Ils ont gagné parce qu’ils ont rendu leur fierté à la France.
Ils ont gagné parce qu’ils prouvent qu’on avait tort de désespérer du peuple.
Ils ont gagné parce que tout redevient possible et qu’ils nous rendent foi et espoir.
Ils ont déchiré le voile de la duplicité du pouvoir et de ses affidés : l’indigence des gouvernants, la non-représentativité coupable des intermédiaires sociaux, la futilité des pseudo-« élites », retranchées dans leurs alcôves, se terrant, marginalisées, mais se rendant enfin compte qu’elles sont nues, que leurs discours, pétitions, marches blanches ou violettes ne sont que du vent qui souffle bien au-dessus du pays réel.
Ils ont gagné parce qu’ils sont soutenus par 80 % du pays réel, et non 18 % comme Macron, et qu’ils ont mis au jour les dessous du système. Les appareils syndicaux sont à la ramasse, juchés sur leurs avantages acquis, voyant passer les immenses cortèges porteurs des revendications qu’ils n’ont pas su porter, et sont réduits à compter sur le système pour les réintroduire dans un deuxième tour de rattrapage pour partenaires sociaux « présentables », à défaut d’être représentatifs.
Ils ont gagné car l’indigence des dirigeants ne peut plus être masquée. Je ne m’appesantis pas, ici, sur les bassesses des Damartin, Griveaux et autres comparses, ni sur ceux qui pointent aux abonnés absents, ni sur le surnuméraire de Beauvau, réduit à mentir, toujours davantage mentir, sur le nombre des manifestants, la sincérité de la colère, le profil des casseurs… Ni sur ce Macron de pacotille, inconscient de l’abîme de ses délires.
Tant de bassesses, d’incompétence, tant de morgue plombent définitivement leurs auteurs, désormais acculés.
Ils ont gagné parce que les autres piliers de l’ancien régime, PS-PC-Verts-Centristes-LR…, qui ont permis aux actuels liquidateurs d’accomplir leurs forfaits en les portant au pouvoir, savent désormais que jouer au Bisounours a un prix. Et qu’ils sont coreponsables du désastre actuel.
Ils ont gagné parce que Ludovine de La Rochère ici-même, à qui l’on doit la précédente marée humaine, y a vu des convergences.
Mais, quoi qu’il en soit de ce que le pouvoir pourrait concéder, les gilets jaunes auront complètement gagné s’ils sont capables de transformer l’essai en favorisant le rassemblement de ce qu’il reste, dans ce pays, de forces républicaines, soucieuses de l’intérêt du peuple. Il leur faudra un gigantesque effort de lucidité pour sublimer l’enthousiasme en perspective opérationnelle, c’est-à-dire politique. Qu’ils y prennent toute leur place.
Tous pourris ? Vraiment ? Ceux qui les ont soutenus dès l’origine ne l’ont pas fait par opportunité. Le peuple des gilets jaunes n’a pas brandi le drapeau de la République comme un gadget, mais pour manifester la conviction que c’est bien sur les valeurs fondamentales de la patrie, qui régissent notre volonté de « vivre ensemble », qu’il faut s’arc-bouter pour en sortir. Cette juste conviction est partagée. Ils ne sont pas seuls.
Je ne doute pas que c’est la compréhension de cette deuxième partie de l’enjeu qui les fera définitivement gagner !