Communiqué de Mouvance France :
Le traité franco-allemand que Macron et Merkel s’apprêtent à signer à Aix-la-Chapelle, peut-être d’ores et déjà tenu pour illégitime et sans doute mort-né.
Il aura le contraire de effets escomptés car il aigrira les relations entre les deux peuples.
Ce traité a été préparé en catimini, sans débat ; son contenu a été dévoilé par surprise quelques jours seulement avant sa signature.
Il sera passé entre deux chefs d’Etat et de gouvernement en grave déficit de légitimité : Emmanuel Macron, empêtré dans la crise des Gilets jaunes dont la cote est au plus bas, Angela Merkel en fin de course, gérant les affaires courantes. Triste caricature du traité franco-allemand, dit de l’Elysée, signé le 22 janvier 1963 entre Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, tous deux assis sur une forte légitimité, mettant fin à un siècle d’hostilité entre les deux pays.
Le partenariat franco-allemand, dans l’esprit du général de Gaulle ne pouvait être qu’être équilibré ; or les Français ont aujourd’hui le sentiment qu’il est de plus en plus déséquilibré. L’euro tel qu’il a été géré en est la principale cause : il stimule fortement l’industrie allemande et entraine la mort lente de l ‘industrie française. Les échanges , même agricoles, sont de plus en plus excédentaires pour l’Allemagne, déficitaires pour la France, sans issue en vue.
Comme s’il y avait un plan concerté d’affaiblir la puissance française, le contrôle de nos fleurons industriels dans les secteurs stratégiques, produits du génie national : Alstom, Nexter, bientôt peut-être Naval-Group et d’autres est transféré outre-Rhin – ou ailleurs – sous prétexte de coopération. Airbus, issu de l’effort de générations d’ingénieurs français, échappe aujourd’hui à tout contrôle français.
Le traité franco-allemand laisse voir le projet d’effectuer à terme la fusion des deux nations en un seul Etat : un Parlement, un budget, une armée. Il comporte un appui français à la revendication allemande d’un siège permanent au conseil de sécurité qui , même si celle-ci n’a aucune chance d’aboutir, apparaitra au monde entier comme un signe d’allégeance. Macron espère, en s’appuyant sur Merkel, entrainer les autres pays dans un ultime sursaut vers l’intégration supranationale. C’est le contraire qui va se produire : ce traité, qui n’est au demeurant pas conforme au traité de Lisbonne soumettant les coopération renforcées à l’aval des autres Etats-membres (article 21), ne pourra qu’exciter le ressentiment envers nos deux pays.
Tout laisse penser que l’intégration projetée ne correspond ni de près ni de loin à la volonté de nos deux peuples. Il va d’ailleurs à rebours du sens de l’histoire qui voit partout le retour de nations soucieuses de maintenir leur souveraineté et de défendre leurs intérêts : Etats-Unis, Royaume-Uni, Italie, Europe de l’Est, Russie, Chine etc.
Le peuples, comme les individus n’aiment pas la promiscuité. Les Allemands qui ont toujours refusé la notion de couple franco-allemand, trop familière à leur gré (ce dont les médias français qui répètent à tout va cette expression ne se sont jamais aperçus), le savent bien. Deux voisins qui s’entendent bien se détesteront vite si les cloisons qui les séparent sont abattues. La réconciliation franco-allemande semblait une chose acquise. En nous obligeant à partager le même lit, Macron et Merkel la remettent en cause : les mariages forcés se terminent en général mal.
Le traité n’accorde qu’une place secondaire à la question de la langue : les Allemands savent de moins en moins le français et les Français de moins en moins l’allemand. Macron lui-même qui se targue de parler bien l’anglais n’a jamais fait l’effort d’apprendre un peu d’allemand. Il en résulte une ignorance réciproque grandissante dont témoigne une oligarchie française germanomane qui veut imiter tout ce qui vient de l’autre côté de Rhin mais ignore ce qui s’y passe.
Que nos amis Allemands ne s’y trompent pas : cette apparente germanophilie des prétendues élites françaises est moins le signe d’un intérêt pour l’Allemagne réelle que de leur mépris pathologique pour le peuple français. Les Français avec lesquels leur gouvernement négocie dans le secret ne sont pas le peuple français. Ils ne l’ engagent pas. Qu’ ils prennent garde de ne pas subir le contrecoup du discrédit et de la haine qu’inspirent aujourd’hui à une majorité de Français les dirigeants auxquels ils ont affaire. Loin de rapprocher les deux peuples ce traité risque de les brouiller gravement.
Ce traité constitue enfin un bras d’honneur aux revendications populaires : il implique un renforcement de l’euro, qui constitue la principale source de déséquilibre entre les deux pays et de la baisse du pouvoir d’achat dont se plaignent les Gilet jaunes, nullement xénophobes ou germanophobes jusqu’ici mais qui, devant tant de mépris, pourraient le devenir.