Par Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples ♦ Jean-Luc Mélenchon assimilait François Hollande à Louis XVI : le président socialiste en avait l’embonpoint, la bonhomie et la passivité devant des événements qu’il avait renoncé à maîtriser.
Emmanuel Macron, lui, n’est pas Louis XVI, mais plutôt une sorte de Charles X hargneux, qui se cramponne à son prooojet dépassé.
Hier c’était la Restauration en mode ultra. Aujourd’hui c’est la réforme néo-libérale et mondialiste de la France. Dans les deux cas, c’est un projet qui tourne le dos à la marche du monde.
Face à la contestation sociale et politique qui en découle en France, comme Charles X, Emmanuel Macron a choisi l’épreuve de force. A ses risques et périls.
L’extrême-gauche, les pompiers de Macron
L’extrême-gauche, toujours au service du Système, a permis de parachever la stratégie macroniennede la tension. Les black blocks sont les pompiers de Macron, toujours sur la brèche !
Les violences parisiennes du samedi 16 mars dernier, amplement médiatisées comme à l’habitude, donnent au gouvernement le dernier prétexte qu’il attendait pour réaliser son rêve : interdire toute manifestation des Gilets Jaunes, présentés désormais comme des émeutiers – d’extrême droite bien sûr puisque la gauche, même extrême, ne saurait se situer ailleurs que dans le camp du Bien, dans le camp des Progressistes.
Après la mise au pas des médias – où l’on rivalise d’obséquiosité pour traîner dans la boue toute opposition à Emmanuel Macron – et la surveillance d’Internet et des réseaux sociaux par la police de la pensée… voici donc la mise au pas de la rue par la police.
Et la mise au pas administrative et préfectorale qui va avec, pour éliminer ceux que l’on accuse de ne pas assez réprimer la France périphérique.
Comme l’écrit si bien Frédéric Lordon, Emmanuel Macron a « fait du peuple un ennemi de l’État »[1].
Les bonnes et les mauvaises racailles
Charles X Macron est cohérent avec lui-même : lui et son gouvernement ont toujours refusé de reconnaître la contestation nationale incarnée dans le mouvement des Gilets Jaunes. Ce n’étaient que des factieux, des chemises brunes qui voulaient renverser la République et son monarque.
Et face au retour de la bête immonde, on ne doit bien sûr pas transiger. Bernard-Henri Lévy exhorte d’ailleurs le gouvernement, sur toutes les chaînes de télévision, à se montrer intraitable avec ces ploucs en Gilet Jaune.
On apprend donc que les militaires de l’opération Sentinelle seront chargés désormais de la protection des bâtiments publics contre les émeutiers, ce qui libérera d’autant les « forces de l’ordre » pour la répression dans la rue. Ce qui revient donc à assimiler les Gilets Jaunes à des terroristes radicalisés et à transformer les armées en supplétifs de la police.
Les mêmes qui nous expliquent que l’armée ne pouvait pas être employée à rétablir l’ordre républicain dans les banlieues de l’immigration entrées en sécession, n’hésitent pas à les mobiliser contre les Gilets Jaunes.
Pour le pouvoir et ses spadassins, il y a à l’évidence les bonnes et les mauvaises racailles. Les bonnes ce sont les petits dealers dépoitraillés de Saint-Martin, les émeutiers de Grenoble ou les black blocks. Les mauvaises, ce sont ces « salauds de pauvres [2]» qui manifestent en gilet jaune.
Une fuite en avant aussi préoccupante que dérisoire
En faisant donner la troupe, Charles X Macron, adopte une attitude de défi et de fuite en avant particulièrement inquiétante. Mais aussi dérisoire. Car la réalité politique et sociale de la France lui échappe néanmoins, comme lui échappe celle de l’Europe. Comme échappait au roi Charles X, la France de 1830.
Car les rodomontades ministérielles devant les caméras ne parviennent pas à masquer qu’Emmanuel Macron accumule échecs sur échecs depuis l’été 2018.
- Une affaire Benalla qui n’en finit pas de se rapprocher de lui…
- Un Grand Débat et une Lettre aux Européens qui font flop et qui ne séduisent que l’électorat LREM…
- Des revendications portées par les Gilets Jaunes que continuent de soutenir deux Français sur trois…
- Une conjoncture atone, une insécurité et des violences anticatholiques qui explosent…
- Et surtout le fait qu’Emmanuel Macron concentre désormais sur sa personne une haine inexpiable.
Macron dans les pas de Charles X ?
Comme hier Charles X Emmanuel Macron n’incarne pas l’avenir mais le passé : nous vivons en effet la fin du rêve mondialiste unipolaire et la crise du modèle néo-libéral qui apporte le chaos partout. Crise qui explique la révolte des peuples qui en ont assez de voir les usines qui ferment, le porte-monnaie qui se vide et les mosquées qui s’ouvrent, pour reprendre la formule lapidaire de Philippe de Villiers[3]. Des peuples qui rejettent partout leurs oligarchies xénocratiques[4].
Emmanuel Macron se raccroche à l’illusion que la propagande médiatique, les coups de matraque et les gaz lacrymogènes pourront empêcher l’éclosion du monde polycentrique qui vient et la libération des peuples qui va avec.
Comme Charles X pensait disperser les émeutiers à coup de sabre.
Certes, Emmanuel Macron peut se retrancher derrière les institutions de la 5e république comme hier les barons voleurs se réfugiaient dans leurs donjons.
Mais on n’arrête pas l’histoire qui vient.
Michel Geoffroy 22/03/2019
[1] Frédéric Lordon lettre ouverte à E.Macron lue le 14 mars 2019 à la Bourse du Travail
[2] Par référence à une célèbre réplique de Jean Gabin dans le film de Claude Autant-Lara « la Traversée de Paris »
[3] Entretien sur TV Libertés du 16 mars 2019
[4] Selon l’expression de Yannick Jaffré
https://www.polemia.com/gilets-jaunes-charles-x-fait-donner-la-troupe/