Ainsi le récent « shutdown » budgétaire devient le plus long de l’histoire américaine. Et alors?
D’abord, pendant que les caisses des fonctionnaires se vident, celles des partis se remplissent. Trump a utilisé son intervention télévisée de mardi dernier pour organiser une massive campagne de financement. Les leaders démocrates utilisent la crise de leur côté pour financer le parti avant le débarquement du président.
Mais, plus profondément, il s’agit pour Trump de faire en sorte qu’il y ait simplement une future campagne, en desserrant l’étau de ce coup d’État qui l’enserre comme un boa depuis janvier 2017, afin effectivement de prendre enfin le pouvoir – qu’il n’a toujours pas – pour préparer l’élection de 2020. L’année 2019 sera donc celle de l’élimination immédiate de Trump ou celle de sa victoire définitive.
Car il semble que, par-delà les joutes partisanes, se profile une solution du 3e type pour l’über-classe mondiale : faire élire un « ticket » non partisan « pour soigner la patrie de ses blessures politiciennes », et revenir au libéralisme des frontières ouvertes, donc aux changements de régime. C’est ainsi que se profile à profondeur périscopique le tandem Michael Bloomberg-James Comey, qui rassemble le pouvoir de l’argent, la force des services d’espionnage et de police, et les establishments de partis et médias qui sont complètement dépassés par leurs « vénézuéliens » (la jeune gauche démocrate) et leurs « descamisados » (les trumpiens).
C’est cette coalition qui avait engendré internationalement le « dossier Steele » à partir duquel l’appareil d’État a illégalement été utilisé pour priver Trump de sa présidence dès ses premiers jours en faisant tomber le général Flynn, puis en castrant Jeff Sessions, son ministre de la Justice, récusé de la plupart de ses prérogatives. De là sont parties les enquêtes sur la collusion Trump-Russie, puis sur les affaires personnelles de Trump (pressenties comme un nid à inculpations possibles). Le tout en complicité avec les médias, chargés de distribuer les fuites.
En attendant, Trump a été cornaqué par l’establishment, qui contrôle sa politique étrangère, contrecarre sa politique économique internationale, et tire les ficelles de la Maison-Blanche, non sans la complicité de sa fille Ivanka et de son gendre Jared Kushner. Ainsi, depuis deux ans, avec deux chambres républicaines, Trump n’a pu qu’exécuter le programme de l’establishment républicain (déréglementations, baisses d’impôts pour les entreprises, mise à mort de l’Obamacare). On lui a cependant « laissé » (pour un an seulement !) les baisses d’impôts aux particuliers. Il a pris un missile chaque fois qu’il a voulu voler de ses propres ailes (mur et immigration, infrastructures, sa rencontre avec Poutine, et maintenant Syrie).
Trump aurait pu penser « qu’on allait le lâcher ». Il réalise maintenant que le « commando » Mueller gère son entreprise de nettoyage tel un implacable projectile guidé. Il lui fallait jusqu’ici créer des crises factices pour changer de sujet. Cela ne suffira plus désormais. Alors, avec le « shutdown », Trump s’engage vers le « saut qualitatif » de la crise constitutionnelle : osera-t-il l’état d’urgence sur les migrations de masse, avec financement du mur sur le budget des armées ? Colère des généraux qui songent au pétrole syrien. Déjà sa fille et son gendre le font reculer. Une guerre avec l’Iran serait, certes, un meilleur moyen de garder son job…