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La petite frayeur des mal pensants

6a00d8341c715453ef022ad3c56b73200b-320wi.jpgTraçant ces lignes à la veille de l'Acte IV des mobilisations de gilets jaunes, on ne peut que prendre acte, ce 7 décembre, des étonnantes prévisions et des bonnes résolutions du ministre de l'Intérieur. Il n'obligera plus ses hommes à demeurer l'arme au pied, à recevoir des pavés et à devoir y trouver l'ADN des émeutiers interpellés. Il ne permettra plus les outrages, les déprédations, les incendies volontaires. Revirement total par conséquent du citoyen Castaner : il parle et paraît vouloir agir en qualité de responsable – celui qui répond – du maintien de l'ordre public, des biens et des personnes, et plus encore de nos chères, très chères, institutions républicaines.

Depuis le 17 novembre, il s'était montré d'une incompétence rare, mettant en place un dispositif que l'on qualifiera gentiment, restons dans l'euphémisme, "d'humaniste" : en ce sens qu'il ne fallait surtout pas faire bobo aux gauchistes, surtout pas nommer les black blocs, surtout pas stigmatiser la provenance des voyous et pillards.

"Cet heureux temps n'est plus, tout a changé de face"[1]La tempête gronde. Notre président préféré se tait, le meilleur moyen de ne pas dire des bêtises. Assez de paroles, des actes, n’est-ce pas. Retenez le Castaner ou il fait un malheur. Tous sur le pont. Et, reconnaissons qu’on n’y va plus avec le dos de la cuillère : 80 000 hommes et femmes mobilisés, même la police judiciaire m’a-t-on dit, des petits blindés. De quoi rassurer les braves gens, screugneugneu.

Mais à notre époque, le pouvoir ne saurait mobiliser les gendarmes, motiver les CRS, montrer sa force, modeler ses biceps, motoriser ses cyclistes et muscler ses troupes, sans le secours des consciences médiatiques.

On a donc appris[2] que Le Parisien, jadis libéré, hébergeait en date de ce 7 décembre un appel au calme signé de 175 intellectuels français de haute qualité. En tête de gondole figure un prince de l'intelligence et du bon goût français en la personne de Cyril Hanouna. Ben mon cochon, l'eusses-tu cru ?

Ne méprisons quand même pas un tel vœu. Reconnaissons-le partagé par de nombreux citoyens, autrement plus intéressants que ce vilain bonhomme[3]. Écoutons-les favorablement et puisse l'exaucer le dieu du Tonnerre, le vrai, projetant par exemple, c'est tout à fait dans ses cordes, une trombe d’eau salutaire. Un tel acte de Dieu laverait ainsi nos villes de leurs souillures, protégeant les boutiques des Champs-Élysées où, dois-je l’avouer je n’achète jamais rien, et, plus encore, les vitrines des commerçants de nos quartiers et de ce qui reste des artisans de notre Vieux Paris.

Il ne se produit jamais ce que les astrologues de Cour prévoient. Encore moins ce qu'ils promettent. Retenons cependant, dans le meilleur des scénarios, c'est-à-dire dans le cas d'une happy end pour bisounours hollywoodiens, qu'au moins nos technocrates et nos maîtres auront serré leurs petites fesses.

Or, au livre des Proverbes, il est écrit que la crainte du Seigneur est le commencement de la Sagesse.[4]

Ils ont vu le peuple, et ça fait peur, hein.

Pourquoi ne lisent-ils pas Louis-Ferdinand Céline, je vous le demande. Ils sauraient ce qu'il faut vraiment penser de la démocratie. "Le peuple… écrivait-il, oui… à condition de ne pas voir sa gueule".

Pensons aussi à ce slogan qu'on entendait il y a un demi-siècle, si joyeusement scandé par Alain Robert et ses camarades, au lendemain de la grande chienlit de 1968 : "aujourd'hui l'anarchie, demain l'ordre nouveau".

JG Malliarakis  

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Apostilles

[1] cf. Racine Phèdre Acte Ier scène 1 : "Cet heureux temps n'est plus. Tout a changé de face, /Depuis que sur ces bords les dieux ont envoyé/ la fille de Minos et de Pasiphaé."
[2] cf. "Transformer la colère en débat : l’appel à la sagesse lancé aux Gilets jaunes" 
[3] Surtout ne googlisez pas "cyril hanouna + pétition".
[4] cf. Proverbes 1,7 et Psaume 111,10.

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