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Nous sommes le seul pays, avec la Corée du Nord, la Chine et Cuba, où l’appartenance catholique est toujours suspecte

Nous sommes le seul pays, avec la Corée du Nord, la Chine et Cuba, où l’appartenance catholique est toujours suspecte

Extrait d’un long entretien donné par Jean-Marie-Guénois dans Valeurs Actuelles :

[…] Pourquoi Emmanuel Macron, qui s’était rendu au pied de Notre-Dame de Paris le soir de l’incendie n’a pas même pas prononcé, lors de sa conférence de presse du jeudi, le mot catholique ? Indignant certains.

Oui, et en premier lieu l’archevêque de Paris, Monseigneur Aupetit. Cela montre que le président ne peut pas aller trop loin, sinon il serait accusé de collaborer avec les « affreux » cathos ! Le catholicisme est un marqueur très fort. Et c’est une particularité très française de s’en tenir à distance : nous sommes le seul pays, avec la Corée du Nord, la Chine et Cuba, où cette appartenance est toujours suspecte pour une certaine intelligentsia ! Au pied de Notre-Dame, le président a d’abord joué un registre christique, avec des accents étrangement mystiques en promettant de reconstruire la cathédrale en 5 ans, comme le temple de Jérusalem en trois jours dans le nouveau testament. Mais il a calé sur la vérité des mots. Ce ne pouvait pas être un oubli pour un discours aussi préparé. Quand on parle de Notre-Dame de Paris, comment peut-on ignorer le mot catholique, ou le mot christianisme.

Est-ce que Macron parvient à renouer le lien blessé entre l’Eglise et l’Etat ?

C’est une vraie question un an après son discours aux Bernardins mais je ne suis pas certain qu’il y parvienne. Les questions de bio-éthique arrivent. D’autre part, s’il instrumentalisait « Notre-Dame » comme un objet politique marketing pour les JO, ou comme gage d’efficacité comme conducteur des travaux – avec l’argent de donateurs qui plus est ! -, pour un second mandat, les catholiques le sentiraient et ne supporteraient pas une telle instrumentalisation. On ne joue pas avec les symboles religieux. Le sacré n’est pas le politique. Le politique n’est pas le sacré. Et cette distinction souveraine n’est pas seulement propre aux catholiques.

Sa volonté de renforcer la laïcité contre l’islam politique, ne risque-t-elle de retomber sur les catholiques ?

Ce serait une injustice profonde pour les chrétiens car les protestants et les orthodoxes sont aussi concernés. L’Eglise disait déjà sous Hollande qu’elle ne voulait pas être une « victime collatérale » de l’islam politique. Si cela devait arriver, ce ne serait pas lié à Macron mais à une interprétation radicale de la laïcité qui arroserait tout sur son passage, comme un bombardier, sans faire de distinction. Cette politique peut d’ailleurs se produire dans tous les partis. […]

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