjà de leur enlever en inventant sans cesse de nouvelles normes de  contrôle technique ) représente leur ultime possibilité de survivre, c’est-à-dire d’avoir encore un toit, un emploi et de quoi se nourrir, eux et leur famille, dans le système capitaliste tel qu’il est devenu, et tel qu’il profite de plus en plus aux gagnants de la mondialisation. Et dire que c’est d’abord cette gauche kérosène – celle qui navigue d’aéroport en aéroport pour porter dans les universités du monde entier (et dans tous les  Festival de Cannes) la bonne parole écologique  et  associative  qui ose leur faire la leçon sur ce point !»

Jean Claude Michéa termine son propos par un avertissement qu’il est là aussi loisible d’entendre :  « si le mouvement des gilets jaunes gagnait encore de l’ampleur (ou s’il conservait, comme c’est toujours le cas, le soutien de la grande majorité de la population)», la macronie  « n’hésitera pas un seul instant à envoyer partout son Black Bloc et ses  antifas   (…) pour le discréditer par tous les moyens, où l’orienter vers des impasses politiques suicidaires (…). Mais même si ce courageux mouvement se voyait provisoirement brisé par le PMA – le Parti des médias et de l’argent (…) ; cela voudra dire, au pire, qu’il n’est qu’une répétition générale et le début d’un long combat à venir. Car la colère de ceux d’en bas (soutenus, je dois à nouveau le marteler, par 75 % de la population – et donc logiquement stigmatisé, à ce titre, par 95 % des chiens de garde médiatiques) ne retombera plus, tout simplement parce que ceux d’en bas n’en peuvent plus et ne veulent plus. Le peuple est donc définitivement en marche ! Et à moins d’en élire un autre (selon le vœu d’Éric Fassin, cet agent d’influence particulièrement actif de la trop célèbre French American Foundation), il n’est pas près de rentrer dans le rang. Que les Versaillais de gauche et de droite (pour reprendre la formule des proscrits de la Commune réfugiés à Londres) se le tiennent pour dit ! » Un discours de gauche authentique,   que Bruno Gollnisch qui partage une double ascendance communarde et versaillaise ,  est aussi   parfaitement en situation de comprendre… d”autant qu’il valide en partie celui porté par l’opposition nationale depuis des décennies. C’est aussi cela la convergence des luttes…

https://gollnisch.com/2018/11/23/gilets-jaunes-convergence-des-luttes/

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