Par Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples ♦ Le mouvement des Gilets Jaunes a surpris la classe politique comme la classe syndicale et la classe médiatique. Mais, à droite, l’impuissance est d’autant plus grande que cette famille politique ne s’est jamais intéressée aux questions sociales. En 2017, la droite a perdu l’élection présidentielle imperdable et a donné le champ libre à Emmanuel Macron. En 2018, elle est au surplus en passe de perdre la révolte des Gilets Jaunes.
Les Républicains n’ont rien à dire au peuple des Gilets Jaunes
La droite de gouvernement ne s’intéresse qu’à « l’économie » ce qui signifie que pour l’essentiel elle s’est ralliée au « consensus de Washington » néo-libéral tel qu’on le pratique dans l’Union européenne. Laquelle a justement engagé le processus de paupérisation des classes moyennes qui revêtent aujourd’hui le gilet jaune de la révolte.
En s’alignant au surplus sur l’idéologie sociétale de la gauche libertaire et déconstructiviste, la droite de gouvernement s’est aliéné les classes populaires, attachées au maintien des traditions et de la décence commune.
Devenue, enfin, surtout un rassemblement de notables, prudemment retranchés dans leurs petites Ligne Maginot locales, la droite de gouvernement a perdu tout contact avec le peuple de France.
On comprend qu’elle tombe des nues devant un mouvement de révolte populaire apparu spontanément, qui dure, qui réclame tous azimuts et qui se radicalise !
Les Républicains n’ont donc globalement rien à dire au peuple des Gilets Jaunes, sinon que : la violence ce n’est pas bien…
La droite nationale : une ligne qui passe au-dessus des Gilets Jaunes
La droite nationale, identitaire ou souverainiste n’est pas en meilleure posture, hélas. Alors même que le gouvernement a essayé de dépeindre les Gilets Jaunes sous les couleurs de l’ultra-droite, pour les diaboliser. Et qu’il était manifeste que la France de souche entrait en révolte.
Car, en faisant du refus de l’immigration et de la contestation de l’Europe de Bruxelles son axe principal de mobilisation politique, son discours passe au-dessus, ou à côté, d’un mouvement de protestation avant tout économique, fiscal et social.
Malgré quelques tentatives sporadiques, la protestation identitaire ne revêt pas le Gilet Jaune : en tout cas elle ne s’exprime pas comme telle.
La France reste donc pour le moment, le seul pays européen où la question de l’immigration ne fait pas descendre la population dans la rue, si l’on excepte les protestations locales sporadiques et d’ailleurs déclinantes contre l’installation de centres de migrants. Sans doute faut-il y voir le poids écrasant du politiquement correct et de la répression « antiraciste » conduite au nom des législations liberticides que les gouvernements ne cessent de renforcer depuis 1972.
La révolte des Gilets Jaunes, symbole de la nouvelle lutte des classes
La droite est aussi désemparée par le mouvement des Gilets Jaunes car elle n’a pas pris conscience de la nouvelle lutte des classes qui s’est installée en Occident et qui commence à modifier la nature du clivage droite/gauche.
Une lutte sociale qui oppose désormais les élites mondialistes et adeptes de la déconstruction sociétale, aux peuples autochtones qui ne veulent pas qu’on les remplace, ni que l’on détruise leur cadre de vie.
Non seulement parce que la droite n’a pas vraiment réfléchi à l’évolution de la société. Mais aussi parce qu’elle a tenté – sans succès il est vrai – de concurrencer la gauche dans sa stratégie de séduction des minorités et notamment des électeurs issus de l’immigration. D’où sa réticence à se positionner clairement dans cette nouvelle lutte des classes et notamment à se ranger du côté du peuple autochtone .
La droite nationale : soutien sans participation
Certes, la droite nationale et principalement le Rassemblement national ont incontestablement une assise populaire.
Mais cela n’implique pas pour autant qu’ils profiteront électoralement demain de la mobilisation des Gilets Jaunes. Ne serait-ce que parce que pour l’essentiel les Gilets Jaunes ne sont pas des déçus du macronisme : ils n’ont pas voté pour La République en Marche ! Et parce que la situation politique française est pour le moment bien confuse.
Les leaders de la droite nationale déclarent soutenir le mouvement, mais il ne s’agit que d’un soutien sans participation.
Ce sont donc pas eux, pour le moment, qui font l’histoire….
LFI : comme un poisson dans l’eau… jaune
En réalité les seuls à surfer sur le mouvement sont la gauche, qui tente péniblement et non sans ridicule de se relancer à l’image de François Hollande ou de Ségolène Royal.
Et surtout ce sont les gauchistes de La France Insoumise qui se positionnent : car justement LFI se prétend « sociale » tout en faisant l’impasse sur la question de l’immigration. C’est certes contradictoire mais cela lui permet dans l’immédiat de se sentir comme un poisson dans l’eau… jaune.
Cette gauche, à la différence de la droite, est en outre organisée et sait comment noyauter l’opinion et surtout les médias.
Les ténors de la LFI sont d’ailleurs partout sur nos écrans pour commenter la révolte des Gilets Jaunes et tenter de se l’approprier. Curieusement ces mêmes Gilets Jaunes que l’on invite à la télévision prétendent toujours refuser toute « récupération politique » mais ne trouvent rien à redire, manifestement, au soutien de plus en plus bruyant, des partisans de Jean Luc Mélenchon.
Un soutien qui favorise d’ailleurs indirectement aussi Emmanuel Macron, comme la violence des casseurs, pour effrayer et rallier une nouvelle fois les bourgeois des beaux quartiers à sa cause.
On ne sait pas à ce jour si la tentative d’OPA de La France Insoumise, sur les Gilets Jaunes, réussira.
Mais pour le moment, tout se passe comme si elle pouvait compter sur une droite, globalement aux abonnés absents.
Michel Geoffroy 04/12/2018
https://www.polemia.com/gilets-jaunes-droite-regarde-passer-train-histoire/