D’Olivier Bault dans Présent :
[…] Lors d’un séminaire organisé le 28 novembre par le Club Grande Europe pour les médias européens, et en particulier ceux d’Europe centrale, sous le thème de « la fracture européenne Est-Ouest », Marine Le Pen a expliqué, selon ce qui a été rapporté par plusieurs médias polonais, que beaucoup de choses avaient changé depuis 2017, quand elle prônait un référendum sur le Frexit. Aujourd’hui se dessine en effet la possibilité de changer l’UE de l’intérieur grâce aux victoires électorales en Hongrie, en Pologne, en Italie et en Suède de partis souhaitant, comme le RN, une Europe des nations.
Cette évolution du Rassemblement national français, semblable à celle de la Ligue en Italie, ne passe pas inaperçue dans les pays du Groupe de Visegrád. Lundi matin à la radio, le Polonais Zdzislaw Krasnodebski, député au Parlement européen et membre influent du PiS, exprimait, à l’instar de ce qui se dit dans les rangs de la Ligue et du RN, l’espoir que les élections européennes de mai prochain permettraient de changer le rapport de force à Bruxelles en faveur des partis hostiles à la vision de Macron et Merkel de l’Europe.
Nicolas Bay, coprésident du groupe Europe des Nations et des Libertés, était à Varsovie vendredi dernier à l’invitation du Conseil national de la magistrature (KRS), pour une conférence organisée en commémoration du centenaire d’une justice polonaise indépendante. Il arrivait de Hongrie, où il avait eu des discussions confidentielles avec des membres importants du Fidesz. Devant un auditoire qui l’a chaudement applaudi, le député RN au Parlement européen a parlé de la politisation de la justice et de la judiciarisation de la politique en France et en Europe, dénonçant le « deux poids, deux mesures » de Bruxelles vis-à-vis de la Pologne. « Le chantage à l’Etat de droit n’est qu’un prétexte, puisqu’à bien des égards ledit Etat de droit est plus menacé dans certains pays d’Europe de l’Ouest comme la France qu’il ne l’est en Pologne », a conclu le coprésident du groupe ENF.
Dans le même esprit, la présidente du RN avait estimé en octobre sur LCI que « la Hongrie de Viktor Orban est beaucoup plus démocratique que la France d’Emmanuel Macron », et c’est en effet le même totalitarisme progressiste, libéral-libertaire et européiste que dénoncent les partis dits populistes de droite en Europe occidentale et les dirigeants élus d’Europe centrale.
Signe fort des alliances qui se dessinent, les pays du Groupe de Visegrad et plusieurs autres pays d’Europe centrale brillaient par leur absence lundi à Marrakech lors de la ratification du Pacte pour les migrations de l’ONU. Or à l’ouest du continent, ce sont justement les droites populistes qui, au contraire des partis élitistes traditionnels, dénoncent ce texte immigrationniste.